Dans notre monde où tout doit aller vite, voyage-t-on encore pour contempler les paysages se défiler sous nos yeux, est-ce qu'on part encore à l'improviste, sans savoir à l'avance où l'on va ?
Je me suis plongé dans ce roman de Joseph von Eichendorff, poète et romancier allemand peu connu en France, qui a vécu de 1788 à 1857. Ce roman date de 1826.
Contrairement à ce que j'ai lu jusqu'à présent
D E.T.A. Hoffmann ou de
Ludwig Tieck, l'univers d'Eichendorff ne s'inscrit pas dans l'univers étrange et inquiétant (Unheimlichkeit) des autres auteurs romantiques de la même épôque. On y découvre un autre aspect non moins fascinant du romantisme allemand : le 'Wanderlust', le goût du voyage, du dépaysement.
On suit effectivement les pérégrinations du narrateur qui avait été une source de complaintes pour son père, meunier de profession ; il ne cessait de répéter à son fils combien il était vaurien, apte à rien, ayant toujours la tête dans les nuages. Alors un beau jour ce dernier prenait le large, laissant derrière lui le moulin et le ruisseau, tout ce qui était familier pour lui.
Ce roman d'Eichendorff respire la poésie, l'émerveillement d'un monde jusque là inconnu, sans attaches, le narrateur ayant pour seule fortune son violon et ses airs qu'il joue à l'occasion. C'est grâce à ses talents musicaux que le narrateur se fait transporter à Vienne et de là en direction d'Italie.
Certaines scènes m'ont fait penser aux tableaux délicats de Watteau.
Un roman à savourer comme un long poème qui célèbre les beautés d'une vie insouciante et libre, en harmonie avec la nature, livrée au hasard des rencontres.