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sur 1190 notes
Alors c'est donc ça un prix Goncourt ? Eh bien dites donc, c'est rudement impressionnant ! Sans aller jusqu'à prétendre qu'il s'agisse d'une nullité absolue, reconnaissons sans honte que c'est tout de même très, très faible voire un peu en-dessous. Pas certaine qu'on sache encore que ce bouquin existe dans cinquante ans.

À propos de honte, je ne crois pas qu'il serait une honte, quand vraiment une année de production littéraire est particulièrement creuse — ce qui est arrivé quelquefois — de ne pas attribuer de prix Goncourt. Car l'attribuer à un tel livre, c'est forcément décrédibiliser un prix qui se voudrait prestigieux. Essayez de trouver, par exemple et par curiosité, Les Loups de Guy Mazeline (vous savez bien, celui qui a honteusement ravi le prix Goncourt à Céline). Absolument plus personne ne lit ce bouquin (sous réserve que quelqu'un l'ait lu un jour, même à l'époque) et plus aucun éditeur ne prend même la peine de l'imprimer tant cette oeuvre était marquante.

Bref, je prédis à ce livre le même genre d'avenir. D'après moi (mais ce n'est que mon avis, et vous connaissez la ritournelle) voici un livre creux, gratuit, avec des personnages qui sonnent faux du début à la fin, des situations à l'avenant et absolument sans intérêt. À aucun moment je n'ai pu rentrer dans l'histoire, et ce n'est pourtant pas faute d'avoir réellement essayé : je n'ai cessé de voir l'écrivain en train de l'écrire, ce qui, à mon sens, est très problématique, voire, frise la faute professionnelle.

L'écrivain est tellement là, tellement présent, pesant, occultant, il veut tellement qu'on ne l'oublie pas qu'il cherche à tout prix à devenir le véritable héros de sa création. Pierre Bayard écrit à ce propos dans Comment améliorer les œuvres ratées : « Un excès de présence de l'auteur, dans la diversité des désordres qu'il suscite, perturbe chez le lecteur, en tout cas chez nous, le mouvement d'adhésion à l'œuvre. » Ici, Jean Echenoz ne se fait jamais discret, on ne l'oublie jamais tandis que ses personnages, eux, en revanche, on va se dépêcher de les oublier tant l'empreinte qu'ils font sur notre esprit est inexistante, insipide. Je l'ai terminé hier et ne suis pas certaine de m'en souvenir encore dans une semaine tant toute cette lecture fut un électro-encéphalogramme plat, électro-cardiogramme plat… (Tout ce qui traduit les émotions et la passion était plat.)

Un profond ennui, donc, un écrivain que j'ai eu le sentiment de voir jouer au plus fin avec rien dans les mains, mais ce qui s'appelle rien. Pendant toute ma lecture, j'ai eu la sensation que malgré le fait qu'il n'avait rien à dire, Jean Echenoz avait absolument besoin de pondre un livre pour gagner un peu sa croûte… Ça se sent malheureusement beaucoup, beaucoup trop. Vous savez, on a tous eu un voisin ou un parent qui vous tenait la jambe pendant des heures pour ne rien dire, eh bien pardonnez-moi, ami Echenoz, mais en ce qui me concerne vous avez appartenu à cette catégorie dans ce livre.

De quoi l'auteur essaie-t-il de nous parler ? Un galeriste parisien, la cinquantaine et pas attachant pour deux sous, fait tomber toutes les nanas un brin canon qu'il croise. Son couple néanmoins capote et l'activité économique de la galerie n'est pas florissante. Son assistant lui dévoile un coup intéressant : un bateau échoué depuis des décennies dans l'arctique canadien et recelant des tas d'oeuvres d'art inuit d'une valeur considérable.

Notre galeriste va donc entreprendre cette mission, alors qu'il est malade du coeur, qu'il n'a aucun enthousiasme particulier pour l'aventure, et puis… enfin bon, je ne vais pas vous en dire plus, tant cela me semble boiteux, tant les personnages m'apparaissent peu crédibles (la rencontre avec Hélène à la fin vaut son pesant de caramels mous tellement elle est mal ficelée et totalement brinquebalante), tant l'écriture fait un écran entre les personnages et le lecteur (alors qu'elle devrait être un facteur d'adhésion et de persuasion).

