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Citations sur Au temps où la Joconde parlait (23)

Depuis le jour de sa naissance, la vie n'avait fait que sourire à Antonello. Sa jeunesse à Messine avait été heureuse malgré la condition modeste de sa famille toujours à la merci de commandes irrégulières. Quand le client faisait défaut, le père enseignait à son fils Tait de dessiner des pièces d'orfèvrerie magnifiques qui ne seraient jamais ciselées. En même temps qu'il étudiait le tracé des courbes idéales et des ornementations somptueuses, Antonello apprenait à rêver. Il avait trouvé plus tard chez le maître Colantonio une deuxième famille avant de gagner son pari insensé d'aller chercher à Bruges le secret de Van Eyck. Sa bonne étoile l'avait suivi à Venise où il était devenu un artiste réputé en même temps qu'un époux et un père heureux. L'attente d'un deuxième enfant, autre bonheur, remettait à plus tard le projet du retour à Naples. La vie était si douce sur la lagune qu'Antonello commençait à se croire un vrai Vénitien.

C'est alors que le malheur qui l'avait épargné jusque-là bouleversa soudain la vie d'Antonello.

(INCIPIT / La madone de Florence)
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Les peintres avaient beau voyager, s'ignorer souvent d'une ville à l'autre, malgré les guerres et les alliances sans cesse renversées, les nouvelles concernant l'art circulaient à travers la Péninsule sans qu'on sache exactement par quels moyens elles se transmettaient, le plus souvent sans doute par les cours et les établissements religieux qui utilisaient le service des artistes.
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– C'est très beau, Antonello. Tu as tout maintenant pour faire un grand peintre. Bien meilleur que moi, j'en prends conscience aujourd'hui !
– Mon maître, si ce que vous dites est vrai, c'est à vous que je le devrai !
– Oui, à moi ! Mais aussi à ton père qui t'a appris à dessiner, à Fra Angelico qui t'a montré que la lumière venait du ciel. Et à Van Eyck qui t'a ouvert son cœur et son armoire à talent ! Ne les oublie jamais et dis-toi,
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Le capitaine Emilio Pachiero avait passé toute sa vie sur la mer. Vénitien de Chioggia, il avait aidé son père à tirer ses filets dans la lagune avant d'embarquer comme mozzo à bord d'une des plus grandes galères de la Sérénissime, à la fois bâtiment de guerre – il fallait se défendre contre les pirates – et navire de commerce, loué par l'État aux marchands désireux d'exporter des marchandises diverses vers l'Orient ou la Flandre et d'en rapporter d'autres sur les rivages de la Méditerranée et de l'Adriatique. Il en avait fait des voyages, le jeune Emilio, avant de devenir rameur-matelot, puis gabier acrobate toujours prêt à se hisser au sommet des mâts et à jouer l'araignée au milieu des cordages. Enfin il avait tenu le gouvernail dans la cage de timonerie avant de devenir pilote, seigneur du château de poupe, œil de la galère qu'il dirigeait à l'aide d'une carte des vents et de l'« étoile de mer », boussole éclairée dès le crépuscule par une lanterne de corne. Durant des dizaines d'années, il avait ainsi parcouru les océans sur l'une ou l'autre des galères d'État qui naviguaient en convois pour se protéger des mauvaises rencontres.

Le patron Pachiers était enchanté d'avoir à son bord un commissionnaire capable de lui parler d'autre chose que de cargaisons, de bénéfices et de nouveaux marchés. Intelligent et curieux, il avait passé une grande partie de ses interminables expéditions à enrichir ses connaissances. Il ne partait jamais sans un coffre plein de grimoires et ne manquait pas, à chaque escale, de s'enquérir des monuments ou des sites à visiter. Antonello l'admirait et enviait son savoir. Un jour où il avait dit au patron combien il avait souffert au cours de son voyage d'être si peu instruit, Pachiero lui avait proposé un marché :

– Si tu peins mon portrait, avec l'aide du scrivano, je t'enfourne du latin et du français dans ta cervelle de Sicilien, je te fais lire l'Évangile que tu ne connais que par les fresques, toujours les mêmes, qui ornent les églises. Et par-dessus le marché, je t'apprends le ciel et les étoiles !

