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Citations sur La Pluie d'été (47)

« Les enfants, c’étaient des gens comme ça, qui comprenaient qu’on les abandonne. Sans comprendre, les enfants, ils comprenaient. C’était en quelque sorte naturel. Qu’on ait ce mouvement d’abandonner les enfants à un moment donné, d’ouvrir les mains et de lâcher, c’était naturel. Eux, leurs billes les plus belles, ils les perdent, alors. C’était aussi naturel qu’ils s’agrippent à leur mère, qu’il ne veuillent pas la lâcher. Eux, les brothers et les sisters, ils avaient encore dans la tête les espaces des premiers âges. Des espaces sombres, des peurs inintelligibles, inconsidérées, d’autoroutes désertes par exemple, d’orages, de nuits noires, de vent. Allez voir ce que ça dit certaines fois le vent, ce que ça crie. Toutes les peurs venaient de Dieu et de ces peurs-là, la pensée ne pouvait pas consoler parce que la pensée faisait partie de la peur. Les enfants acceptaient qu’on les chasse, qu’on les prive, ils n’avaient rien à dire contre et ils laissaient faire. Ils aimaient la cruauté de la mère. Ils aimaient la mère. Ils aimaient être abandonnés par la mère. La mère était cause de beaucoup de leur peur, de la peur des enfants. »
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Ernesto était censé ne pas savoir encore lire à ce moment-là de sa vie et pourtant il disait qu'il avait lu quelque chose du livre brûlé. Comme ça, il disait, sans y penser et même sans le savoir qu'il le faisait, et puis qu'ensuite eh bien qu'ensuite, il ne s'était plus rien demandé ni s'il se trompait ni s'il lisait en vérité ou non ni même ce que ça pouvait bien être, lire, comme ça ou autrement. Au début il disait qu'il avait essayé de la façon suivante : il avait donné à tel dessin de mot, tout à fait arbitrairement, un premier sens. Puis au deuxième mot qui avait suivi, il avait donné un autre sens, mais en raison du premier sens supposé au premier mot, et cela jusqu'à ce que la phrase tout entière veuille dire quelque chose de sensé. Ainsi avait-il compris que la lecture c'était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d'une histoire par soi inventée.
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Pour les brothers et sisters, les aînés étaient la barrière entre eux et le danger. Mais jamais ils ne parlaient de ça, ni les grands ni les petits. C'est pourquoi les aînés ne savaient pas à quel point ils aimaient leurs brothers et sisters. Parce que si eux, les aînés, commençaient à moins bien les supporter c'est qu'ils cessaient eux-mêmes d'être inséparables des brothers et sisters et qu'ils ne formaient plus à eux tous un corps unique, une grande machine à manger et à dormir, à crier, à courir, à pleurer, à aimer, et qu'ils étaient moins sûrs de se garder hors de la mort.
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Tu as dit: Dieu n'existe pas comme une fois tu avais dit: Dieu il existe. Si c'est possible qu'il n'existerait pas, alors il est possible qu'il existe. Comment il existerait alors s'il n'existe pas ?
Et Ernesto de répliquer:
C'est pas une question de plus que ça ou de moins que ça, ou de comme si il existerait ou de comme s'il existerait pas, c'est une question, personne ne sait de quoi.
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Il fuit, il pleure d'émotion, il ne peut pas supporter de ne plus ignorer et à la fois de ne pas savoir.
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Un jour les enfants ils partent, et c'est le deuil.
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Je voulais te dire maman, j'ai grandi très vite exprès pour rattraper la différence entre toi et moi, ça a servi à rien.
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Je regrette beaucoup maman. Quand on pourrait leur donner, ils sont trop vieux les parents, ils veulent plus s'embarrasser de rien...Ce qui fait qu'on a toujours des relations retardées. Je voulais te dire maman, j'ai grandi très vite exprès pour rattraper la différence entre toi et moi, ça a servi à rien...
La mère regarde cet enfant fou, Ernesto.
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Et voici : j'ai compris que tout est Vanité. Vanité des Vanités. Et poursuite du Vent. (...)
Ernesto avait dit que le vent c'était encore quelque chose d'autre qui s'appelait la connaissance. Que la connaissance c'était aussi le vent, aussi bien celui qui s'engouffrait dans l'autoroute que celui qui traversait l'esprit.
Un grand brother avait demandé comment c'était représenté la connaissance, par quel dessin.
Ernesto dit : On ne peut pas en faire le dessin. Parce que c'est comme un vent qui ne s'arrête pas. Un vent qu'on ne peut pas attraper, qui ne s'arrête pas, un vent de mots, de poussière, on ne peut pas le représenter, ni l'écrire, ni le dessiner. (...)
Il y en a beaucoup de ça, demande un très petit brother.
Pas mal, dit Ernesto, c'est ce qu'on croit, mais on se trompe.
Il y a combien, demande le petit brother.
Zéro et compagnie, dit Ernesto.
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Le père : Alors t'aurais pas remarqué qu'il était différent des autres, Ernesto ?
La mère : Faut pas exagérer... Je suis pas d'accord... C'est plutôt le contraire... On pourrait dire : pareil aux autres, mais alors à un point...
Le père : Tu comprends rien alors ?
La mère : Peut-être qu'il mange un peu moins que les autres, c'est ça, non ? Pour la taille alors...? C'est ça ? Si c'est pas la taille, qu'est-ce que c'est ? Tu l'as vu ton fils ? T'as vu comment il est ? Immense ! Douze ans ! Personne le croirait et avec ça, l'air d'un évêque.
Le père : Cherche encore Natacha... T'as rien remarqué d'autre ? Rien ?
La mère : Ah si... Si... Il dit rien, Ernesto. Rien. Voilà...
Le père : Voilà... Puis quand il parle voilà c'que ça donne. C'est pas "passe-moi l'sel". C'est des choses que personne avait dites avant lui, personne, fallait l'trouver ça, et c'est pas tout le monde...
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