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3,19

sur 407 notes
"ce n'est pas le chômage qui est drôle, c'est la littérature qui peut être une fête".
En effet, le sujet choisit ne prête pas à la plaisanterie, mais ce livre est une réelle distraction. L'auteure joue sur les mots aussi bien sur le fond que sur la forme et aborde son sujet avec beaucoup d'humour.
J'ai passé un très bon moment de lecture !
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Beaucoup de trouvailles, de (ré)-inventions, de jeux avec les mots, avec la typographie, la mise en page pour ce roman de Sophie Divry. J'écris (ré)-inventions car dans une post-face intitulée Bonus, l'auteure met en copie une lettre adressée à la responsable d'une résidence d'écrivains dans laquelle elle cite Laurence Sterne, et, renseignements pris, je sais désormais que ledit Sterne (1713/1768), romancier et ecclésiastique a beaucoup joué avec la typographie et la mise en page. Pas facile de décrire les différents jeux avec les lettres, les calligrammes, mais sachez qu'il rajoutent une touche de plaisir de lecture et d'humour. Car ce roman, même s'il traite d'un sujet malheureusement banal et loin d'être drôle, l'est tout de même. D'abord dans la forme avec donc la mise en pages, mais aussi avec des néologismes notamment ceux qui servent à introduire une parole de la mère de Sophie : "s'exclamaugréa", "continunia", "intervindica", "articulâcha", "ajoutacla", ... ça nous change des sempiternels et inévitables, "dit", "répondit", "s'exclama" et c'est plus joli.

Sophie Divry écrit là un roman dialogique (merci les Bonus, je ne connaissais pas le terme), qui fait presque penser à de l'improvisation, comme si l'auteure nous racontait en direct son histoire avec les multiples digressions, parenthèses, délires ; tous ne sont pas drôles ou percutants, mais à chaque fois, l'originalité, le ton résolument joyeux, le décalage emportent l'adhésion du lecteur. Il arrive également qu'à l'instar du film de Philippe de Broca, le Magnifique -avec bien sûr Jean-Paul Belmondo et Jacqueline Bisset-, un personnage croisé se retrouve dans un des délires de Sophie. de même les personnages, Hector, par exemple peuvent intervenir dans la mise en page du roman, exigeant une police de caractère et une scène particulières.

J'ai beaucoup parlé de la forme et le fond, me demanderez-vous ? Eh bien, j'ai apprécié également l'humour qui court tout au long du livre, les réflexions parfois très premier degré de tel ou tel intervenant, mais aussi les coups de gueule de Sophie sur le port du voile, sur le harcèlement au travail, sur la peur de l'autre qui dérive très vite vers la haine de l'autre, sur la difficulté de vivre avec les minimas sociaux, la honte d'en dépendre, ... Elle parle bien aussi de l'enfance qui s'en va, de la vie de famille, Sophie est issue d'une famille de sept enfants -comme moi !-, et les fêtes familiales sont toujours de très bons moments où chacun fait attention à l'autre et laisse au vestiaire ses soucis et ses opinions tranchées.

Belle écriture, qui joue avec les niveaux de vocabulaire, les répétitions, les longueurs de phrases, les références ; Sophie Divry use de la virgule, du point virgule, du "bital et monocouille", selon Pierre Desproges, point d'exclamation, ose les longs catalogues de comparaisons, de métaphores, ... sans que cela ne soit dérangeant, au contraire.

Ma première lecture de cette auteure, qui, vous le comprenez, me laisse un excellent souvenir, je suis sous le charme et encore tout heureux. A priori, très différent de son roman précédent, La condition pavillonnaire, qui me tentait bien, dans un genre plus dramatique. Un roman à lire absolument si vous voulez sortir de la banalité et qui je l'espère aura un bel écho au sein de cette rentrée littéraire. En plus, Notabilia est une très belle collection chez Noir sur blanc et la couverture est une réussite, à la fois voyante et sobre.
Lien : http://lyvres.fr
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"Un roman improvisé, interruptif et pas sérieux"

J'avais beaucoup aimé le précédent roman de Sophie Divry "La condition pavillonnaire", une très juste photographie de la condition féminine, et j'ai eu la chance de rencontrer l'auteur au Marathon des mots de Toulouse en Juin 2015, Nathalie Richard y lisait des passages de ce livre en présence de Sophie Divry.
C'est un auteur extrêmement sympathique et à la personnalité bien affirmée. Elle nous a annoncé la sortie à la rentrée de "Quand le diable sortit de la salle de bain" en précisant qu'il serait complètement différent du précédent livre qu'elle avait rédigé sur un mode contraint et que cette fois l'écriture serait beaucoup plus libérée.
Elle ne nous avait pas menti!!! Ce livre est vraiment original, écrit hors de toute contrainte.

