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C'est un premier roman parfaitement maîtrisé sur le deuil et l'héritage identitaire. D'ailleurs, Olivier Dorchamps propose un très beau titre avec "Ceux que je suis".
Le narrateur, Marwan, est un jeune professeur d'histoire géographie en banlieue parisienne. Sa conjointe vient de le quitter mais ce qui le bouleverse c'est la mort de son père qui n'avait que 54 ans. Mécanicien, il était propriétaire d'un garage à Clichy mais c'est à Casablanca qu'il a choisi de se faire enterrer car le Maroc est le pays où il est né.
Marwan, son frère jumeau Ali et son frère cadet Foued ne comprennent pas ce choix dans un premier temps, eux qui sont français même s'ils ne sont pas toujours perçus comme tels en raison de leurs origines.
Il va pourtant devoir accompagner le cercueil de son père avec Kabic son presque grand-père et retrouver sa grand-mère Mi Lalla. le vieil homme vit aussi à Clichy, c'était l'ami du grand-père de Marwan qui avait renoncé à partir vivre en France. Kabic lui dira qu'il doit connaître la part d'ombre de sa famille mais qu'il doit aussi se souvenir qu'il n'y a jamais d'ombre sans lumière. C'est ce qu'il va se passer quand il sera sur place. Et cela l'aidera à comprendre ses proches et qui il est, ce qu'il porte en héritage.
L'écriture d'Olivier Dorchamps est fluide et si l'émotion est forte, on reste à la limite du pathos sans débordement. A lire sans hésiter.


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Marwan Mansouri, le narrateur, est français de parents marocains.
« Tout ce qu'on peut trouver dans une bibliothèque je l'ai lu. Mais la vie de ma famille avant la France, je ne la connais qu'au travers d'anecdotes et de souvenirs de seconde main un peu comme une veste d'occasion dont la coupe m'irait tant bien que mal, mais dont la couleur aurait fané. »
Le lecteur entre dans cette histoire sur le ton de la confidence, l'auteur s'adresserait à un ami avec pudeur pour dévoiler la complexité de l'identité.
Un soir, Marwan, prof d'Histoire-Géo est fatigué, il a été largué par sa petite amie qui le rêvait différent.
Sa mère l'alerte sur le fait que son père se plaint d'une douleur au coeur et qu'il est parti se coucher en refusant de manger son tajine.
En rallumant son téléphone, le lendemain, le choc « papa est mort », il n'avait que 54 ans.
Trois fils Marwan, l'aîné et le narrateur, Ali son jumeau qui se fait appeler Alexandre et qui est avocat, et le cadet Foued encore chez ses parents car il finit ses études.
Une vie de labeur pour cet homme qui n'a pas demandé la nationalité française alors que sa femme et ses fils l'ont.
Après le choc de la mort survient celui des dernières volontés du défunt, dont ils n'avaient pas connaissance : être inhumé au Maroc, il avait même souscrit une assurance pour cela.
« Maman explique que mon père et elle en ont souvent discuté ; pour eux c'est naturel d'être inhumés au Maroc. Ils sont nés là-bas. Ils ont toujours eu l'intention d'y retourner vieillir ; c'était leur projet. Maintenant il n'y a plus de projet. Maintenant elle est veuve et son devoir, c'est de respecter ce que son mari voulait. »
Les fils découvrent le rituel du deuil marocain : les femmes n'assistent pas aux obsèques et un seul des fils est désigné pour accompagner la dépouille dans l'avion. La mère et les autres fils iront au Maroc en voiture.
Ce désir d'être inhumé dans son pays d'origine sonne comme une double peine, la brutalité de la mort et une tombe sur laquelle ils ne pourront se recueillir…
Kabic est un ami indéfectible du grand-père paternel va accompagner Marwan, il est la mémoire de la famille et Marwan la toujours considéré comme son grand-père de France.
« Lui (Kabic) qui a traversé la vie sans diplômes, sans carrière et sans le sou ; Diogène marocain échoué à Clichy. Il a pourtant guidé mes pas, ceux de mes frères et ceux de mes parents qui n'auraient jamais quitté leur destin si Kabic n'avait, le premier, creusé un sillon d'espoir vers la France. »
C'est ainsi qu'un coin du voile de cette vie d'immigrés va être levé.
