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sur 393 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
M.A ... Tu nais dans les années 50, à Chambéry et passe les premières années de ta vie dans le petit village de Terneyre, dans l'Isère. Papa et maman s'occupent bien de toi, même si petite fille, tu t'ennuyais beaucoup. Fille unique, tu te fais quelques amies, tu connais ton premier flirt derrière le gymnase. Tu travailles bien à l'école, ce qui fait la fierté de tes parents. Ton bac en poche, tu vas étudier à l'université de Lyon. En économie. Là, tu t'installes dans un petit appartement. Tu ne te lasses pas de regarder les lumières de la ville, toi qui désirais tant quitter le cocon familial. Mais bien vite, là encore tu t'ennuies. Tu fais alors la connaissance de Chloé. Devenues inséparables, vous emménagez ensemble la deuxième année de vos études. Lors d'une soirée entre copains, tu fais la connaissance de François. C'était en 1974. Il t'apparaît comme l'homme que tu attendais. Une véritable idylle entre vous. Presque une évidence... S'ensuivent le travail, les déménagements, les enfants, les diners entre amis, les vacances...
M.A. ... Tu regardes toutes ces photos aimantées sur la porte du réfrigérateur, ces cartes postales de tes proches expédiées d'ici et d'ailleurs, comme autant de témoins de ta vie passée...

Une couverture, évidemment, peu encourageante... Avons-nous, à l'instar de ce poisson rouge, l'intention de tourner en rond dans notre vie ? Chercher une issue ? Un but quelconque ? Trouvons-nous réellement que la vie nous comble ? Sommes-nous satisfaits de notre vie, puisse-elle avoir été désirée ainsi ?
M.A. vit sa vie. Plus exactement semble la subir. Une vie régie par les habitudes, les coutumes. L'on fait des rencontres, amicales ou amoureuses. L'on se marie, fait des enfants, les regarde grandir, l'on déménage, l'on travaille, l'on connaît une relation extra-conjugale pour pimenter notre quotidien. A côté de François, un homme calme, rassurant, tiède, presque trop prévisible, M.A. est enfermée dans ce bocal. Elle s'ennuie. Profondément. Une Emma Bovary des temps modernes. L'auteur décrit minutieusement la vie de cette héroïne, à la loupe, passant des petits tracas du quotidien à la force qui semble l'animer. L'on se sent d'autant plus proche que Sophie Divry utilise la deuxième personne du singulier, procédé accrocheur. Elle nous livre un roman profond, sentimental et très sensible sur la condition féminine.

La condition pavillonnaire... la condition féminine ?
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Flippant! Carrément flippant! Et ça, sans crime, sans délits (ou des délits très mineurs), peu de morts, et toutes naturelles ou accidentelles, pas de fantômes, même pas dans les placards!
Le sujet en lui-même suffit à créer un malaise existentiel : c'est notre vie, banale, formatée par notre époque et nos héritages biologiques ou sociaux, cheminant sur des rails prédestinés, les choix n'étant que des changements d'aiguillage qui au final n'induisent que peu de variantes.

Pour illustrer l'ambiance, deux exemples :

cette vidéo qui a été partagée sur Facebook, un diaporama accéléré qui fait défiler les photos d'une vie, de la première beuverie, en passant par le mariage et les enfants pour se terminer sur la clôture du compte. Flippant
la chanson de Benabar, Quatre murs et un toit, dans laquelle se succèdent les générations, en quelques minutes. Flippant.

Ici, pas de vidéo, ni de musique, mais des chapitres, qui font défiler le temps, très vite aussi, inexorablement, sur trois ou quatre générations. La petite fille devient ado, étudiante, mère de famille, grand-mère…

Le titre déjà, était un avertissement : la condition pavillonnaire : il y a quelque chose d'enfermant, de carcéral dans ces termes qui évoquent les alignements uniformes des maisons faites en tikitaki de la chanson de Graeme Allwright, et soulignent la quasi-impossibilité d'y échapper.

La force de ce roman (?) réside d'une part dans l'écriture qui souligne le tourbillon, qui fait de notre existence une lutte permanente contre l'entropie : l'auteur conjugue indifféremment au passé, au présent , rarement au futur, celui-ci vient tout seul bien assez vite, et d'autre part dans la précision des observations : impossible de ne pas se reconnaître au cours des différentes étapes qui constituent une vie d'occidental moyen. D'autant que l'auteur souligne bien le décor social, au travers des modes vestimentaires ou des décos des fameux pavillons. Même l 'évolution économique est évoquée, avec la mutation du monde du travail que ce soit dans son accessibilité ou dans sa précarité grandissante.


