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4,14

sur 1225 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Désorientale de Négar Djavadi est beau livre, pour partie une oeuvre romanesque et l'autre inspirée de son vécu. D'ailleurs elle a précisé dans une interview de présentation de son livre que sa famille a bien dû immigrer en France pour sa sécurité mais que son père n'a pas été assassiné. On s'en réjouit mais il faut retenir que l'assassinat du père de la narratrice, Kimiâ, est une réalité historique au sens où les services secrets d'Iran, à l'époque de Khomeiny, ont bien eu des actions hors leur territoire pour éliminer des dissidents afin qu'ils ne représentent pas une alternative pour le régime, comme lui-même l'a été pour le Chah, dernier monarque d'Iran. Il y a une dimension de révélation, fidèle aux évènements, à travers les personnages de fiction de l'oeuvre. Avant cette lecture, je confesse que j'ai été étonné, voire même critique, qu'un peuple se libère d'un dictateur corrompu pour en choisir un autre, peut-être moins corrompu mais tout aussi assassin avec l'alibi de sécurité intérieure. Or ce livre, à travers le vécu de ses personnages, nous aide à comprendre la complexité et le poids de la terreur sur ce peuple. Je me suis pris d'affection pour ce pays manipulé, victime d'enjeux des grands de notre monde, de guerres, car réservoir de pétrole. Ce pétrole qui aurait dû être une opportunité pour le bien commun du peuple, devient la cause de l'infortune. Ceux qui aiment les livres avec une trame historique ou sociologique devraient tout comme moi l'aimer. Il y a aussi la complexité des situations de l'homosexualité dans ce pays musulman. Je n'en dis pas davantage, mais l'auteur, par là, révèle aussi la difficulté de vie d'un héritage intergénérationnel. Enfin on réalise pour ces immigrés qui aiment toujours leur pays, la faille de ce qui avait été imaginé comme un eldorado... J'aurais pu mettre 4/5 voire davantage s'il n'y avait pas la gêne de digressions et souvenirs à l'intérieur de paragraphes, sans transition, à tel point que l'on doit s'arrêter pour s'assurer du bon contexte.
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Ce roman sur l'Iran, écrit sous la forme d'une saga familiale, est aussi l'histoire d'une femme à la recherche de sa place dans la société. Avec une écriture fluide au style narratif très vivant, l'auteur sait nous raconter un peuple assoiffé de liberté, emprisonné par la dictature du Shah et qui va se jeter dans les bras de l'obscurantisme représenté par Khomeini. Comme sur un vieux disque il y a une face A et une face B dans ce livre : l'Iran, et la vie en France. Si, au début, les nombreux va-et-vient permanents entre passé et présent déroutent un peu le lecteur, ils permettent de faire revivre des personnages hauts en couleurs et à travers eux une société iranienne colorée et attachante.