Bref, selon moi, ce roman est raté et c'est bien dommage, car j'aurais aimé aimer, mais franchement, non, vraiment non. En somme, circulez, y a rien à voir, d'ailleurs ce n'est que mon avis, c'est-à-dire pas grand-chose, si bien que, incontinente, je m'en vais.
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Mon premier Echenoz. Un livre dans lequel j'ai eu du mal à entrer. Je n'ai pas apprécié l'humour de l'auteur ni trop son écriture.Etant donné que ce roman a obtenu le prix Goncourt en 1999 je m'attendais à beaucoup mieux. Pour moi un livre récompensé par un prix doit être génial. Je n'ai pas trouvé ce livre au-dessus de la moyenne. Je le regrette. Je suis déçue.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Ferrer s'en va. Il s'en va. Il s'en va par fidélité à une certaine conception de la vie.
Une première alerte cardiaque lui a fait comprendre qu'il n'est pas éternel.
A 50 ans, il décide soudain de quitter sa femme et la galerie qu'il tient à Paris pour se lancer dans l'aventure d'une chasse au trésor. On lui a parlé d'une fabuleuse cargaison d'objets d'art enfouie dans la cale d'une épave quelque part dans l'arctique.
Alors, il s'en va !
J'ai adoré ce roman qui se donne les allures d'un polar qui ne se prendrait pas au sérieux. Tout y est le tempo, les poursuites, les rebondissements, les rencontres amoureuses, avec un grand plus : l'écriture majestueuse d'un auteur qui ne m'a jamais déçue.
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Personnages ectoplasmiques, intrigue minimaliste et Prix Goncourt. Avouons qu'on a là (notez dès à présent l'emploi du « on », si cher à l'auteur) tout pour déplaire.
Oui, mais… non. On est en présence d'un lecteur satisfait de sa lecture et avouant avoir beaucoup aimé le style, l'humour et ces contrepieds récurrents qui obligent parfois à relire la phrase dont on n'a pas su goûter la subtilité et l'espièglerie au premier passage : « ce n'était plus qu'une question d'heures avant d'être débarrassé de ce rival qui, l'objectif atteint, fit ses adieux au commandant et à l'état-major sur la passerelle puis, retourné dans sa cabine, ses valises. »
On a trouvé plaisant de se moquer, avec l'auteur, des amateurs et professionnels de l'Art moderne, de ces industriels ne sachant plus trop quoi faire de leur argent, ou de ces « artistes » peintres ou plasticiens « qui installait ça et là des monticules de sucre glace et de talc » ou se proposaient « au lieu d'accrocher un tableau sur un mur, il s'agit de ronger à l'acide, à la place du tableau, le mur du collectionneur : petit format rectangulaire 24 x 30, profondeur 25 mm. »
On se réjouit de ses descriptions urbaines qu'on soit à la terrasse d'un café, carrefour de l'Odéon, où « la vue est imprenable sur deux bouches d'une même station de métro », au cimetière d'Auteuil « devant (la tombe) d'un inconnu sans doute malentendant – Hommage de ses amis sourds d'Orléans, crie la plaque » ou bien encore à San Sebastian où on « aperçoit une femme au magnifique physique d'otarie, vêtue d'un maillot noir une pièce qui entre dans l'océan gris-vert… avance dans l'eau glacée jusqu'à ce que celle-ci lui arrive aux chevilles, aux genoux, au pubis puis à la taille à hauteur de laquelle, avant de se lancer dedans bras tendus devant, elle se signe et Baumgartner l'envie. Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi pour faire ça ? Juste peut-être qu'elle sait nager. Moi non. le signe de croix je sais, mais nager, non. »
On s'en va divorcer sereinement car « le juge était une juge aux cheveux gris, à la fois calme et tendue, calme car croyant avoir l'habitude d'être juge et tendue car sachant ne jamais l'avoir prise. »
Tout ça, convenons-en, n'est pas très sérieux, pas de thèse puissante, pas de prêche moral si répandu dans la littérature française contemporaine. Impossible de se révolter, de compatir, de militer, de conforter ses opinions. Cela devrait être frustrant, c'est réjouissant.
L'auteur nous balade, multiplie les fausses pistes dont certaines n'aboutissent à rien. Son histoire, personne n'y croit vraiment, son personnage est à peine esquissé mais comment lui en vouloir quand le lecteur s'amuse en permanence, gavé de bons mots qui lui procurent tant de bons moments ?
Vous, je ne sais pas, mais moi (on est d'accord, le "on" devient vite fatigant quand on n'a pas le talent de l'auteur), Je m'en vais lire un autre Echenoz.
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Ce Goncourt, peu mérité malgré quelques bonnes envolées, relate l'histoire d'un homme qui veut partir vers l'Arctique pour tenter d'y découvrir des objets d'art enfouis dans une épave engloutie. Il tient lui-même une galerie d'art, mais de là à revêtir l'habit d'aventurier vers une quête improbable, il y a un grand pas.

