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4,5

sur 5148 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Me voici terminant la première partie d'un merveilleux classique (et je pèse mes mots) signé Alexandre Dumas : le comte de Monte Cristo. N'ayant jamais eu vent de cette histoire et n'ayant pas vu le film datant de 1998, j'avais quelques appréhensions concernant la lecture de ce récit. J'avais peur de m'ennuyer, de trouver les descriptions trop longues et les tirades trop pompeuses, de me perdre dans les méandres d'une intrigue dépassée… Et finalement… Quelle claque !

Petit résumé pour ceux qui, comme moi, viennent de sortir de leur grotte et de découvrir cet ouvrage. En 1815, alors que notre cher Edmond Dantès est en passe de devenir capitaine du Pharaon et que tout semble lui sourire, ce dernier est victime d'un terrible complot et condamné à finir ses jours en prison. Mais la vie, les rencontres et le courage du jeune homme vont faire basculer ce destin si brusquement brisé. Sans trop en dire pour ne pas gâcher les nombreuses surprises qui peuplent ce roman, j'ai été rapidement plongée dans un passé historique enrichissant et dans une aventure étonnante et singulière à souhait.
Le plus marquant est l'évolution des personnages dans le temps. D'abord naïf et chaleureux, on voit le personnage d'Edmond se métamorphoser : Ou comment la souffrance, la perte des êtres aimés et l'injustice font de vous un autre Homme. Dans cet univers sombre, les touches de clarté sont rares mais puissantes. le Carnaval, les richesses clinquantes, les saphirs et autres pierres précieuses ne sauraient illuminer le coeur de notre héros ni racheter les mauvaises actions de ses détracteurs.
On est submergé par l'envie de lui venir en aide et comme lui, on a soif d'une vengeance glaciale et sans consensus. Acteurs passifs de sa vie et de sa froide intelligence, on ne le reconnait plus mais on lui pardonne tout. J'avoue avoir attendu avec insistance le passage à l'acte, le châtiment mérité par certains personnages qui sont détestables et que l'on adore détester.

Ainsi, les hommes et les femmes qui font ce récit sont hautement convaincants : tantôt méritants, tantôt emplis de vices mais toujours si humains. Dumas m'est apparu alors comme un génie des gens, un brillant peintre des figures humaines et de la société de l'époque. Comme quoi, nos auteurs trépassés sont loin de tomber en désuétude…

Un tome 2 que je vais prochainement dévorer comme le premier et un auteur que je vais continuer à découvrir et chroniquer ! Vous l'aurez compris, Ce livre, qui est avant tout, une histoire de vengeance lente et rondement menée m'a complétement scotchée ! A déguster avec un cocktail sur une terrasse ensoleillée. Attention, c'est addictif !
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J'ai refermé ce livre avec un seul mot en tête : chef-d'oeuvre. Comme je ne trouve rien d'autre à dire de ce monument de la littérature, je vais essayer de me pencher un peu sur mes ressentis à la lecture.
Je pourrais, grossièrement, diviser le Comte de Monte-Cristo et ses quelques mille deux cent pages en trois tiers :

- le premier tiers est assez fascinant et a suscité des émotions particulièrement fortes (curiosité, inquiétude, sympathie, angoisse, tristesse, espoir,...). Il s'y passe tellement de choses que cela constitue presque un roman dans le roman ; on se demande ce que vont bien pouvoir raconter les soixante prochains chapitres...

- J'avoue, non sans honte, que le deuxième tiers m'a beaucoup moins intéressée. J'ai eu le sentiment d'avoir été semée par l'auteur au carnaval de Venise (Alexandre, attends-moi, Alexandre !). Impression un peu désagréable de foisonnement, de perte de repères (on sait que le héros est le même, mais en même temps on ne le reconnaît plus). Cette partie m'a parue longue, et j'ai même craint que le livre ne me tombe des mains (horreur, malheur, Dumas pourrait donc me décevoir ?).

- C'est à la lecture du troisième tiers que le mot chef-d'oeuvre s'est imposé en grosses lettres. Mes craintes se sont évanouies (ouf) et j'ai pris, encore une fois, toute la mesure du talent de l'auteur. Il dénoue tous les petits fils qu'il avait si finement entortillés, toute l'histoire prend son sens, ce qui m'avait perdue dans le deuxième tiers est totalement justifié. C'est une véritable explosion d'émotions, de sentiments, de prises de conscience. Rien n'est laissé au hasard, c'est du génie absolu.