(INCIPIT / Le triomphe de l'huile)
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Avec des fortunes diverses, Antonello avait poursuivi son voyage. Certains jours, tout allait bien, la route était facile et il dénichait, le soir, un gîte convenable chez des gens accueillants. Souvent, hélas, le temps se montrait inclément et si un orage survenait entre deux villages, il arrivait trempé jusqu'aux os et devait, dans le meilleur des cas, se déshabiller et s'enfouir dans la paille d'une grange pour se réchauffer et se sécher. Il n'aimait pas cela car il vivait dans la crainte de se faire surprendre par des bandits ou des soudards et de se retrouver nu en pleine campagne.

Les deux condottieres Francesco Sforza et Piccinino se poursuivaient à travers le Milanais et mieux valait fuir le chemin de leurs mercenaires. Antonello avait évité de peu d'être pris dans les mouvements de la bataille d'Anghiari dont les principales victimes avaient été les populations civiles. Heureusement, il avait pu se tirer d'affaire et gagner Milan sans dommages.

Grâce à Pietro Sangallo et à sa chaîne des Imbrattaleli – toujours eux –, il avait pu trouver une aide et un toit dans une ferme des environs immédiats de la ville, quartier général des jeunes artistes, apprentis et compagnons.

(INCIPIT / Le secret de Van Eyck)
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Regarde, en bas, Florence nous attend ! Dante, Pétrarque, Boccace et notre maître Giotto nous ont précédés sous ces toits de tuiles rondes, dorées au soleil, dans ces maisons serrées autour de l'Arno, dans ces grandioses basiliques jamais achevées… Je ne suis guère plus instruit que toi, ma bonne mule, mais je jure ici, devant cette illustre ville, que j'apprendrai à connaître tous ces grands hommes qui ont donné une âme à Florence !…
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À Florence, va voir tout de suite Benozzo Gozzoli. C'est un frère. Il a passé trois ans parmi nous avant de rejoindre Fra Giovanni da Fiesole. Il est maintenant son meilleur élève et travaille à décorer de fresques le couvent de San Marco. Fra Giovanni, que tout le monde appelle Fra Angelico, est le saint de la peinture.
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Assis sur les marches de Santa Maria del Carmine, face à la mer qui le séparait de sa patrie, la Sicile, Antonello rêvait. Son regard allait de la baie encombrée de bateaux au clocher en construction. Sur l'échafaudage, des ouvriers vêtus de haillons, épuisés par la chaleur, hissaient de lourds blocs de lave. Parfois, ils regardaient le ciel, comme pour mesurer la tâche qui restait à accomplir.

Antonello n'avait pas vingt ans. Il était fier d'avoir réussi à quitter Messine malgré les liens très forts qui l'unissaient à sa famille. Dans la bottega de San Martino, son père, l'un des meilleurs orfèvres de la ville, lui avait appris à dessiner et à ciseler les coupes d'argent qui faisaient la renommée de la maison. Il allait dans la logique filiale qu'Antonello reprenne les outils du maître vieillissant et continue à fournir en vases et en aiguières les nobles et les riches bourgeois de Messine ; mais le fils, s'il était devenu un praticien habile, ne songeait qu'à la peinture. Burins et poinçons lui tombaient des mains depuis qu'il avait pu contempler chez le duc Orazio Ansaldo, un jour où il avait été livrer un hanap d'argent, des tableaux de Simone Martini, de Fra Angelico et une peinture à fresque de Simone Memmi. Son rêve était de tenir un pinceau, de donner les couleurs de la vie aux dessins qu'il accumulait dans sa chambre.

(INCIPIT / Antonello de Messine)
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Les médecins vont faire fortune en ne soignant que les riches, comme d'habitude, dit Leonardo. Remarquez, c'est une chance pour les pauvres car le seul résultat de la médecine est de faire mourir les gens plus vite en prétendant les soigner. On va ressortir tous les remèdes ridicules : la thériaque, le bol d'Arménie et l'huile contre-poison.
Le soir, il écrivit dans son carnet : "Les hommes veulent être riches pour amasser de l'argent et le donner aux médecins."
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Si Tiziano était aussi nettement soutenu par la force artistique du dessin que par la nature, surtout lorsqu'il peint sur le vif, personne ne pourrait faire plus ni mieux, car il a un esprit magnifique et possède un style puissant et agréable.
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