Le délice, le réconfort, la magie de
Jean-Paul Dubois.
Un côté désespéré, citant
Cioran « Si on avait une perception infaillible de ce qu'on est, on aurait tout juste encore le courage de se coucher, mais certainement pas celui de se lever »
Le héros, Paul, comme dans tous ses romans (sauf dans
Kennedy et moi), son épouse, Anna.
« En fait, tout dépendait d'Anna, de ma femme. Hier, elle avait été merveilleuse, aujourd'hui, le bouquin était fini. C'était aussi simple que ça. Si j'avais été marié à une compagne dotée d'un doux caractère, j'aurais pu être un bon romancier ».
La fierté pour ses enfants, surtout s'ils fuient le moule
La passion pour les voitures, exprimée avec une délicatesse saupoudrée de drame.
« Cette voiture je l'aimais (…) Elle n'allait pas très vite, mais quand j'enlevais la toile, quand le vent s'agrippait à mes cheveux et que l'air brûlant me grattait le cou, je pensais que j'étais un type qui avait une vie formidable »
« Et c'est là que le type a débouché, même pas vite. Il a débouché comme quelqu'un qui sort de chez lui. J'ai mis un coup de frein à casser la pédale, j'ai tiré sur le volant comme si c'étaient les rêves d'un cheval, la Karmann a poussé un cri dégueulasse et j'ai fermé les yeux ».
Le rêve de jouer au rugby. Chaque nuit, le sélectionneur l'appelle. La foule hurle : « Ackerman Ackerman ».
La haine des dentistes
« J'avais envie d'arranger les molaires des orthos à la clef anglaise. Sales types, sale métier, pire que les assureurs ».
Un côté presque animiste.
« On a mangé des blancs de poulet. En les voyant rangés dans le plat comme des aubergines, je les imaginais fricotant deux jours auparavant dans une basse-cour. Anna m'a dit que c'était du congelé. Curieusement, ça a atténué mon remords. J'ai pensé qu'ils étaient morts depuis des années et que leur famille avait même oublié leur existence ».
« J'ai dit à Thomas « Balance-le à la mer ». Il l'a jeté aussi loin qu'il a pu. Au contact de l'eau, le poisson a frétillé comme un glaçon dans un verre de Martini et a disparu retrouver sa famille. « Il s'en tirera avec une mauvaise cicatrice » a dit Thomas, et il a ajouté :
- C'était quoi comme espèce ?
- Une espèce de poisson qui a eu de la chance de tomber sur des mecs comme nous »
Ces mots là disent tout de la tendresse et de l'humour de
Jean-Paul Dubois. C'est son cocktail, celui qu'il nous ressert dans un autre de ses romans,
LE CAS SNEIJDER : « Je peux vous garantir qu'ensuite vous serez aussi détendu et relaxé qu'une olive dans un verre de martini ».
J'en reprendrai bien un peu, moi, de ce cocktail.