Je ne peux pas tellement en dire plus sans parler du contenu du récit, or je tiens absolument à garder le mystère là-dessus. En ce qui me concerne je n'avais pas vraiment idée de ce que j'allais lire en ouvrant ce bouquin et je ne regrette pas du tout de ne pas m'être renseignée avant, d'avoir fait une confiance aveugle en mon auteur préféré (dé-fi-ni-ti-ve-ment).

Une seule certitude : pour me réconcilier avec la partie qui m'a déplu maintenant que j'en connais la fin, je dois relire le Comte de Monte-Cristo. Je VAIS relire le Comte de Monte-Cristo.
...J'ai hâte de relire le Comte de Monte-Cristo !
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Encore un livre que je n'ai pas eu l'occasion de lire dans ma jeunesse !
Monte Cristo, histoire épique de la souffrance et du châtiment, inspirée d'un cas réel d'emprisonnement injustifié, démontre la maîtrise inimitable d'Alexandre Dumas de la grande aventure, de l'intrigue mortelle, de la vengeance, de l'espoir, de la justice, de la miséricorde, du pardon et de la bravoure générale.
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Je (re)découvre Dumas et ce n'est que du bonheur !

Point n°1 : La plume est belle, vraiment belle !
Certes, c'est truffé de descriptions et de digressions pour étoffer son récit étant donné qu'à l'époque les écrivains étaient payés à la page !

Point n°2 : L'histoire de cette vengeance est extraordinaire !
Dantès arrive à placer ses pions sur l'échiquier avec une finesse exemplaire ! Nous voyons ses ennemis se faire doucement cerner par les griffes du comte sans qu'ils ne s'aperçoivent de rien !
Tout est pensé et réfléchi, chaque geste, chaque mot !



Tout est génialement orchestré !

Point n°3 : Les personnages sont très attachants que ça soit Dantès, Valentine, Maximilien, le majordome du Comte et de sa jolie Grecque !
Et détestables que ça soit le baron Danglars, le comte de Morcef ou M. de Villefort !

C'est une histoire très manichéenne : il y a des gentils et des méchants bien marqués ! Et ce n'est pourtant pas ce que j'apprécie.
Mais le héros de l'histoire sort tellement du chemin du héros par excellence que j'en oublie ce détail !
C'est l'anti-héros par excellence pour moi qui cherche à mener à bout une vengeance préparée depuis 20 ans au point qu'il se fiche éperdument de vendre son âme au diable !

J'aime ça !
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S'attaquer au comte de Monte Cristo c'est s'attaquer à plus de 1400 pages de lecture. Je comptais suivre le rythme mais au final, je n'ai lu que le premier tome (le second sera lu en fin d'année).
Le début a été un peu laborieux pour moi : si je suis tombée sous le charme de la plume de l'auteur, j'ai eu du mal avec la naïveté persistante du personnage d' Edmond Dantès. Quelle crédulité ! Un vrai Candide ! Je me suis demandé si le “sketch” allait durer longtemps.
Force est de constater que j'ai bien fait de continuer puisque j'ai avalé la suite très vite : le Comte de Monte-Cristo est un personnage absolument fascinant. Auréolé d'un gigantesque voile de mystère, il déplace ses pions dans l'échiquier comme un grand maître. La vengeance est un plat qui se mange froid et elle est jouissive quand elle est bien faite.
La profusion de personnage demande parfois un peu de concentration pour essayer de rassembler les pièces du puzzle, mais le charme opère et l'on tourne les pages avec réjouissance en se demandant quelle nouvelle découverte va être faite au chapitre suivant.
Si j'avais peur d'avoir des personnages trop gentils ou trop méchants, Dumas m'a très vite rassuré avec ce personnage principal à la psychologie plutôt très travaillé même si ce n'est pas le cas de tous.

