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Augustin Trébuchon est le dernier soldat français tué lors de la première guerre mondiale. le 11 novembre 1918 à 5h15, la France et l'Allemagne signent l'armistice. La fin des combats aura toutefois lieu à 11h. Choix de l'état major français. La 11ème heure du 11ème jour du 11ème mois. Un symbole ridicule offert à la mort pour faire ses dernières victimes. Toute la troupe en cette matinée attend la sonnerie du clairon : l'annonce libératrice de la fin des conflits. Une ultime mission lui est ordonnée... Augustin mourra à 10h45 au crépuscule de cette guerre fratricide. Ce berger, qui ne sait ni lire ni écrire, n'aura connu que ses troupeaux et plus de 1560 jours à obéir comme un mouton. Cet ainé d'une fratrie de sept orphelins était dispensé de mobilisation. Il a toutefois décidé de s'engager pour la France. L'auteur a fait un remarquable travail de recherche sur ce soldat méconnu et romance avec brio son vécu.
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Quel livre ! Bravo Alexandre Duyck vous avez su de nouveau m'intéresser, je devrais dire, me passionner pour la guerre 14⁄18. Encore ce sujet, peut-on dire , oui mais ce roman donnera un éclairage que je crois indispensable à une bonne compréhension de cette guerre. Augustin Trébuchon est déclaré mort le 10 novembre 1918, c'est écrit sur le monument au morts mais c'est un mensonge ! Il est mort en réalité le 11 novembre 1918. L'auteur retrace le parcours de ce berger de l'Ariège qui a choisi de partir à la guerre alors qu'orphelin, il aurait pu être dispensé en tant que soutien de famille. Nous revivons avec lui, l'enthousiasme des premiers jours de 1914. L'auteur remarque que les plus enragés à vouloir tuer les boches sont des gens qui ne la feront pas, cette guerre, mais qui se croient obligés de dire, plus fort que tout le monde, combien ils auraient aimé la faire ! Puis viennent les combats, l'horreur que nous connaissons si bien, mais aussi l'évocation de la dure condition de berger qui n'est pas étrangère à l'engagement d'Augustin . Berger en Ariège, c'est être le plus pauvre des paysans, et le moins considéré des hommes. Au point où, Augustin n'ose même pas aborder la fille qu'il aime ; bien sûr, il aime la faire danser au son de l'accordéon le soir où il y a bal au village, mais ce n'est pas tout à fait suffisant. La vie d » Augustin est donc remplie par sa connaissance des animaux, ces moutons et les animaux sauvages de la montagne, ainsi qu'une perception très fine de la nature. Ce savoir, si peu valorisé dans son village, va se révéler un précieux atout pour résister aux quatre longues années de guerre, jusqu'au 11 novembre 1918, où il attend avec toute sa compagnie la dernière sonnerie de clairon qui va signifier que l'armistice est signée, elle l'est d'ailleurs depuis quelques heures. Il rêve à ce qu'il va faire , et surtout à l'Argentine où il a prévu de s'exiler. Cette attente est bien longue et l'auteur rend parfaitement l'ambiance de ces derniers instants.

Hélas un gradé , un de ceux que détestent Augustin lui demande d'aller porter de toute urgence un message de la plus haute importance aux troupes postées à l'avant de leur ligne. Il est 1o heures 45, dans un quart d'heure le clairon doit sonner, mais l'urgence du message et l » imbécillité du gradé ne souffrent d'aucun retard , Augustin tombera sous une balle ennemie avec dans sa poche ce message :

« Rendez-vous à Dom-le-Mesnil pour la soupe à 11h30 »
Lien : http://luocine.fr/?p=10319
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Augustin Trébuchon est un berger de Lorèze, engagé volontaire malgré son statut d'aîné d'une famille d'orphelins, il passa 1561 jours sur le front à combattre les allemands pendant la première guerre mondiale. Il a survécut à des années de guerres et à la vie difficile d'un poilu dans les tranchées, il était encore vivant ce Lundi 11 Novembre 2018 quand son supérieur l'a fait appelé pour remettre un message dans un autre camp, il est 10h45, la guerre elle va finir dans 15mn. A 11h ce matin là la guerre se termine, et Augustin n'est plus.
Cet ouvrage donne la parole à ce soldat, il y raconte ses souvenirs, ses parents partis trop tôt, sa fratrie mais aussi ses années de guerre, les camarades et la nourriture, ses rêves d'Argentine. Il y raconte son départ et ceux qui claironnent qu'ils aimeraient y aller aussi au front mais bon ils sont trop vieux ... ou trop froussard. On y voit les douces couleurs de la Lozère effacées par le noir de la guerre, le bruit incessant et les copains qui s'en vont.