Durant cette année de voyage à la recherche de son Graal personnel qui n'est sûrement pas le trésor d'art qu'il dit vouloir découvrir, ce quinquagénaire, sans doute lassé de son épouse et de ses maîtresses, va multiplier les rencontres. Elles seront pour la plupart féminines, platoniques ou érotiques, plutô décevantes dans l'ensemble.

Et puis, le roman tourne au polar gentil et les péripéties s'enchaînent. On attend un dénouement que l'on n'ose espérer fracassant, on aura en fait un retour du grand voyageur à la case départ, sans grande fantaisie.

Il reste le talent de l'écrivain qui arrive à tirer son épingle du jeu d'une histoire bien alambiquée. Il a même obtenu le Goncourt, confirmant le caractère non référent de ce prix qui a bien pâli au fil des décennies.
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Quelle drôle d'affaire! Quel drôle de bonhomme!

Jean Echenoz imagine un cinquantenaire volage, vivotant d'une galerie d'art contemporain sans envergure, et d'un muscle cardiaque à bout de souffle.
On pourrait l'imaginer courbant le dos face à un avenir morose. Mais l'homme a la bougeotte, passe de femme en femme, part vers le cercle polaire pour trouver des oeuvres d'art oubliées, se retrouve en chirurgie pour un pontage, course un voleur jusqu'en Espagne...

J'ai fini par me lasser de suivre cet individu indifférent et dilettante, me demandant souvent où l'auteur menait son lecteur. Nulle part manifestement...

N'eût été la qualité de la plume, incisive et élégante, j'aurais fait escale avant cet antihéros incapable de se fixer. le style de l'auteur est là, entre une histoire proche d'un polar, racontée avec distance, un brin d'ironie et des digressions, et une façon de mettre son personnage en auto narration.

