Un livre qui nous fait découvrir des qualités littéraires et l'intérêt du personnage de Joe, mais une lecture malaisée et complexe où les innovations littéraires ont plus affaibli qu'amélioré le roman. Seule la maîtrise de Doctorow lui permet d'éviter le fiasco dans cette expérimentation.
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Il faut trouver son niveau, c'est tout. Trouver ce qui convient à sa nature et y aller, y aller à fond, que ce soit diriger une grosse boîte ou cueillir des pâquerettes. Il faut y aller et le vivre entièrement, devenir ce que l'on est. (...) La plupart des hommes -et permettez moi de vous dire que je connais les hommes- la plupart d'entre eux ne font même pas ça. Jamais. Il prennent un travail et s'en acquittent toute une vie sans savoir pourquoi. Ils épousent une femme sans savoir pourquoi. Ils se font enterrer sans savoir pourquoi. (...) Je n'ai jamais compris, mais c'est comme ça. Je n'ai jamais compris comment un homme pouvait renoncer à sa vie, y renoncer seconde après seconde, au fur et à mesure qu'il la vit, y renoncer depuis l'instant de sa naissance. Mais c'est comme ça. Il courbe la tête. Il est d'accord. Il marche. Il fait comme tout le monde. Et sa vie s'écoule de lui goutte à goutte. Il signe, il boit, il dort et pendant ce temps-là, sa vie fiche le camp
Le Maitre vivait totalement dans l'absolue plénitude de son être chacun des instants de son existence. Il était toujours tout entier dans l'instant, ici et maintenant, là où on le trouvait. Rien en lui n'était assourdi par les souffrances de sa vie passée et il n'éprouvait ni désir ni crainte de son avenir.
Riant de moi-même j'allumais une cigarette mais quelque chose demeura longtemps de cet instant et se logea dans ma poitrine, un sentiment de perte qui allait s'élargissant, un crève-cœur, le souvenir de la haute idée que je me faisais naguère de moi-même.
Olivier Barrot présente "La machine d'eau de Manhattan" de E.L. Doctorow.