Sophie Divry dépeint les tribulations de Sophie, une chômeuse lyonnaise en fin de droits qui survit grâce aux minima sociaux. Elle réussit le tour de force de nous faire rire de tout, du chômage, de la précarité, de la faim, de la solitude, des préjugés, du racisme, de la bêtise ambiante... Elle s'amuse de tout et se lâche complètement en prenant toutes les libertés littéraires et en jouant avec le langage, elle invente des mots, dresse des listes interminables, fait parler les objets, prend à témoin le lecteur et fait apparaitre le diable...

Le ton est humoristique mais tout est terriblement bien observé, précis et vrai : l'abrutissement dans les jeux sur l'ordinateur pour ne plus penser, les courses des pauvres au supermarché, les dialogues ubuesques avec la femme de pôle emploi et avec les assistantes sociales, les caricatures des étudiantes normaliennes privilégiées...
Certains passages sont tendres, d'autres délirants comme celui où elle liste ce qu'elle n'aime pas chez les hommes. Les personnages qui entourent Sophie, son meilleur ami Hector, sa mère et ses multiples frères sont tous savoureux et très bien observés.

Certainement en partie inspiré de ses propres galères, Sophie Divry nous livre un roman plein d'audace qu'elle qualifie "d'objet littéraire non identifié" où "elle laisse libre cours à son imagination sans rien s'interdire"; pour ma part je l'ai trouvé inventif, déjanté, joyeux et truculent, il fait un bien fou.
Ce récit est déjanté certes, mais il est aussi beaucoup plus sérieux qu'il ne le parait car pour Sophie Divry, toute cette légèreté et cette dérision sont prétextes à aborder des sujets graves de notre société contemporaine comme la précarité et l'isolement.



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Le plus foutraque, déjanté, drôle aussi parfois de mes dernières lectures est Quand le diable sortit de la salle de bain, dernier roman de Sophie Divry (une lyonnaise, l'histoire se passe d'ailleurs à Lyon). Dans ce livre, on se glisse dans la peau de Sophie, une jeune chômeuse qui tente très difficilement de joindre les deux bouts...suite de l'article sur le blog..
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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Ce bouquin m'a hypnotisée. Déjà depuis le rayonnage de ma librairie, avec sa couverture envoutante, il m'appelait. Impossible de repartir sans lui, malgré mon panier déjà bien rempli. Je l'ai ensuite longuement contemplé avant de le lire. Une couverture épurée, douce au toucher, des pages de couleurs différentes, des calligrammes... l'objet était une énigme à lui tout seul.

Puis j'ai plongé, dans cette lecture délicieusement déjantée. Des personnages qui s'incrustent dans le récit pour le faire coller à leur bon plaisir, des digressions, certes parfois un peu longuettes, mais toujours emplies de folie, des dialogues complètement improbables où la fantaisie prend le pas sur la réalité...

Bref, un texte absolument génial qui rend légère une lecture sur un sujet qui ne l'est pas : la pauvreté. Entendons-nous bien, on ne parle pas ici de la misère noire, mais bien de la pauvreté ordinaire. Un chômage qui s'éternise, des fins de mois qui commencent le 10 (voire plus tôt), des démarches fastidieuses pour gagner 3 francs 6 sous, et la faim, obsédante, omniprésente.

