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Bleu comme l'enfer est le récit d'une cavale, d'une chasse à l'homme à travers le désert américain.
Ned, un jeune trentenaire un peu paumé, doit livrer une Buick à certaines personnes apparemment peu recommandables. Mais il ne trouve rien de mieux, sur le trajet de livraison, que de braquer un snack. Il embarque au passage un des clients et s'enfuit avec les flics aux trousses. Nos deux larrons se font finalement arrêter, la Buick est confisquée et les deux lascars emmenés par un des policiers, Franck. Mais ce dernier ne semble pas très respectueux des procédures et ramène ses prisonniers chez lui. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'ils finiraient par s'enfuir embarquant au passage sa femme et sa fille ( de leur plein gré, il faut bien préciser). le quatuor va tenter de récupérer la Buick mais Franck les prend en chasse.

Les cinquante premières pages ont été laborieuses et je me suis demandée si je n'allais pas abandonner. J'ai eu, en effet, un peu de mal avec le style cru et parfois vulgaire, les scènes de sexe. Mais malgré ça, j'ai persisté et j'ai bien fait.
Oui, le style de Philippe Djian est particulier. Il s'agit surtout d'un style oral où le lecteur a l'impression d'entendre les pensées des personnages rapportées telles quelles. Ce qui donne certains passages où de courtes phrases s'enchaînent sur plusieurs pages avec juste des virgules pour les séparer, entrecoupées aussi d'interjections, de jurons. de même avec les dialogues, qui commencent de façon classique au style direct avec passage à la ligne et chaque réplique bien marquée, puis Djian ne précise plus qui parle, le marquage disparaît, le saut à la ligne aussi, tout s'enchaîne et seule la logique permet de distinguer chaque réplique et qui en est l'auteur ( ça m'a rappelé un peu Cormac McCarthy ).
Alors même si c'est un peu difficile à la lecture, j'ai trouvé cette façon d'écrire géniale, ça rend le récit très vivant, très spontané, le lecteur est immergé et ne reste pas simple spectateur.

Ce qui peut gêner aussi, c'est le langage très cru, l'atmosphère assez malsaine pleine de violence, de sexe, de drogue et d'alcool. Les personnages sont tous des paumés, Franck est un alcoolique obsédé sexuel, sa femme Lili une grande consommatrice de joints. On les trouve plutôt antipathiques et pathétiques au premier abord mais on se rend vite compte que tout cela exprime un profond malaise et un grand mal de vivre. Tous ne parviennent pas à trouver leur place dans cette société des années 80 qui se trouve être déjà la société de consommation que nous connaissons. Et Djian parsème alors son récit de ses petites phrases qui semblent anodines mais qui en disent très long sur la vision des personnages ( et SA vison ?) de la vie et du monde qui les entoure, tout comme au détour d'une page, après une scène violente, on se surprend à lire quelques lignes pleines de poésie aussi incongrues et éphémères qu'une fleur sur un cactus. Certaines scènes et dialogues m'ont également beaucoup fait rire.

Philippe Djian retranscrit aussi à merveille l'ambiance de son récit. Il évoque beaucoup les sons et les couleurs, et cette chaleur accablante qui assomme les personnages tout au long de leur périple à travers le désert. On imagine les décors et on s'y croirait presque tellement Djian parvient à jouer avec nos sens. Les perceptions ont une grande place dans ce texte.
Un mot enfin sur l'intrigue elle-même : elle est passionnante. le récit alterne entre les points de vue de nos quatre fugitifs et celui du chasseur. le lecteur entre dans certaines confidences mais est aussi parfois bien surpris. J'ai été tenue en haleine tout au long de ma lecture, j'ai vraiment eu l'impression de partir en cavale avec eux, avide de savoir comment tout cela se terminerait même si on pressent, dès le début, que la fin sera tragique.

