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Duras présente ce recueil de six textes comme des extraits de son journal écrit pendant la Seconde Guerre mondiale alors qu'elle était active au sein d'un groupe de résistants. Ces écrits, retravaillés pour la publication des années 80, racontent des épisodes marqués au fer rouge : l'attente insoutenable de la jeune femme qui ne sait pas si elle reverra son mari déporté, sa relation forcée avec un agent de la Gestapo et sa conduite du passage à tabac d'un délateur, pour les trois premiers textes.

L'écriture de Duras reste ici sur le fil du rasoir, entre aberration, peur, courage et espoir. Il s'agit d'un de ses livres les plus appréciés et mon avis ne fait pas exception. Je l'ai trouvé d'une grande force.
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Poignant, profondément humain, ce livre touche à la douleur, celle de l'attente, de la peur de perdre l'être aimé, celle du face a face avec l'horreur, avec la mort.
La confrontation avec les bourreaux, le flirt avec l'interdit, l'ambiguïté, les doutes, le jeu d'échecs avec les occupants... c'est aussi toute l'humanité des membres de la résistance qui est là, devant nous, avec ses peurs et ses faiblesses... les deux derniers textes nous emmenent avec une vérité troublante dans ce presque "après", entre la libération du territoire français et la capitulation.
L'écriture de Duras est magnifique de vérité, d'émotion. Un grand livre !
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Un livre qui dit la douleur, non pas la douleur brute mais la douleur de l'attente. La douleur qui n'est pas vive et immédiate mais qui naît du "rien".
J'ai lu le livre il y a trop longtemps pour me rappeler de tous les détails, mais c'est une façon autre que celle que l'on connaît de dire les camps, à travers la description de cette lente rémission.
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Les auteurs connus le sont généralement pour une oeuvre emblématique, un film ou un livre dont une lecture scolaire ou la simple connaissance du titre semble nous dispenser d'une lecture plus approfondie. Hiroshima mon Amour, Moderato Cantabile, l'Amant
Avec La Douleur, j'ai découvert un peu plus Marguerite Duras. Comment ne pas avoir deviné que j'avais affaire à une résistante? On retrouve dans ces quelques récits l'incroyable courage physique qui nous bouleverse tellement dans L' Armée des Ombres. Mais c'est aussi et surtout, le courage moral, celui d'un effort constant de lucidité sur soi, qui s'oriente comme un tropisme vers cette partie sombre, velléitaire et incompréhensible de nous-mêmes. C'est pourtant cet inconnu qui gouverne nos actions, aux allures si hardies, si sûres et si fermes. La période de bascule entre la Résistance et le pouvoir pur des jours qui suivent la Libération révèle cette zone frontière pendant quelques instants.
En son coeur, il y a la douleur. Douleur de l'attente et de l'angoisse permanente, douleur physique de la torture et de la privation. Douleur et plaisir de la torture qu'on inflige à son tour au nom de la justice et de la vérité. Et puis, il y a cette empathie pour les collaborateurs vaincus. Un livre poignant, jamais niais, ni complaisant . Tout cela est essentiel, ou, pour reprendre Duras qui nous demande d' « apprendre à lire », « sacré ».
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Ce livre est un choc. D'une écriture de prime abord difficile, mais qui colle au plus près du ressenti. Il faut un peu s'accrocher pour le premier texte "La douleur". le lecteur est dans l'attente anxieuse, de même que la narratrice, du retour de Robert L. Les autres textes procurent la même émotion. On n'en ressort pas indemne. Ce collaborateur qui se fait frapper jusqu'à ce qu'il avoue, ce milicien qui ne veut vivre que dans la jouissance que lui offre la milice...
Mais ce qui m'a le plus surpris, c'est le décalage avec notre époque. Je sais ce que cette remarque peut avoir de naïf et d'un peu ridicule. Mais J'ai été bercé dans mon enfance par ce genre de récits et je ne peux que comparer, avec l'époque actuelle. Notre manière de vivre bien sûr, mais également les valeurs. Cette période de "l'occupation" me parait à la fois si proche et si lointaine ! Je ne sais pas trop quoi retenir de ce constat mais il me saute aux yeux. Il ne s'agit pas non plus de juger. Pendant toute la journée où j'ai lu ce livre, je ne pouvais m'empêcher de comparer avec ce que je vivais. Et même repenser aux émeutes d' y a quelques semaines. le sentiment de ne pas vivre sur la même planète. Quelque chose d'incroyable ! Je me souviens de ma visite du camp de Dachau il y a quelques années, d'où revient Robert L. Il y a comme un télescopage qui me déroute.
J'aime également les réflexions de l'auteure sur l'existence après les camps. Avec le nazisme, l'humanité a touché le fond.
Je ne suis pas prêt d'oublier ce livre.
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Un recueil de plusieurs courts récits : La douleur (70 pages), M. X. dit ici Pierre Rabier (45 pages), Albert des Capitales (30 pages), Ter le milicien (20 pages), l'ortie brisée (10 pages), Aurélia de Paris (10 pages).
« La douleur » est le récit de l'attente du retour de camp de concentration de Robert L. par son épouse, la narratrice, Marguerite Duras. Son journal raconte ses journées passées à la gare d'Orsay où sont regroupés les français qui rentrent des camps. Elle ne dort pas, elle ne mange plus, elle est épuisée. Elle est soutenue par son ami, D. de son réseau de résistance. François Morland (Mitterrand), les aide, leur fait savoir que Robert est vivant, au bord de la mort et qu'il faut aller le chercher immédiatement en Allemagne pour le sauver. D. et ses amis le font. Quand la narratrice revoit Robert, elle est tétanisée. C'est un mort-vivant mais il n'abdique pas. Elle le soigne, lui fait refaire surface mais elle ne peut plus le voir. Elle se dégoûte. Un témoignage dur, émouvant. Un style sobre.
Les autres récits témoignent de la période de la libération de Paris, sa frénésie, sa chasse aux collabos, ses faux héros, ses imposteurs, la formidable énergie, l'amateurisme des résistants et pseudo-résistants, le flou, l'équivoque des individus. Certains, du bon côté de l'histoire sont des êtres abjects, d'autres, du mauvais côté, ne sont pas totalement repoussants, comme Ter le milicien, investi dans le présent, amoral à facettes lumineuses.
La fièvre de l'époque est remarquablement diffusée. Un livre que me permet de vraiment découvrir Duras. Je comprends mieux l'engouement qu'elle suscite.
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~ Devoir de mémoire ~

