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3,53

sur 305 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Juette est une jeune pré-adolescente de 13ans lorsque s'ouvre le roman. Elle est très pieuse (et le sera toute sa vie). C'est la fille d'un marchand belge et d'une mère qui lui paraît très froide, acariâtre et bigote. Puisque nous sommes au 12ème siècle, une fille ne put être d'une grande "utilité" à ses parents : elle est donc mariée à ses 15ans. "Heureusement", elle devient veuve à 18ans. C'est donc l'occasion pour Juette de rejoindre la léproserie de la ville, où se trouve des femmes de l'ordre des Béguines (des femmes qui entendaient vivre leur religion loin des règles du clergé corrompu). Et c'est dans cet endroit, avec les rebuts de la société que Juette s'affirme , en tant que femme, contre le clergé, contre sa famille qui veut la contraindre à se remarier et contre la société misogyne qui ne reconnaît son existence que lorsqu'elle devient la femme/propriété DE quelqu'un.

C'est le deuxième livre de Clara Dupont-Monod que je lis, et j'avoue avoir eu la sensation de lire le même livre que le précédent - La folie du roi Marc publié sept ans plus tôt.
Je n'ai pas eu réellement d'effet surprise comme ç'avait été le cas avec La folie du roi Marc : à nouveau, c'est un récit à la première personne servi par une écriture très féminine et des monologues très tournés autour des sentiments plus intimes. Bien que, dans La passion de Juette, l'auteur alterne le récit du point de vue de Juette, et celui du point de vue de Hugues de Floreffe, son confident - qui est aussi prêtre.

Toutefois, j'ai tout de même été touchée par le personnage (qui a certes réellement existé) de Juette qui évolue en marge dans ce "vilain Moyen Age" (pour reprendre l'expression de Jacques le Goff) : celui du clergé corrompu, de l'intolérance, où la misogynie (facilitée par la doctrine culpabilisante de l'Église catholique de l'époque) et l'institution des règles a érigé en maîtres les hommes les moins scrupuleux - confortés dans leur place douillette car dans une société où la loi du plus fort est la règle, pas moyen d'être inquiété...

Vers la fin, le roman gagne en force et en complexité grâce à l'aspect libertaire de la vie de Juette. Et comment ne pas être sensible à cette jeune fille qui revendique son droit d'exister en tant qu'individu et à disposer de son corps comme elle l'entend ?
J'ai aussi trouvé le parallèle entre les femmes et les lépreux très forts. Deux catégories d'exclus pour des raisons qui aujourd'hui paraissent insensé.

Un bon moment de lecture malgré l'impression de déjà lu !
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Inspirée de la vie de la sainte belge Ivette de Huy ( dite Juette), Clara Dupond-Monod nous livre deux monologues : celui de Juette et celui de Hugues de Floreffe, son confident et ami.


Juette a treize ans. Ses parents, de riches bourgeois, la marient. Juette, qui jusqu' alors aimait les histoires idylliques et courtoises de dame et de chevalier servant, se retrouve contrainte par un homme qu'elle n'aime pas.
C'est un long chemin de croix qui attend alors Juette afin qu'elle expie ce qu'elle croit être une faute, afin qu'elle comprenne pourquoi les hommes sont si mauvais, afin qu'un jour, elle renie cette religion qui autorise la barbarie et vive en toute liberté sa propre religion, au grand dam de la société ecclésiastique.


" J'ai cherché dans les textes. Ni Dieu ni le Christ n'ont jamais demandé qu'on torture les filles. La Vierge est pure. Alors pourquoi ?"


C'est avec des mots simples, des phrases dénuées de fioritures que Clara Dupond-Monod fait parler Juette. Un discours direct mais ô combien passionné. On sent à travers chaque mot, la meurtrissure de Juette, sa volonté ferme de ne plus jamais avoir à faire aux hommes, sa volonté de s'opposer à l'Eglise, à la manière des Vaudois et des Cathares.
A-t-elle jamais trouvé le repos ??
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Histoire vraie écrite par Hugues, jeune moine, en cette fin de moyen âge où l'église corrompue brûle ceux et celles qui dérangent.

