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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce texte, Marguerite Duras raconte l'insupportable attente du retour de déportation de son mari, Robert Antelme à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce récit autobiographique, Duras évoque ses souffrances et sa peur de ne pas le voir revenir. Robert reviendra du camp de Dachau dans un corps où la vie n'a plus de poids : « il devait peser entre trente-sept et trente-huit kilos : l'os, la peau, le foie, les intestins, la cervelle, le poumon, tout compris : trente-huit kilos répartis sur un corps d'un mètre soixante-dix-huit ». Avec un médecin, elle va le soigner. Il y a dans sa description toute l'angoisse liée à la fragilité de la « survie » De Robert. En lisant, on ressent absolument cette douleur, la sienne, celle de l'homme qui le redevient, et celle de l'entourage qui attend et espère ! Sublime.
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Dans « La douleur », Marguerite Duras énonce l'attente du retour de son homme déporté et évoque aussi la désillusion de cette vie d'après.
Elle y couche ses émotions comme l'attente, le doute, la tristesse, l'espoir, le désespoir, la désillusion, la peur et la force de se battre chaque jour. Elle décrit son quotidien tant pendant la déportation de son homme qu'à son retour.
C'est aussi une plongée saisissante dans la vie des français et de la France pendant ce moment historique qu'est la seconde guerre mondiale. C'est aussi une description insoutenable de l'état physique et mental des déportés libérés des camps de concentration et du choc pour les proches.
L'écriture est belle, brute et sans concession à tel point qu'elle a fait écho à ma propre douleur. Attention, je ne sais rien de la guerre, je peux juste à travers la littérature m'en approcher mais ce que je veux dire c'est que le texte de Marguerite Duras m'a tellement touchée que je l'ai associé à ma propre douleur. Et je ne pense pas que je sois la seule car, par son style et son ton d'écriture, elle décrit et détermine ce qu'elle est. Elle réussit ce tour de force de rendre sa douleur universelle.
Merci à elle pour cette définition de la douleur au plus proche des émotions qui la caractérise lorsqu'on la côtoie.
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Marguerite Duras appartient à une organisation de résistance. Lorsque son compagnon est arrêté, elle met tout en ouvre pour le faire libérer. Avec son style propre, elle parvient à donner une forme perceptible au désordre phénoménal de la pensée et du sentiment qui régnaient à cette époque dans une société en crise et en proie au doute. C'est là l'un des tours de force de l'autrice qui parvient à rendre crédible une histoire compliquée, pulsionnelle et marquée par la fureur des hommes prêts à en découdre au nom de valeurs qu'ils brandissent bien haut.
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C'est grâce à l'adaptation cinématographique -que je n'ai pas vue- que j'ai lu La Douleur, et par là même, mon premier Duras.

Violent. Sa douleur est violente. Tout autant que l'époque, la « Libération ».
Plus les décennies passent plus cette période se résume à la fin d'une guerre; les témoins disparaissent avec leur douleur et leurs mots, pour peu qu'il y en ait jamais eu de suffisamment précis pour transmettre ce qu'ils ont vu, vécu, ressenti.
En lisant ces textes, écrits à chaud, j'ai eu le sentiment que l'on ne savait rien, ou qu'on avait oublié: la Libération est une vague puissante, l'apaisement vient bien plus tard.

Quant au film, je me laisserai tenter, l'affiche est prometteuse..
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Au-delà de l'aspect "vie réelle de l'auteur", j'ai aimé dans ce premier texte la manière dont Marguerite Duras parvient à faire passer au lecteur cette angoisse liée à l'attente. L'heure qui s'étire. L'incertitude. L'espoir qui laisse place au désespoir. L'hyperactivité puis l'inertie totale. Cette tension palpable à chaque minute. Cet oscillement et fragile équilibre entre le "il est vivant et reviendra bientôt" et le "il est mort et je ne le reverrai plus jamais". On la suit au gré de ses émotions contraires et, comme elle, on passe d'un état à l'autre, jusqu'à enfin la certitude finale.

