Prends une jeune femme, qui revient à Paris pour s'installer chez sa mère et trouver un quelconque boulot alimentaire. Fais en sorte qu'elle soit célibataire, pleine de charme et déterminée à obtenir un CDI.
Ajoutes-y un patron aussi inaccessible que troublant, puis laisse mijoter.
"Attends, attends ! Ça sent la romance à deux balles à la Twilight, ton affaire…"
(nota : toute opinion exprimée dans le présent post est totalement fictive et ne saurait représenter le point de vue de la société des Mordus de fantastique / science-fiction / fantasy)
Hmmm… Pas faux… On va pimper un peu ça ! Verse donc la mixture dans un shaker, secoue le tout au rythme de
Catherine Dufour, et appelle ça
Entends la Nuit… ça va être funky !
Après quelques années loin de l'imaginaire,
Catherine Dufour reprend donc du service en se lançant dans le grand monde de l'urban fantasy, de la bit-lit et de toutes ces petites romances auxquelles j'ai le bon (?) goût d'être totalement hermétique. Mais bon, entre des mains expertes, même le plus banal des claviers peut jouer les plus grandes symphonies.
Nous suivons donc la jeune Myriame, titulaire d'un master en communication, qui trouve un CDD un peu pourri dans une obscure boîte sur Bercy. Elle y découvre le monde merveilleux du travail : autant de collègues que de concurrents, cadres aussi drôles qu'une visioconférence sur la géoéconomie des circuits, et patrons derrière l'écran pour surveiller sa webcam, façon "big bosser is watching you".
Jusqu'où sera-t-elle prête à aller dans le jeu du chat et de la souris avec ce patron attirant / repoussant ?
Nous le disions en intro,
Entends la Nuit, c'est la réalité qui met un coup de boule à Twilight : la romance pourrait être toute mignonne pour qui apprécie les syndromes psychologiques suédois, mais, passée à la moulinette Dufour, elle devient malsaine car déséquilibrée entre le richissime immortel et la jeune et jolie précaire.
La dépendance n'est pas romantique, n'est plus seulement physique, elle est financière, sociale, matérielle. Jusqu'où irais-tu pour un travail, en somme ?
Pas d'amour sincère dans une romance fantastique, mais que reste-t-il alors ?
Il reste la plume magistrale de
Catherine Dufour, déjà. On pourrait développer ce point en évoquant son humour, d'un cynisme délicieux, son style incisif, ou encore sa poésie, tout en regrettant que cet essai n'ait pas le même goût de l'immortalité que d'autres propositions de l'autrice - le lecteur attentif aura saisi le subtil clin d'oeil et applaudira avec un enthousiasme teinté de respect devant l'adresse de la démarche, les autres iront donc lire la bibliographie de Dame Dufour avant de revenir applaudir avec un enthousiasme... bref, vous connaissez la musique -, mais on ne le fera pas, parce que bon. Des fois, y a des amours qui ne s'expliquent pas et c'est très bien comme ça.
Il reste enfin Paris, personnage à part entière du roman, qui happe, broie et digère ses personnages dans une fantastique symphonie nocturne, monstre invisible qui ne dort jamais. Tu n'es pas convaincu ? Ouvre la fenêtre, tends l'oreille, et
entends la nuit…
En bref :
Entends la Nuit est fait pour toi si… tu aimes la romance fantastique, l'urban fantasy et imaginer Bella pointer à Pôle Emploi. Et un peu
Catherine Dufour, aussi.
J'ai aimé :
- le style Dufour
- J'ai lu une romance
- le style Dufour. Oui, je l'ai déjà dit, et alors ?
J'ai moins aimé :
- Pas inoubliable