Pour un premier roman, Philippe Djian a vraiment fait fort. Bleu comme l'enfer est un chef d'oeuvre construit brillamment, extrêmement bien ficelé, profond et écrit dans un style bien plus riche qu'il n'y paraît. Philippe Djian écrit avec ses tripes et j'adore ça. le prochain que je lirai sera son très célèbre 37°2 le matin et j'espère y retrouver ce souffle rageur qui m'a transportée ici.
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Bleu comme l'enfer de Philippe Djian
Comment Ned et Henri s'étaient ils retrouvés avec Lili et Carol, le hasard, ils avaient réussi à s'échapper de la maison de Franck qui les y avait menottés avant l'arrivée des filles. Pourquoi avaient-ils été fait prisonniers ? Parce que Franck était flic et les avait arrêtés au volant de leur Buick alors que lui était dans sa Mercedes avec Willy le cinglé et le Gros. Il avait piqué à Ned tout le fric qu'il avait volé lui même un peu plus tôt et Willy ainsi que le Gros étaient partis avec la Buick. Ned et Henri devaient vite se planquer avant que Franck ne récupère, alors ils vont avec les filles chez Jimmy et sa copine. Quand Jimmy apprend que la Buick a disparu alors qu'elle devait être livrée chez un client qui avait payé d'avance il sait que les problèmes sont devant eux car il a déjà dépensé sa part et est persuadé qu'il y avait quelque chose, genre drogue dans la Buick. D'autant que Franck est marié avec Lili qui lui a annoncé qu'elle divorçait et ça, il ne le supporte pas. La poursuite commence entre Franck, harcelé par sa voisine Helen qui ne pense qu'au sexe et les quatre plus Jimmy dont les obsessions sont elles aussi sexuelles.
Délirant, déjanté entre sexe et biture, joints et Captagon un récit haletant, un Djian de bonne facture plus américain que jamais dans le genre road movie à la sauce Selby. Un bon moment de détente si la grossièreté et la vulgarité ne vous font pas détourner les yeux.
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C'est une curieuse expérience que de lire le premier roman de Philippe Djian après tous les autres. Alors que son style s'est épuré au fur et à mesure de ses publications, celui qu'il utilisait en 1982 se rapproche beaucoup de celui de Jack Kerouac -ce qui n'est pas pour me déplaire. J'ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans ses longues phrases pleines de couleurs et de sensations.
L'ambiance prime sur l'histoire, qui se résume à une poursuite (sur la route) entre flics pourris et voyous à la coule, ponctuée de retournements de situation sidérants (déjà).
Au final, c'est un roman fiévreux et plein de sève, où l'on retrouve toutes les caractéristiques de l'oeuvre à venir de Philippe Djian -mais avec un petit côté rétro-nostalgique charmant.
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Je déteste ne pas finir un livre...mais là franchement, je n'ai pas réussi. le roman commence sur les chapeaux de roues, on ne sait plus qui est qui, qui fait quoi, les personnages se ressemblent au point de s'entremêler, le tout dans un contexte de violence et de sexe permanent...Cela rend sans doute très bien au cinéma mais ce livre-là n'est pas pour moi!
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Roman de jeunesse qui parle de jeunes avec un passé déjà lourd et de vieux qui n'ont jamais atteint l'adulescence. Roman violent, foutraque, sec, sous le soleil et dans la poussière. Roman déroutant, entre road trip, film d'action, roman noir et polar.
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Une cavale à travers le laid, la violence, le sexe, la drogue, saupoudrée de petits papillons illuminés comme des libellules durant une nuit d'été ...
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C'est extrêmement rare que j'abandonne la lecture d'un livre avant la fin, mais là, j'ai rendu les armes à la page 244. Je n'arriverai même pas à résumer l'histoire : alcool, sexe, drogue, violence, voilà tout ce que je peux en dire. l'auteur écrit comme on parle. Déjà là, c'est un style que j'apprécie moyennement. J'ai eu beaucoup de mal à identifier les personnages et les transitions entre les scènes. Je peux comprendre que ce roman plaise à certaines personnes, mais ce n'est pas pour moi.
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Une road-story à la Djian.
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D'un côté une petite frappe entourée de paumés.

De l'autre un flic sadique et quelques collègues verreux.

Au milieu deux filles et un Sud-Ouest Américain miteux.

Et voilà comment un minable trafic de voitures va entraîner tout ce petit monde dans une course poursuite et une spirale de violence qui conduiront tout le monde en enfer.

Ça se passe aux États-Unis. C'est écrit comme de la littérature américaine.
C'est entre polar, noir et thriller.
C'est trash et sans concessions, violent et sexuel. Rien n'est épargné au lecteur, et l'utilisation continue du flux de conscience pour tous les personnages élève tout cela à une sorte d'acmé permanent.

Ça nous change du consensuel et du policé de notre époque fragile et offensée, ça nous bouscule, bref c'est ce qu'on est en droit d'attendre d'une démarche artistique. Si les "sensitivity readers" qui sévissent de nos jours s'en emparaient il n'en resterait pas grand chose.

Philippe Djian est un grand auteur.

L'adaptation au cinéma par Yves Boisset, avec ses acteurs proprets à contre-sens, est un désastre et échoue totalement à rendre le tragique brutal et glauque du roman.
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un livre des debuts
par un auteur qui cherche son style, cherche a choquer mais fais surtout un mix de mauvais celine, mauvais bukowski et mauvais kerouac
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