Tom doit partir une quinzaine de jours chez son oncle et sa tante. En effet, son frère Peter a la rougeole et pour ne pas que Tom contracte le virus à son tour, la décision a été prise de mettre Tom en quarantaine dans la famille. La souffrance liée au fait qu'il va être séparé de son frère doublée à la perspective d'aller chez cet oncle taciturne font que Tom vit cela comme une double peine.
Dès son arrivée dans leur maison, Tom remarque l'horloge qui trône dans l'entrée. Une vieille horloge imposante qui appartient à la vieille Madame Bartholomée qui vit dans un des appartements de l'étage. On la lui présente comme quelqu'un d'extrêmement maniaque et qui insupporte les enfants. Outre le fait que Tom n'a pas le droit de toucher à cette pendule, il apprend aussi qu'il n'aura donc pas le droit de déambuler dans les communs de la maison au moment où Madame Bartholomée remonte son horloge. Un rituel qu'elle effectue chaque matin. Mais ce qui intrigue l'enfant, c'est d'apprendre que si l'horloge « indique l'heure juste, mais ne sonne jamais la bonne heure ».
Les jours passent. Tom s'ennuie. Il tue la solitude et l'inactivité en écrivant de longues lettres à son frère. Une nuit pourtant, alors qu'il n'arrive pas à dormir, il entend les coups d'horloge raisonner dans la maison.
« Dix. Onze. Douze/ Minuit, et je ne dors touj… Treize ?! Peter, je me suis demandé quelle heure pouvait indiquer une horloge quand elle sonne treize fois… J'ai décidé d'aller voir ».
Dès, lors, chaque nuit, Tom descendra à l'appel des treize coups de minuit. Et chaque nuit, un autre monde s'ouvre à lui. Dans ce monde, il rejoint Hatty, une fillette avec qui il lie amitié.
En postface,
Frédéric Bézian partage quelques mots avec ses lecteurs. Il témoigne notamment de sa rencontre en août 2000 avec
Philippa Pearce, auteure de « Tom's Midnight Garden » (traduit en 1969 : «
Tom et le jardin de minuit ») dont «
le Jardin de Minuit » est l'adaptation. « J'avais relu le livre une fois par an depuis mes onze ans, et les détails m'en sont devenus familiers pour toujours » et donne quelques pistes de réflexion supplémentaires.
Cette fiction nous plonge dans deux univers distincts. Tom, le personnage principal, est confronté à deux réalités différentes. Dans l'une, il s'agit de son quotidien, celui d'un enfant qui grandit au milieu du XXème siècle dans une Angleterre d'après-guerre. La seconde lui permet de rencontrer une jeune fille de son âge à une période qui se situe approximativement à la fin du règne de la reine Victoria. Un peu moins d'un siècle séparent leurs enfances respectives mais une amitié solide va peu à peu les unir. Très rapidement, Tom ressent de l'impatience. Chaque nuit promet une nouvelle rencontre avec Hatty avec qui il vit des aventures imaginaires, des jeux de cache-cache, des cabanes dans les arbres…
Edith propose ainsi deux ambiances graphiques différentes sur un dessin assez sombre. On remarque notamment ce choix d'apposer des couleurs chatoyantes au monde imaginaire tandis que le quotidien s'affiche dans des tons plus sombres, légèrement fades. A mesure que Tom enrichit sa connaissance de l'univers parallèle qu'il découvre chaque nuit, sa réalité s'égaye. La narration suit ce rythme coloré et les temps que Tom passe à écrire les lettres à son frère – lettres dans lesquelles il relate la richesse de ce monde intérieur, sont peu à peu baignés de couleur. Edith a su trouver l'équilibre adéquat pour retranscrire ces deux espaces temporels distincts.
Habituée des séries jeunesse (« Basil & Victoria », « le Trio Bonaventure »…), l'auteure signe de nouveau une belle épopée aux confins de l'imaginaire. Elle ose franchir le passage entre passé et présent sans jamais créer de confusion et incite le lecteur à entreprendre une douce réflexion sur les questions de la mémoire, la fonction des rêves et des souvenirs.
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