Il faut un moral d'acier et une bonne dose d'optimisme, ou alors être un adepte du carpe diem, un taoïste convaincu que tout est dans l'instant présent pour ne pas en ressortir laminé, prêt à se jeter sur la première tablette de chocolat qui prend le risque de s'aventurer hors du placard, puisqu'après tout, les efforts sont vains, aboutissant à un résultat unique quel que soit le chemin.

La conséquence la plus immédiate va être le choix de ma lecture suivante : une fiction, une vraie, une pas possible, thriller ou science fiction, peu importe, pourvu qu'elle me procure des frissons qui ne seront pas les miens.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Il n'est pas facile d'écrire une critique à propos de cet ouvrage car il est singulier, original, ironique, grinçant, il dissèque, étudie,scrute notre condition de femme au scalpel et ce n'est pas rien! Il nous plonge dans la vie d'une certaine M- A, née dans les années 50,en Isère, à l'enfance "plate", heureuse, une enfant modèle quoi! , assez solitaire d'ailleurs!, de milieu modeste, un pére garagiste, une mére employée de mairie, dont la vie s'écoule d'une manière ...trés présivible: bac mention bien,à l'occasion M- A monte d'un cran, études d'économie, elle va devenir en quelques années , locataire,étudiante,stagiaire, employée......un parcours balisé...idéal sur le papier...banal, rencontre de François en 1974,mariage en 1978 oú celui- ci se voit confier une société d'assurances à Chambéry. le couple va s'installer et acquérir une maison à crédit dans une zone pavillonnaire. C'est l'heure des chambardements territoriaux , des zones périurbaines, des hypermarchés qui se multiplient. M- A trouve un emploi dans un magasin de meubles, donne naissance à Xavier puis Nathalie....une vie parfaite quoi! Son quotidien est rythmé par les courses, les lessives, les repas entre amis ritualisés à un degré imparable!" Tout est en ordre ", une vie sans imprévu,un enfermement trés ordonné comme un poisson qui tourne dans son bocal.....l'ordre, les listes, les habitudes font partie du quotidien....seules les vacances dans le Sud lui permettent de souffler....Puis," au fond de son âme, cependant , elle attendait un événement".toutes les étapes de sa vie sont conditionnées , l'insatisfaction est là, la lassitude, la morosité, M-A s'ennuie....Sophie Divry nous dresse un portrait quasiment " documentaire" à la deuxième personne du singulier semblable à une étude sociologique....
L'auteur écrit avec un scalpel, l'écriture est détachée, objective,minutieuse, neutre, d'une incroyable efficacité,, le banal étudié au plus prés,une madame Bovary insatisfaite, étouffée par sa condition de femme normale,le manque, avec sa vie stable, ses envies programmées, ses tâches répétitives, réveiller les enfants, leur donner à manger, se garer,entendre le ronron de la machine à laver, faire les courses, faire l'amour tel jour....
Alors elle multiplie les exutoires : l'adultère et sa fougue, l'humanitaire, le yoga, mais elle ne trouve pas ce qu'elle cherche, jamais,rien ne change, tout est gris....puis le vieillissement, l'horreur de se regarder dans une glace, le désespoir, les colères, une vie dans laquelle on se perd et on s'ennuie....
J'ai vraiment aimé ce livre, un roman triste, nostalgique,captivant, profond, trés sensible, on y ressent la douleur du temps qui passe, l'auteur interroge nos vies , le cycle complet de nos vies de femmes , notre conception du bonheur,de l'époque actuelle, avec recul, délicatesse, humour et fatalisme....on éprouve de la compassion et de l'empathie, ce roman ne redonne pas le moral mais la compassion de l'auteur se mesure quelque peu au regard qu'elle porte sur M- A et sur le destin des femmes, sur la condition féminine ......la fin est une douleur....
Merci infiniment à ma chère amie de Babelio : Marina , pour me l'avoir fait connaître ainsi qu'à mon amie BibliodOnee qui se reconnaîtra ! Que de précieux conseils!


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Changement de tonalité par rapport à ce livre que j'ai lu après le diable sortit de la salle de bains mais qu'elle a publié avant et pour ce roman écrit quelques années auparavant et beaucoup plus sombre, voire désespéré, qui prouve la capacité de l'auteur à se renouveller et proposer un univers différent et tout autant, voire même plus convaincant.