Mille anecdotes pour vêtir la misère d'humour.
Marwan va découvrit plus encore, la jeunesse des ses parents, les us et coutumes de ce pays dont il est issu et qu'il ne connait absolument pas, une culture qu'il a ignorée et dont parfois les stigmates en France lui ont fait honte.
Une culture jamais revendiquée, l'explication en est peut-être celle-ci :
« Si mes parents ont quitté le Maroc, c'était pour commencer une nouvelle vie, pas pour prolonger celle qu'ils avaient ici. Bien sûr, la nostalgie du pays les hantait ; ma mère ne disait-elle pas qu'au Maroc, ils se sentaient vivants ? Ils y avaient leurs amis, leurs habitudes, leurs souvenirs, mais en France, il y avait la Liberté. Je repars vers le cimetière en songeant à cette sagesse de mes parents que j'ai si souvent méprisée. »
L'écriture est élégante, fluide, douce, le ton juste sans jamais de fausse note. Riche d'enseignement sans jamais être moralisateur, ce livre montre la complexité des origines cosmopolites, mais je pense que cela va aussi au-delà car cela pourrait s'appliquer à beaucoup de familles simples, celles qui n'ont pas les mots pour transmettre.
Ce qui nous constitue chacun d'entre nous est tellement complexe qu'un arbre généalogique de serait que l'écorce sans la sève de ce qui nous a fait ce que nous sommes.
Un premier roman très réussi dont j'ai tout aimé, l'écriture, la musicalité et les couleurs et un livre qui nous interroge et qui nous bouleverse.
La transmission dans la simplicité « Mon père, il avait peu de mots, mais il avait les bons et sa présence me rassurait, me donnait l'illusion d'être invincible. Mais tu es invincible, mon fils ! A ton âge, rien n'est insurmontable. »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 12 janvier 2020.
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Un roman qui m a bien plu.
Le secret de famille vous le découvrirez vraiment quand fin de.volume.
Ce livre nous fait prendre conscience qu il est difficile de s integrer dans un pays plein de préjugés par rapport à vos origines même si vous satisfaisez à tous les critetes( langue lieu de naissance travail).
Un livre qui se lit facilement, qui m en appris sur la culture marocaine moeurs et coutume
Un très bon premier roman , un auteur à suivre.
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Un premier roman qui m'a beaucoup plu, par les thèmes abordés, mais aussi par l'humanisme, le féminisme, la délicatesse des sentiments qui s'en dégagent. le personnage principal, Marwan, est un fils d'immigré marocain de 30 ans, qui se sent Français, a réussi socialement (agrégation d'histoire-géo). Son père, garagiste, qui meurt à 54 ans, lui demande de rapatrier son corps au Maroc. C'est l'occasion pour Marwan de découvrir le passé de sa famille, la vie au Maroc dans les années 1950-1960, et un lourd secret de famille qui explique pourquoi son père est parti en France… et pourquoi il tient à ce que les hommes respectent les femmes. Des réflexions très intéressantes sur le racisme au quotidien subi par les enfants d'immigrés maghrébins en début de roman, puis les sujets se font plus graves, l'émotion monte, jusqu'à la révélation finale. L'auteur cite La vie devant soi comme un roman qui l'a marqué… il y a de cela dans son propre livre.
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C'est un très beau livre et pour l'instant c'est mon coup de coeur de la rentrée. On y entre très vite et très facilement. Il y a beaucoup d'émotion, de pudeur. C'est extrêmement bien écrit. le sujet semble bien maitrisé avec un grand travail de recherche et de documentation alors que l'auteur ne semble pas avoir de liens avec ce pays et cette culture. Je serais curieux d'avoir le ressenti d'un marocain ou d'un français d'origine marocaine. L'immigration y est abordée de façon intelligente. Cela apporte une grande réflexion, dont cette phrase de Marwan « Et pourtant, où que je sois, en France ou au Maroc, je n'ai pas le choix de ma propre identité. Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois ».