J'ai lu ce livre en empruntant la route de Mascara, une route sinueuse, en plus de n'avoir aucun sens de l'orientation, j'étais malade. A chaque virage mon coeur venait se cogner contre la vitre, à chaque tournant ses mots se brisaient contre les portières. Des mots tels les obus qui claquent, du fracas, partout. Jusque dans ma gorge. Je ravale mes sanglots comme elle boit son rhum. Et comme elle, j'attends. J'apprends à attendre le retour De Robert !

Ainsi donc, c'est le récit d'une attente !
Duras retrouve son journal où elle raconte ses journées & ses nuits dans l'attente du retour de son époux déporté à Dachau. Mais aussi sa quête pour obtenir ses nouvelles & ses démarches pour savoir s'il est en vie. Prise dans un face-à-face avec la mort, de sa plume sèche & poignante, elle dissèque ses errements intérieurs, les images obsédantes, l'espoir furtif suivi du plus profond désespoir & les gestes quotidiens inlassablement répétés, comme une tentative de survie. Outre l'expression forte d'une foule de sentiments, j'ai été plongée dans le contexte troublant de l'Occupation & de l'atrocité humaine, malgré moi, et toute consentante !
Finalement la douleur ne rend pas nécessairement plus lucide. Elle rend juste un peu plus imperméable à l'insignifiant. Toutefois, il faut négocier en permanence entre l'attention qu'elle exige & les rares moments où elle relâche son emprise.
Une oeuvre brute d'émotions qu'elle n'exprime pas, parce que la douleur est au-delà des mots. Ce récit est suivi de cinq autres nouvelles condensées des différentes facettes de la guerre, un panel de situations aussi bien du côté des vainqueurs que des vaincus !

