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EAN : 9782070387052
149 pages
Gallimard (15/03/1994)
3.63/5   218 notes
Résumé :
Vitry, banlieue tentaculaire, immense, vidée de tout ce qui fait une ville, réservoir plutôt avec, çà et là, des îlots secrets où l'on survit. C'est là que Marguerite Duras a tourné son film Les Enfants : « Pendant quelques années, le film est resté pour moi la seule narration possible de l'histoire. Mais souvent je pensais à ces gens, ces personnes que j'avais abandonnées. Et un jour j'ai écrit sur eux à partir des lieux du tournage de Vitry. »

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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai lu dans un article que Jacques Lacan avait dit, en parlant de Marguerite Duras: "Heureusement qu'elle ne sait pas qu'elle écrit ce qu'elle écrit, parce que sinon elle se perdrait, et ce serait la catastrophe."

Sans indicible, il n'y aurait pas de Marguerite Duras, et effectivement, ce serait un drame.
Elle fait parler les parts de soi qui sont vides.

Dans La pluie d'été, il y a bien sûr une histoire d'inceste, mais il y a surtout ce passage de l'enfance à l'après, de l'étonnement à la science, de la vie à la mort, de l'absolu à la séparation. Et tout ça, dans une histoire assez simple de famille dans une ville de banlieue, avec des brothers et des sisters qui vont a la casa, qui ne vont pas à l'école mais lisent quand même des livres, et qu'est-ce qu'ils y lisent? Eh bien ils lisent ce qu'ils veulent.

Une mère aimante qui passe sa vie à éplucher des patates, qui est belle en oubliant qu'elle est belle, qui lit des livres que les gens jettent, qui écoute les paroles de son avalanche d'enfants tout en reconnaissant que des fois elle comprend, des fois elle comprend pas. Qui a des désirs d'abandonner. le père qui fait le pitre. Et Ernesto et Jeanne qui s'aiment et se séparent, parce que Jeanne brûle à l'intérieur et Ernesto en sait trop.

Ernesto dit: "Je ne retournerai pas à l'école parce qu'à l'école on m'apprend des choses que je ne sais pas." A méditer. Et, des fois on comprend, et des fois on comprend pas.
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J'aime beaucoup les romans et les nouvelles de Duras, et son art de la suggestion, du non-dit, de la sensation impressionniste.
Et pourtant, ce texte écrit à la fin de sa vie, une partie sous le format de dialogues de théâtre, ne m'a pas plu.
Et même, en raison de mon admiration pour l'autrice, j'ai éprouvé de la gêne, sachant les romans merveilleux qu'elle a écrit.

Je n'ai pas su adhérer à ce récit étrange d'une famille marginale et bancale. Ce n'est pas tant le fait qu'il existe un hiatus entre leur condition et leur discours, je conçois qu'il y a sans doute une intention métaphorique, symbolique, que d'ailleurs je ne saisis pas bien, mais je n'ai pas réussi a m'attacher aux personnages, cela sonne faux.
Que l'aîné Ernesto soit un surdoué, c'est possible, que l'amour de sa soeur Jeanne ait une dimension incestueuse, pourquoi pas? Mais l'attitude des parents m'a paru incompréhensible, celle de l'instituteur frise le grotesque, et les « brothers et sisters » (d'ailleurs pourquoi répéter cela dans tout le texte?) n'ont pas de consistance. Bref, tout cela m'a semblé abstrait, alors que dans tous les autres romans que j'ai lu, on réalise, par touches successives, la force de l'indicible, et que c'est magnifique.