Malgré la peur engendré par la taille du livre et son classement en classique de la littérature, je serais tentée de vous dire que si vous avez peur de vous lancer dans ce genre, le chef-d'oeuvre de Dumas sera potentiellement celui qui vous réconciliera avec le reste tant la plume est belle et l'histoire incroyable.
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Voilà un monument ! le Comte de Monte-Cristo s'apparente dans la représentation collective aux Misérables de Victor Hugo : une oeuvre fleuve incontournable du XIXe siècle entrée dans l'imaginaire national. L'histoire d'Edmond Dantès, condamné à tort, qui revient se venger de ceux qui ont brisé sa vie, est ainsi l'un des grands mythes de la littérature populaire française.

Reste que si le récit de Dumas a été adapté sous de multiples formes et plagié des centaines de fois, le roman-feuilleton originel de plus de 1 600 pages peut effrayer par son ampleur. Cela serait une erreur car ce monstre livresque est d'une passionnante richesse et propose des heures jouissives de lecture.

Paru sous la forme de feuilleton entre 1844 et 1846, il est inspiré de l'histoire vraie d'un cordonnier injustement accusé d'être un espion pour le compte des Anglais. Dumas va reprendre ce fait et le transcender pour créer son mythe.

Je me contenterai ici d'un passage en revue du 1er tome qui sera suivi d'un second billet sur la suite de cet imposant chef-d'oeuvre.

Dans la première partie, Dumas utilise une toile de fond historique pour construire son intrigue : la Restauration et le spectre du retour de Napoléon exilé à l'Île d'Elbe. Une époque confuse, propice à l'arbitraire et au déni de justice, qui permettra aux ennemis de Dantès de l'accuser d'être un conspirateur à la solde de l'Empereur déchu et de le faire emprisonner sans autre forme de procès dans le terrible château d'If.

Le roman débute ainsi par une intrigue politique qui navigue avec brio des faubourgs et des docks de Marseille aux lustres feutrés des salons du roi Louis XVIII aux Tuileries. La petite histoire (le destin tragique d'Edmond Dantès, jeune homme au coeur pur et à l'avenir brillant) et la Grande se mêlent (les 100 jours de Napoléon) dans un récit qui va à toute vitesse et est peuplé de personnages iconiques comme l'ivrogne Caderousse, l'envieux et calculateur Danglars, le torturé et ambitieux Gérard de Villefort ou le bon et pur Maximilien Morrel. La construction est savamment orchestrée et les jeux de pouvoirs et de jalousie s'enchaînent dans une terrible mécanique pour la mise à mort d'Edmond Dantès.

S'ensuit le plus grand morceau de bravoure de ce premier tome, l'emprisonnement au Château d'If et la rencontre avec l'Abbé Faria. du récit politico-historique, le roman devient alors un pur récit d'aventures. Il est à couper de souffle, tant il est chargé de tension et d'émotion. Ces pages sont d'ailleurs à ce point fortes qu'aujourd'hui le château d'If propose de visiter les geôles de Dantès et de l'Abbé Faria, deux personnages de fiction qui ont tant marqué la réalité qu'ils s'y sont fait une place !

Le réalisme du début du roman laisse place au conte merveilleux et Dantès devient le Comte de Monte-Cristo : une sorte de super-héros vengeur, sombre et inquiétant. le roman joue ici avec la mode de l'orientalisme en vogue à l'époque et l'on bascule dans l'exotisme et la fantaisie purs. Dumas se permet même de flirter avec la frontière du fantastique, notamment dans un trip halluciné après l'absorption de confiture de haschich.

Une troisième partie, moins enlevée à mes yeux, se situe à Rome et sert de prémices à la vengeance de Monte-Cristo, avant son arrivée à Paris pour terrasser ses ennemis.

J'ai dévoré les six cents premières pages de ce roman-fleuve ébouriffant. Ainsi, même en connaissant les tenants et aboutissants du récit, j'ai été totalement pris par le rythme haletant de l'ouvrage et par son génie pour manier les genres, pour monter des histoires et pour construire des personnages hauts en couleurs. La magie de la chose est que le texte, bien que complexe et épais, reste un objet purement ludique et populaire, peuplé de figures et d'aventures saisissantes.

Un mot sur la langue, superbe, de Dumas. À la fois précise et simple, elle est un régal. Les dialogues – nombreux – sont d'une incroyable efficacité et le style, sans jamais être pompeux, est capable de belles envolées notamment grâce à des métaphores magnifiquement imagées.

En un mot, voilà un chef-d'oeuvre qui mérite amplement sa réputation.



