Regarde, en bas, Florence nous attend ! Dante, Pétrarque, Boccace et notre maître Giotto nous ont précédés sous ces toits de tuiles rondes, dorées au soleil, dans ces maisons serrées autour de l'Arno, dans ces grandioses basiliques jamais achevées… Je ne suis guère plus instruit que toi, ma bonne mule, mais je jure ici, devant cette illustre ville, que j'apprendrai à connaître tous ces grands hommes qui ont donné une âme à Florence !…
À Florence, va voir tout de suite Benozzo Gozzoli. C'est un frère. Il a passé trois ans parmi nous avant de rejoindre Fra Giovanni da Fiesole. Il est maintenant son meilleur élève et travaille à décorer de fresques le couvent de San Marco. Fra Giovanni, que tout le monde appelle Fra Angelico, est le saint de la peinture.
Assis sur les marches de Santa Maria del Carmine, face à la mer qui le séparait de sa patrie, la Sicile, Antonello rêvait. Son regard allait de la baie encombrée de bateaux au clocher en construction. Sur l'échafaudage, des ouvriers vêtus de haillons, épuisés par la chaleur, hissaient de lourds blocs de lave. Parfois, ils regardaient le ciel, comme pour mesurer la tâche qui restait à accomplir.
Antonello n'avait pas vingt ans. Il était fier d'avoir réussi à quitter Messine malgré les liens très forts qui l'unissaient à sa famille. Dans la bottega de San Martino, son père, l'un des meilleurs orfèvres de la ville, lui avait appris à dessiner et à ciseler les coupes d'argent qui faisaient la renommée de la maison. Il allait dans la logique filiale qu'Antonello reprenne les outils du maître vieillissant et continue à fournir en vases et en aiguières les nobles et les riches bourgeois de Messine ; mais le fils, s'il était devenu un praticien habile, ne songeait qu'à la peinture. Burins et poinçons lui tombaient des mains depuis qu'il avait pu contempler chez le duc Orazio Ansaldo, un jour où il avait été livrer un hanap d'argent, des tableaux de Simone Martini, de Fra Angelico et une peinture à fresque de Simone Memmi. Son rêve était de tenir un pinceau, de donner les couleurs de la vie aux dessins qu'il accumulait dans sa chambre.
(INCIPIT / Antonello de Messine)
Le début:
Assis sur les marches de Santa Maria del Carmine, face à la mer qui le séparait de sa patrie, la Sicile, Antonello rêvait . Son regard allait de la baie encombrée de bateaux au clocher en construction.
Si Tiziano était aussi nettement soutenu par la force artistique du dessin que par la nature, surtout lorsqu'il peint sur le vif, personne ne pourrait faire plus ni mieux, car il a un esprit magnifique et possède un style puissant et agréable.
Regardez peindre votre confrère vénitien. pour lui le dessin n'existe pratiquement pas. il délaisse les méticuleuses études préliminaires auxquelles vous vous astreignez à Florence et à Rome et esquisse directement sa composition sur la toile.
L'intelligence, hélas, est l'apanage des hommes. ce sont eux qui, en les employant misérablement, rendent les animaux barbares!
J'aime les chevaux pour leur beauté, leur élégance, leur puissance contenue ou débordante. j'aime les dessiner, les peindre, je n'ose plus dire les sculpter parce qu'ils offrent à l'artiste d'innombrables possibilités d'expression.
Que deviendrait notre amitié si nous étions concurrent? Par bonheur ta peinture, vraiment superbe est à l'opposée de la mienne! tes première madones, trop inspirées de Lippi ne me plaisaient qu'à moitié mais ta "force", ta "Judith", et surtout "l'homme à la médaille" sont magnifiques.
Maintenant il sculptait d'instinct. Il n'avait plus besoin de regarder ses dessins. il était devenu une mécanique intelligente parfaitement réglée, bien huilée, qui obéissait aux impulsions du cerveau plein d'image de son faune.