AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,19

sur 406 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sophie Divry change tout à fait de style après" La condition pavillonnaire" .
Dans ce livre, Sophie, une chômeuse de longue durée, peine à écrire un livre et ses allocations de chômage n'arrivent pas. Elle se retrouve avec très peu d'argent pour terminer le mois. Elle nous fait entrer dans sa réalité et puis dépasse ce stade pour arriver dans des scènes imaginaires où Lorchus, le diable la tente en lui proposant des plans malhonnêtes. On entre dans une ambiance qui m'a fait penser plusieurs fois à l'univers de Boris Vian dont j'ai relu"L'écume des jours" il y a peu.
L'auteure est imaginative dans les scènes, avec les mots qu'elle invente dans le langage de sa mère, avec les épithètes placés systématiquement avant le nom par son ami Hector, avec les mots disposés de façon à former un dessin.
Ses références littéraires sont vivantes et viennent bien à propos pour illustrer le récit comme la photo que son frère pêcheur amateur lui envoie avec son poisson et la photo dans "La gloire de mon père"...
Le conte qu'elle invente pour ses neveux ," le mange-consonnes", devrait faire l'objet d'une parution illustrée. Il est tout à fait original et peut se lire à des enfants avec leur participation pour retrouver les mots initiaux.
J'ai trouvé ce roman génial, vivant, inventif et surtout, l'humour n'a pas empêché la réalité sociale d'apparaître.
Commenter  J’apprécie          310
Ce livre, on ne me l'a pas offert : j'en ai lu des critiques sur Babelio et je l'ai....acheté ! Non sans en avoir parcouru quelques pages probatoires, calée dans un fauteuil de notre excellente librairie.
Ce livre, c'est le choc du fond et de la forme (quelle horreur, cette opposition !). le chômage est un sujet profondément déprimant qui aurait pu donner lieu à une peinture sociale triste et consciencieuse, mais, miracle, Sophie Divry qui semble pourtant connaitre parfaitement les situations de manque d'argent, de faim tenaillante et de tracasseries administratives, en fait un livre plein de verve, totalement jouissif, libéré, débridé, où la fantaisie graphique et de mise en page appuie l'imagination et l'invention verbale, et où les tons adoptés, entre parodie, humour, satire, conte, lyrisme même, renouvellent constamment l'intérêt !
Alors que tout est fait pour donner l'impression d'un livre "pas sérieux" où l'auteur se défoule et envoie valser toutes les contraintes imposées par les normes sociales et littéraires, on n'a jamais aussi bien parlé de l'angoisse du chômeur devant les labyrinthes administratifs, de la faim qui rend hypersensible à l'injustice du monde : "elle était comme un diapason qui résonnait de tous les malheurs du monde, puisqu'elle avait tout supprimé, l'espoir comme l'avenir, la chaleur comme le désir, il ne restait que l'offense et l'indignité, d'obscènes déclarations télévisées prononcées par d'obscènes gens de pouvoir" ou encore de notre société de vieux et de papy-boomers qui écrase et aliène les générations plus jeunes, inférieures en nombre...
Une auteure surdouée, des clins d'oeil appuyés à Laurence Sterne (qui lui aussi jouait des codes graphiques !) et à Diderot, une inventivité et un don d'écriture exceptionnels, un jaillissement qui frôle parfois le rap (la mélodie verbale des listes se fait parfois un peu longue quand l'absurde l'emporte), bref, un livre peut-être foutraque, peut-être génial (dans toutes acceptions du terme), un bel objet de surcroît, donc à marquer d'une pierre blanche malgré sa rouge couverture diabolique !
Commenter  J’apprécie          230
Quand le diable sortit de la salle de bain, est un très bon résumé par Sophie Divry sur la situation que vivent des millions de gens sur Terre. Avec des passages de colères contre notre système compliqué, de philosophies de comment devrait être la vie et de fantasmes qu'on aimerait bien que ça arrive au quotidien. Car au final, nous aimerions avant tout vivre en ☮ paix et dans ♥ l'amour.

Mais hélas et désastre de notre société, beaucoup sont obligés de survivre dans cet état d'étranglement, de faim, de pression, de stress... à devoir compter ce qu'il nous reste pour faire la fin de mois, voire tout le mois... ne pas avoir de dépenses en dehors du nécessaire, pas de factures imprévues et surtout pas de loisirs car pas l'argent pour ça... Tout cela ce n'est point une vie de se serrer la ceinture quand tout autour de nous existe la richesse et en quantité.