Tom la Patate
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Comment dire... ce roman est tout simplement génial! Malgré un ou deux passages que j'ai trouvés un peu long (notamment l'histoire du brigand Vampa) tout le reste du temps ça bouge, il y a de la tension car le lecteur sait qui se cache derrière l'identité du comte; donc lorsqu'il se trouve en présence de personnes qu'il a connu dans sa vie précédente, on ne peut s'empêcher de trembler. C'est tout le génie de Dumas d'avoir mis très tôt et de façon subtile, le lecteur dans la confidence. D'ailleurs, il prend souvent le lecteur à partie avec des formules telles que "Rappelons nous que nous avions laissé un tel.." par exemple. Je trouve ce procédé très chouette pour créer une connivence entre l'auteur et le lecteur.
Quant à l'histoire à proprement parler, c'est de la dentelle, tout est tellement millimétré, calibré; à partir du moment où on laisse Edmond Dantès pour suivre le comte de Monte Cristo, on voit les choses se mettre progressivement en place; chacune de ses visites à telle ou telle personne apporte une pierre à l'édifice, sert sa stratégie. Et à la fin de ce premier tome, on a qu'une envie, que le tonnerre éclate, que tous les pions qu'il a mis en place entre en action...
C'est pourquoi je vais de ce pas m'attaquer à la suite !
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Que pourrais-je dire de ce livre qui n'ait déjà été dit ? Avec ses environ 175 ans d'ancienneté (les premiers épisodes de ce qui était alors un « feuilleton » ayant été publiés dès 1844) et le succès énorme que ce roman épique a connu depuis ses débuts, et qui ne se dément pas malgré son âge, ma voix ne va pas apporter grand-chose de nouveau à (l'analyse de) cette oeuvre !
Pour la petite histoire (vous savez que je commence presque toujours mes commentaires par poser le contexte de ma lecture), c'est la toute première fois que je m'attaque à ce livre. Et pourtant, qui ne connaît Edmond Dantès et sa vengeance orchestrée avec une froide détermination calculée qui donne bien envie de ne jamais être son ennemi !? Pour ma part, avec un mari escrimeur et passionné de cape et d'épée (les seules fictions qu'il lise jamais, d'ailleurs, même si, ici, il est assez peu question de combats singuliers ou autres duels…), je n'ai pu échapper au visionnement du film à plusieurs reprises – celui de 1954, car c'est celui-là que mon mari préfère, et qu'il a depuis fort longtemps en format VHS. Je ne suis pas certaine d'avoir jamais vu une quelconque autre version, mais en tout cas ce film est plutôt plaisant, après tout Jean Marais est bel homme ! (clin d'oeil) Tout ça pour dire que je connaissais l'histoire dans les grandes lignes, mais avais quand même oublié bien des détails, et je n'avais donc jamais lu la moindre ligne de ce roman.

Pire : j'ai essayé dans ma jeunesse de lire, au moins 2 ou 3 fois, « Les trois mousquetaires », l'autre monument populaire de l'auteur… Or, sans que je me rappelle pourquoi, je ne suis jamais arrivée au bout, ce qui m'a laissée toutefois assez frustrée, au point d'entamer ce pavé-ci un peu à reculons. Mais voilà : il avait été proposé en lecture commune sur l'un ou l'autre challenge (mais finalement ça ne s'est pas fait, ou alors je l'ai laissée filer sans la rejoindre ?), si bien que j'avais installé ce livre désormais libre de droits sur ma liseuse. Plus récemment, d'autres challenges littéraires me demandent de lire des classiques et/ou un livre de plus de 1.000 pages. Or, celui-ci rassemble les deux critères, j'ai mûri (du moins je l'espère) depuis cette jeunesse évoquée et l'échec des Trois mousquetaires : c'était donc l'occasion ou jamais de m'y lancer.