"La condition pavillonnaire" relate la vie d'une femme depuis son enfance jusqu'à sa mort des années 60 à nos jours. Une vie en apparence parfaite avec un mari aimant, des enfants, une belle petite maison. Pourtant, celle que l'on appelle tout au long du livre M.-A. en référence à Emma Bovary, si elle a tout pour être heureuse, s'ennuie profondément. le temps passe, tous les jours se ressemblent inlassablement. Son insatisfaction est totale et va la pousser à trouver toutes sortes d'exutoires pour échapper au quotidien parmi lesquels l'adultère ou l'humanitaire.

Sorte de relecture moderne de Madame Bovary, le roman prend soin de nous peindre un personnage féminin socialement coincé, psychologiquement insatisfait et surtout, même si elle ne se l'avoue jamais vraiment, terriblement frustrée.

Le gros atout du livre, doté d'une intrigue déjà lue ici et là et d'être écrite à la deuxième personne du singulier qui apporte un trouble, un coté inéluctable au temps qui marque son sceau sur cette destinée ordinaire. le style d'écriture original, bourré d'incises disposées ça et là renforce l'impression de ces années qui défilent à toute allure et sur lesquelles on n'a finalement peu de prise . ( Après le travail, tu te voyais en train de faire les courses, toute seule à l'hypermarché, passant devant certains rayons sans t'arrêter, reposant le panier avant la caisse, faisant toujours les mêmes gestes, à l'arrivée chemin des Pins, fermer la voiture, chercher tes clefs, ouvrir la porte de la villa. »)

A chaque moment de sa vie, le personnage dissèque son ordinaire qui en définitive est le quotidien de la grande majorité de nos contemporains. Dans le pavillon qu'elle acquiert avec un mari qu'elle n'aime qu'avec raison plus que passion, M.A. rencontra les affres de l'angoisse et de la frustration.

Prise de conscience sur le non-sens de la recherche de son bien-être dans le confort d'une petite vie rangée, analyse froide et pertinente de la routine avec ses tâches répétitives, et ; la nostalgie du passé ; l'envie d'ailleurs et d'une autre vie, d'une vie somme toute profondément ennuyeuse, l'auteur a l'intelligence de mettre ce destin de femme sans destin en parallèle avec l'évolution de la société,et de porter sa réflexion sociétale où où le bonheur à crédit est assez impossible à mettre en place.

Un roman qui peut donner le sentiment d'étouffer comme son héroine le fait entre les quatre murs de son pavillon, mais qui touche intensèment par sa justesse et son intensité
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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M.A., enfant unique de parents attentifs, quitte son bourg de l'Isère pour aller étudier à Lyon. Si les premiers temps sont difficiles, la rencontre d'une amie, puis celle de François, la mettent sur les rails de la vie adulte, mariage, appartement commun, premier travail, premier enfant, achat d'un pavillon dans sa région d'origine… S'adressant à M.A. d'un bout à l'autre du livre, Sophie Divry décortique la vie d'une jeune fille devenue femme dans le courant des années 70, ses aspirations, ses déceptions, ses secrets, ses accommodements avec une existence où elle s'efface derrière ses rôles de femme, d'employée, de mère de famille.

La condition pavillonnaire, ou comment transformer une vie tout ce qu'il y a de plus banale en un roman qui, malgré ou à cause de la banalité, prend à la gorge et met un peu mal à l'aise. J'avoue que je trouve un peu facile de réduire une vie à des moments insignifiants, à une succession de gestes minuscules et monotones, à des sentiments communs, sans beauté, ni emphase, de n'accorder à ses personnages pas davantage de grandeur d'âme que de sentiments vraiment haïssables !

