Crises économique, sociale, politique, diplomatique, environnementale… C'est pas pour paraître alarmiste, mais l'avenir, ça craint !
Et si on avait la chance de pouvoir tout recommencer ailleurs ?
Pas sur une île déserte, non ! Sur une autre planète. Est-ce que l'Homme serait capable d'apprendre de ses erreurs et de créer un nouvel Eden ?
C'est l'idée de départ d'
Outsphere, de
Guy-Roger Duvert, un planet-opera qui envoie du bois !
"On ne peut plus rien faire, on se casse"
80 ans après leur départ d'une Terre à l'agonie, les passagers militaires de l'Arche se réveillent de leur sommeil cryogénique. Ils sont militaires, scientifiques, civils, et n'ont qu'une mission : coloniser ce nouveau monde qu'ils nommeront Eden pour assurer la survie de l'humanité. Mais ce nouvel Eden est-il réellement le Paradis rêvé ?
Météo imprévisible et dangereuse, présence d'autres espèces intelligentes, ruines mystérieuses, faune et flore aussi inconnues qu'hostiles, les conditions sont difficiles et exacerbent les relations déjà compliquées entre les différentes populations de colons et leurs invités surprise : un nouveau vaisseau humain, parti 60 ans après les premiers colons.
C'est qui qui domine ?
Puisqu'il est ici question de colonisation et de sauvegarde de l'humanité, c'est assez logiquement que nous allons suivre ces explorateurs humains tout au long de l'histoire… Et c'est là que ça se corse !
D'un côté, les Anciens, passagers de l'Arche, ils ont quitté la Terre 80 ans auparavant, et sont à notre image : individualistes, irrationnels, belliqueux… bref, des humains, quoi ! Leur sécurité est assurée par les militaires, dirigés d'une main de fer par l'amiral Suleiman, lui-même secondé par le colonel Bowman et son équipe, quand le travail de viabilisation des conditions de vie de la colonie est confié aux scientifiques, menés par les Dr Fulton, Kappa, Banaké et Mahatbahi, et le peuplement de l'exoplanète est dévolu aux civils représentés par Helena Cruz et Vincent Bacalde.
De l'autre, les Atlantes, partis de Terre 60 ans après les Anciens, génétiquement évolués grâce à de nouvelles capacités psychiques leur permettant de se synchroniser entre eux et de développer une conscience commune, doivent assurer la protection des Anciens… tant que ceux-ci ne représentent pas un danger pour l'opération de sauvegarde de l'humanité.
Out of tracks
L'auteur d'
Outsphere,
Guy-Roger Duvert, est - entre autres - compositeur. Et le moins que l'on puisse dire à la lecture de son premier roman, c'est qu'il a le sens du rythme : ça n'arrête pas ! Une fois débarqué sur Eden, le lecteur n'a plus le temps de respirer. Les chapitres sont courts, intenses, et il se passe toujours quelque chose. On tourne les pages les unes après les autres, on enchaîne les chapitres à un rythme absolument effréné, on ne respire plus, le coeur s'emballe, on transpire, la tête surchauffe jusqu'au bout de ce premier tome et... Ouf ! La combustion spontanée est évitée, et on reprend notre souffle avec un réel plaisir !
L'univers d'
Outsphere est riche, fouillé, bien construit, et l'on sent que l'auteur a cherché à créer un univers crédible, des personnages et factions cohérents, tout en restant très accessible à tous types de lecteurs. C'est peut-être le (seul) reproche que je peux faire à ce livre : vu la richesse des thèmes abordés (place de l'Homme dans l'univers, évolution, transhumanisme, rejet de l'autre, colonisation…), il y avait suffisamment de matière pour faire 2 à 3 fois plus long, d'autant que ces thématiques sont introduites dans l'univers de manière cohérente, même si la plupart des questions ouvertes ne trouveront leurs réponses que dans les tomes suivants, premier opus oblige !
Mais d'une part, je galère déjà à faire une chronique sur une page, alors je ne vais pas reprocher à un auteur de ne pas avoir écrit un pavé de 1000 pages. Et, surtout, l'auteur a privilégié le rythme du récit et l'action aux longues descriptions, c'est un choix parfaitement assumé et très bien exécuté, donc cela ne pose aucun problème, d'autant que cela ne pénalise ni la compréhension, ni l'immersion dans l'univers créé.
Le style est direct, efficace, et toujours au service du rythme souhaité par l'auteur au développement de son roman. le découpage est extrêmement cinématographique et on sent à la lecture du roman un véritable amour pour l'action-aventure SF. Bien aidé par la (sublime) couverture du livre, on s'imagine totalement au cinéma pour regarder l'adaptation de cette histoire de colonisation planétaire (si un grand studio lit cette chronique, l'idée est cadeau…).
Une petite mention également pour les personnages, tous plus charismatiques les uns que les autres. On est un peu dans une ambiance série B / jeu vidéo (et je dis cela comme un compliment), avec ses soldats badass, ses scientifiques-qui-connaissent-rien-au-terrain-mais-qui-vont-se-révéler-et-sauver-les-miches-de-tout-le-monde, ses belles, ses rebelles, ses adversaires aussi variés que dangereux… mais quand c'est bien réalisé, et c'est le cas ici, on ne boude pas notre plaisir. Certes, ils auraient mérité un peu plus de développement, notamment leur passé, mais là encore, question de rythme et ça ne nuit pas à l'histoire.
En résumé, très belle découverte pour qui veut sortir de sa bulle et plonger dans un planet opera accessible, bourré d'action, et plein de promesses !
PS : un grand merci à l'auteur,
Guy-Roger Duvert, pour m'avoir proposé de découvrir son univers. Je ne regrette pas le voyage !