En conclusion, et désolé de l'écrire, je ne reconnais pas la Duras que j'aime dans ce récit.
J'ai depuis lu quelques critiques de babeliotes qui n'ont pas cet avis et qui trouvent dans ce roman la « touche » durassienne. Qu'ai je donc manqué?
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Un immigré italien et une immigrée polonaise se marient et vivent à Vitry-sur-Seine.
Ils vivront d'aides, d'allocations, auront sept enfants plus ou moins livrés à eux-mêmes, non scolarisée
Tout pour faire une histoire sordide.
Et bien non !
Marguerite Duras a l'art de créer des ambiances particulières et de magnifier les situations.
Cette « famille groseille » est heureuse malgré tout et très attachante.
On sent la scénariste et la dialoguiste dans l'écriture.
Le roman se regarde autant qu'il se lit.
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Une famille de marginaux, des personnages fantomatiques dans un lieu perdu de nulle part, qui est Vitry mais pourrait être Vitry ou ailleurs, qu'importe. Une autoroute, une maison glauque,un père inexistant, des frères et soeurs anonymes sauf Jeanne, l'incendiaire en instance, de l'intime j'entends et Ernesto le surdoué sensible qui tournent en vrille autour d'une mère mi Emilia-mi Hanka sans identité fixe et qui s'imbriquent l'un dans l'autre jusqu'à pousser l'amour absolu dans le réel celui de l'inceste.
Oh,rien d'impudique, petites touches pointillistes de sensibilités à fleur de peau qui touchent sans presque se toucher, qui se frolent, qui fusionnent.
Et ce livre, brulé qu'Ernesto déniche dans la cave, celui qu'il lit alors qu'il n'a jamais appris, celui qui raconte l'histoire d'un roi de Jérusalem, ce roi-lui sans doute, celui qu'il déflore au pied du seul arbre qui pousse au sein du seul jardin de la ville, un jardin d'Eden entouré de barbelés,celui qui lui démontre qu'il a tout compris au monde. Adieu études, tout est désordre,je perds l'espoir, rien ne vaut la peine d'être vécu, tout est vanité des vanités et poussière du vent.
Je suis mort dit Ernesto, et Jeanne aussi est morte. Seule reste la séparation de ces enfants déjà adultes qui rejoindront le monde sur des trajectoires différentes.
Un livre sublime, dont je n'ai sans doute pas tout compris vue la profondeur durassienne, un livre qui a la poésie de la marginalité, qui aborde le vide existentiel et l'inceste.
L'inceste, ou plutot l'amour fou entre frère et soeur est un sujet qui tient à coeur à Marguerite Duras(qui a perdu un petit frère prématurément) puisqu'il est également le thème de "Agatha" paroles et souvenirs de ceux qui se mettent à distance par le vouvoiment ,dans une maison encerclée de sable et de vent où les vagues parcourent les corps de leur sensualité alors que la figure de la mère erre autour du couple incestueux.
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J'ai toujours été très attirée par l'univers de Marguerite Duras même si, jusqu'à présent, je n'ai pas eu de vrai coup de coeur pour l'une de ses oeuvres..

Bon c'est sur que quand on lit un auteur parce que Nicola Sirkis (d'Indochine) a dit qu'il fallait la lire mais aussi parce qu'elle s'appelle comme nos deux grand-mères, on a pas de véritables motivations... du coup, dès que je lis l'un de ses romans, j'ai l'impression de passer à côté de quelque chose et ce n'est pas vraiment agréable.



Je trouve La pluie d'été très bizarre comme livre. Pas vraiment par l'histoire, mais plutôt de la façon qu'elle est racontée : il y a énormément de distance pas les mots... Ça en devient presque dérangeant. le français est parfois approximatif mais c'est pour mieux montrer que les personnages sont en marge de la société. Par contre le fait de voir tout le temps écrit "les brothers & sisters" m'a tout spécialement agacée.

Sinon j'aime beaucoup la façon d'écrire qu'à Marguerite Duras : très simple mais plus qu'efficace. J'aime beaucoup le fait que les dialogues sont présentés de façon théâtrale et que l'histoire soit surtout concentrée au niveau de ses dialogues...



Je ne me suis pas particulièrement attachée aux différents personnages qui sont vraiment à des années lumières de ce que je suis. On a vraiment l'impression de les voir évoluer de loin, sans qu'on soit vraiment proche d'eux. C'est bizarre mais ça fait aussi leur charme !



Bref, ce n'est pas un coup de foudre, mais je ne désespère pas !

Un jour je trouverais le livre de Marguerite Duras qui me conviendra ;)
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Jeanne: Raconte moi commment t’as quitté l’école
Ernesto (à Jeanne): Ce jour-là, j'ai attendu toute la matinée dans la classe.
Je savais pas pourquoi.
Une fois ça a été la récréation.
On aurait dit qu'elle était très loin.

Je me suis retrouvé seul.

J'entendais les cris, les bruits de la récréation.
Je crois que j'ai eu peur.
Je ne sais pas de quoi. Peur.

Et puis ça s'est passé.

J'ai attendu encore.
Il fallait que j'attende encore, je savais pas pourquoi.
Une autre fois ça a été le réfectoire.
J'entendais le bruit des assiettes, des voix.
C'était agréable. J'ai oublié que je devais me sauver.
C'est après le réfectoire que c'est arrivé. Je n'ai plus rien entendu tout à coup.
C'est là que c'est arrivé.
Je me suis levé.
J'avais peur de ne pas y arriver. A me lever et puis à sortir de là où j'étais.

J'y suis arrivé.

Je suis sorti de la classe.

Dans la cour j'ai vu les autres revenir du réfectoire.
J'ai marché très lentement.

Et puis je me suis retrouvé au dehors de l'école.
Sur une route.

La peur avait disparu.
Je n'ai plus eu peur.
Je me suis assis sous les arbres près du château d'eau.
Et j ai attendu. Un long ou un petit moment,je ne sais pas.
Je crois que j'ai dormi.
C'est comme s'il y avait mille ans.