Très bel hommage à ce soldat et à tous ceux qui ont été dans ces tranchées, ceux qui ont rêvé rentrer à la maison mais qui ont pourri sur un champ de bataille. 250 pages d'instantanés d'une vie.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Grâce à la plateforme de service de presse NetGalley.fr, j'ai eu la chance de découvrir en avant-première Augustin, un roman d'Alexandre Duyck, consacré au dernier soldat français mort à la toute fin de la Première Guerre Mondiale, le 11 novembre 1918 :

" le 11 novembre 1918 à 5h15, la France et l'Allemagne signent l'armistice. Mais l'état-major français décide d'attendre onze heures, en ce onzième jour du onzième mois, pour que cessent les combats.

A 10h45, le soldat de première classe Augustin Trébuchon est tué. Il est le dernier soldat français tué.

Alexandre Duyck a fouillé les archives militaires et civiles, retrouvé tout ce qu'on pouvait savoir sur ce berger devenu soldat et imaginé le reste : les pensées de cet homme courageux, observateur, taiseux, blessé deux fois, qui fut de tous les combats, ne prit en 4 ans qu'une seule permission et obéi aux ordres jusqu'au bout. "

Je dois avouer que j'ai mis un peu de temps à entrer dans ce roman, sans doute parce que son personnage principal ne m'a pas tout de suite plu. Augustin Trébuchon est berger de Lozère, taiseux, loyal, peu éduqué, j'ai eu du mal à m'identifier à lui. Pourtant, son destin est singulier et intéressant à connaître. Son récit de la Première Guerre Mondiale, entre la mobilisation, les champs de bataille, la camaraderie entre soldats, le mépris de nombreux officiers pour les soldats ordinaires, est évidemment fictionnel par les mots d'Alexandre Duyck, mais sonne malheureusement juste. Avec ce roman, on se retrouve dans l'ambiance mortelle, sale, angoissante de cette guerre.

" Il jure que les boches ne sont pas si salauds que ça (il l'assurait encore hier soir), qu'il y en a des bons et sur ce point je lui donne raison. Je veux dire, je n'en connais pas des boches, pas de vivants en tout cas, je n'ai jamais pu leur parler, je n'en avais pas vu en vrai avant et ils ne m'avaient rien fait, donc j'imagine qu'ils ne sont ni pires ni différents de nous. Contrairement à ce que nous jurait monsieur l'instituteur qui n'est pas venu faire la guerre et n'avait pas dû beaucoup en croiser dans sa vie. Pons assure aussi que nous rentrerons tous sains et saufs chez nous, que les hommes vont comprendre, cette guerre ne connaîtra jamais, jamais, la moindre suite. Elle sera la seule de ce siècle. "

Surtout, la mort d'Augustin Trébuchon sonne comme le symbole ultime, s'il en fallait un, de la cruelle absurdité de cette guerre, de toute guerre en général. Pire encore : l'armistice a été signé le 11 novembre à l'aube, mais l'état-major français a décidé, consciemment, que les combats ne nécessitaient pas avant la onzième heure du onzième jour du onzième mois de l'année.

Par cette décision, le maréchal Foch et ses confrères ont condamné à mort 35 soldats morts dans la matinée du 11 novembre 1918. Outrage final, signe indélébile de la honte et de l'indécence de cette décision, les archives militaires et leurs tombes falsifieront leur date de décès, prétendant qu'ils sont tombés « pour la France » le 10 novembre 1918, car il aurait été inacceptable d'afficher que des soldats français soient morts le jour de l'armistice. Inacceptable, en effet …

" Tous du 415e, tous morts pour la France le 11 novembre 1918. Mais c'est une autre date, la même pour tous, qui est gravée sur leur pierre tombale, dans le carré militaire du petit cimetière de Vrigne-Meuse : 10 novembre 1918. "

Augustin sortira dans toutes les bonnes (et mauvaises) libraires le 10 octobre prochain, n'hésitez pas à l'acheter, à le lire et à l'offrir autour de vous, c'est un très bon roman sur la Première Guerre Mondiale.