Et, surprise : c'est tellement passionnant que je l'ai dévoré, ce livre !
Oh ! certes, plusieurs aspects ont indéniablement vieilli, et feraient sans doute hurler les puristes du politiquement correct d'aujourd'hui. Je pense en premier lieu à une vision de la femme quand même très ancienne, certes réaliste et propre à cette époque, mais qui n'en a pas moins un petit quelque chose (et même plus) de choquant pour une femme de notre siècle actuel, d'autant plus qu'Alexandre Dumas ne se pose visiblement aucune question à ce sujet, et je présume que c'est « normal », mais c'est aussi gênant, désormais. Plus d'une fois j'ai brièvement levé les yeux au ciel, et j'ai carrément fait une pause à ce passage – qui n'est pas pire que d'autres, mais c'était sans doute celui de trop, à 68% de l'intégrale : « Il était évident que Mme Danglars était sous l'influence d'une de ces irritations nerveuses dont les femmes souvent ne peuvent se rendre compte elles-mêmes, (…). » Sérieusement ?...
Pareillement, les allusions aux peuples non français (ah la remarque sur la cuisine italienne comme « l'une des plus mauvaises cuisines du monde » !), et pire encore quand il s'agit des Orientaux (y inclus les Grecs, pourtant bien considérés comme occidentaux, aujourd'hui…) ou des « Nubiens », tomberaient aujourd'hui sous le coup d'une condamnation pour racisme affiché, de ce racisme ordinaire qui se voudrait presque bienveillant, mais qui est désormais plus que malvenu.

Enfin, Dieu, la main de Dieu, la vengeance au nom de Dieu etc., de même que le regret d'avoir été plus loin que Dieu et d'être devenu Satan, c'est une thématique quand même très présente aussi – même si, ouf ! notre cher comte parle un moment donné très clairement de son libre-arbitre (sous l'oeil de Dieu, mais quand même !). Cela aussi, c'est très « dans l'air du temps » de l'époque de l'auteur, mais c'est quand même très orienté, si l'on peut dire, et dans un pays où la liberté de culte était alors en cours (on insiste sur cela à l'une ou l'autre reprise), l'athéisme ne faisait vraisemblablement pas partie de ces libertés…

Tout ceci montre que ce livre s'inscrit parfaitement dans son temps : Alexandre Dumas écrivait pour les lecteurs de son époque, point. S'attendait-il seulement à être encore lu avec passion près de 200 ans plus tard ? si tous les écrivains l'espèrent sans doute un peu, il a quant à lui clairement fait le choix de s'ancrer dans son époque – ou, tout du moins, dans le début du XIXe siècle, où commence l'intrigue. Ainsi, outre les éléments évoqués plus haut, il fait référence à des événements politiques bien réels, que nous autres lecteurs de deux siècles plus loin, avons appris au cours d'histoire… mais peu ou prou oubliés (à moins d'être spécialiste et/ou passionné par le sujet).
Pour ma part en tout cas, ça fait très longtemps que j'ai vaguement étudié ces épisodes historiques, et de toute façon sans grand approfondissement, car en Belgique, on n'étudie pas l'Histoire de France à la loupe ! Ainsi, cette « guéguerre » entre bonapartistes et royalistes, dans le contexte explosif de la Restauration après l'exil de Napoléon et ses velléités de retour au pouvoir, ça paraît presque désuet aujourd'hui… et pourtant il faut bien se rendre compte, et Dumas le fait avec brio : que de victimes, que de vies bouleversées, pour avoir voulu croire en une Révolution plutôt qu'en un Roi, en un Roi plutôt qu'en un Empereur, en un Empereur plutôt qu'en la démocratie !
La triste histoire d'Edmond Dantès, qu'il ne pourra comprendre lui-même (puisqu'il a été jeté en prison, dans ce terrible château d'If, sans qu'on lui expose jamais le moindre chef d'inculpation !), est entièrement basée là-dessus, ce qui le poursuivra jusqu'au bout, en y ajoutant diverses guerres et autres conflits plus ou moins régionaux auxquels la France a pris part dans les quelques années suivantes.