C'est un récit très fort, à deux voix d'une complicité amoureuse entre un jeune moine et la fille d'un riche marchand de Huy, cherchant à vivre leur foi loin des consignes du clergé, dans une grande pureté, mise en relief par le contraste avec une église machiste où l'évêque vit comme un prince, le prêtre couche avec ses paroissiennes et où l'espoir cathare est étouffé par une chasse aux sorcières.

Cette pureté, souillée par un mariage forcé, la naissance d'un fils et le souhait de la mort du mari puis rachetée dans son engagement à la tête de la léproserie, fera trop d'adeptes et Juette échappe de justesse au bûcher liégeois qui coûta la vie à 50 hérétiques.

J'ai envie de conclure par une phrases de Hugues:
Saura-t-elle jamais à quel point me touche ce résidu d'enfance, aussi tenace qu'un fond de marmite? Juette l'ignore mais elle me montre l'essentiel de la religion : cette part d'enfance qu'il faut porter en soi pour se montrer confiant et s'en remettre à une puissance supérieure.
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Avec le souvenir de lecture que m'as procuré Dupont-Monod, je n'ai pas hésité lorsque j'ai vu ce bouquin en boutique de livres d'occasion. Elle nous livre, dans cette biographie romancée, l'histoire de Juette, jeune femme en marge des codes de l'époque dans laquelle l'histoire est placée. Une jeune femme courageuse qui saura aller contre la morale de l'époque, mais surtout de briller même si la société ne fait aucune place à la femme. Une histoire de femme forte, unique. Et l'autrice décrit vraiment très bien l'époque médiévale. Une très bonne lecture, avec un personnage qui marque.
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Au XIIème siècle, Juette vit dans un bourg longé par la Meuse. Son père est receveur des impôts et sa mère, elle, est rude avec sa fille, s'agace de sa physionomie, se lamente de la maigreur de cette dernière. Agée de 13 ans, Juette est étonnamment vive d'esprit et pertinente. La jeune fille s'interroge sur Dieu, sur les prêtres, sur la nécessité d'ériger cathédrales et églises...

Hugues de Florette est un ami de Juette et c'est auprès de lui qu'elle trouve du réconfort et des réponses à ses interrogations.
Juette est mariée et ne saisit pas ce qui se passe. A l'église au moment des consentements et alors qu'elle dit "oui je le veux", elle regarde son père qui ne peut lui être d'aucun secours. Ces quelques mots qui sortent de sa bouche n'ont aucun écho sensé dans son esprit et ne la mettent même pas sur les rails de la vie d'épouse qui l'attend. Juette n'est pas une femme et ne s'est même jamais projetée en tant que telle. Aussi, la vie avec son époux est difficilement supportable tout comme les grossesses, les naissances. Elle prend acte de la mort de son premier-né par ces paroles : "moi je comprends qu'un être ainsi conçu préfère mourir. Ce pauvre bébé a été plus clairvoyant que moi".
J'ai aimé Juette, sa fraîcheur, ses questionnements intelligents, pertinents ; l'opinion qu'elle a du comportement de certains membres du clergé démontre une grande maturité. Son aspect éthéré, famélique pourrait être en corrélation avec un esprit enfantin et pourtant il détonne complètement avec l'émotion, les revendications, la maturité et l'indignation qui l'habitent. On s'agace de sa capacité à rassembler d'autres femmes pour venir en aide aux lépreux. On craint ses apparitions du Christ et de Marie qui ne font que renforcer le combat auquel elle voue sa cause. Au début du récit, elle m'est apparue comme une enfant bien plus qu'une jeune fille puis au fur et à mesure on la voit s'affermir telle une adulte et la vindicte la gagne. Puis on se doute que l'on va la perdre...
J'aurais encore beaucoup d'autres choses à dire sur ce récit qui regorge de descriptions des paysages, du physique de Juette, de son intériorité.
J'ai trouvé les personnages principaux et le récit d'Hugues, qui reste au bord du chemin, émouvants.
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Un livre qui frappe fort, dur.
Quand on lit ça, on ne peut que (re-)penser qu'on revient de loin, d'incroyablement loin en termes de violence et domination masculine... Appuyées par l'Eglise... Exécutées par l'Eglise...
Là-dessus une femme violentée, se rebiffe.
Mais.
Quelle tristesse infinie de devoir pour cela barrer absolument tout ce qui est masculin. le considérer comme monstrueux et douleur et malheur. Même son propre fils.
Quelle tristesse infinie.
On n'en est plus là. On ne devrait plus jamais en arriver à ça. le passé doit nous guider vers l'éclaircie.
On n'en est plus là.
On n'en est plus là.
Méthode Coué.
Ca me dépasse. Ces comportements me dépassent.
Respect, intégrité, complémentarité, différence. Amour.
Un livre qui frappe fort, dur.

