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Citations sur Je m'en vais (109)

Personne ne se repose jamais vraiment, on imagine qu’on se repose ou qu’on va se reposer mais c’est juste une petite espérance qu’on a, on sait bien que ça n’existe pas, ce n’est qu’une chose qu’on dit quand on est fatigué
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Je m'en vais, dit Ferrer, je te quitte. Je te laisse tout mais je pars. Et comme les yeux de Suzanne, s'égarant vers le sol, s'arrêtaient sans raison sur une prise électrique, Félix Ferrer abandonna ses clefs sur la console de l'entrée. Puis il boutonna son manteau avant de sortir en refermant doucement la porte du pavillon.
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Comme elle passait près de lui, n’importe qui d’autre ou lui-même dans son état normal eussent jugé que ces vêtements n’etaient là que pour lui être enlevés, voire arrachés. Le dossier bleu, d’ailleurs, qu’elle tenait sous son bras, le stylo qui effleurait pensivement ses lèvres semblaient des acçessoires de pure forme, elle-même ayant l’air d’une actrice de film erotique dur pendant les scènes préliminaires au cours desquelles on dit n’importe quoi en attendant que cela commence à chauffer.
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Dès que l’art et l’argent sont en contact, nécessairement ça cogne sec.
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Dans le métro, quel que soit le coefficient de remplissage de la rame, et même quand elle est vide, Baumgartner préfère toujours les strapontins aux banquettes, contrairement à Ferrer qui aime mieux celles-ci. Sur les banquettes, qui sont en vis à vis, Baumgartner s'exposerait forcément à se trouver assis à côté de quelqu'un ou en face de quelqu'un, le plus souvent d'ailleurs les deux en même temps. Ce qui induirait encore des frottements et des gênes, des contacts, des difficultés de croisement ou de décroisement des jambes, des regards parasites et des conversations dont il n'a que faire. A tout prendre, même en cas d'affluence où il faut bien se lever pour laisser un peu de place, le strapontin lui paraît préférable en tous points. Il est individuel, mobile et d'utilisation souple. Il va de soi que le strapontin isolé, trop rare, est encore supérieur à ses yeux au strapontin apparié qui présente lui aussi quelques risques de gênes promiscues - celles-ci moins dommageables de toute façon que les incommodités de la banquette. Baumgartner est ainsi.
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Car le maquillage masque en même temps qu’il décore les organes sensoriels, du moins, notez, ceux qui ont plusieurs usages. La bouche, par exemple, qui respire et qui parle et mange, boit, sourit, chuchote, embrasse, suce, lèche, mord, souffle, soupire, crie, fume, grimace, rit, chante, siffle, hoquette, crache, rote, vomit, expire, on la peint, c’est bien le moins, pour l’honorer de remplir ainsi nombre de fonctions nobles. On peint aussi les alentours de l’œil qui regarde, exprime, pleure et se ferme pour dormir, ce qui est également noble. On peint encore les ongles qui se tiennent aux premières loges de l’immense et noble variété des opérations manuelles.
Mais on ne farde pas ce qui ne rend qu’un ou deux services. Ni l’oreille – qui ne sert qu’à entendre – à laquelle on fixe juste un pendentif. Ni le nez – qui ne fait que respirer, sentir, et qui parfois se bouche – auquel comme à l’oreille on peut assujettir une boucle, une pierre précieuse, une perle ou même sous certains climats un os véritable, alors que sous les nôtres on se contente de le poudrer.
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L'illusion règne en effet sous ces climats. La veille encore, tenez, on avançait derrière ses lunettes noires, sans lesquelles le soleil arctique vous emplit les yeux de sable et la tête de plomb, quand ce même soleil s'était soudain multiplié dans les nuages par effet de parhélie: Ferrer et ses guides s'étaient retrouvés aveuglés par cinq soleils simultanés, horizontalement alignés, parmi lesquels le vrai - avec deux autres astres supplémentaires à la verticale du vrai. Ç'avait duré une petite heure avant que ce vrai soleil se retrouvât tout seul.
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Passé le cercle arctique, on commença d'apercevoir quelques icebergs. Mais de loin, seulement: les icebergs, les bateaux aiment mieux les éviter. Parfois épars à la dérive et parfois regroupés, immobiles, en armada ancrée, certains d'entre eux étaient lisses et luisants, tout de glace immaculée, d'autres souillés, noircis, jaunis par la moraine. Leurs contours dessinaient des profils animaux ou géométriques, leur taille variait entre la place Vendôme et le Champ-de-Mars. Ils paraissaient cependant plus discrets, plus usés que leurs homologues antarctiques qui se déplacent pensivement en grands blocs tabulaires. Ils étaient également plus anguleux, asymétriques et tarabiscotés, comme s'ils étaient retournés plusieurs fois dans un mauvais sommeil.
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Toujours en retard de plusieurs aspirateurs, cet atelier se présentaient comme un terrier de célibataire, une planque de fugitif aux abois, un legs désaffecté pendant que les héritiers s'empoignent.
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Mais, les paroles une fois émises, sonnaient trop brièvement avant de se solidifier : comme elles restaient un instant gelées au milieu de l'air, il suffisait de tendre ensuite une main pour qu'y retombent, en vrac, des mots qui venaient doucement fondre entre vos doigts avant de s'éteindre en chuchotant.
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