C'est à la fois extrêmement bien écrit, tout en étant une écriture fouillis, peu académique, parfois difficile à suivre. le style lui-même transpire de cette perte de toute certitude et de repères habituels.
Lien : http://1000n1.overblog.com/
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Ce livre de Marguerite Duras était dans ma PAL depuis que j'ai vu, au printemps 2018, le film qui en a été adapté par Emmanuel Finkiel, un superbe moment de cinéma.
Je connais peu l'oeuvre de Marguerite Duras dont je n'ai lu, à ce jour, que La Maison, texte d'abord découvert dans une mise en scène théâtrale et La Vie matérielle, dont il est issu.
La Douleur est un recueil des textes de jeunesse que l'auteure reconnaît avoir un peu oubliés dans ses archives, à la fois journal intime, témoignage et récits de fiction, publiés en 1985.

Le premier texte, le plus long, donne son titre au recueil. C'est le journal tenu par Marguerite Duras alors qu'elle attendait l'hypothétique retour de son mari, résistant, arrêté par la Gestapo puis déporté à Dachau. Approximativement daté d'« avril », ou bien sans date précise, dans une tonalité à la fois urgente et détachée, l'auteure raconte la tension, le ressenti, l'espoir et la peur. L'écriture est efficace, sans filtre ni tabou. Marguerite Duras qualifiera elle-même, plus tard, au moment de la publication, ses mots de « désordre phénoménal de la pensée et du sentiment ».
Marguerite Duras met sa parole au service du vécu de toutes les familles qui attendaient des nouvelles des déportés au moment de la libération des camps de concentration. Son récit personnel, écrit dans l'urgence et la douleur, bien que profondément intime, devient universel. Les personnages sont réduits à des initiales : Marguerite attend des nouvelles de Robert L. et D. est à ses côtés… Parfois, son JE se dédouble et elle se raconte à la troisième personne. La libération de Paris, vue et ressentie par Marguerite, donne à voir un point de vue particulier entre euphorie et déni ; en ramenant tout à cet époux qui ne revient pas, elle met l'accent sur le sort des déportés de toutes natures, les juifs, les politiques, les droits commun, les prisonniers de guerre....
Parfois, le style se fait plus impersonnel, remet en cause la posture gaulliste, analyse et commente la gestion du retour des prisonniers. Son témoignage devient précis, elle cite des résistants célèbre comme François Mitterrand, dit Morland, ancre son récit dans la réalité historique de la défaite allemande et de l'horreur nazie.
Le film d'Emmanuel Finkiel traduisait magnifiquement l'ambiance sombre, les silences de l'inaction, le déroulement de cette attente, entre moments très calmes empreints de résignation et d'immobilité et périodes délirantes de crise, de tempête et de fureur.
Le retour de son mari est une véritable épreuve, décrite de manière hallucinée ; à la joie de retour, se mêle une terrible souffrance empreinte de culpabilité.
La fin de « La Douleur » est plus apaisée, avec des passages datés de l'été 1946, « un an et quatre mois » plus tard ou bien d'« une autre année », d' « un autre été », d' « un autre jour sans vent ». La vie a repris ses droits même si le traumatisme demeure.

Le film s'inspire aussi beaucoup de second texte de ce livre, consacré à Pierre Rabier. Dans ce récit où tout est vrai « jusque dans le détail », Marguerite Duras raconte sa relation ambiguë avec un policier collabo à partir de l'arrestation de son mari…
La peur de la jeune femme est palpable même quand elle se met à distance, semble se regarder en train d'agir et de ressentir des émotions, les légitimes et les inavouables.
Qui manipule qui ? Jusqu'à quel point ? La tension est mise en mots.
Les textes suivants sont plus difficiles à lire car ils évoquent les règlements de compte à la libération quand la vindicte populaire s'abat sur les donneurs et collaborateurs en tout genre. Encore une fois, Marguerite Duras n'édulcore rien et revendique les rôles qu'elle se donne au travers de la fiction.
Enfin, « L'Ortie brisée » renoue avec la littérature, propose une fin, une réflexion, tandis que le dernier texte, consacrée à une enfant juive, rappelle l'horreur et la folie, puis la force de l'amour.