Ce bouquin est totalement inclassable, difficilement évaluable, mais il fait du bien... et finalement, c'est bien tout ce qui compte !
Lien : http://www.labiblidekoko.clu..
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Sophie a quitté son mari et son travail. Elle se retrouve seule à Lyon loin de sa famille dans un petit appartement avec pour seule ressource l'ASS. Elle est confrontée à la rigidité de l'administration et aux petits boulots précaires.
Grosse déception à la lecture de "Quand le diable sortit de la salle de bains". J'attendais plus d'humour bien que le sujet soit grave pour des millions de personnes. La construction est originale mais Sophie Divry part un peu dans tout les sens avec beaucoup de longueurs dans des pleines pages d'énumérations, des propos bien en dessous de la ceinture tenus par les personnages de son ami Hector et de son mauvais génie Lorchus. Bien que l'on arrive a avoir un peu d'empathie pour Sophie il est comme l'ont exprimés d'autres lecteurs difficile de comprendre son manque de réaction face à la situation. Je me suis au final un peu ennuyée.
Dommage j'avais bien aimé "La cote 400"
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Des inventions de langage et de typographie assez drôles.
Mais ce livre est un long bavardage, on a l'impression que les tableaux s'enchaînent pour le plaisir de raconter, mais sans véritable intrigue ou fil de narration. On dirait des pages de blog les unes à la suite des autres.
Au final c'est un peu creux et superficiel.
Les pages sur la pauvreté et la faim m'ont un peu gênée car elles semblent "factices".
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Sophie Divry, née en 1979 à Montpellier, vit à Lyon. Entre 2004 et 2010, elle a été journaliste au journal La Décroissance, un mensuel anticonsumériste, syndicaliste et engagée sur une liste de gauche aux élections municipales de sa ville d'adoption avant de se lancer dans la littérature, tout en exerçant un job de serveuse dans la restauration. Son quatrième roman, Quand le diable sortit de la salle de bain, est paru depuis peu.
Sophie, la narratrice célibataire et journaliste pigiste au chômage, habite Lyon et rêve d'écrire un roman qui lui ouvrira les portes d'un avenir plus reluisant. Pour l'heure, elle crève la faim et compte ses euros pour payer ses factures.
A partir de ce pitch, Sophie Divry nous offre un gentil roman qui mérite qu'on y jette un oeil, « gentil » prévenant d'emblée que j'y mettrais quelques réserves néanmoins. Les premières pages m'ont emballé, une écriture, un style, un rythme, un ton séduisant teinté d'humour, nous partions sur de bonnes bases. Je me suis mis à attendre monts et merveilles inattendues, n'ayant jamais lu cet écrivain. Pourtant, maintenant que le roman est refermé et rangé dans ma bibliothèque, mon enthousiasme est retombé. le roman n'est pas mauvais, loin de là, mais bon… je ne sais pas trop quoi en penser, ni même en retenir.
Il y a une écriture certaine, je l'ai dit. J'ai adoré tous les néologismes particulièrement savoureux qui ponctuent la narration, « Je ne vais pas tout lucifaire à ta place » s'exclame Lorchus, son diable personnel. Une voix mauvaise conseillère qui intervient ponctuellement (très peu en fait) dans le récit, tout comme celle de sa mère lui dispensant ses avis d'ange gardien sur sa manière de vivre (On pense à Tintin éméché dans je ne sais plus quel album d'Hergé, le diable sur une épaule, l'ange sur l'autre). La première partie du roman dresse le portrait de la vie quotidienne d'une chômeuse, le fond est sombre pour ces malheurs de Sophie mais la forme souriante remporte ce set.
Dans la seconde partie, Sophie retrouve sa famille et ses frères mariés avec enfants et boulot stable, près de Montpellier, pour un anniversaire dans la grande maison familiale. de belles pages sur le retour en enfance et le passage à l'état d'adulte. le propos se fait plus profond, l'engagement politique de Sophie Divry transpire de ces lignes, un peu dépité, « Où sont les agitatrices, les courageux, les têtes brûlées et les exceptions ? Où sont-ils et où sont-elles ? Où est la jeunesse de mon pays ? » Une sorte de morosité s'empare de ce second set.
La dernière manche m'a laissé perplexe, Sophie s'est trouvé un boulot temporaire dans la restauration mais qui se termine mal (vous aurez noté au passage, tous les points communs entre la Sophie du roman et celle qui le rédige) et sur une phrase ambigüe, « … il arrive un moment où, quand une injustice trop patente vous est faite, il ne vous reste plus qu'à quitter la course. »
Cette fin pas très claire m'a déçu. Et je ne peux passer sous silence, les délires typographiques utilisés par Sophie Divry. Ils ne sont pas bien méchants certes et ne compliquent pas la lecture mais personnellement je suis très réservé sur ce genre de procédé. Je trouve que cela n'apporte rien à un roman et si je poussais le raisonnement plus loin, j'irais même jusqu'à dire qu'ils sont une faiblesse (comme si les mots seuls ne suffisaient pas à dire les choses), à moins qu'ils ne soient comme une preuve de régression infligée au lecteur, me rappelant les livres pour enfants des maternelles, où pour garder leur intérêt éveillé, on dispose le texte en arabesques savantes ou polices de caractères différentes…
Je répète ce que je j'ai dit au début de ce billet, un roman qui mérite d'être lu, mais qui n'est pas aussi remarquable que certains voudraient nous le faire croire. Ce dont l'auteure consciente (ou maligne) avoue dans un « bonus » final : « Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup d'éléments dans ce livre, c'est pour l'heure un grand fourre-tout. J'ai besoin d'y voir plus clair. » Nous aussi !
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Je ne sortais pas de la salle de bains, moi, mais d'un Beigbeder… Et voilà que, dans la même journée, sur la foi de ce titre aguicheur, hop! j'ai plongé la tête la première dans ce petit roman foutraque, ficelé à la va-comme-je-pousse. En termes socio-économiques, le contraste était pour ainsi dire ….vertigineux!
Je quittais le grand bourgeois cocaïné pour la jeune diplômée, chômeuse de longue durée, qui doit survivre dix jours avec 17 euros 70 sur son compte, et les factures qui tombent, et le RSA qui n'arrive pas, et les inévitables complications administratives….

