Désorientale

Bizarrement j'ai eu du mal à entrer dans cette biographie, faut dire que la bibliothécaire me l'avait un peu survendu. Dernier des cinq livres que j'avais emprunté, j'avais déjà eu le temps de commencer l'histoire bien avant, ayant eu pour ami un refugié Iranien, Saïd, au début des années 80. Alors sur l'histoire de Négar Djavadi est venue se superposer une autre que je connaissais bien.
Kimiâ Sadr née le jour où sa grand-mère, Nour, Décède. Deux frangines plus âgées, des parents opposants au régime du Shah puis à celui des Ayatollahs et qui le crient haut et fort. Ils seront contraints de fuir, imprégnés de culture française ils émigrent en France.
Kimiâ déroule son histoire par bribe alors qu'elle est dans une salle d'attente de l'hôpital Cochin à Paris.
Il est constitué de deux faces : la A et la B. Comme dans pas mal d'album j'ai préféré la seconde. Si la première partie est intéressante la seconde nous emporte dans un tourbillon d'événements de recherche identitaire.
Une lecture ou l'intérêt est grandissant au fil des pages. Si j'ai eu du mal à pénétrer ce bioroman, je pense avoir pas mal de difficulté à la quitter.
A toi Saïd, que nous avons perdu de vue, ma femme et moi t'adressons notre plus chaleureuse affection.

Désorientale comme orientale : le pays c'est l'Iran. Désorientale comme désorientée, car il y a l'exil. Un seul mot pour désigner les deux thématiques abordées dans ce roman, largement inspiré de la vie de l'auteur.
L'orient est présent par le retour sur la lignée familiale au travers de Montazemolmok, l' arrière grand-père , ses 52 épouses et ses vingt- huit enfants. Les personnages sont multiples : il y a les oncles, les voisins, les amis.
Sur quatre générations, l'Histoire de l' Iran se dessine jusqu'à la révolution qui consacre le retour de Khomeiny. C'est alors la fuite vers la France pour Kimia et sa famille, intellectuels engagés qui n'ont d'autre choix que quitter le pays. Après le temps du désenchantement pour une France rêvée, fanstamée, admirée vient le temps de l'Intégration, difficile, douloureuse.

A la manière d'une conteuse orientale, Négar Djavadi entrelace son récit de digressions, parenthèses. le roman se lit comme une longue conversation avec la narratrice qui au fil de sa mémoire nous raconte son itinéraire. C'est épique, rocambolesque, émouvant, intimiste. J'ai dit « longue » mais jamais je ne me suis ennuyée car et c'est tout le talent de l'auteur, le récit nous emporte sans que nous ne manifestions la moindre résistance. L'écriture est belle . Une lecture que je recommande sans réserves.

Magnifique roman où le point fort est la liberté de penser ! Dans Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie les cheveux sont importants pour les africaines, la narration se fait donc dans un salon de coiffure. Pour le peuple persan, c'est de faire des enfants qui est primordial, donc la narratrice Kimiâ , lesbienne, est dans une salle d'attente d'un cabinet d'insémination artificielle où elle se remémore sa famille iranienne. Désorientale (j'adore le titre!) a obtenu le Prix du Style – 2016. Effectivement le style de l'auteur est magnifique ! Dès le début, j'ai été amusée par les interpellations aux lecteurs. Un effort de concentration est cependant demandé pour ne pas se perdre entre les époques et le nombre d'intervenants, mais l'idée de l'oncle n°1, n°2, n°3, etc, est excellente et originale. Des personnages de femmes et d'hommes forts. Une belle écriture pleine d'authenticité sur l'Iran du Shah et de Khomeini. Petit bémol avec l'âge : page 8, Sara fait la connaissance de Darius alors qu'elle a 25 ans. Pages 110 et 111 : elle a 30 ans et 8 ans de mariage. (?!)

Beaucoup de critiques déjà sur cette petite perle... et de forts élogieuses, qui plus est ! Et ce bouquin le mérite amplement. Une lecture touchante et drôle à la fois. L'auteur se livre, nous raconte ses souvenirs, nous parle de sa famille... des personnages vrais, émouvants, détestables quelques fois. L'auteur nous interpelle, nous mets dans la confidence... J'ai lu ce livre comme si j'avais été autour d'une table, avec une amie et une bonne bouteille... en se racontant l'une à l'autre... J'ai beaucoup, beaucoup aimé !

