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Citations sur La Pluie d'été (47)

La nuit il regretta
La mort.
Les chiens.
L’enfance, il regretta, beaucoup, beaucoup.
L’amour, il regretta.
L’amour, il regretta au-delà de sa vie, au-delà de ses forces.
L’amour d’elle.
Les ciels d’orage
La pluie d’été.
L’Enfance.
Jusqu’à la fin de la vie, l’amour d’elle.
Et puis un jour, il lui était venu le désir ardent de vivre une vie de pierre.
De mort et de pierre.
Une fois, il ne regretta pas.
Plus rien il regretta.
Ça avait été pendant cette nuit-là, que tomba sur Vitry la première pluie d’été. Elle tomba sur tout le centre-ville , le fleuve, l’autoroute détruite, l’arbre, les sentes et les pentes des enfants, forte et drue comme un flot de sanglots.
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Les livres, le père les trouvait dans les trains de banlieue. Il les trouvait aussi séparés des poubelles, comme offerts, après les décès ou les déménagements. Une fois il avait trouvé la Vie de Georges Pompidou. Par deux fois il avait lu ce livre-là. La mère aussi avait lu la Vie de Georges Pompidou. Cette Vie les avait passionnés. Après celle-là ils avaient recherché des Vies de Gens célèbres - c'était le nom des collections - mais ils n'en avaient plus jamais trouvé d'aussi intéressante que celle de Georges Pompidou, du fait peut-être que le nom de ces gens en question leur était inconnu. Ils en avaient volé dans les rayons «Occasions» devant les librairies. C'était si peu cher les Vies que les libraires laissaient faire. Le père et la mère avaient préféré le récit du déroulement de l'existence de Georges Pompidou à tous les romans. Ce n'était pas seulement en raison de sa célébrité que les parents s'étaient intéressés à cet homme-là, Le père se retrouvait dans la vie de Georges Pompidou et la mère dans celle de sa femme. C'étaient des existences qui ne leur étaient pas étrangères et qui même n'étaient pas sans rapports avec la leur.
Sauf les enfants, disait la mère.
C'est vrai, disait le père, sauf les enfants.
Avant ce livre, le père et la mère ne savaient pas à quel point leur existence ressemblait à d'autres existences.
Toutes les vies étaient pareilles disait la mère, sauf les enfants. Les enfants, on ne savait rien.
C'est vrai, disait le père, les enfants on sait rien.
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Dieu, pour Ernesto, c'était le désespoir toujours présent quand il regardait ses brothers et ses sisters, la mère et le père, le printemps ou Jeanne ou rien. La mère avait décelé le désespoir chez Ernesto sans le chercher pour ainsi dire, en le découvrant devant elle un soir, alors qu'il la regardait de ce regard toujours déchiré, quelquefois vide. Ce soir-là, la mère avait su que le silence d'Ernesto, c'était à la fois Dieu et pas Dieu, la passion de vivre et celle de mourir.
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Jeanne: Raconte moi commment t’as quitté l’école
Ernesto (à Jeanne): Ce jour-là, j'ai attendu toute la matinée dans la classe.
Je savais pas pourquoi.
Une fois ça a été la récréation.
On aurait dit qu'elle était très loin.

Je me suis retrouvé seul.

J'entendais les cris, les bruits de la récréation.
Je crois que j'ai eu peur.
Je ne sais pas de quoi. Peur.

Et puis ça s'est passé.

J'ai attendu encore.
Il fallait que j'attende encore, je savais pas pourquoi.
Une autre fois ça a été le réfectoire.
J'entendais le bruit des assiettes, des voix.
C'était agréable. J'ai oublié que je devais me sauver.
C'est après le réfectoire que c'est arrivé. Je n'ai plus rien entendu tout à coup.
C'est là que c'est arrivé.
Je me suis levé.
J'avais peur de ne pas y arriver. A me lever et puis à sortir de là où j'étais.

J'y suis arrivé.

Je suis sorti de la classe.

Dans la cour j'ai vu les autres revenir du réfectoire.
J'ai marché très lentement.

Et puis je me suis retrouvé au dehors de l'école.
Sur une route.

La peur avait disparu.
Je n'ai plus eu peur.
Je me suis assis sous les arbres près du château d'eau.
Et j ai attendu. Un long ou un petit moment,je ne sais pas.
Je crois que j'ai dormi.
C'est comme s'il y avait mille ans.

Ernesto (à nous): J'ai compris quelque chose que j'ai du mal à dire encore... Je suis encore trop petit pour le dire convenablement. Quelque chose comme la création de l'univers. Tout d'un coup j'ai eu devant moi la création de l'univers...
Ecoutez. Ca a dû se faire en une seule fois. Une nuit. Le matin, tout était en place. Toutes les forêts, les montagnes, les petits lapins, toutes les choses. Une seule nuit. Ça s'est créé tout seul. En une seule nuit. Le compte y était. Tout était exact. Sauf une chose. Une seule.
Cette chose-là on croit qu'on devrait pouvoir dire ce que c'était... en même temps on sait que c'est impossible à dire. C'est personnel... on croit que soi on pourrait... on devrait y arriver... et puis non...
Les toutes petites choses et les petites choses invisibles de toutes sortes, les petites particules, elles étaient là aussi. II n'y avait pas un seul petit caillou qui manquait, pas un seul petit enfant qui manquait et c'était pas la peine. Pas une feuille d'arbre qui manquait. Et c'était pas la peine.
Les continents, les gouvernements, les océans, les neuves, les éléphants, les bateaux, pas la peine.
Jeanne: La musique.
Ernesto : Pas la peine.
Jeanne: L'école non plus c'est pas la peine?
Ernesto: Pas la peine. Pour qui ç'aurait été la peine, la vie? L'école pour qui? Pour faire quoi? Alors c'est pas la peine pour le reste.
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Le silence de Vitry venait toujours de la vallée et du fleuve. Les trains le massacraient, le bruit était long à disparaître et puis le silence revenait comme le bruit de la mer.
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Ce jardin était entouré d’une clôture grillagée étayée par des piquets de fer, tout ça très bien fait, aussi bien fait qu’on avait fait autour des autres jardins de la rue qui étaient à peu près de la même superficie que celui-ci et de la même forme.
Mais dans ce jardin-là il n’y avait aucune diversité, aucune plate-bande, aucune fleur, aucune plante, aucun massif. Il y avait seulement un arbre. Un seul. Le jardin c’était ça, cet arbre.
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Ainsi avait-il compris que la lecture c'était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d'une histoire par soi inventée.
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Je n'ai rien refusé à mon coeur, aucun amour, aucune joie.
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Et voici:j'ai compris que tout est vanité. Vanité des vanités.Et poursuite du vent.
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Alors, devant la chose criée par Ernesto, les enfants se rendaient à l'évidence de leur fulgurant bonheur, une bête bondissante dans leur tête, dans leur sang. Et même quelquefois, le bonheur était trop grand pour qu'on arrive à lui tenir tête sans avoir peur. (p.70)
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