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"Désorientale" est le sixième premier roman de la rentrée que je viens de dévorer. C'est aussi le sixième qui m'a véritablement emballée. La rentrée littéraire 2016 est vraiment riche. Pourtant, j'avoue avoir eu, au début, quelques difficultés à m'y retrouver dans les différents personnages qui peuplaient les pages. Heureusement, une amie, que je ne nommerai pas, m'a gentiment indiqué qu'une liste des différents protagonistes figurait en dernière page. Ouf ! j'étais sauvée.
Car, ce n'est pas simple de se couler dans l'histoire de Kimiâ la narratrice qui de la salle d'attente d'un hôpital commence à raconter ses parents, grands-parents, oncles N°1, puis N°2, et même l'arrière-grand-père Montazemolmolk, L'Iran, le Shah, Komeyni, l'Europe et L'EVENEMENT.
Lorsque j'ai refermé le livre, je me suis demandée d'où je sortais. Négar DJAVADI a un don de conteuse, son roman aurait très bien pu commencer par "Il était une fois…", et l'art de mettre dans ses textes de la musique, de la couleur, du bruit, des idées, des images. le récit est foisonnant passant de l'Iran à la France, du grand-père à la mère, au père et à tous les autres, d'une génération à l'autre. Elle nous fait vivre l'exil, nous montre combien il est difficile de se bâtir contre ses origines, mais pas plus simple de se construire avec, nous explique la politique de l'Iran.
J'ai beaucoup aimé cette manière de raconter au fil de ses pensées, ces allers et retours entre ici et ailleurs, avant et maintenant. Tout se mélange un peu mais donne de la vie et un rythme endiablé au récit. Aucune plage de repos ne permet de souffler, mais l'écriture lumineuse et décidée m'a entraînée dans son sillage avec ravissement. Et la liberté de la narratrice a bluffée la la femme que je suis tout autant que la lectrice.
Un roman à relire !
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Alors que Kimia attend l'heure de son rendez-vous au service PMA de l'hôpital Cochin, elle se met à cogiter sur sa vie. Et c'est ainsi qu'elle va nous délivrer peu à peu le fil de ses pensées dans un ordre ni organisé ni chronologique. Elle va nous relater sa vie en France où elle vit depuis l'âge de 10 ans après avoir quitté Téhéran clandestinement avec sa mère Sara et ses soeurs Leïli et Mira pour rejoindre leur père Darius, exilé politique à Paris.

Ces allers retours dans le passé vous nous permettre de comprendre l'histoire de Kimia et de sa famille sur trois générations tout en suivant l'évolution de la femme iranienne, vivant à l'occidentale sous le règne du Shah puis cachée, voilée après l'arrivée au pouvoir de l'Ayatollah Khomeiny

Elle nous raconte le combat de son père journaliste communiste quelque peu anti-pouvoir et qui n'aura d'autres choix que de fuir son pays s'il veut survivre mais aussi la situation géopolitique de son pays de naissance qui a évolué (régressé ?) afin de satisfaire les puissants de ce monde au détriment de la population.

Elle évoquera sa recherche d'identité à l'adolescence en ouvrant une fenêtre sur un des aspect de la société iranienne méconnue : l'acceptation, non pas de l'homosexualité, mais de la transidentité et du positionnement de la famille face à ce tabou.

Ce premier roman, non seulement nous montre l'attachement profond des protagonistes à leur pays d'origine même s'ils en déplorent ce que font subir à la population les hommes au pouvoir et le jeu du pouvoir avec des intérêts cachés. Il parle aussi du questionnement sur cette France qui accueille en dénonçant le régime en place tout en faisant en sorte qu'il s'y maintienne. 

Si l'on est un peu perdu au début de ce roman, il est utile de persévérer car au fil de l'avancée dans la lecture, les pièces du puzzle s'assemblent pour organiser un tout cohérent. 

J'ai été séduite par ce style un peu particulier, déconcertant au début. J'ai même développé un fort attachement aux quatre femmes de cette famille aussi différentes les unes que les autres mais qui ont toute quelque chose à dire, à exprimer. de même, on ne peut rester indifférent à Darius qui a privilégié ses opinions au détriment (?) de sa famille, qui a toujours fait en sorte que son combat se poursuive même si on le sent bien seul.
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Un peu dérouté par cette Désorientale. Un peu dérouté tout d'abord par la structure du roman et son organisation qui ressemble plus à un scénario de film qu'à un livre. L'auteure est scénariste et n'a pas échappé à une composition avec laquelle elle est familière. Mais ce pseudo-suspense sur son attente à la clinique distillé à chaque chapitre, ou encore cet EVENEMENT dont elle fait un mystère presque jusqu'à la fin de l'ouvrage est plus lassant que palpitant. Je pense au contraire que parler de l'EVENEMENT dès le départ aurait donné plus de profondeur à son récit et à ses personnages. L'écriture est inégale, mais avec de magnifiques passages et une ouverture flamboyante qui vous emporte tout de suite dans le livre.
Mis à part ces petits défauts qui ne gâchent en rien la lecture, c'est un livre passionnant à lire qui, je l'espère, aidera à déconstruire les idées reçues sur l'Iran et la révolution de 1979. Une petite déception toutefois : il s'agit d'un roman fortement nourri de sa vie personnelle et ce mélange est parfois dérangeant et affaiblit à mon goût la force dramatique du livre. J'aurais préféré que l'auteure fasse un choix plus marqué et je dois avouer que j'ai été très déçu d'apprendre par la suite que certains événements relatés étaient totalement imaginés...
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Dans un mélange habile d'humour et de réalisme, la narratrice assemble l'histoire tumultueuse de l'Iran au XXème siècle, la généalogie baroque de sa famille et ses tribulations personnelles. Comme l'auteur dans son exil, le lecteur est désorienté par les flashbacks qui explorent la vie prénatale, enfantine et adulte de personnages multiples, aux prénoms exotiques, à la parenté sérielle (voir les oncles 1, 2, 3 jusqu'à 6) (l'auteur donne charitablement un index des personnages en fin de livre).