Je n'étais pas sortie indemne du film, je termine cette lecture dans un état second, abasourdie et mal à l'aise. Je retiens un magistral portrait de femme, sans concession.
L'écriture de Marguerite Duras est complexe et, ainsi qu'elle nous le dit, ce n'est pas évident de se l'approprier : « apprenez à lire. Ce sont des textes sacrés »…

https://www.facebook.com/piratedespal/
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D'abord, je dois confesser ma méprise. "La douleur" est le texte qui donne au livre son titre, mais il ne constitue pas le livre en soi, même s'il est certainement le plus fort de tous. Car il s'agit en fait d'un recueil de textes.
Certains, vécus et romancés, d'autres, inventés.

Celui intitulé "La douleur" est le récit du journal de Marguerite Duras alors qu'elle attend - d'une attente douloureuse, insupportable même - le retour de Robert Antelme, son mari, déporté en camp de concentration.
En même temps que l'attente se mêlent espoir et désespoir. Elle ne se nourrit plus, ne vit plus. Elle est une âme morte, une déportée par procuration.
Quand, enfin, enfin, l'inattendu ou plutôt le tant attendu qu'on n'attendait plus, se produit : son retour.
Il est dans un état de déchéance physique telle qu'il ne semble plus humain. C'est déchirant à lire. C'est puissant. J'aurais tant aimé en lire plus sur sa "reconstruction" tant physique que mentale. Nous reste "L'espèce humaine" où il se raconte et que je ne manquerai certainement pas de lire.

Un autre texte qui m'a marquée, est "Albert des Capitales". Marguerite Duras prend la peau d'un personnage, Thérèse, mais il est bien question d'elle. D'elle dans la Résistance. Elle qui prend part à l'interrogatoire et à la torture d'un donneur : celui qui a vendu un Juif, un Résistant,...
Ce qui est fort dans ce texte, outre qu'elle nous décrit les coups, le sang, les hurlements, c'est qu'il nous interroge. Est-ce que quoi que ce soit justifie de torturer un homme ? Même le pire des salauds ? Est-ce une forme de justice ou n'est-ce qu'une barbarie au même titre que celle des Nazis ? Et puis, finalement, les réponses seraient-elles les mêmes en temps de guerre si nous avions été à leur place ?

Pour le reste, j'ai trouvé les textes assez inégaux et ils ne m'ont pas captée. Ou plutôt, c'est moi qui n'ai pas su m'y accrocher.

Mais qu'importe, pour ces deux seuls textes, "La douleur" valait le détour.
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écouté; livre court évoquant l'attente fébrile d'un homme de retour des camps au Lutetia et dans d'autres lieux d'accueil des rescapés, des prisonniers et des volontaires du STO.
On l'a vu, il est vivant mais où?
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La douleur de l'attente puis des retrouvailles, la douleur de ne pas savoir et de devoir sympathiser avec l'ennemi, la douleur de la perte...
Il semblerait que ces textes aient été écrit pendant la guerre. En tout cas, tous tournent autour de la guerre, de la Résistance, de la déportation des prisonniers politiques et de la Libération. Sans doute en effet ces textes n'ont pas été retravaillés, ou ) peine, avant publication. Je trouve que cela leur donne plus de force. C'est une sorte de chronique personnelle de la guerre, la guerre et surtout la Libération et l'attente de nouvelles de l'Allemagne comme une chronique du quotidien : aller à l'hôtel Lutetia transformé en centre d'information sur la déportation, aller voir les prisonniers de guerre qui reviennent, voir les amis, voir les autres personnes qui sont dans le même cas, au cas où... Mais aussi les vengeances d'après-guerre...
La dernière nouvelle se conclut sur une note positive, après avoir commencé de manière très sombre.
De l'attente douloureuse à la renaissance.
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Une trace écrite de l'horreur de cette seconde guerre mondiale, sous un oeil résistant sans en être moins détruit.
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