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Résumé :
Lettres à ma nièce sur la musique en Suisse : Octobre 1917- juillet 1918, la première guerre mondiale marque un tournant. Les États-Unis entrent en Guerre, la révolution éclate en Russie et juillet 1918 marque le début de la contre-offensive alliée. Dans cette période, Gustave Doret, un musicien suisse, écrit à sa nièce, alors à l’étranger, une dizaine de lettres sur la musique comme pour trancher avec la dureté du contexte.

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Le dilettantisme est une force dont l’utilité, la nécessité même, sont reconnues par tous les artistes. Mais il faut que les dilettanti se rendent compte que leur rôle, sans se restreindre, doit se modifier, s’ils désirent que leur influence reste heureuse, spécialement dans les établissements d’instruction.
Il importe peu qu’un Conservatoire compte un nombre considérable d’élèves : la qualité, s’il s’agit d’artistes à former, doit primer la quantité. C’est par l’éducation gratuite seule qu’on peut opérer une sélection sévère.
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Pour l’instant, on peut considérer deux courants très distincts dans le développement musical de nos artistes et de notre public : d’un côté, l’influence française, de l’autre, l’influence allemande agissent fatalement par le fait de l’éducation des jeunes musiciens voués, les uns à l’éducation latine où leur tempéra-ment les entraîne, les autres à l’éducation germanique qui s’impose à leur mentalité. Jusqu’il y a trente années, toute l’éducation musicale de la Suisse était entre les mains d’artistes allemands. Il faut loyalement reconnaître que certains laissèrent de bienfaisantes empreintes dignes de grands artistes. Le miracle fut que la musique symphonique française fut révélée à Genève par un Bavarois de haute culture, de génie modeste et clair-voyant. Que de fois vous ai-je parlé de ce véritable apôtre, Hugo de Senger, ancien disciple de Hector Berlioz qui sut tenir tête, dans une légendaire entrevue, au colosse Richard Wagner : il ne voulut pas se laisser éblouir par un protocole de réception ridicule, réception qui se termina du reste par un pacte d’amitié. C’était à l’époque où le chantre de Tristan savourait dans la quiétude de Tribschen sa gloire indiscutée. N’oubliez pas que, tout jeune, Wagner exerça, avec quelle passion, son influence à Zurich, tant au théâtre, dont il fut le chef d’orchestre, que dans les concerts qu’il organisait avec son ami et protecteur Liszt. Et nous n’aimons pas beaucoup rappeler, en Suisse française, le souvenir de certaine fête fédérale de musique à Sion, où Wagner, invité à diriger une de ses œuvres, effarouché du très médiocre orchestre mis à sa disposition, reprit sans tarder la diligence hospitalière pour fuir les cacophonies des répétitions et du concert. Ses séjours à Genève furent fréquents, mais la muqique locale lui resta étrangère, tandis que Liszt, alors beau comme un jeune dieu, y professa le piano au Conservatoire. Ce fut l’époque du célèbre voyage à Chamonix. Il existe, dans les archives de ce Conservatoire, un registre précieusement soigné par le sympathique directeur, M. Ferdinand Held, célèbre recueil où Liszt consignait ses observations sur les élèves de piano, observations spirituelles qui ont trait souvent aux charmes féminins des jeunes artistes plus qu’à leurs mérites musicaux. Ne nous égarons pas…
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Ce Noël blanc, ma nièce, m’inciterait plus à vous rappeler le souvenir des grandes messes traditionnelles des églises de Pa-ris, qui déploient à cette occasion tous leurs luxes musicaux, qu’a vous parler de théâtre, comme je vous l’ai promis. Mais votre érudition, sans pédanterie heureusement, vous a enseigné que le théâtre est né dans l’Église et de l’Église ; et vous trouve-rez très naturellement la transition morale, si je puis dire, qui permettra l’évasion de vos pensées des cathédrales pour les conduire dans ces théâtres, mauvais lieux de la musique, comme disait Berlioz ; pourtant Berlioz lui-même ne désirait qu’une chose : y réussir. Peut-être que s’il y avait rencontré le succès rêvé, son opinion se fût modifiée. Car, vous avez pu vous en rendre compte vous-même ; si la musique est souvent mal-traitée au théâtre (ne l’est-elle point dans les concerts ?), elle y est parfois respectée. Quelque rares que soient ces exceptions, elles justifient la confiance que les musiciens doivent garder aux formes de l’art lyrique et dramatique. Où en sommes-nous en Suisse à cet égard ? Quatre théâtres importants sont actifs : Zurich, Bâle, Berne, Genève. Pour les diriger, trois directeurs allemands et un français. Il en fut toujours ainsi. Est-ce là un aveu d’incapacité nationale ?
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Vous m’exprimez, ma nièce, en termes vigoureux, votre indignation : un virtuose du piano a excité votre colère. Vous réagissez : bravo ! Ce terrible virtuose a osé, me dites-vous, pour faire valoir l’agilité de ses doigts, déformer l’une des plus magnifiques ouvres d’orgue de J.-S. Bach en l’adaptant à ses possibilités pianistiques. Ils sont, hélas, nombreux, aujourd’hui, ceux qui imposent leur collaboration aux génies, sans se demander ce que les génies penseraient de leur complaisance infinie. Ils ré-pondent volontiers, à toute objection, que Bach lui-même transcrivit certains concertos de son contemporain Vivaldi, oubliant modestement que pareille collaboration ne pouvait être que géniale autant que flatteuse. Ils vous citeront volontiers les noms de très grands musiciens de la génération qui nous précède, Liszt et Saint-Saëns, qui, pour rendre accessibles au public telles œuvres d’orgue de Bach, inconnues alors, les réduisirent pour simple clavier. L’époque justifiait ces moyens de popularisation des chefs-d’œuvre. Aujourd’hui, les éditions des œuvres originales sont à la portée de toutes les bourses ; leur exécution sur l’orgue est fréquente dans les concerts aussi bien que dans les églises.
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Vous souvenez-vous, ma nièce, que, toute petite, votre coin favori (dans ces fins d’après-midi où la vie semble si calme) était auprès du piano ; vous aimiez la musique ; vous détestiez les chansons banales ; vous choisissiez vous-même celles qui vous plaisaient, et jamais votre goût sensible n’aurait pu être pris en défaut. Votre mère, que passionnaient Schumann, Bach, Mozart, Franck et Saint-Saëns – trop jeune encore pour sentir douloureusement Beethoven – durant des heures, charmait vos jeunes oreilles ; vous avez été élevée dans l’atmosphère de musique la plus saine et la plus noble. Jamais vous n’avez manifesté le désir de travailler pour acquérir la moindre technique pianistique ; votre voix d’enfant fraîche et délicate se mettait ce-pendant au service des petites chansons dont vous cherchiez vous-même avec précision les mélodies sur le clavier ; parfois, on vous surprenait, essayant vous-même d’innocentes improvisations aux harmonies toujours adroites. Puis vous avez grandi : vous avez vibré aux exécutions d’orchestre ; le théâtre lyrique vous a ouvert des horizons nouveaux ; je n’oublie pas votre émotion, lorsque – grand événement – on vous fit assister à la représentation de Tristan. Puis, quelle sereine joie dans votre jeune cœur, en sortant des spectacles de la Flûte enchantée et de Don Juan, et quel enthousiasme à l’audition des Symphonies de Beethoven !
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