C'est d'abord un saga familiale qui, par certains aspects m'a évoqué La fiancée américaine. Par d 'autres, il est très éloigné du roman d'Éric Dupont car il s'intéresse à l'histoire d'une iranienne et de son exil. Cette histoire, on le comprend, est largement inspirée du vécu de l'autrice. Se désorienter pour elle a été non seulement perdre ses repères en tant qu'exilée mais se débarrasser de tout ce qui faisait d'elle une orientale dans le but de se fondre dans la masse occidentale, européenne. le livre raconte plus généralement son drame familial qui s'inscrit lui-même dans le destin non moins dramatique de son pays. Les notes en bas de page aident à nous remette dans le contexte historique sans alourdir la lecture. le livre aborde aussi la question de l'homosexualité, de la procréation médicalement assistée et je me suis dit par moments qu'il y avait trop de sujets abordés pour un seul roman, que l'autrice voulait « en faire trop ». Et puis , il y a aussi l'ÉVÉNEMENT annoncé comme dans le Livre des Baltimore de Joël Dicker, un truc de romancier pour attiser la curiosité du lecteur, un truc qui m'agace. Passer du coq à l'âne, c'est-à-dire du présent au passé, de Paris à Téhéran en un retour de chariot et ce, à longueur de livre, sans nécessité, m'a paru aussi du domaine de l'artifice: l'abus finit par lasser tout autant que le déroulement linéaire de l'action. Ce sont des irritants qui affaiblissent son moi l'ensemble mais ça reste, néanmoins, un roman très agréable à lire très au-dessus des romans contemporains primés. Finalement, en dépit de mes restrictions, je n'hésite pas à lui attribuer quatre étoiles.

Ce roman plonge le lecteur dans l'Iran de Khomeyni et des autres ayatollahs
"Montrer comment ce pays est passé de la féodalité à la modernité, de la modernité à un régime islamique. Montrer aussi les étapes qui ont conduit à la révolution de 1979, une révolution dont les racines remontent à très loin" (extrait d'un entretien que l'auteur a donné).

Outre l'histoire de ce pays, il y a la vie de cette famille, les actes d'insurrection de son père par l'écriture, la description très réaliste de l'exil de Kamiâ alors âgée de 10 ans avec sa mère et ses deux soeurs, la clandestinité et le danger encouru pour retrouver son père à Paris. La vie d'exiler, ensuite, avec le déracinement de son pays et l'impossibilité d'y revenir, la "désorientalisation".

Il est aussi question de la naissance, des orientations sexuelles, des transmissions, la recherche de soi et l'acceptation de ce que nous sommes.

Ce roman de est une pépite. . Sous une plume ciselée ,Négar Djavadi tord le cou à des idées reçues sur l'Iran, et aborde des thèmes de société d'une grande actualité.

Un bien beau roman qui mêle les genres, les cultures, les thèmes : conte oriental, saga familiale, éléments autobiographique, fiction, identité, exil, politique... L'histoire y rencontre L Histoire, la modernité côtoie la tradition
C'est foisonnant, absolument pas linéaire. le ton est enlevé, avec de l'humour et de la sensibilité. L'écriture est fluide, légère. Et la lecture est à cette image.

Soyons honnêtes jusqu'au bout!
Pour pouvoir lire et apprécier 'Désorientale', il faut se munir au préalable d'un crayon bien pointu et noter, noter, noter...
Les premiers chapitres j'ai été désorientée par les noms et la complexité de la construction. Au fur à mesure, la fluidité a repris le dessus et j'ai pu apprécier ce roman qui parle d'identité, d'exil...

Livre lu dans le cadre d'un challenge et aussi par curiosité (beaucoup de presse, de bon retour...), et je dois dire une lecture très agréable.
J'ai découvert et appris énormément de choses sur l'Iran : son histoire, sa culture, ses croyances.
L'auteure nous présente son pays et sa culture de façon très intéressante et très vivante à travers son histoire familiale en partant de ses arrières grands parents. A travers chaque génération en y entremêlant les evenements historiques qui bouleversent le pays, l'auteure brosse un portrait animé et attachant de sa famille, avec ses peines et ses joies.
Le style de l'auteure est agréable à lire, très fluide et les explications fournies au fur et à mesure du livre apportent un éclairage sur les événements et les lieux que l'on découvre.
Je n'en dis pas plus sur l'histoire personnelle de l'auteure et de sa quête et je vous laisse le soin de decouvrir son histoire en Iran, sa venue en France à l'âge de 12 ans, son destin et celui de ses parents.

Deux époques et deux mondes se mêlent. D'un côté Kimia, elle est née à Téhéran et vit maintenant à Paris. de l'autre côté, il y sa famille originaire d'Iran.
Assise dans la salle d'attente d'un hôpital elle retrace toute l'histoire de cette famille jusqu'à son exil forcé.
Alternance entre le présent de Kimia qui attend l'autorisation d'être mère par le biais d'une PMA et l'histoire de sa grand-mère et de ses parents. Une quête d'identité nécessaire à son avenir de mère.
L'auteure nous fait découvrir l'Iran avant et pendant la révolution. Ses parents obligés de fuir le régime. de beaux portraits mais parfois un peu pesant. J'ai eu du mal à m'y retrouver entre les oncles numérotés pour lesquels elle utilisait aussi le prénom. J'ai beaucoup aimé l'ambiance et la force de ce roman malgré tout.
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