Et pourtant, ce qui m'avait déplu dans le roman de Rachel Cusk, Arlington Park, a mieux fonctionné dans le cas du roman de Sophie Divry. D'abord la narration qui s'adresse droit au lecteur, à la lectrice, qui en l'occurrence a juste quelques années d'écart avec MA et se retrouve donc parfois dans les épisodes de sa jeunesse… le nom d'MA et un certain nombre de situations font référence à Emma Bovary, et ce bovarysme presque contemporain retient aussi l'attention.
Si j'ai préféré Quand le diable sortit de la salle de bains, plus original au niveau de la forme, et même du fond, cette seconde lecture étant de celles qui remuent et donnent à réfléchir, elle n'était pas inutile.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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C'est l'histoire d'une femme, une femme ordinaire dirait-on. Née dans les années cinquante, elle grandit dans un petit village de province, puis fait des études poussée à Lyon, pour le plus grand bonheur de ses parents qui n'ont pas eu cette chance. Elle rencontre son futur mari, et ils se marient, et ils achètent une belle maison, et ils ont ont de beaux enfants... Pas d'écueils, pas de heurts, un plan de vie rondement mené : ils vécurent heureux pour toujours...
Sauf que non, M.A., heureuse, elle ne l'est pas. Tout ne peut pas être maîtrisé, on ne décide apparemment pas de son bonheur. A vrai dire, les symptômes de son mal ne sont pas clairs, ils affleurent à la surface mais rien ne se déclare vraiment. Quelque chose ne va pas, mais quoi ? Comment est-il possible de ne pas goûter au bien-être lorsque toutes les conditions sont réunies pour l'atteindre ?
C'est l'ennui qui la gagne, l'ennui comme première marche de la dépression. Pourtant, M.A. lutte, s'active. Elle s'occupe de sa maison, de sa famille. Elle travaille, elle s'investit. Elle aime, elle trompe aussi... Mais rien à faire, elle sera rattrapée, happée par la fatigue psychologique, la lassitude de tout et d'elle même. Et pas plus la psychothérapie, que le yoga ou l'engagement humanitaire ne lui offriront d'échappatoire qui lui convienne, qui la sorte de ce marasme.
C'est un roman triste, qui nous emmène sur les pas d'une femme qui, très rapidement, s'oublie elle-même. Il est question de la condition féminine bien-sûr, mais d'une époque aussi. On s'interroge sur cette génération "soixante-huitarde", pour laquelle l'accomplissement d'une vie résiderait dans la plénitude familiale, professionnelle, mais surtout matérielle. Une vie bourgeoise. M.A. est toujours insatisfaite, profite peu du moment présent, et se demande éternellement si l'herbe ne serait pas plus verte ailleurs. Elle subit sa vie...
Un roman qui me laisse une impression de tristesse, presque de mélancolie. Un livre qui m'a fait penser à mes parents, à leurs amis, à cette génération née dans les années 50, et mariée dans les années 70. La génération baby-boom à qui on a vendu du bonheur en barre sous garantie, et qui s'est souvent trouvée prise au piège des promesses illusoires.


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M.-A. as-tu eu une vie heureuse ?

J'ai fait la connaissance de l'auteur et de « La condition pavillonnaire » lors d'une table ronde à la Foire du livre de Brive en novembre 2014 : je suis un peu honteuse aujourd'hui d'avoir oublié l'ouvrage dans un coin ; mais cet oubli est maintenant réparé, d'autant plus que je ne pense pas oublier de sitôt ce récit !

Sophie DIVRY raconte la vie de M.-A., fille unique née dans les années 1950, titulaire d'une maîtrise en « administration des entreprises », mariée, mère de trois enfants et propriétaire d'un pavillon dans la banlieue de Chambéry.
Elle interpelle son héroïne plutôt que raconter son histoire, puisque l'ouvrage est rédigé à la seconde personne du singulier.

M.-A => lire Emma… Et oui, car il s'agit bien d'une Emma Bovary des temps modernes, en proie notamment à satisfaire les diktats de la société de consommation !
Il faut préciser que l'électroménager tient une large place dans l'ouvrage : du réfrigérateur à la télé, en passant par la machine à café Nespresso, et à un mode d'emploi entièrement repris (p. 234).
L'ouvrage commence auprès du réfrigérateur « BREUND CONFORT », le ronron de son compresseur, ses magnets et ses cartes postales (j'ai tout de suite pensé à la « Brandt rhapsodie » de Benjamin BIOLAY).
Le pavillon de banlieue est le symbole ordinaire de la réussite de ce couple de français moyens.

La maison somnole comme un chat fatigué, dans son ventre ronronne la machine à laver...
BENABAR Quatre murs et un toit

Mais M.A. s'ennuie… le matin, dès le réveil, elle ressent une sorte de creux, de vide. Elle va alors donner du piment à son existence et quoi de mieux pour se sentir exister qu'un regard sur soi, qu'un autre homme…. Ce sera le chant du cygne, avant de retomber dans le quotidien fataliste et le chemin tout tracé.

La conception du bonheur féminin semble ne pas avoir beaucoup évolué depuis Flaubert… alors qu'il aurait été facile de dire « oui, mais Flaubert c'est la femme racontée par un homme »… la femme racontée par une femme n'est pas plus réjouissante…

Un coup de coeur pour cet ouvrage d'entomologiste.

J'ajouterai un seul petit bémol né d'un anachronisme : l'héroïne est née en 1950 ; elle a donc 64 ans en 2014, année de la sortie de cet ouvrage, âge qui ne correspond pas aux dernières pages de sa vie.
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Ce récit d’une vie pourrait être monotone mais le style et le traitement du temps, originaux et magnifiques, le sauvent complètement : on a envie d’avancer dans la vie de « M.A. », de savoir ce qui va lui arriver même si sa vie est banale, « pavillonnaire ».

