« Soumets-toi, rencard à 4h sur le toit, amène tes arguments, j'amènerai mon nunchaka, ma colère gronde, j'te ferai cuire au micro-onde, j'irai pisser sur ta tombe ce s'ra immonde, comme la fin du monde. » L'Apocalypse selon Stupeflip, pour vous donner une idée de ce dans quoi vous allez mettre les pieds. La première partie, sur la prison, est totalement ancrée dans la réalité présente : conditions de vie carcérale, humiliation, corruption, manipulation, domination, peur, suicide... Une volonté de faire réfléchir, esquissée dans les détails. Un premier coup porté aux tripes.
La deuxième partie est presque un peu surréaliste, avec son explosion et ses immunisés, un air de vraie fin du monde qui pourrait bien arriver, deuxième réflexion qui tente de faire réagir sur des problématiques actuelles. Et pourtant, ici ça n'est guère qu'un prétexte : peu de détails sur la catastrophe, les enjeux, les possibilités. Juste un air de liberté, de nouveau départ, un portrait-paysage dénué d'humains, juste notre héros, sa cavale, son refuge dans les bois, ses nouveaux compagnons animaux. La vie au grand air, pour quelqu'un des villes, la délivrance de la prison, apprendre à être un adulte, à construire un monde, à vivre au jour le jour. C'est la partie la plus importante du livre, et ma partie préférée, plutôt simple en vérité, mais on s'immerge facilement. La fin m'a arrachée un cri de douleur, encore pire que le premier.
L'autrice alterne entre le point de vue du personnage et une sorte de narrateur omniscient, qui offre à la fois une sorte de détachement et d'immersion totale, entre faits et ressenti, qui fait qu'on rentre facilement dans le jeu, ça touche un peu plus, mais parfois c'est bien, aussi, d'avoir un peu de recul. Si ça a pu me perdre un peu au début, j'ai fini par passer outre. Elle met en avant de forts contrastes, jouant sur les contraires, les opposés, la béatitude et l'horreur, la liberté totale et la privation, la solitude et se faire marcher sur les pieds, le rationnement et l'abondance, la beauté et la laideur, le béton et la nature, la loi des hommes et la loi de la terre... Comme j'ai lu le livre d'une traite, ça a été l'ascenseur émotionnel, un peu terrible d'ailleurs. Ce que j'ai le plus apprécié ? le monde sans humains, le retour à la terre, le côté Blanche neige dans les bois version hardcore. Pour le reste, tout n'est que violence et vanité. Bref, comptez bien vos dents, vous risqueriez d'en perdre quelques unes dans le tas.
(voir la critique intégrale sur le blog)
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