La Casa Belasko, imposante bâtisse provençale, au milieu du vignoble qui fit la fortune d'André Belasko, accueille une fratrie de cinq membres: Philippe, Matthieu, Solène, Garance et David.
Cette ultime réunion familiale fait suite au décès du patriarche, André. Il doit être inhumé le lendemain.
L'auteur donne très vite le ton, celui de la jalousie et des rancoeurs, jusqu'à la violence.
Chrystel Duchamp commence par la fin, imposant un suspens sans faille, laissant le lecteur s'interroger sur les évènements qui se sont déroulés dans cette Casa.
Des dissensions existaient déjà au sein de cette fratrie, mais elles atteignent leur paroxysme lorsque frères et soeurs se retrouvent enfermés dans la Casa. Coincés pour la nuit, grâce aux performances de la domotique et de prestations de sécurité high tech, mises en place par le défunt quelques années auparavant, un huis clos oppressant se profile, d'autant plus à la lecture du testament de leur père contenant une révélation fracassante, agissant comme un facteur d'implosion.
Le piège s'est refermé sur les protagonistes.
Chrystel Duchamp sait manier la plume pour instiller ce sentiment de claustrophobie et d'inquiétude croissante.
Les chapitres se succèdent, laissant chacun dérouler sa vérité, raconter sa propre histoire et permettant au lecteur de reconstituer le puzzle de cette histoire familiale hantée par la rivalité et la haine.
J'ai totalement accroché au choix de l'auteur de poser une intrigue dans un contexte presque gothique, puisque laissant la part belle à cette maison, qui en vient à composer un personnage, témoignant d'une histoire sombre auprès du lecteur. J'y ai retrouvé le côté opaque et menaçant que j'avais tant aimé dans des romans tels que "L'Indesirable" de S.Waters et "
La Chambre des âmes" de F.
Tallis.
J'ai ressenti quelques frustrations tout de même à voir l'auteur se concentrer sur une histoire familiale récente, celle d'enfants adultes tous antipathiques au final, se jalousant, se comparant, se disputant les préférences de leurs parents. Il y a un travers un peu manichéen à les résumer à leurs instincts les plus égocentriques, qui les rend presque caricaturaux. Alors certes, cela nourrit le genre voulu par l'auteur, mais je ne peux m'empêcher de regretter que l'auteur ne nous ait pas invités à une tablée d'enfance heureuse, car tout de même, cette famille a bien dû s'aimer un jour ? Je regrette aussi un peu le personnage maternel passé en second plan, comme si une fois morte, son rôle dans la fratrie semblait avoir été gommé.
Pour autant,
le Sang des Belasko se lit sans temps mort, le rythme des évènements dans la maison, alternant avec les témoignages respectifs des protagonistes, fournit un suspens continu et un épilogue machiavélique!