(Qui plus est, un livre très bien écrit, un petit côté Yourcenar mais plus frais, malgré la thématique deeeeeep...)
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La passion selon Juette (2007) est un court roman de Clara Dupont-Monod. Il s'agit d'une biographie romancée de Juette (ou Ivette) de Huy (1157-1228). Une femme de caractère, mariée à 13 ans et veuve à 18, qui s'opposa au mariage, aux hommes avides ou au clergé corrompu. Une vie singulière marquée par son amitié avec le prêtre Hugues de Floreffe. Un livre intéressant sur une sainte laïque méconnue.
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Juette est une jeune fille belge du XIIème siècle. Grandie à Huy, où elle aime voir couler la Meuse, elle aime écouter les histoires de reines et chevaliers que lui conte Hugues, un moine copiste et illumineur de l'abbaye voisine ...
Mais le père de Juette la marie à 13 ans à une de ses relations d'affaires.
Juette détestera sa vie d'épouse, rejetant même son fils car mâle ...
Au décès de son mari, cinq ans après le mariage, elle refusera le destin qui l'attend et se forgera le sien, inédit et autant rebelle qu'il se pouvait ...
Un très beau roman qui prête alternativement la narration à Juette et à Hugues, la distinction se faisant par l'italique dédié à ce seul homme qu'elle aurait pu aimer ...
Un roman sur la condition des femmes qui donne à voir des scènes de la vie villageoise de ce début du Moyen-Âge ...
Une très belle histoire d'un auteur qui sait si bien faire parler les femmes d'un autre temps :)
... Il ne me reste plus qu'à trouver un autre de ses romans :)
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Dans une écriture pleine de souffle, nous suivons les pensées de Juette qui amèneront cette fille du Moyen-Age belge à tout quitter (parents, enfant, confort), après la mort du mari imposé à 13 ans, pour créer une communauté féminine au service des lépreux, mettant en cause l'Église catholique et ses prêtres enrichis et lubriques. Pensées émouvantes alternant avec celles, pleines d'affection et d'anxiété, de son seul ami Hugues.
Une page d'histoire des femmes, de la religion, et d'une ville médiévale.
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L'auteur signe un potrait authentique et émouvant de Juette, une jeune fille vivant en Belgique au moyen-âge ou les conventions et les moeurs catholiques font qu'on la marie à 13 ans, qu'elle devient veuve à 18 en ayant déjà enfanté 3 fois. Son père voudrait la remarier, mais elle s'y oppose catégoriquement et décide de tout abandonner pour se consacrer aux lépreux. Elle prône le non mariage, voyant le diable en tous les hommes, on la prend pour une folle, on la traite comme une hérétique et pourtant bon nombre de femmes vont se rallier à sa cause. Seul son ami Hugues un prêtre qu'elle connaît depuis l'enfance l'aide à supporter la situation guidé par des sentiments d'amour toujours tus. Une femme étonnante qui a osé se battre contre l'hypocrisie des pratiques religieuses, on ne peut qu'être admirative de tant de courage étant donné le contexte et l'époque.
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