Grosso modo, c'est l'histoire tragi-comique de la cadette d'une famille libérale dans une suite de tyrannies et de déceptions. La première partie (face A comme dans un microsillon) est drolatique, la seconde (face B) est plus sévère, même si l'auteur prend ses distances en jouant l'autodérision. La fillette au corps « sanguino-merdinolant » nait page 144, prenant la place du garçon attendu et déjà prénommé Zartocht (Zarathoustra !), tandis que la grand-mère tutélaire aux yeux bleus meurt quelques étages plus bas. « Vous me direz que c'est cliché l'histoire de cette fille dont le père veut un fils, qui vire garçon manqué et finit lesbienne. C'est vrai » p 218. L'auteur raconte son enfance, le Shah et sa chute, Khomeiny et sa mort, l'exfiltration des femmes et des filles via la Turquie, sa vie en France avec ses époques studieuses et punk, la découverte de l'homosexualité, le désir d'enfant, les angoisses de la procréation médicalement assistée. Elle fait en passant des fortes remarques sur l'exil et l'accueil en France : « Pour s'intégrer à une culture, il faut, je vous le certifie, se désintégrer d'abord, du moins partiellement, de la sienne. Se désunir, se désagréger, se dissocier. Tous ceux qui appellent les immigrés à faire des "efforts d'intégration" n'osent pas les regarder en face pour leur demander de commencer par faire ces nécessaires "efforts de désintégration". Ils exigent d'eux d'arriver en haut de la montagne sans passer par l'ascension » (p 114).  « Quand on a grandi avec la certitude que la France est l'alliée infaillible, toujours à vos côtés pour vous protéger, on a du mal à accepter qu'elle vous plante délibérément un couteau dans le dos et vous observe vous rétamer sur le bitume » (p 253).

Un roman atypique fait des confidences d'une femme instruite, solide, apte à l'humour, qu'on aimerait rencontrer.
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Bienvenue dans conte oriental tragique et captivant. Kimiâ, en conteuse de talent, nous plonge dans des histoires sans fins, à multiples fonds où l'on emprunte de nombreux chemins de traverses pour mieux éviter les deux questions aussi centrales que violentes.
Alors qu'elle patiente pour une insémination dans un hôpital parisien, Kimiâ remonte les fils de sa mémoire et de son histoire familiale. Des montagnes de ses aïeux arméniens au Téhéran de ses parents et de son enfance, l'auteur retrace par touches successives le passé de l'Iran et de sa tribu. Engagements politiques, affection sans bornes d'une grand-mère au grand coeur, chutes de régimes politiques, tout y passe rehaussés par des secousses familiales et la découverte d'une certaine différence.
Au-delà du récit, tout le charme de ce livre réside par son ton, résolument truculent, parfois déroutant mais enivrant. Si on accepte de se laisser porter, de se perdre un peu parmi les personnages, on y trouvera alors non seulement le plaisir d'une certaine fantaisie des contes de notre enfance mais aussi le difficile parcours de Kimiâ et de son père Darius. Emblématiques pour la première d'une orientation sexuelle finalement assumée et d'un combat politique porté qu'elles qu'en soient les conséquences pour l'autre. Hier comme aujourd'hui, le père et la fille incarnent alors chacun à leur manière un choix de vie courageux.
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Tiraillé entre tradition et modernité, la Perse devient l'Iran dans un flot de contradictions.
Tiraillée entre mémoire et oubli, la narratrice, exilée en France, nous décrit le parcours chaotique d'une famille d'intellectuel et par là même son propre parcours.