Tant que j'en suis aux « faiblesses » (mot que j'ose à peine prononcer en parlant d'un tel livre !) de ce roman, on notera quelques facilités scénaristiques, qui contribuent à une certaine ambiance… mais quand on y réfléchit, on se rend compte qu'Alexandre Dumas a quand même pris le risque de ne pas être tout à fait crédible. En effet, le livre commence de façon très réaliste : on a vraiment l'impression d'être avec Edmond Dantès en train d'accoster à Marseille après un long voyage, il y a là dès le début un sens du dialogue (à ce moment-là, encore très simple) qui fleure bon le Midi, j'avais presque l'impression de lire Pagnol ! (qui est bien postérieur à Dumas… mais qui l'a précédé dans mes propres lectures). On ressent le bonheur du jeune homme d'être rentré au pays en menant à bon port le bateau malgré le décès du capitaine, on est ému de son empressement à retrouver son vieux père, on vibre avec lui quand il rejoint sa fiancée si amoureuse… et on tombe avec lui de Charybde en Scylla quand il est (bien injustement, puisque le lecteur est dans la confidence) arrêté… jusqu'à tout perdre, et de façon aussi terrible qu'irrémédiable !
Bref, c'est un début extrêmement prenant, très prometteur, et ces premiers jours, premières semaines insensées en prison, où notre jeune héros passe par tant et tant d'émotions qui déchirent le coeur et préparent le lecteur, d'ores et déjà, à « accepter » une future vengeance – alors que, à ce moment-là, on le croirait bel et bien perdu à jamais, si on ne connaissait la suite de l'histoire…

Mais alors, sa rencontre tellement improbable avec l'abbé Faria, le fait qu'ils parviennent à creuser une galerie entre leurs deux cellules, avec quasi rien, au nez et à la barbe de leurs geôliers, c'est quand même très, très fort ! (ou alors Dumas prenait lesdits geôliers pour de vrais benêts sans cervelle ? simples exécutants d'un système qui broie les hommes, y compris les geôliers eux-mêmes, qui en perdent toute acuité) Pire encore : cette fortune colossale que Faria aurait découverte et qu'il lègue à notre ami Edmond, c'est carrément trop beau pour être vrai… mais il fallait bien que ça existe, sinon le tout nouveau comte de Monte-Cristo n'aurait pu élaborer une triple vengeance aussi sophistiquée !
Bref, ce sont deux postulats de base, sur lesquels repose l'essentiel de l'intrigue, qui sont quand même très farfelus, si on veut bien y réfléchir… et pourtant ça marche, on accepte d'y croire ! Et de là, tout coule de source, et on ajoute les petites cachotteries des uns et des autres – qu'on se demande comment Dantès a pu en apprendre autant au sujet de chacun (l'histoire de Benedetto par exemple ! c'est quand même un peu surréaliste), alors qu'il était soit en prison, soit en train de voyager et/ou de peaufiner son éducation initiée avec l'abbé Faria ?!

Quoi qu'il en soit, comme je disais, le lecteur accepte tout et « ça marche », car bien au-delà de ces petits creux irréalistes dans la narration, Alexandre Dumas est un formidable conteur, qui parvient à capter encore et toujours l'attention du lecteur, malgré les facilités, malgré les longueurs aussi – c'est qu'on n'écrit plus aujourd'hui comme on écrivait à l'époque, certains passages seraient désormais sans aucun doute élagués – s'il s'agissait d'un roman contemporain - sans que ça enlève rien à l'intrigue !

Un formidable conteur qui maîtrise parfaitement son propos. Pour ne citer qu'un exemple (celui qui aurait pu le plus « m'inquiéter ») : on a beau ne pas trop connaître le système bancaire de ce milieu du XIXe siècle (ni celui de nos jours, d'ailleurs !), dans l'histoire de Danglars s'entend, l'auteur parvient à rendre les choses suffisamment claires pour qu'on mesure le poids autant que le caractère aléatoire de sa fortune, puis toute l'intensité de sa déchéance, comme si c'était naturel et qu'on avait toujours eu affaire à un tel système ! Ainsi, une histoire potentiellement compliquée à saisir, est rendue avec un souci didactique qui ne semble pourtant jamais lourd, et avec une telle fluidité, qu'on en saisit les différentes subtilité sans difficulté.

De même, quand il digresse – et il digresse souvent, pour amener l'un ou l'autre élément qui sera déterminant par la suite, je pense notamment à toute l'histoire (longue !) du bandit romain Luigi Vampa : ça prend des pages et de pages, on se demande tout à coup ce que ça a à voir avec notre comte de Monte-Cristo… et pourtant on se prend à cette histoire dans l'histoire, car elle est habilement contée, avec un souci réaliste et visuel qu'on ne peut s'empêcher de souligner quand on le trouve dans l'un ou l'autre roman contemporain, alors qu'ici il s'inscrit dans la narration de façon tellement naturelle ! malgré un langage qui a bien quelques aspects désuets (et c'est normal !). On a vraiment l'impression d'être aux côtés de ce malheureux pâtre transi d'amour pour sa belle, et qui ne trouvera d'autre voie que le banditisme, mais un banditisme avec tous ses codes d'honneur, et en plus « cultivé », puisque notre Luigi lit des classiques !