" À 160 kilomètres de là, dans la forêt de Compiègne, les plénipotentiaires allemands ont signé l'acte d'armistice et accepté les conditions posées par le maréchal Foch. Il est heureux, le vieux Ferdinand. Il jubile. Il tient sa victoire, son Allemagne humiliée, la gloire, bientôt l'avenue dans les plus beaux quartiers de Paris, la statue équestre place du Trocadéro, une autre à Londres à Grosvernor Gardens. Qu'importe qu'il soit en train d'échafauder méthodiquement les conditions idéales pour tout recommencer dans vingt ans, avec plus de morts encore. Qu'importe que de l'autre côté du Rhin, un petit caporal de rien du tout se prépare à se jeter sur l'occasion pour, bientôt, prendre sa revanche. "
Lien : http://zerojanvier.fr/2018/0..
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Augustin
Un 17 août, il n'est pas encore l'heure de parler de LA rentrée littéraire, et il n'est jamais trop tôt pour parler d'un livre qu'on a adoré
On m'a beaucoup vendu la seconde guerre mondiale, j'en ai mangé en primaire, au collège, au lycée, dans beaucoup de mes lectures, parfois celles que j'ai choisies, parfois celles qui m'ont choisies, bien malgré moi, comme le ghetto intérieur, dont je n'ai pas forcément gouté la lecture à sa juste valeur sur le moment et qui présente une telle caudalie que j'en ai compris la grandeur à retardement
Je peux dire qu'Augustin m'a choisie, il m'a tourné autour avec son histoire de poilu de la
Première guerre mondiale, la moins intéressante, abhorrée par Tolkien, Salinger, négligée par mes profs d'histoire au profit de la « grande » seconde guerre mondiale
Augustin n'est pas un héros résistant, lettré et bien né, il m'a plongé le nez dans la fange et l'horreur de cette folie meurtrière qui a duré 4 ans, fumant des cibiches, mangeant de la viande de singe et buvant jusqu'à la lie la piquette de l'absurdité
Il m'a livré toute l'humanité d'un petit berger, tout ce qui fait qu'une vie vaut la peine d'être contée et comptée juste, j'y retrouve en cela un désir commun à Philippe Jaenada
J'ai aimé Augustin, j'ai espéré avec lui, j'ai désiré l'Argentine, j'ai voulu qu'il m'apprenne comment reconnaître les bêtes, comment il faut aimer les autres aussi, même si les autres vous méprisent
Dans une langue moderne sans être anachronique, dans un discours de l'intérieur, magnifique de justesse, Alexandre Duyck m'a violemment projetée dans un livre que je n'ai ensuite pas lâché
Il y a des journalistes dont on dit qu'ils sont aussi auteurs, Alexandre fait plutôt partie des auteurs qui sont aussi journalistes
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Bravo, Monsieur Augustin Trébuchon,

Berger de Lozère, n'étant allé que deux ans à l'école des Hussards de la République pour vous faire maltraiter sans jamais rien apprendre, engagé volontaire malgré votre statut d'aîné de famille et orphelin de surcroît, vous avez passé 1561 jours dans les tranchées, et, le 11 Novembre au petit matin, vous étiez encore vivant.

Ce livre qui vous rend hommage raconte cette dernière demi-journée depuis votre réveil jusqu'à 11h, heure officielle de l'Armistice dont vous n'entendrez pas jouer le clairon.

Dans ces 250 courtes pages, vous retracez l'histoire de ces 4 années de guerre absurde : le départ la fleur au fusil, ceux qui ne partent pas mais encouragent les autres, ceux qui font du marché noir, celui qui prévoit l'heure exacte de l'Armistice le 11e jour du 11e mois à la 11e heure.

Je n'en dirai pas plus, je vous laisse découvrir Augustin qui rêve de ses brebis et du calme de son plateau de Lozère au milieu du fracas des bombes.

L'image que je retiendrai :