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N°1783– Octobre 2023

Ceux que je suisOlivier Dorchamps – Pocket.

Tarek, garagiste maroquin à Clichy depuis longtemps vient de mourir . Comme il voulait être enterré à Casablanca, c'est un de ses fils, Marwan, le narrateur, professeur agrégé d'histoire-géo, parfaitement intégré en France, qui a été désigné pour accompagner le cercueil avec Kabic, l'ami du défunt. La réussite de cette famille dont le père est artisan-garagiste et la mère parle à peine le français, ce sont Marwan, professeur, Ali avocat et Foued, étudiant, trois enfants d'émigrés qui ont réussi dans une culture différente de celle de leurs parents, une manifestation de la pertinence de « l'ascenseur social » pourtant bien souvent en panne. Dans le même temps, Marwan a dû faire face au départ de sa copine Capucine, mais au vrai, ils n'avaient pas grand-chose en commun.
En allant au Maroc, Marwan qui a grandi en France, qui est Français mais ni musulman ni pratiquant, va aller au devant de sa parentèle inconnue restée au pays, de l'histoire familiale, des traditions musulmanes et religieuses face au deuil, du sort qui pèse traditionnellement en Afrique du nord sur le destin des filles pauvres. Ses parents étaient venus en France pour une nouvelle vie et pour nourrir la famille restée au bled . A travers des photos jaunies il va apprendre à connaître un peu malgré lui les secrets et les non-dits que cette famille garde enfermés dans sa mémoire intime en maudissant la cruauté de la réalité et la fatalité qui gouverne tout. Il va apprendre ce que les circonstances obligent à faire ponctuellement et qui polluent toute une vie, un peu comme des plaies qui suppurent de honte et de désespoir, des blessures qu'on cache mais qui se transmettent de génération en génération comme les ressemblances physiques, ce qui remet en question l'image des siens qu'on avait lentement tressée, l'hypocrisie qui bouscule la réalité, les secrets qu'on entretient sur le vécu des uns et l'abnégation des autres, les révélations qui écorchent aussi les grands principes humanistes si longtemps proclamés par le colonisateur français qui ne sont qu'une vitrine face aux intérêts des plus riches et qui mettent à mal la réalité de ce message. de tout cela aussi Marwan est l'héritier.
Le titre, à travers un jeu de mots phonétique, indique tous ce que chacun d'entre nous doit à ses parents, à ses ancêtres. Ici prendre l'exemple d'un foyer maghrébine venu s'installer en France et dont les enfants honorent à la fois leur famille et le pays qui les a accueilli est révélateur surtout à une époque où un tel contexte se décline souvent en incompréhensions et violences.
Ça aurait pu être un roman classique sur l'intégration des migrants. C'est un récit émouvant et poétique qui commence par un deuil se termine avec des relents de « happy end » quelque peu idylliques ou chacun retrouve sa place après cette saga longue et douloureuse.
Certes l''auteur a lui aussi une double culture, britannique et française mais on peut s'étonner qu'il ait choisi de mettre ses personnages fictifs dans un cadre aussi difficile que celui d'une famille maghrébine transplantée en France, et qu'il l'ait fait avec autant de justesse et d'émotion.
Je me suis laissé embarqué dans cette histoire, j'ai aimé ce premier roman, peut-être davantage que le suivant « Fuir d'Eden » pourtant primé.

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Magnifique ! Magnifique ! La dernière phrase du roman m𠆚 scotchée. Plume agréable à lire pour un auteur que je ne connaissais pas. Comment un auteur qui n𠆚 pas la moindre origine marocaine a pu écrire un roman aussi authentique, aussi nourri de détails aussi précis quand aux pratiques sociales et culturelles ? C𠆞st ce que j𠆚ppelle un vrai travail de recherche pour retranscrire des vies et nous imprégner de l’histoire. J𠆚i aimé, j𠆚i souri, j𠆚i frissonné, j𠆚i pleuré et tous cela presque en même temps à chaque page tournée. Ce voyage initiatique, terriblement triste a réconcilié des vies, apaisé des cœurs et des esprits. Des secrets sont dévoilés , des personnages se sont réconciliés et finalement ce qui est un décès et un deuil se termine comme un happy end pour tous le monde. Ceux que je suis : ce titre je l𠆚i compris au fil de l’histoire et je dis merci à l𠆚uteur pour cette magnifique ode à l𠆚mour et la paix intérieure !