Paru en 1999, ce livre y décroche le Goncourt et le Meilleur livre de l'année.
Pour ma part, il est loin d'être mon préféré de Jean Echenoz.
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« Je m'en vais,dit Ferrer, je te quitte,Je te laisse tout mais je pars » , c'est par ces mots que commence le roman de Jean Echenoz Je m'en vais,roman qui lui a
valu le Prix Goncourt en 1999,
Ferrer tient une galerie d'art installée dans le IXème arrdt à Paris, dans son ancien atelier de sculpteur.Cet ancien artiste s'est reconverti dans la promotion des autres artistes ,peintres et sculpteurs d'art contemporain.Les temps sont durs, la galerie s'étiole, Ferrer aussi son coeur surtout dixit Feldmann son cardiologue : pas de températures extrèmes pour les cardiaques!
Travaille avec lui un personnage peu reluisant Delahaye, toujours mal habillé, la cravate de travers, le cheveu pas très net, la moustache mal taillée.Ce dernier s'occupe du relationnel avec les artistes, mission souvent ingrate et surtout il sert d'informateur signalant à Ferrer les bonnes opportunités.C'est ainsi que Ferrer part pour le pôle Nord afin d'y récupérer si possible le chargement d'un navire échoué dans la banquise, La Nechilik, bateau d'antiquités lappones fort anciennes,
Quand vous saurez qu'à son retour, tout son monde va s'écrouler, sa vie basculer,vous pourrez sans peine imaginer que ce chargement fera des envieux,,,,
Avec tous ces ingrédients, une écriture qui lui est propre, Echenoz nous livre ici un petit bijou,Certes il y a un semblant d'histoire policière mais surtout il y a l'histoire de tous ces personnages, Ferrer, Delahaye, Baumgartner, le Fletan et celle de toutes ces femmes qui passent, restent parfois et partent toujours! Par petites touches, des phrases courtes, l'emploi du « on » et du « nous », Echenoz nous convie à visionner la vie de ces héros.
Si vous aimez voyager, laisser vous embarquer pour le Grand Nord On se pince, on s'y croit, ah le passage du cercle polaire avec bizutage obligatoire!

Alternant narration au présent, souvenirs, changement d'acteur, son narrateur nous amène en douceur au dénouement de cette aventure qui n'est pas vraiment une finmais sûrement un début!
Vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé Je m'en vais et me réjouis à l'avance de tous les titres d'Echenoz qu'il me reste à découvrir
Ne passer pas à côté de ce petit joyau , ce serait dommage.
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Je rencontre l'écriture de Jean Echenoz avec ce titre et j'en suis ravie.
Superbe plume. Une maîtrise parfaite.
Il me semble que cet auteur pourrait transformer une histoire ordinaire en chef d'oeuvre.
J'ai aimé le sarcasme en demi-teinte, l'oeil amusé, que Jean Echenoz a apporté dans son récit.
Son personnage central, Ferrer est tout à fait crédible et proche du lecteur.
Ce n'est pas une intrigue haletante que l'on trouve ici, mais l'histoire d'une vie presque ordinaire qui devient petit à petit peu commune...
A découvrir sans hésiter !
Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Félix Ferrer, propriétaire d'une galerie d'art vit des moments difficlies tant sur le plan professionnel, sentimental que intime. Spécialisé dans l'art moderne les affaires ne vont pas forts, il quitte sa femme qui lui porte sur le système et des problèmes cardiaques lui rapellent sa condition d'humain de cinquante ans. Sur l'avis de son conseiller, il décide de se joindre à une expédition pour le grand Nord à la recherche d'objets d'art inuit. Mais son coeur lui joue à nouveau des tours.
C'est tout en légèreté et en énigmes que Echenoz nous ballade dans les pas de Ferrer, un homme qui avance dans la vie sans se retourner comme si sa vie était perpétuellement en mouvement. Et c'est de cette légèreté que vient tout le plaisir des livres d'Echenoz. On se croit dans un polar, on bascule dans la comédie, on passe de l'ironie à la sincérité. Jean Echenoz obsculte nos quotidiens et nos solitudes avec un talent rare. Prix Goncourt mérité, ce qui n'est pas toujours le cas.
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Mon premier Echenoz était "14" : belle écriture, mais l'histoire, d'abord histoire de guerre, ce qui n'est pas ma tasse de thé, l'histoire donc m'avait paru bâclée même si le plan de l'histoire se tenait. Un scénario construit, je veux dire avec début, milieu et fin, mais qui restait superficiel à mes yeux.

Poussée par ma libraire à lire autre chose de cet auteur, je me suis plongée dans son livre primé par le Goncourt, étiquette qui me fait fuir, mais bon, j'allais tenter un second ouvrage. Et bien, c'est mieux, nettement. L'histoire se tient, cela se lit sans difficulté. Cela reste néanmoins une littérature passagère, qui ne devrait pas rester inscrite longtemps dans mes cellules grises de lectrice.

L'ajout en fin de livre d'un interview de l'auteur sur ses modes d'inspiration et d'écriture est intéressant.
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