Celle du papier serré fort dans sa main et qui annonçait le plus important : l'heure du rata.
Lien : https://alexmotamots.fr/augu..
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Il s'appelait Augustin Trebuchon. Il a été le dernier des 1 400 000 soldats français et coloniaux morts pour la France. Il a été tué le 11 novembre 1918 à 10 h 50. C'était 4 h 35 après que l'Armistice ait été signé. Les combats auraient pu cesser à 5 h 15, mais l'Etat-major français a privilégié le symbole aux vies humaines. le maréchal Foch a décidé que la guerre devait se terminer la onzième heure du onzième jour du onzième mois de 1918. Augustin a survécu aux obus, aux combats corps à corps, au froid, à la faim, aux maladies, mais pas à cet ultime message qu'un capitaine lui a ordonné de porter. le contenu de ce dernier est révoltant, car il ne contient aucun caractère d'urgence. Agent de liaison, Augustin a été sacrifié. Ce 1561eme jour de guerre, trente-cinq hommes sont morts. Pourtant, la date qui est inscrite sur le monument aux morts, ne correspond pas à la réalité. Dans ses Souvenirs de la guette 1914-1918, Charles de Berterèche de Menditte, officier d'infanterie, a écrit : « Il n'était tout simplement pas possible de mourir pour la France le jour de l'armistice, le jour de la victoire. » (p. 196)


Alexandre Duyck s'est fondé sur les archives militaires et civiles pour reconstituer l'histoire d'Augustin. Alors que sa situation familiale le dispensait de répondre à l'appel de la mobilisation, ce berger de trente-six ans a choisi d'être incorporé dès le premier jour de guerre. Il a survécu pendant quatre ans et quatre mois, dans les tranchées. L'auteur lui rend hommage en imaginant ces pensées, ses aspirations et sa perception du conflit. Il a imaginé les sentiments et les analyses de celui qui a participé à toutes les batailles, qui a vu ses camarades mourir, qui a été témoin et victime de l'absurdité de certains ordres, qui a subi des conditions d'existence inimaginables. L'auteur retranscrit les nuits sans sommeil, le froid, l'humidité, les bruits, les blessures, la peur, les bestioles qui attaquent les corps des valeureux soldats, etc. Je n'ai pu qu'éprouver un immense respect pour ces hommes qui ont résisté à un enfer indescriptible, que pourtant, l'auteur parvient à nous faire ressentir. J'ai été saisie par le courage de nos ancêtres, j'ai été émue par leur humanité et j'ai été secouée par leur vision acérée des évènements. J'ai rêvé avec Augustin de sa vie d'après. J'ai écouté cet homme, taiseux de nature, se raconter petit à petit. J'ai admiré ses choix et j'ai eu mal, quand j'ai compris les raisons de certains.


J'ai été, aussi, révoltée d'apprendre le sacrifice de ces derniers soldats morts pour la France. Je ne me rappelle pas que ces faits m'aient été enseignés à l'école et je ressens de la colère au sujet de cet oubli volontaire, destiné à masquer la honte des dirigeants. Cela me donne l'impression que pour l'armée, ces vies ne comptaient pas, seule l'image importait. Je suis choquée que ces hommes soient tombés dans l'oubli et je remercie Alexandre Duyck pour l'hommage qu'il leur a rendu. Augustin est un livre que je n'oublierai pas. Mais surtout, je n'oublierai pas celui qui portait ce prénom.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Augustin Trébuchon n'aurait jamais dû faire la guerre. Il est berger en Lozère, il a trente-six ans au début de la guerre, et surtout il est le responsable de sa famille. Il est célibataire mais responsable de ses frères et soeurs et chef de famille depuis que ses parents sont morts. Il était donc exempté et pouvait ne pas partir à la guerre. Mais il l'a fait, pour prouver qu'il n'était pas un trouillard, lui, toujours moqué à l'école, par les élèves, par l'instituteur, il veut aussi voir du pays, quitter ses prairies, ses moutons. Quand on sait l'horreur de cette guerre, on se dit que le pauvre, il ne sait pas dans quoi il s'engage. C'est facile à dire une fois les événements passés, mais à ce moment là, il ne faut pas oublier que la guerre était présentée comme un conflit bref, de quelques semaines, et que les hommes seraient vite rentrés. Personne ne doutait de ce fait. Beaucoup sont donc partis contents, avec la fleur au fusil, comme on dit. Et ce fut donc le cas pour Augustin. En plus, il allait voir des gens, lui qui a l'habitude d'être seul. Étant de stature petite, 1,61m, il est engagé dans l'infanterie, dans l'armée à pieds.
On va donc le suivre ici dans la dernière journée de sa vie, les 10 et 11 novembre. Il va nous raconter son quotidien dans les tranchées, ce qu'il vit, avec toute l'horreur que l'on peut s'imaginer. On va aussi en apprendre plus sur lui-même, sur sa vie avant son départ à la guerre, son enfance en Lozère, ce qu'il a vécu. Il parle de son quotidien, des désillusions de cette guerre qui n'en finit pas. Il compte les jours, 1560 exactement depuis qu'il est parti de chez lui, il n'a eu qu'une seule permission en quatre ans. Augustin ne cherche jamais les histoires, il obéit à tous les ordres. Et il va falloir qu'il en obéisse à un dernier. Les rumeurs de la signature de l'Armistice courent en ce 11 novembre au matin, il aurait été signé très tôt, mais ne doit être proclamé qu'à 11 heures. En attendant, les obus et les balles pleuvent encore du côté Allemand, et Augustin voit encore certains de ses amis périr. Personne, à ce moment là, ne croit trop à la fin de la guerre. Augustin va devoir mener un dernier message… et quand on apprend la teneur du message, je peux vous dire que ce pauvre Augustin est vraiment mort pour rien…
 