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Très beau roman sur la double culture, ici franco-marocaine, écrit par un auteur suisse vivant en Angleterre. Par-delà sa mort, un père immigré marocain, confronte ses trois fils français à leur histoire familiale. Les protagonistes sont touchants dans leur réticence et le chemin jusqu'à Casablanca ne sera pas pavé de roses. de très belles lignes sur la mort et le deuil, sur les liens familiaux, sans pathos, ni sentimentalisme. Un roman positif, servi par une écriture sensible.
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Le hasard, bon compagnon, a voulu que je lise "Ceux que je suis" juste après "Impasse Verlaine"; tous deux sont un premier roman fort réussi, tous deux évoquent l'exil (le 1er celui d'un homme ayant quitté le Maroc avec sa femme marocaine, le 2ème celui d'une femme ayant quitté l'Algérie avec son mari algérien), l'identité à chercher ou à construire pour les enfants, l'intégration souvent difficile en France. Mais la comparaison s'arrête là.
Ce roman est l'histoire d'une famille marocaine dont une partie, la grand-mère, les tantes et les cousins sont restés à Casablanca et une partie, les parents du narrateur, Marwan, se sont exilés en France. le roman débute avec la mort inattendue du père, Tarek, qui contre toute attente, a souhaité être enterré au Maroc; sa femme et ses 3 fils l'accompagnent dans ce dernier voyage.
Pour les 3 frères et Marwan, en particulier, la perte de leur père les rapproche de leurs origines, de leurs racines marocaines qui, jusque-là, ne les intéressaient pas. Marwan, arrivé le premier au Maroc, découvre au fur et à mesure sa famille, les amis de son père et surtout le secret que lui révèle sa grand-mère et qui a pesé sur leur destin. Cela crée une intensité dramatique, une sorte de suspense qui tient en haleine.
Ce roman traite de sujets maintes fois évoqués en littérature comme l'exil, la quête de l'identité, la double culture, l'intégration, les racines mais l'auteur le fait avec pudeur, tendresse, délicatesse, mélancolie et même un certain humour. Son style simple et fluide laisse les émotions du lecteur/trice affleurer naturellement.
Ce roman offre également une approche du Maroc , de ses traditions autour du deuil, de son histoire, des relations sociales, de la culture. La couverture lui rend d'ailleurs hommage avec les oranges omniprésentes dans le roman et le jaune étincelant de la terre et du soleil marocains.
Une très belle découverte.
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Un jeune professeur de lycée de la région parisienne d'origine marocaine, mais né en France est surpris à la mort soudaine de son père ; il découvre que ce dernier l'a chargé de rapatrier son corps au Maroc sans l'en avertir auparavant. Marwan, ce jeune professeur se sent pleinement Français ; mais en débarquant à Casablanca, il se retrouve confronté à toutes les traditions familiales et culturelles du pays de ses ancêtres. Et en retrouvant sa grand-mère paternelle et un ami de son père qui l'a accompagné depuis Paris, il va découvrir l'histoire de sa famille . Tout cela va le rapprocher de son frère, de sa famille et l'image de son père va alors prendre une autre dimension.
- le narrateur est Marwan, ce jeune professeur, et le texte est écrit à la première personne  ; et c'est à travers lui que nous découvrons ce qu'il pense : de ses rapports avec les Français, de son intégration en France, de sa distance vis-à-vis du Maroc et des valeurs de la civilisation musulmane (on pense notamment au statut de la femme) alors que lui et sa famille ne sont pas pratiquants.
- l'écriture est très vivante, souvent drôle  (un petit côté « la vie devant soi » de Romain Gary).
- un roman très attachant, plein d'émotion, de respect et de sensibilité.
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