Un livre sur l'orientation (et la désorientation), politique, religieuse, sexuelle... et son corolaire d'incompréhension.
Un excellent livre, selon moi.
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Décidément, la rentrée littéraire 2016 foisonne de petits bonheurs. Désorientale est un de ceux-là. C'est un premier roman, le tout premier de Négar Djavadi, scénariste, parisienne depuis qu'elle a fui l'Iran en 1981 alors qu'elle n'avait que onze ans. Désorientale est une saga familiale dont le destin des personnages est dévié par l'Histoire contemporaine d'un pays, l'Iran.

Tout commence dans une salle d'attente de l'hôpital Cochin. Kimiâ Sadr suit un protocole d'insémination artificielle depuis de longs mois. C'est le grand jour, elle doit se faire inséminer. L'attente dure. Kimiâ n'est pas accompagnée. Sa maternité tant espérée la renvoie inévitablement à sa famille, ses deux soeurs, ses parents, ses innombrables oncles, sa grand-mère. Bien que Kimiâ ait toujours tenu à distance sa culture d'origine, là, dans cette salle d'attente son passé la rattrape. Au gré des rendez-vous médicaux, ses souvenirs entremêlés ressurgissent. Ils nous propulsent en Iran. L'histoire de la famille Sadr est déroulée par bribes, par anecdotes. C'est toute la lignée qui est évoquée, des ancêtres originaires du nord de la Perse jusqu'à ses parents, Darius et Sara, opposants au régime du Shah puis de Khomeiny. Leurs opinions les contraindra à quitter définitivement l'Iran pour atterrir en France, après avoir traversé à cheval le Kurdistan. Deux pays, deux cultures différentes et un évènement. le tout mènera à la désorientalisation.

Outre le fait qu'indéniablement Négar Djavadi a une plume, c'est la construction de son roman que j'ai particulièrement apprécié. Les allers retours entre la salle d'attente de l'hôpital Cochin et l'Iran sont savamment dosés, la maternité ou du moins son éventualité et la naissance subséquente sont placées au coeur du roman. Ces thèmes sont érigés telle une colonne vertébrale. Pour autant, bien que Désorientale donne voix à plusieurs femmes, il n'est pas un livre de femmes, pour les femmes. Les hommes y sont très présents, notamment Darius, le père qui attend impatiemment ce fils aux yeux bleus qui ne viendra jamais. le thème de l'exil qui engendre une nécessaire seconde naissance et une quête d'une nouvelle identité sont subtilement amenés toujours à travers des anecdotes teintées d'humour et d'amour.

Désorientale se déploie tel un bon vieux 33 tours en deux faces (la A et la B) sur lesquelles défile l'histoire des Sadr sur trois générations : les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l'adolescence en France, l'ivresse du rock et la découverte d'une autre identité.
Désorientale est un hymne à la Vie, à la Liberté. Ce roman a permis la naissance d'une auteure, Négar Djavadi. Sa troisième naissance.

Belle lecture !


P.s. : Message personnel à l'auteure : Non, Négar Djavadi, la série "Peyton Place" n'est pas inconnue des français, du moins, moi je la regardais... Mais j'en conviens, peu s'en souviennent...

Lien : http://the-fab-blog.blogspot..
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Voici encore un premier roman qui m'a tout simplement enchantée ! Entre satire sociale et conte persan, ce roman d'apprentissage à l'iranienne est trépidant et plein d'humour. La plume de l'auteur est tout simplement enchanteresse, elle évoque avec brio l'exil, l'identité et la transmission, des thèmes forts traités avec une grande humanité et beaucoup de tendresse. A lire.
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