Sans oublier toute la pression exercée sur le moral, la santé. Pression subit par les jugements de la société, de la famille, qui au lieu d'aider, de compatir, sont souvent à nous rabaisser, à ne pas nous comprendre. Et à cause de ça on ne peut pas leur en parler, on ne veut pas que ce sujet du « Tu fais quoi ? »... « Tu deviens quoi ? »... « Quoi de neuf ? » puisse être mis sur le tapis. Cela angoisse, cela ne donne pas envie d'aller vers les autres qui vont nous critiquer... et cela donne un cercle vicieux dans lequel on s'enfonce. Certains arrivent à s'en sortir... et d'autres non.
Et puis le poids des démarches compliquées dans ce monde qui aurait dû les rendre simplissimes via la technologie. Beaucoup ne s'imaginent pas que même faire des photocopies des papiers demandés est psychologiquement une montagne qui s'abat sur nous. Nous ne devrions pas tout devoir faire tout seul, quand nous sommes plus de 7 milliards d'être humain.

Et oui Sophie, la situation sur notre monde humain est grave et on en prend pleinement conscience soit quand on la vie, ou aussi via ton livre.

🕮 Ce fut une lecture agréable surtout par la mise en forme des lettres et symboles pour accentuer les propos et égayer notre tragédie du monde moderne.
Commenter  J’apprécie          180
Roman intrigant par son titre et cette couverture (trop voyante, dérangeante), original par sa mise en page et les interventions presque inopportunes du diable et autres personnages ou même objets... J'ai eu peur au début de la lecture, moi qui avait été tellement touchée par "La condition pavillonnaire". Et bien, ce roman-ci aussi est touchant par son thème principal : la précarité, toujours niée, étouffée, honteuse et pourtant si répandue. Encore une fois, Sophie Divry m'a touchée, mais cette fois-ci, par son culot rafraîchissant : oui, quand on est seule, pauvre et qu'on ne voit plus comment s'en sortir, on craque, on perd la tête. Et pour survivre, il vaut mieux en rire...
Commenter  J’apprécie          140
Attention pépite à savourer !
Ce livre est un ovni littéraire, une bouffée délirante de la première à la dernière page.
Il raconte les tribulations d'une chômeuse en galère. Décrire la précarité sous l'angle de l'humour, ce n'était pas gagné, mais ici ça fonctionne : c'est tout sauf plombant. C'est rythmé et innovant.
J'ai adoré être surprise par toutes les audaces littéraires complètement foutraques ( néologismes, effets de style, calligrammes, zeugmas, énumérations farfelues, intrusions de personnages donnant leur avis ...)
Cela dit, je conçois que l'on puisse rester hermétique à ce livre, aux antipodes de la littérature académique .
Commenter  J’apprécie          130
Séduit par La cote 400, j'étais curieux de lire à nouveau Sophie Divry, cette Montpelliéraine qui vit à Lyon où débute ce « roman improvisé, interruptif et pas sérieux. » Son talent ne se dément pas, un talent bien servi par des trouvailles très originales de mise en page qui émaillent le livre.

Nous voilà donc avec Sophie, jeune chômeuse de longue durée « écrivain public, journaliste, professeur » qui cherche du travail sur le net. Ça urge car avec 40 € sur son compte le 20 du mois, « comment faire, ou plutôt non-faire ? »
Si la faim la tenaille, elle a son ami Hector, « mon grand ami » qui intervient épisodiquement dans le récit pour des aventures très chaudes avec Belinda. Quant à Sophie, elle avoue : « j'étais bien la seule fille de la Croix-Rousse avec qui Hector n'avait pas couché. »
Sont très originales aussi les interventions subliminales de sa mère qui commente, à son insu, toutes ses actions, ce qui donne l'occasion à l'auteure de déployer tout son talent pour inventer des mots comme « s'exclamaugréa, continunia, articulâcha, ajoutacla, intervindica, arguasoupit, s'interpolissa… ma mère. »
Avant d'aller faire connaissance avec le reste de sa famille, un peu plus tard, Sophie nous parle de ses six frères mais chacun a fait sa vie « Quand on a besoin des autres, c'est qu'on n'a pas fait sa vie. » Un tchat sur un site porno nous entraîne en plein délire verbal avant que Bertrande lui offre à manger avec son petit-fils, un vrai rival pour dévorer le poulet, les fraises, les chocolats… « J'avais autant mangé qu'en une semaine. »
Hélas, d'autres factures arrivent et le maquis administratif des allocations ne facilite pas les choses. Au passage, l'auteure nous régale d'un conte sur l'invention du conditionnel puis d'un autre « le mange-consonnes », à lire absolument. Et puis il y a le diable, Lorchus, qui lui suggère toutes les tentations pour se faire du fric aux dépens de son prochain et qui peut aider Hector au passage : « Je veux bien m'occuper de mettre cette poule dans ton lit pour que tu lui fourres ton étourneau dans la rhubarbe. »
Invitée au baptême de Basile, un neveu, à Sullac, près de Montpellier, elle profite à fond de cette parenthèse avant de replonger dans ses soucis quotidiens, de donner une liste impressionnante des types d'hommes qu'elle n'aime pas « ça me laisse peu de perspectives. »
Enfin, elle trouve un emploi de serveuse : « Je découvrais à quel point le travail, a fortiori le travail physique, est un excellent moyen de chasser l'angoisse. » Mais « entre un sous-travail épuisant et un chômage affamant », elle constate que « le point de vue que nous avons sur le monde dépend de la place qu'on nous y fait. »