Je ne veux pas vous en dire de trop, j'ai envie que vous découvriez Augustin par vous-même, et il y a encore beaucoup à savoir sur lui. Et sa vie est tellement bien racontée par Alexandre Duyck. Il a fait des recherches dans les archives militaires et civiles pour récolter tout ce qu'il pouvait sur ce soldat. Il s'est sans doute appuyé sur des archives plus générales de la guerre pour décrire les conditions de vie des soldats. Un truc qui m'a atterrée, c'est la réaction de l'Armée face à ces décès du dernier matin de guerre. Sur la stèle de ces soldats morts, dont Augustin, il est noté la date du 10 novembre, alors qu'ils sont morts le 11. Comme si l'armée avait honte. Même si du côté français, ça ne tirait plus, ce n'était pas le cas côté Allemand. L'information d'un arrêt de guerre ne devait pas leur être parvenue, il y a un siècle, les liaisons se faisaient beaucoup plus difficilement. Ce changement de date de décès m'a choquée…
 
Je me suis vraiment fort attachée à Augustin. Il est difficile d'en être autrement, je pense. Quand on commence à lire son histoire, on sait déjà la finalité et vers où on va. Donc j'ai suivi ce soldat, ses actes, ses pensées, ses envies, ses joies, ses peines. Il se posait plein de questions sur ce qu'il allait faire après la guerre, il pensait voyager, il rêvait d'une autre vie, et ça m'a fait mal au coeur de savoir qu'il ne pourra jamais rien concrétiser. Et des Augustin, il y en a tellement, c'est déchirant.
Ce sentiment d'attachement au personnage est aussi renforcé par le choix narratif de l'auteur, qui a choisi d'écrire son récit à la première personne du singulier. Ce « je » m'a permis encore plus de rentrer dans la tête d'Augustin, de connaitre la moindre de ses pensées et d'être au plus près de lui. Sauf à la fin, le dernier chapitre, le moment de la mort du personnage, c'est une narration à la troisième personne, ce qui est beaucoup plus logique. On ne peut pas savoir ce qu'il s'est passé dans la tête du soldat à ce moment là… Cette fin m'a fait penser au poème de Arthur Rimbaud, le dormeur du val, qui se prête à toutes les guerres, malheureusement. J'aime d'ailleurs écouter Serge Reggiani lire ce poème, il me met à chaque fois des frissons…
 
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. J'ai coïncidé sa lecture avec la période du 11 novembre justement, pour rendre un hommage à tous ses soldats morts pendant cette guerre. J'ai déjà lu d'autres livres, plus ou moins romancés, sur la guerre et sur ses héros qui sont trop dans l'ombre. Et pourtant, je continue et continuerai à en lire, c'est pour moi très important, car les années passent, cela fait maintenant plus d'un siècle, il faut absolument que le devoir de mémoire persiste, que ces soldats ne soient pas morts pour rien. Il ne reste plus personne pour nous raconter ces années là, c'est donc très important que les historiens et autres écrivains continuent de nous raconter à nous, à nos enfants, les événements qui font L Histoire. Et c'est donc pour cela et pour la beauté de ce livre, que je vous recommande vivement sa lecture. Pour ne pas oublier Augustin et tous ses camarades, qui n'ont pas entendu le clairon retentir ce 11 novembre 1918 à 11 heures.
 