Robert Antelme publiera en 1947 “L'espèce humaine” l'un des livres les plus impressionnants sur les camps de concentration & d'extermination !

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En 1945, une femme attendait son mari Robert L., arrêté par la Gestapo et envoyé en camp de concentration. Elle s'occupait comme elle pouvait, essayait d'être utile même si je n'ai pas très bien compris comment. En revanche, je crois avoir saisi que son état mental laissait à désirer, sans doute parce qu'elle était au-delà de la souffrance.

Il y a deux parties dans cette nouvelle, l'attente (qui témoigne de ce qui se passait en France au fur et à mesure que les Américains ou les Russes libéraient les camps) et puis le retour de Robert L.

Robert L., c'est Robert Anthelme, l'époux de Marguerite Duras dont elle s'est séparée à la fin de la guerre. Il a peu apprécié qu'elle ait raconté son histoire : « Elle a osé ! » s'écria-t-il en l'apprenant. En 1947, il avait publié un ouvrage sur son expérience en camp de concentration : L'espèce humaine. On peut toujours le trouver en librairie.

Mais, c'est le livre de Marguerite Duras qui est le plus connu et peut-être est-ce pour cela que les écrivains ont le droit d'écrire sur tout : parce que certaines de leurs oeuvres survivront au temps et continueront de témoigner.

Recueil de nouvelles en partie autobiographiques qui est davantage un livre-témoignage qu'une oeuvre littéraire, du moins est-ce comme cela que je l'ai perçue. Mais ce livre ne me donne pas envie de plonger plus loin dans l'oeuvre de Marguerite Duras, ne serait-ce que parce que j'ai peu éprouvé de sympathie envers son héroïne, Thérèse.

Lien : https://dequoilire.com/la-do..
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Ce recueil de Marguerite Duras, une de mes autrices et auteurs préféré.e.s a été publié en 1985, alors qu'elle venait d'avoir l'année précédente la consécration du Goncourt pour l'Amant.

Ce recueil rassemble 6 nouvelles, dont la plus importante en taille et en source de réflexions donne le titre au livre. Tous ces textes ont une relation avec la période de la Libération à la fin de la seconde guerre mondiale, pendant laquelle Duras fit partie de la Résistance. de ces nouvelles, les 4 premières ont un contenu autobiographique, les deux autres sont de courtes fictions. Toutes ont été écrites à quarante ans de distance des événements, et même si Duras dit de la première, La douleur, qu'elle a pour base un journal retrouvé, et dont elle ne se souvient pas, sa forme, et les procédés employés dont Duras a le secret, est celle d'un récit recomposé.

Avant de commenter un peu plus en détails le récit principal « La douleur », je voudrais insister sur la structure de l'ouvrage, que j'ai trouvée subtile.
En effet, Duras nous fait passer progressivement du récit réaliste au récit imaginaire en évoquant différentes facettes de l'être humain face à la guerre, avec cette science du non-dit qui lui est si particulière.
Et puis de la « honte de la littérature » qu'elle nomme pour le premier récit, au dernier où « tout est inventé ».