La grande idée du livre, c’est une temporalité non linéaire, mais pas éclatée pour autant, faite d’anticipation et de retours : elle est d’une grande délicatesse. Le tutoiement, difficile à adopter depuis Michel Butor, est très bienvenu. L’utilisation du point-virgule, souvent à valeur de tiret, est intéressante. Le titre est génial. La fin est très émouvante.

Je trouve que le titre de la traduction en langue anglaise, Madame Bovary in the Suburbs, ne convient pas, et que certaines critiques se méprennent en évoquant le livre de Flaubert pour parler de celui-ci, car même si l’adultère y est au cœur, il n’en constitue pas le sujet essentiel qui est, à mon avis, le déroulement d’une vie ordinaire, comme l’a fait Maupassant dans son roman _Une vie_.

_La Condition pavillonnaire_ est une grande réussite.
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M.A., jeune femme des années 1970, tu as grandi modestement avec tes parents dont la vie te semble d'une banalité affligeante. Toi, ta vie sera autrement. C'est pour cela qu'une fois le baccalauréat en poche, tu souhaites partir de la maison familiale pour découvrir de nouveaux horizons, une nouvelle vie loin du quotidien de tes parents qui t'étouffe et te paraît morne et triste. Tu arrives à Lyon, pleine d'espoir et de rêves pour ton avenir. Au début, tu te rends compte que la vie seule dans une grande ville où tu ne connais personne n'est pas si facile et évidente. Mais bientôt, tu rencontres ta future meilleure amie, Chloé, avec laquelle tu habiteras quelques mois plus tard. C'est l'heure des premières expériences, de l'insouciance, de l'amusement, une époque qui restera gravée dans ta mémoire. Et puis, un soir, tu rencontres, lors d'une soirée, François, LE François, le grand amour de ta vie. L'homme avec lequel tu passes tout une nuit à discuter de tout et de rien, comme si vous vous connaissiez déjà, comme si vous saviez déjà ce que l'un et l'autre voulait dire. Tu te sens comprise, entendue... amoureuse.
Ta vie prend un nouveau tournant. Tu termines tes études, tu trouves un travail, tu suis François. Vous achetez une maison, près de Chambéry. Tu tombes enceinte. le quotidien qui te plaisait jusqu'à maintenant (tu aimais te retrouver devant un bon film avec François sur le canapé dans le silence de la nuit), la routine s'insinue petit à petit dans ta vie. Tu ressens comme un malaise, une gène. Un train train qui commence par te peser de plus en plus lourdement. Tu te sens broyée par la machine familiale. Tu ne te sens plus exister. Ta via arrive à un autre tournant, celui des questions, des remises en question, des désillusions.

Sophie Divry nous livre un magnifique roman sur la vie qui passe, la condition féminine avec un regard acéré sur notre société.
La force de la condition pavillonnaire se trouve dans le style même de l'auteur. Elle emploie tout au long du roman la deuxième personne du singulier, tutoies son personnage créant un lien étroit avec son personnage. Comme si le lecteur connaissait lui-même M.A. J'ai trouvé que l'écriture était percutante portée par un style impeccable.
Comment ne pas penser à l'univers de Emma Bovary (rien que les initiales de son prénom sont une référence). Une Emma moderne mais pour qui les questionnements restent les mêmes, à une autre époque.
En bref, c'est un roman puissant, plein d'émotion, et avec une vision critique de la société d'aujourd'hui.

J'avais découvert l'univers de Sophie Divry avec La cote 400, que j'avais apprécié. Avec ce roman, je me rends compte que j'accroche à son univers et suis heureuse qu'on la découvre de plus en plus dans les chroniques littéraires. Elle le mérite amplement. du coup, j'ai hâte de découvrir son tout dernier roman : Quand le diable sortit de la salle de bain.

Merci à Babelio et aux éditions J'ai lu pour ce roman plus que réussi !
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Une vie. Celle de M.A. enfant unique qui vit dans un village en Isère, étudie à Lyon, se marie, travaille, a des enfants, des amis, un amant. Et qui malgré tout, ne peut combler un vide en elle, présent tout au long de sa vie.
Une vie de femme de maintenant, sans drame, ni malheur, avec juste les difficultés et déceptions classiques de toute vie organisée et confortable.
Une vie sans surprise et pourtant, on dévore ce livre. On tourne les pages. On s'y retrouve parfois, souvent.
Une écriture qui accroche, qui sait creuser, mettre à jour ces manques que rien ne peut combler.
Une réussite.
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