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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a une ambiance très particulière dans ce roman ( cyberpunk somptueux .. un peu " gourmand " ?? ) .
Cela tient aux couleurs ... aux choix des mots ... à la solidité des personnages ... aux visuels que matérialise le style très au point de l'auteur ?
C'est une plongée dans un monde désespérément désespérant et dépaysant ( un mix culturel eurasiatique convainquant ) qui imprègne le lecteur avec force .
C'est donc très absorbant ,d'autant que l'éthique ainsi que la justice sont confrontés à l'épreuve des faits et à l'âpreté de cet univers .
Par ailleurs : c'est un beau texte de SF .
ce futur est crédible et cela ne fait pas l'ombre d'un doute ...
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Il est d'une facture assez classique en même temps il est ultra contemporain !
Résultat : il vaut vraiment son poids de moutarde !!
La couverture " colle " bien avec ce texte .
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Un petit temps d'adaptation est nécessaire pour entrer dans ce roman. Quelques efforts pour s'imprégner de ce style si particulier, cette manière d'écrire qui doit résonner dans notre esprit afin d'assurer une lecture fluide. Longues phrases, idées parfois complexes, mots inconnus et quelques difficultés à tout comprendre. La narratrice semble rédiger une lettre, ou un long message, ce qui réduit considérablement le nombre de dialogues et place l'ensemble sur un mode descriptif.

Puis il se passe quelque chose. Impossible de se détacher de cette écriture hypnotique, de ces personnages si étranges, et pour cause. Dans un monde post-apocalyptique, c'est la confrontation de la technologie la plus folle aux sciences les plus empiriques, dignes de la sorcellerie. Et ce n'est pas forcément celle qu'on croit qui prendra le dessus.

Il y a donc un mélange de genres toujours là pour nous surprendre, la barbarie confrontée à un monde plus idyllique des îles. le haut niveau de narration contre la vie fangeuse des protagonistes. La mort, la survie, la vie, la sur-mort. Il y a bien évidemment des dizaines d'occasions de s'émerveiller, dans les intrigues politiques entre les puissances qui s'affrontent, dans l'enquête, les péripéties, certaines belles surprises (d'où le titre) et décors parfois déjantés.

Une excellente expérience de lecture qui en appelle d'autres de cette autrice qui a mon âge et semble avoir une vie extraordinaire. Un grand merci à Catherine Dufour d'avoir secoué mes neurones et bousculé les codes de l'écriture tout en respectant une règle à mes yeux fondamentale : rester lisible et raconter une histoire (non, je ne pointe personne). Néanmoins ce livre ne conviendra pas aux lecteurs prêts à se laisser transporter là où ils ne sont jamais allés.

Lien : https://www.patricedefreminv..
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Confessions d'un zombie

Optimistes de toutes obédiences, passez votre chemin, ce monde futur n'est que souffrance et noirceur, les gens honnêtes n'y font pas de vieux os. Pour preuve le récit de deux protagonistes qui vont croiser le chemin de notre narratrice.
Le propos : la narratrice le dit très bien en début de texte :

"je peux déjà vous promettre de l'enfant mort, de la femme étranglée, de l'homme assassiné et de la veuve inconsolable, des cadavres en morceaux, divers poisons, d'horribles trafics humains, une épidémie sanglante, des spectres et des sorcières, plus une quête sans espoir, une putain, deux guerriers magnifiques dont un démon nymphomane et une... non, deux belles amitiés brisées par un sort funeste, comme si le sort pouvait être autre chose. À défaut de style, j'ai au moins une histoire. En revanche, n'attendez pas une fin édifiante. N'attendez pas non plus, de ma part, ni sincérité, ni impartialité : après tout, j'ai quand même tué ma mère.
Ce n'est pas un sujet qui peut se passer de mensonges."

Trois récits pour une histoire, une ado figée dans le temps, un entomologiste pris dans des enjeux géo-industrio-politiques et une musicienne qui va tenter d'adoucir les moeurs. Ajouter à cela des tours immenses qui ne sont pas sans rappeler certaines monades, une variation de paludisme extrêmement meurtrier, une utopie dictatoriale et une sorcière vaudoue. Et au milieu de tout ça, des hommes qui se battent pour survivre dans ce monde déliquescent. Seuls les plus forts survivent.

