Citations sur Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon (474)
La détention allonge les jours, distend les nuits, étire les heures, donne au temps une consistance pâteuse, vaguement écœurante.
Il suffit de prêter son attention et son regard pour comprendre que nous faisons tous partie d’une gigantesque symphonie qui, chaque matin, dans une étincelante cacophonie, improvise sa survie.
Les inégalités de la vie sont généralement reconduites et confirmées par voie de justice jusque dans notre mort. Pour un assureur, le décès d'un chef d'entreprise new-yorkais est une sale affaire, car l'indemnisation versée à la famille sera entre dix et vingt fois supérieure à celle d'un éleveur de chevaux disparu dans le Montana.
La prison nous ensevelit vivants. Les courtes peines peuvent espérer quelque chose. Les autres sont déjà dans la fosse commune. Et si d'aventure on leur accorde une remise de peine, ils iront, un moment, respirer l'air du dehors, mais reviendront ici, dans la maison des réprouvés, où on les appelle par leur nom, où on les traite comme des animaux de ferme.
[...] en matière d'hymne national, nul ne peut rivaliser, car où qu'il se joue et quelle qu'en soit la cause, le God Save the Queen fera toujours regretter à chacun de n'être pas anglais.
Montréal, QC - p 134 -
Les gens qui travaillent s'ennuient quand ils ne travaillent pas. Les gens qui ne travaillent pas ne s'ennuient jamais.
Sylvestre c'était un des types les plus gentils de la prison, pas agressif pour un rond et qui passait son temps à s'excuser. C'est sûr, il était haïtien, et alors ? Ils passent quand même pas tous leur temps à souffler dans le cul des poulets, les Haïtiens.
Thetford Mines - p 77-
Elle disait souvent qu'il n'y avait rien de plus normal que d'accepter ce dialogue avec les défunts qui vivaient désormais dans un autre univers. "Nos ancêtres poursuivent une autre existence. Et si on les enterre avec tous leurs objets c'est pour qu'ils puissent, ailleurs, poursuivre aussi leurs activités."
La prison de la rivière- p 17 -
Il est très difficile de s’occuper d’un immeuble et d’une femme en même temps, de choyer une vingtaine de veuves tout en cajolant une épouse.
J'aime la géographie des voyages, celle que l'on traverse à pied, à hauteur d'homme, instruit par les déclivités, la fatigue des jambes et le caprice des cieux. Beaucoup moins celle des livres enluminés de graphes et de data.