Et bien entendu, un autre aspect qui fait la réussite de tout roman : on éprouve des sentiments forts pour les personnages : un attachement évident et spontané pour les « bons », autant qu'on a envie de voir Monte-Cristo aller au bout de sa vengeance envers ceux qui ont provoqué son terrible emprisonnement, pour des raisons tellement viles en plus !
On s'attache d'emblée à ce jeune marin prometteur qu'est Edmond Dantès, on aime le lien presque paternel qui existe de la part de l'armateur Morrel, on a envie que la belle Mercédès reste fidèle envers et contre tout comme elle a « promis » et on s'indignerait presque (si ce n'est cette part en nous qui se dit que la vie continue, malgré tout…) qu'elle ait finalement cédé à son autre, si mauvais prétendant ; on adore l'abbé Faria et sa douce folie bien intelligente en fait, on se lie d'amitié pour les différents bandits corses et autres contrebandiers. Et, bien entendu, on admire et on craint bien un peu l'insaisissable comte de Monte-Cristo ; on retient son souffle quand on le voit aussi bien jouer la comédie avec ceux qu'il a déjà condamnés à son tour, autant qu'on s'émeut, profondément, quand de-ci de-là il se laisse quand même aller à une bribe de bonheur, notamment en compagnie des jeunes Morrel.

Je ne vais pas faire toute la liste, j'en ai déjà beaucoup trop dit, mais est-ce encore divulgâcher, quand il s'agit d'une oeuvre aussi ancienne et, surtout, aussi connue ?
Un roman de presque 200 ans, qui accuse quelques rides certes (dont un certain sexisme ou racisme, propres à son époque), quelques facilités scénaristiques et longueurs peut-être aussi, mais il se lit toujours avec la même passion, grâce à son réalisme souvent visuel, les sentiments forts que suscitent les différents personnages, et surtout cet indéniable talent de conteur, une fluidité de tous les instants malgré un langage parfois désuet, qui me fait dire pour conclure : brave monsieur Dumas !
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Ce livre est un vrai petit bijou. Dumas nous à écrit la l'histoire de vengeance la plus recherchée, la plus poussée, la plus parfaite qui existe; rien à voir avec les histoires de vengeances habituelles qui ne consistent qu'a une série de meurtres et de reproches...Non le héros prend son temps, fait souffrir ses victimes, les plonge dans une abîme de détresse et ce, avec toujours un grand sourire. L'histoire est longue aussi; ce qui nous permet d'avoir plus de temps d'apprécier tout ça. Un livre a lire absolument!
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-Laissez-moi vous présenter le Comte de Monte-Cristo, des titres...
- Votre Excellence suffira !

Le Comte de Monte-Cristo, ou l'homme aux multiples appellations est un bien mystérieux personnage, fascinant au plus haut point. Son histoire hors du commun, racontée par une plume experte, laisse une vague impression de rêve dans la tête de ses lecteurs. Un mirage semble passer, se déplacer sous nos yeux, ce mirage s'appelant tantôt Simbad, Edmond, monsieur le Comte...
A.Dumas nous plonge ici au cœur du XIXe siècle, parmi les intrigues les plus palpitantes. Il nous montre le pouvoir de l'argent et la soif de vengeance qui anime les esprits les plus purs. Dantès n'en faisant pas exception, bien au contraire.
Tout au long du récit, à travers les majestueuses descriptions de lieux et de personnages, nous somme dans la confidence du Comte, de ses moindres actions, et devinons subtilement par certaines expressions ses moindres sentiments. Le Comte est un homme bon et calculateur qui, dans sa seconde vie cherche à réparer les torts causés dans la première. Le personnage d'Edmond est plus qu'intéressant, travaillé et surtout mystérieux. Les autres, comme Morcerf, Villefort et Danglars nous apparaissent comme des larves aux vues de la magnificence du Comte.
Ce premier tome se lit avec une fluidité impressionnante, Dumas parvient à captiver le lecteur, je ne peux qu'admirer cet auteur et son œuvre.
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