Bonjour, aujourd'hui je vous présente "la maison d'autres" de Corinne Ernault. J'ai eu le plaisir de la rencontrer chez Babelio, elle m'a donné très envie de lire son roman, qui est son premier.
Il s'agit de l'histoire de Jeanne et de sa famille, qui s'occupe d'un gite au sein d'une maison de famille, en Provence.
Autour de sa famille, et notamment de sa grand-mère Misia décédée dont elle était très proche, circulent des histoires de familles connues ou non, qui vont être découvertes tout au long du roman.
Par le biais de flash-back, de rencontres, le fil de l'histoire familiale se tisse peu à peu.
Pourquoi le beau Hugo a-t-il insisté pour louer une chambre ? Que va t- il se passer après sa venue ?
J ai trouvé que ce roman était très esthétique, les descriptions fines et olfactives des paysages et de la flore de la Provence nous font vivre en immersion tout le long du roman.
Corinne Ernoult a une plume douce, son récit est agréable et enveloppant.
Les sujets abordés ne sont pas toujours simples, mais c'est écrit avec tendresse et finesse.
Les rebondissements peuvent être prévisibles, mais cela n'enlève en rien l'intérét de l'histoire et le bonheur de lire ce roman.
J'ai passé un très agréable moment de lecture, j'ai hâte de découvrir son prochain roman quand il sortira !
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À l'entrée du village de Musseron, la quincaillerie de madame Pélissan était une curiosité locale : le décor avait vaillamment résisté au temps et l'on pouvait encore voir sur la façade, écrits en lettres fanées, les mots « Quincaillerie Pélissan, Père et Fille ». Madame Pélissan vendait dans sa boutique des dizaines d'articles introuvables ailleurs, mais dont presque personne ne semblait avoir besoin. Ses prix étaient assez fantaisistes, mais on pouvait les discuter. Et si l'on ne discutait pas les prix, il fallait discuter quand même, d'autre chose, du temps qu'il faisait, des impôts, des potins, des maladies, de n'importe quoi pourvu que l'on discutât. Car ce qui plaisait à madame Pélissan, ce n'était pas tant de vendre tout ce bric-à-brac entassé depuis des lustres dans sa boutique poussiéreuse, mais de discuter avec ses clients
J'ai quinze ans. Un dimanche d'été. Misia épluche les légumes pour sa ratatouille. Je termine mon petit déjeuner. Des miettes de pain tracent un chemin autour de mon bol. Un rayon de soleil vient caresser le bois de la table de la cuisine. Misia sent le savon Fougère, celui qui me rappelle la mousse des sous-bois. Une odeur rassurante, de propre et de chaud, légèrement masculine. Je l'observe, impressionnée par ses doigts, prestes à peler, trancher, égrener.
Le contact de sa main déclencha un séisme en moi. Quelque chose d'impulsif, comme la détente d'un chat, guida tout mon corps vers le sien et avant d'avoir pu réfléchir seulement une seconde, mes lèvres cherchaient les siennes en un baiser maladroit, fougueux, juvénile.
Misia insistait sur le fait qu'il ne fallait jamais cueillir plus de cinq coquelicots et jamais plus d'une fois dans l'année, par respect pour cette fleur fragile mais téméraire. On la disait en effet capable, pour se venger, de faire éclater le tonnerre ou pire encore, de donner le « mal sauvage ». Je ne savais pas très bien ce que signifiait ce « mal sauvage », mais ces deux mots terribles suffisaient à retenir ma main si j'avais été tentée de dépasser la récolte autorisée par ma grand-mère.
En réalité, c'était bien ma grand-mère qui enfermait dans ses vieux pots en verre épais à facettes toute mon enfance, bercée par le jardin, les saisons, les fruits mûrs, les senteurs sauvages et vertes. Et quelle merveille de voir à la fin de l'été tous les pots sagement alignés dans le vaisselier, avec ces petites bulles emprisonnées dans le verre, comme des perles dans un coquillage.
Découvrez le booktrailer de "La Maison d'autres" !