Ernesto (à nous): J'ai compris quelque chose que j'ai du mal à dire encore... Je suis encore trop petit pour le dire convenablement. Quelque chose comme la création de l'univers. Tout d'un coup j'ai eu devant moi la création de l'univers...
Ecoutez. Ca a dû se faire en une seule fois. Une nuit. Le matin, tout était en place. Toutes les forêts, les montagnes, les petits lapins, toutes les choses. Une seule nuit. Ça s'est créé tout seul. En une seule nuit. Le compte y était. Tout était exact. Sauf une chose. Une seule.
Cette chose-là on croit qu'on devrait pouvoir dire ce que c'était... en même temps on sait que c'est impossible à dire. C'est personnel... on croit que soi on pourrait... on devrait y arriver... et puis non...
Les toutes petites choses et les petites choses invisibles de toutes sortes, les petites particules, elles étaient là aussi. II n'y avait pas un seul petit caillou qui manquait, pas un seul petit enfant qui manquait et c'était pas la peine. Pas une feuille d'arbre qui manquait. Et c'était pas la peine.
Les continents, les gouvernements, les océans, les neuves, les éléphants, les bateaux, pas la peine.
Jeanne: La musique.
Ernesto : Pas la peine.
Jeanne: L'école non plus c'est pas la peine?
Ernesto: Pas la peine. Pour qui ç'aurait été la peine, la vie? L'école pour qui? Pour faire quoi? Alors c'est pas la peine pour le reste.
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Les livres, le père les trouvait dans les trains de banlieue. Il les trouvait aussi séparés des poubelles, comme offerts, après les décès ou les déménagements. Une fois il avait trouvé la Vie de Georges Pompidou. Par deux fois il avait lu ce livre-là. La mère aussi avait lu la Vie de Georges Pompidou. Cette Vie les avait passionnés. Après celle-là ils avaient recherché des Vies de Gens célèbres - c'était le nom des collections - mais ils n'en avaient plus jamais trouvé d'aussi intéressante que celle de Georges Pompidou, du fait peut-être que le nom de ces gens en question leur était inconnu. Ils en avaient volé dans les rayons «Occasions» devant les librairies. C'était si peu cher les Vies que les libraires laissaient faire. Le père et la mère avaient préféré le récit du déroulement de l'existence de Georges Pompidou à tous les romans. Ce n'était pas seulement en raison de sa célébrité que les parents s'étaient intéressés à cet homme-là, Le père se retrouvait dans la vie de Georges Pompidou et la mère dans celle de sa femme. C'étaient des existences qui ne leur étaient pas étrangères et qui même n'étaient pas sans rapports avec la leur.
Sauf les enfants, disait la mère.
C'est vrai, disait le père, sauf les enfants.
Avant ce livre, le père et la mère ne savaient pas à quel point leur existence ressemblait à d'autres existences.
Toutes les vies étaient pareilles disait la mère, sauf les enfants. Les enfants, on ne savait rien.
C'est vrai, disait le père, les enfants on sait rien.
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La nuit il regretta
La mort.
Les chiens.
L’enfance, il regretta, beaucoup, beaucoup.
L’amour, il regretta.
L’amour, il regretta au-delà de sa vie, au-delà de ses forces.
L’amour d’elle.
Les ciels d’orage
La pluie d’été.
L’Enfance.
Jusqu’à la fin de la vie, l’amour d’elle.
Et puis un jour, il lui était venu le désir ardent de vivre une vie de pierre.
De mort et de pierre.
Une fois, il ne regretta pas.
Plus rien il regretta.
Ça avait été pendant cette nuit-là, que tomba sur Vitry la première pluie d’été. Elle tomba sur tout le centre-ville , le fleuve, l’autoroute détruite, l’arbre, les sentes et les pentes des enfants, forte et drue comme un flot de sanglots.
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Dieu, pour Ernesto, c'était le désespoir toujours présent quand il regardait ses brothers et ses sisters, la mère et le père, le printemps ou Jeanne ou rien. La mère avait décelé le désespoir chez Ernesto sans le chercher pour ainsi dire, en le découvrant devant elle un soir, alors qu'il la regardait de ce regard toujours déchiré, quelquefois vide. Ce soir-là, la mère avait su que le silence d'Ernesto, c'était à la fois Dieu et pas Dieu, la passion de vivre et celle de mourir.
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Ce jardin était entouré d’une clôture grillagée étayée par des piquets de fer, tout ça très bien fait, aussi bien fait qu’on avait fait autour des autres jardins de la rue qui étaient à peu près de la même superficie que celui-ci et de la même forme.
Mais dans ce jardin-là il n’y avait aucune diversité, aucune plate-bande, aucune fleur, aucune plante, aucun massif. Il y avait seulement un arbre. Un seul. Le jardin c’était ça, cet arbre.
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