A travers ces trois tranches de vie, Catherine Dufour nous dessine un futur pas très glorieux, où les Etats n'existent plus que derrière des multinationales qui se font la guerre. L'éternelle lutte entre classe laborieuse et classe dirigeante se creuse, ce n'est plus un fossé qui les sépare, mais un gouffre, avec quelques petites passerelles pour certains joueurs à l'éthique inexistante.
Rien de nouveau sous le soleil, mais l'auteure a une approche différente de bien ses confrères, un style incisif, parfois cynique et des personnages complexes. le roman ne restera peut-être pas dans mes annales, mais le destin de ses trois personnages malmenés par l'histoire continueront de ma hanter, un petit goût d'immortalité en quelques sortes.
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Quel bonheur quand un écrivain de science-fiction est aussi un écrivain ! Madame Dufour a beaucoup lu, et ça se voit. Elle manie les genres avec dextérité, et varie les styles en même temps que les genres, dans un roman très habilement construit. L'intrigue est entre autres une variation subtile sur le thème du vampirisme ; elle mêle plusieurs époques et plusieurs personnages, dont chacun devient central à un moment ou un autre du récit.
La première partie installe le plan d'anticipation du roman et raconte l'enfance brisée de la narratrice, la deuxième donne dans le complot géopolitique à base d'essaims de moustiques tueurs sur fond d'amitié virile, la troisième nous envoie dans les sous-sols d'une humanité décimée par un virus retors, et la dernière démêle tout ça avec une cohérence sans faille.
Et tout le long, quelle écriture, quelle promptitude à balancer des petites sentences à grande valeur aphoristique ! Et quelle virtuosité narrative (qui rappelle parfois celle d'Alain Damasio dans "la horde du contrevent")!
Des personnages vivants (enfin presque), une vision du futur plausible et fantaisiste à la fois, une tendance à ne pas dire que des âneries, une intrigue prenante et qui ne déçoit pas, voilà à quoi vous allez goûter...
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Extrait de la chronique :

Mais c'est pas un livre de SF, alors ? Oh si, c'en est. Et de la bonne. de la SF qui tâche, avec cités déglinguées et verticales, souterrains inaccessibles où règnent des tyrans hors de tout contrôle, pollution cataclysmique, épidémies dantesques, science en folie et un bon goût de cyberpunk. J'ai pensé plusieurs fois à Neuromancien, auquel je croyais non plus ne rien comprendre, jusqu'à ce que je réalise que les réponses n'avaient en fait aucune importance. (et les réponses viennent plus tard, quand on ne les attend plus) Si le goût de l'immortalité possède une véritable intrigue, elle est finalement secondaire. Ce qui prime, ce sont les personnages, l'univers dans lequel ils évoluent et les questions métaphysiques qui jalonnent leur parcours vers les abysses de l'humanité. L'humanité étant intemporelle, la littérature l'est aussi. Et ce n'est pas parce que Catherine Dufour vient du futur qu'elle n'a pas le droit d'écrire un vrai roman. Je ne sais pas le classer, et je m'en fous. je sais juste que c'est une claque, et que les efforts demandés pour plonger dans cet univers terrifiant sont largement récompensés.
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Il y a dans ce livre rien du fantastique ou du gadget qui fait que la science des civilisations avancées sur nous ressemble à de la magie, comme l'avait indiqué Arthur C. Clark (et Georges Bernard Shaw avant lui, n'ergotons pas, c'est une pensée assez commune au final). Non, pas de Sci-Fi, pas de dystopie non plus, tout simplement un récit aux veines noires d'anticipation. C'est la force terriblement littéraire de l'ouvrage, de toucher si profondément à la réalité et à l'être humain dans son universalité. A l'instar de Philip K Dick.

Ainsi devons-nous accepter la description d'un monde abîmé beyond repair, scindé entre les tours stratosphériques dominant le continent toxique, interlope et souterrain de la suburb. le récit réparti d'ailleurs les deux couples de protoganistes chacun dans un monde, imperméables, chacun des couples correspondant à une partie du récit, et la troisième leur réunion. A travers ces vies humaines, on s'empêtre dans les rets invisibles de complots de groupes transnationaux grouillants d'intrigues indémêlables, de terrorisme, de mystique, de vengeance et autres araignées du ressentiment. On songe que tout ça, toute cette trame politique, écologique, humaine, n'est pas si lointain. Dufour l'a placé en 2134 si mon souvenir est bon. C'est jouable.

A cet égard, une des réussites de la narration est de faire jouer trois niveaux de présent : le nôtre au moment de la lecture, celui de la narratrice, vers 2300, et celui du récit rétrospectif (mais toujours écrit au présent) en 2134. Ce qui permet à l'enfant de 300 ans d'exercer son ironie mordante sur ce "futur" qui est pour elle un passé rétrograde et limité technologiquement.