Tout cela raconté entre désespoir et drôlerie, par exemple lorsque Lorchus, le diable intérieur de la narratrice, lui dit: «Tiens, puisque je suis chez toi, je vais me refaire une laideur ». Avec cela quelques morceaux de bravoure qui sont des parodies de Racine, du Téléphone Rose ou des Tontons flingueurs …
(Un tout petit peu trop d'embardées énumératives, cependant…J'avoue que j'ai sauté une ou deux pages).
La deuxième partie rebat les cartes, et l'on s'y perd un peu: notre chômeuse mal nourrie gueuletonne en famille, à s'en rendre malade, improvise un joli petit conte pour ses nièces et neveux (« le mange-consonnes »), pioche dans le « sac à métaphores » qu'elle garde toujours à portée de main, disgresse sur le racisme et l'islamophobie, puis sur les voyages en train.
Bref, on bavarde, on s'égare. J'ai sauté encore plus de pages.
Dernière partie: Notre chômeuse a traversé la rue, et trouvé de petits boulots dans la restauration. Dans le classique « bouchon » lyonnais, en termes de dignité du travail, elle se reconquiert un peu, mais bientôt c'est la déchéance : c'est-à-dire le bar à vins, les mauvais patrons, la plonge, et même le harcèlement…

Un roman pas joyeux-joyeux, malgré sa fantaisie affichée. Je regrette les complaisances d'écriture, les pitreries graphiques et surtout les interminables listes (existe-t-il un seul lecteur capable de les lire sans sauter un seul mot?) .
C'est à la fois ce qui fait l'originalité du récit (ce n'est pas l'écriture de tout le monde), mais c'est aussi ce qui perturbe, et agace. Regrette aussi ce titre un rien marketing, qui passe à côté de la véritable « diablerie », à savoir le système déshumanisé des aides sociales.
En tout cas un roman résolument « moderne » sur la trappe à pauvreté que constitue le chômage.
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Impressionné par la rigueur de Sophie Divry dans La condition pavillonnaire, ce livre m'a surpris par sa liberté d'écriture.
Oubliées la sobriété et la retenue de la « femme pavillonnaire ». Pas de censure à l'imagination. Une écriture débridée, fluide et créative.
Sans basculer dans l'exercice de style ostentatoire, l'autrice raconte la dèche dans sa gravité et son quotidien.
Mais le récit n'est pas pour autant plombé, Sophie Divry écrit avec la légèreté et un humour rarement employés pour cette thématique.
Dans la dureté des mouvements sociaux et le sectarisme ambiant, son regard et son écriture font un bien fou.
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