De « La douleur », le récit le plus terrible, qui décrit l'attente de son mari, Robert Antelme ici nommé Robert L., puis les conditions dramatiques de son retour des camps, un récit plein de vérité et d'humanité, on passe dans « X dit ici Pierre Rabier », à un récit plus anecdotique, mais que Duras évoque comme le souvenir d'une peur terrifiante, celle que lui a laissé un agent allemand ambigu se faisant passer pour un français, capable autant de cruauté que de clémence, aveugle à la situation de son pays et rêvant d'un avenir de bouquiniste; puis à « Albert des capitales », où Duras se revendique (« Thérèse c'est moi ») comme la résistante sans pitié lors de la torture d'un « collabo », en contradiction avec l'humanité et la pitié dont elle fait preuve dans La douleur.
Puis, Ter le milicien clôt la série des nouvelles « réalistes », par un étrange récit de l'attirance physique pour cet homme qui fit partie de la milice de Vichy.
Enfin, les deux derniers sont, selon Duras, des récits inventés, dans lesquels l'auteure excelle à nous rendre indécis le sens, mais c'est l'émotion qui nous bouleverse dans le dernier qui se veut raconter «l'amour fou pour la petite juive abandonnée ».

Tout ceci pour dire que, pour moi, le livre « La douleur » ne se résume pas au premier récit, mais que les autres contribuent à façonner un ensemble cohérent.

Et pourtant, ce premier récit est majeur, mais difficile à commenter. Duras nous dit qu'elle a retrouvé les pages d'un journal dont elle n'a aucun souvenir, et qu'elle s'est trouvée « devant un désordre phénoménal de la pensée et du sentiment auquel je n'ai pas oser toucher et au regard de quoi la littérature m'a fait honte ».
Mais la forme a sans nul doute été retravaillée (à la fin, d'ailleurs le récit n'est plus linéaire), pour nous livrer des pages d'une extraordinaire intensité, parfois insoutenable. D'abord, une attente du mari, Robert L., décrite comme une sorte de cauchemar éveillé, d'obnubilation de la pensée, d'une douleur psychique qui anéantit le corps. Puis, le chef du réseau, Morland (c'est François Mitterand) décide d'envoyer deux hommes chercher Robert L. en Allemagne; ils ramènent un être humain au bord de la mort, ne pesant plus que 35 kilos, qu'il va falloir ré-alimenter progressivement, atteint d'une terrifiante diarrhée, qui va céder au fil des jours. le récit raconte sans nous épargner les détails, toute l'horreur de l'état de Robert L.. Et puis, c'est un rétablissement très lent qui s'installe. Et enfin, tout en écrivant qu'elle s'est séparée de Robert L., Duras termine sa narration sur quelques pages lumineuses et pleines de tendresse.

J'ai aussi relevé qu'apparaissent dans ce texte des phrases très critiques, dans ce contexte de la Libération, d'un De Gaulle qui refuse « d'intégrer la douleur du peuple dans la victoire, de peur d'affaiblir son rôle à lui », mais j'en retiens surtout celles extraordinaires sur la découverte de l'extermination des juifs: « C'est en Europe que ça se passe. C'est là qu'on brûle les juifs, des millions. C'est là qu'on les pleure. » Mais plus encore, c'est cette idée singulière de la nécessité, pour dépasser cette horreur accomplie, d'assumer notre solidarité avec les bourreaux comme avec les victimes: « nous sommes aussi de la race des nazis ». Et ces phrases surprenantes mais pleines de sens: «La seule réponse à faire à ce crime est d'en faire un crime de tous. de le partager. de même que l'idée d'égalité, de fraternité. Pour le supporter, pour en tolérer l'idée, partager le crime. »

En conclusion, même si beaucoup de romans de Duras ont une part auto-biographique, celui-là est unique par la tension qui s'en dégage, et surtout par l'horreur, la souffrance mais aussi l'humanité qui émanent du premier récit.
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Une femme revit l attente de l'homme aimé. Son amour arrêté pour fait de résistance en juin 1944.
Comment créer par la pensée, la détresse, le chagrin et la peine provoquée par une année d'absence et de silence.
Comment écrire et décrire le déchirement.
Une douleur surgit dans la douleur et la rage du désespoir sur des cahiers d'écolier.
Un journal de souffrance et un instantané réaliste et cru de la libération et de l'arrivée des déportés de retour des camps à la gare d'Orsay. La Douleur" est un grand texte épuré et lucide, du Duras dans ce qu'il y a de meilleur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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