Mais plus encore que d'avoir créé un monde crédible, vivant, complexe, plus encore que les petites originalités comme l'inversion de la casse des caractères (les mots à majuscules, comme les noms propres, nations, etc. en étant privés, et des noms communs se trouvant parfois affublés d'une majuscule) ou les acronymes et les références savantes qui ont été pour les lecteurs classiques de science-fiction un défi, pour les autres un gage de littérarité, Dufour a créé des personnages. Ce sont leur réalité physique, psychique, qui nous retiennent, plus encore que l'histoire ou son marécage politique aux moustiques tueurs. La vie de cette éternelle gamine défigurée de 8 ans, son lien à sa prostituée de mère, la finesse et la brutalité des relations amoureuses tragiques, enfin toute la profondeur dans ce regard si jeune et si vieux de la narratrice sont une véritable réussite.

Ajoutez à ça un retournement de situation au cours du livre et un final, comme beaucoup l'ont souligné, de toute beauté, donnant à l'ensemble une force et une cohérence assez fabuleuse, et vous aurez un grand roman de SF. Reste la question de l'immortalité. Celle-ci, malgré le titre reste assez mystérieuse, dans les brumes lointaines du fantastique où l'on ne sait exactement ce qu'il faut entendre, entre l'explication rationnelle et le pur surnaturel. Il y a là comme l'ombilic à l'âme et à l'immortalité.

« Ils ne s'avisent pas que, si les hommes étaient immortels, eux-mêmes ne seraient pas venus au monde. Ils mériteraient de rencontrer une tête de Méduse qui mes transformerait en statue de jaspe ou de diamant pour devenir plus parfaits. »

Galilée, Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, 1632
Lien : http://www.senscritique.com/..
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En Chine, en l'an de grâce 2213, au 42e étage d'une des tours gigantesques de la ville de Ha Rebin, se cache un ancien entomologiste appelé c-matic. Dans une longue lettre adressé à un vieil homme, une jeune handicapée, victime d'une intoxication au plomb, raconte sa vie et celle de quelques autres personnages. Elle-même souffre de graves lésions de la peau, d'une certaine forme de rachitisme et d'une vision en noir et blanc. Seule une potion infecte procurée par une voisine plus ou moins sorcière et trafiquante de chair humaine lui permet de se maintenir en vie. La narratrice ne survit que grâce à une indemnité de misère. Sa propre mère a dû se prostituer pour leur permettre de suivre. C-matic avait été envoyé avec son assistant shi en Polynésie française pour enquêter sur une étrange épidémie provoquée par un moustique manipulé. À cet étage de l'immeuble, chacun survit difficilement, mais dans les profondeurs des sous-sols, dans le monde des refugee, c'est bien pire. Cela ressemble même au dernier cercle de l'Enfer de Dante !
« Le goût de l'immortalité » est un roman d'anticipation dystopique très noir et même très gore par moment. La description du monde des refugee est d'une monstruosité glaçante et à fortement déconseiller aux âmes sensibles. On y viole, on y tue, on y torture et on y trafique de la chair humaine sous la férule d'une entité totalement diabolique ! Si le style de Catherine Dufour frôle l'excellence, il comporte néanmoins quelques caractéristiques qui n'aident pas à la compréhension et au plaisir du lecteur. Pas de majuscules aux noms propres (coquetterie inutile à mon sens) et surtout une accumulation de concepts et de techniques définis par un nom fabriqué de toute pièce sans la moindre définition. du point de vue de l'intrigue, le lecteur a l'impression d'avoir affaire à deux nouvelles accolées, n'ayant que peu de rapport l'une avec l'autre. Si on y ajoute un parti pris de noirceur et de pessimisme à couper au couteau, on comprendra que le lecteur ait eu énormément plus de plaisir à lire l'autre Catherine Dufour, l'auteure de « Blanche-Neige et les lance-missiles », notre Pratchett ou Gaiman française.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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En choisissant de me tourner vers le Goût de l'Immortalité, je savais que j'allais me plonger dans le lauréat du Prix Rosny Aîné 2005 et du Grand Prix de l'Imaginaire 2007, des prix prestigieux récompensant la SF francophone. Tout d'abord, l'histoire de ce roman ne prend pas place sur une planète lointaine ni en Amérique, mais en Mandchourie. Quand ? Dans quelques siècles. Deux ou trois. Il s'agit d'un avenir dystopique (c'est-à-dire grosso modo qu'il n'est pas trop fun) qu'on n'a pas trop de mal à s'imaginer : l'humanité n'y est pas très différente de celle qu'on connaît, elle a simplement continué son bout de chemin pour le meilleur mais surtout pour le pire, guidée par les épidémies, la pollution et les progrès de la génétique. C'est ça, le terrain qui nous intéresse : des tours kilométriques remplies d'être humains génétiquement modifiés plus ou moins aisés plantées au dessus de sous-terrains peuplés du rebut de la société, lequel n'est pas forcément ravi de son sort. Classique, le coup des tours et des sous-terrains ? Peut-être, mais renouvelé avec brio.