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          80
Sûrement l'un des livres les plus drôles de cette rentrée ! Et pourtant, la narratrice nous raconte son quotidien de chômeuse. Un sujet qui ne prête pas à l'humour, sauf que l'auteur pimente son récit de fantaisie : invention de mots, listes à rallonge, apartés, parenthèse érotique, calligrammes… Ce qui rend le texte original, enlevé, sans rien enlever de la profondeur de son sujet. Sophie compte le moindre centime, devient fine stratège au moment de s'acheter à manger, est confrontée à des soucis administratifs au Pôle emploi, est isolée, accepte un petit boulot, va voir sa famille. le quotidien de millions de personnes, mais sublimé par la fantaisie littéraire de l'auteur. Un petit bijou !
Commenter  J’apprécie          81
Beaucoup de trouvailles, de (ré)-inventions, de jeux avec les mots, avec la typographie, la mise en page pour ce roman de Sophie Divry. J'écris (ré)-inventions car dans une post-face intitulée Bonus, l'auteure met en copie une lettre adressée à la responsable d'une résidence d'écrivains dans laquelle elle cite Laurence Sterne, et, renseignements pris, je sais désormais que ledit Sterne (1713/1768), romancier et ecclésiastique a beaucoup joué avec la typographie et la mise en page. Pas facile de décrire les différents jeux avec les lettres, les calligrammes, mais sachez qu'il rajoutent une touche de plaisir de lecture et d'humour. Car ce roman, même s'il traite d'un sujet malheureusement banal et loin d'être drôle, l'est tout de même. D'abord dans la forme avec donc la mise en pages, mais aussi avec des néologismes notamment ceux qui servent à introduire une parole de la mère de Sophie : "s'exclamaugréa", "continunia", "intervindica", "articulâcha", "ajoutacla", ... ça nous change des sempiternels et inévitables, "dit", "répondit", "s'exclama" et c'est plus joli.

Sophie Divry écrit là un roman dialogique (merci les Bonus, je ne connaissais pas le terme), qui fait presque penser à de l'improvisation, comme si l'auteure nous racontait en direct son histoire avec les multiples digressions, parenthèses, délires ; tous ne sont pas drôles ou percutants, mais à chaque fois, l'originalité, le ton résolument joyeux, le décalage emportent l'adhésion du lecteur. Il arrive également qu'à l'instar du film de Philippe de Broca, le Magnifique -avec bien sûr Jean-Paul Belmondo et Jacqueline Bisset-, un personnage croisé se retrouve dans un des délires de Sophie. de même les personnages, Hector, par exemple peuvent intervenir dans la mise en page du roman, exigeant une police de caractère et une scène particulières.

J'ai beaucoup parlé de la forme et le fond, me demanderez-vous ? Eh bien, j'ai apprécié également l'humour qui court tout au long du livre, les réflexions parfois très premier degré de tel ou tel intervenant, mais aussi les coups de gueule de Sophie sur le port du voile, sur le harcèlement au travail, sur la peur de l'autre qui dérive très vite vers la haine de l'autre, sur la difficulté de vivre avec les minimas sociaux, la honte d'en dépendre, ... Elle parle bien aussi de l'enfance qui s'en va, de la vie de famille, Sophie est issue d'une famille de sept enfants -comme moi !-, et les fêtes familiales sont toujours de très bons moments où chacun fait attention à l'autre et laisse au vestiaire ses soucis et ses opinions tranchées.