J'ai beaucoup aimé le style de Alexandre Duyck. Il y a très peu  voir pas, de dialogues, car ce sont surtout des pensées, et pourtant ça se lit très bien. Pas de lourdeurs, pas de moments longs, le rythme est donné par les chapitres qui représentent les différents moments avec l'Armistice. J'ai lu ce livre presque d'une traite, tellement j'ai été emportée par les mots de l'auteur, tellement j'avais envie de rester le plus longtemps possible avec Augustin. Je garderai vraiment un très bon souvenir de ce roman. Je découvre Alexandre Duyck et je suis très satisfaite, je vais continuer à le suivre. J'ai vu dans sa biographie qu'il avait écrit un roman sur le burn-out, L'effondrement, sujet qui m'intéresse particulièrement car j'ai connu la situation décrite dans le résumé. Il est paru également aux éditions JC Lattès, je le note sur ma wishlist pour un achat futur. S'il met autant de sensibilité dans cette histoire qu'il en a mis dans l'histoire d'Augustin, ce doit être à nouveau un roman fort. Il est journaliste et grand reporter et ce côté se ressent beaucoup, j'ai eu la sensation de regarder un magazine à la télé pendant ma lecture de ce roman. D'ailleurs, la vie d'Augustin ferait un très bon reportage visuel.
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Augustin Trébuchon, a quarante ans et est berger, originaire de Malzieu, un département de la Lozère en région Occitanie. Il est mobilisé dès le premier jour de la Première Guerre Mondiale en tant qu'agent de liaison de la 163ème division du 415e régiment d'infanterie.

La narration est à la première personne, Augustin raconte le 1561ème jour de guerre, le dernier jour de cette guerre qui ne devait durer que quelques semaines, à la manière d'un journal intime.
Se mêlent un récit historique, des anecdotes, des ressentis, des souvenirs, des pensées, la peur, l'horreur de la guerre et un optimisme omniprésent qui s'apparente à la chance d'être toujours en vie.

L'auteur Alexandre Duyck assimile avec brio ses recherches historiques sur la Grande Guerre mais aussi les passages romancés qui nous font véritablement entrer dans la tête de ce Poilu – le dernier mort pour la France.

Je suis très heureuse d'avoir pu découvrir cette histoire vraie que je ne connaissais pas et il est important de rendre hommage à Augustin Trébuchon, condamné par le dernier ordre que son commandant lui a demandé d'exécuter. Un dernier message fatal à apporter alors que l'Armistice a déjà été signée depuis plusieurs heures et que la fin des combats est officialisée 15 minutes seulement après le décès d'Augustin.
Celui qui décide que la guerre ne s'arrêtera qu'à 11 heures précises du 11ème jour du 11ème mois est le maréchal Foch et l'injustice que subisse Augustin et les trente-quatre autres soldats morts en ce jour d'Armistice est que leur acte de décès militaire ainsi que leurs tombes falsifient la date de décès : le 10 novembre 1918 « mort pour la France ». La mort de soldats Français le jour de la « grande victoire » de la France était inenvisageable et pourtant…

La fin tragique de cet homme, le 35ème mort en cette matinée du 11 novembre 1918 est un symbole de cette guerre-boucherie et où les décisions prises ont d'abord coûté la vie à des 1.400.000 hommes et auront plus tard des conséquences historiques très graves avec encore plus de morts.
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Augustin Trébuchon est berger. Un berger simple, orphelin à treize ans, peu instruit. Augustin a 40 ans et c'est un poilu, engagé comme tant d'autres dans ce qu'il convient d'appeler la première guerre mondiale. Augustin a survécu à 4 ans de combats. Mais Augustin est mort, le 11 novembre 1918, à quelques minutes de la fin de cette terrible guerre, parce que le haut commandement a décrété que la guerre serait finie à 11h, alors que la paix a été signée avec l'Allemagne à 5h du matin. Augustin est le trente-cinquième et dernier soldat français tué dans les Ardennes le matin du 11 novembre 1918.

Peut-on faire plus absurde ?

Alexandre Duyck nous invite à suivre les dernières heures d'Augustin, dernières heures pendant lesquelles il se souvient de ces quatre années d'enfer mais aussi de sa jeunesse dans son village. Un récit à la première personne, émouvant, dense.

Augustin est un homme qui ne remet pas en question les ordres qu'on lui donne, qui ne se pose pas de questions sur le bien fondé de cette guerre. Il fait, simplement, ce qu'il estime être son devoir de patriote.

S'il n'atteint pas l'intensité des témoignages d'Henri Barbusse dans le Feu ou de Maurice Genevois dans Ceux de 14, Augustin nous interpelle sur le destin tragique de ceux qui se sont battus avec courage et ténacité et rend un bel hommage à ce dernier soldat mort sur les champs de bataille et, à travers lui, à tous nos poilus.
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