La narratrice est énigmatique, et je me garderais bien de trop en dire sur elle. Disons qu'elle est âgée. Très âgée. Et elle nous raconte sa vie, longue et violente, cruelle et sanglante, ainsi que celle de compagnons rencontrés en chemin, non moins difficile. « Viens en au fait ! » me direz-vous, à raison. Si j'ai kiffé ? Oh oui. Si j'ai rêvé ? Cauchemardé plutôt. Frissonné même, certaines scènes sont de l'ordre de l'atrocité pure et simple, de part la manière dont elles sont racontées (une espèce de froid détachement que permet le recul pris par la narratrice) mais aussi par leur plausibilité. Catherine Dufour a construit un univers cohérent et moche peuplé de gens occupés à se débattre avec leur vie (ou ce qu'il en reste). Les personnages du roman sont atypiques : la narratrice bien sûr (enfant, ado, âgée...), à la fois attachante et implacable, mais aussi un enthomologiste bien né (c'est-à-dire occidental) mêlé à une sale histoire de paludisme, une jeune musicienne chinoise qui voit son monde s'écrouler, une guérisseuse malsaine, un leader légendaire, des organisations tentaculaires, des moustiques...

Ce n'est pas un roman dans lequel on entre facilement, pour se détendre un coup entre deux examens. Appréhender cet univers ne se fait pas dès la première page, il faut du temps pour digérer à la fois les inventions liées à l'univers futuriste mais aussi les références à la culture orientale (on n'est pas en Mandchourie pour rien). Quant à l'histoire, elle n'a rien de rose (dramatique est un terme approprié) mais par contre, qu'est-ce qu'elle est bien ficelée. Sans oublier que Catherine Dufour a un sacré sens de la formule et pond de temps à autres des phrases chocs qui ponctuent efficacement la lecture.

En fait je suis plutôt content de moi : j'aurais difficilement pu choisir pire pour commencer à découvrir la SF francophone contemporaine. Voilà qui est de très bon augure. Quant à Catherine Dufour, je risque fort de m'intéresser à ses autres écrits sous peu (certains sont hilarants paraît-il, contraste frappant avec le roman abordé ici).
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J'avais découvert Catherine Dufour lors d'une intervention qu'elle avait faite dans une émission de radio et j'avais été séduit par son discours, tant sur la forme que sur le fond. Je m'étais décidé à découvrir son oeuvre littéraire, et j'ai commencé par ce roman, peut-être son plus connu et semble-t-il le plus apprécié par ses lecteurs.

Catherine Dufour nous transporte en 2113, dans un futur qui semble à la fois proche et lointain, comme saut le faire la science-fiction quand elle est réussie. le voyage est dépaysant tout en nous interrogeant sur notre société contemporaine et son évolution.

Je dois dire que les premiers chapitres peuvent dérouter : si l'atmosphère m'a tout de suite plu, si le style percutant et inventif de l'autrice m'a séduit, j'ai mis un peu de temps à comprendre où elle voulait m'amener. La structure du récit n'est pas évidente, on suit un personnage, puis un autre, sans forcément y voir une trame claire. Comme souvent avec ces constructions narratives déstructurées, la suite donne raison à l'autrice mais je garde une impression étrange de ce premier tiers un peu flou.

Heureusement, la suite tient ses promesses et fonctionne parfaitement. J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman intelligent et inspirant. Je suis heureux d'avoir découvert la plume de Catherine Dufour, dont je vais probablement étudier plus en détail la bibliographie dans les jours à venir pour y piocher quelques lectures à venir.
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Un cou de maître, surprenant, déroutant, sublime. Un livre de genre qui sort du genre, une histoire dans l'histoire, des repères complétement faussés, une vie sans dessus dessous, la guerre génétique, et l'affreux goût d'immortalité en bouche... amer comme un bon livre qui ne vous laisse pas indifférent !
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