Belle écriture, qui joue avec les niveaux de vocabulaire, les répétitions, les longueurs de phrases, les références ; Sophie Divry use de la virgule, du point virgule, du "bital et monocouille", selon Pierre Desproges, point d'exclamation, ose les longs catalogues de comparaisons, de métaphores, ... sans que cela ne soit dérangeant, au contraire.

Ma première lecture de cette auteure, qui, vous le comprenez, me laisse un excellent souvenir, je suis sous le charme et encore tout heureux. A priori, très différent de son roman précédent, La condition pavillonnaire, qui me tentait bien, dans un genre plus dramatique. Un roman à lire absolument si vous voulez sortir de la banalité et qui je l'espère aura un bel écho au sein de cette rentrée littéraire. En plus, Notabilia est une très belle collection chez Noir sur blanc et la couverture est une réussite, à la fois voyante et sobre.
Lien : http://lyvres.fr
Commenter  J’apprécie          70
"Un roman improvisé, interruptif et pas sérieux"

J'avais beaucoup aimé le précédent roman de Sophie Divry "La condition pavillonnaire", une très juste photographie de la condition féminine, et j'ai eu la chance de rencontrer l'auteur au Marathon des mots de Toulouse en Juin 2015, Nathalie Richard y lisait des passages de ce livre en présence de Sophie Divry.
C'est un auteur extrêmement sympathique et à la personnalité bien affirmée. Elle nous a annoncé la sortie à la rentrée de "Quand le diable sortit de la salle de bain" en précisant qu'il serait complètement différent du précédent livre qu'elle avait rédigé sur un mode contraint et que cette fois l'écriture serait beaucoup plus libérée.
Elle ne nous avait pas menti!!! Ce livre est vraiment original, écrit hors de toute contrainte.

Sophie Divry dépeint les tribulations de Sophie, une chômeuse lyonnaise en fin de droits qui survit grâce aux minima sociaux. Elle réussit le tour de force de nous faire rire de tout, du chômage, de la précarité, de la faim, de la solitude, des préjugés, du racisme, de la bêtise ambiante... Elle s'amuse de tout et se lâche complètement en prenant toutes les libertés littéraires et en jouant avec le langage, elle invente des mots, dresse des listes interminables, fait parler les objets, prend à témoin le lecteur et fait apparaitre le diable...

Le ton est humoristique mais tout est terriblement bien observé, précis et vrai : l'abrutissement dans les jeux sur l'ordinateur pour ne plus penser, les courses des pauvres au supermarché, les dialogues ubuesques avec la femme de pôle emploi et avec les assistantes sociales, les caricatures des étudiantes normaliennes privilégiées...
Certains passages sont tendres, d'autres délirants comme celui où elle liste ce qu'elle n'aime pas chez les hommes. Les personnages qui entourent Sophie, son meilleur ami Hector, sa mère et ses multiples frères sont tous savoureux et très bien observés.

Certainement en partie inspiré de ses propres galères, Sophie Divry nous livre un roman plein d'audace qu'elle qualifie "d'objet littéraire non identifié" où "elle laisse libre cours à son imagination sans rien s'interdire"; pour ma part je l'ai trouvé inventif, déjanté, joyeux et truculent, il fait un bien fou.
Ce récit est déjanté certes, mais il est aussi beaucoup plus sérieux qu'il ne le parait car pour Sophie Divry, toute cette légèreté et cette dérision sont prétextes à aborder des sujets graves de notre société contemporaine comme la précarité et l'isolement.



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
Commenter  J’apprécie          60
J'ai beaucoup aimé "la condition pavillonnaire", alors je n'aurais pas manqué le nouveau roman de S. DIVRY pour rien au monde et je suis ravie !!!
C'est un manuel dingo de survie en misère ordinaire et minima sociaux. La narratrice nous conte son combat pour survivre avec un minimum avec beaucoup de justesse : le ptit café en terrasse, péché capital. Elle nous rappelle aussi les incohérences bien connues de l'administration de nos sympathiques inopérants : LE POLE EMPLOI. Entre deux mésaventures, on rencontre la maman de la narratrice, ses frangins, son meilleur pote, obsédé sexuel et son diable personnel, Lorchus (normal, puisque notre héroïne tire le diable par la queue) qui fait payer très cher les dons qu'il accorde aux inconséquents qui lui en demandent. Un texte à la QUENEAU avec une dose de Marquis de Sade : quelle créativité cette S. DIVRY !
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (709) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20259 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}