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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Entre roman et quête de l'histoire de sa famille, l'auteure nous emmène sur les pas de ses grands-parents, juifs français vivant en Algérie jusqu'en 1962.

Tailleur dans la ville de Rélizane, ville d'Algérie à une centaine de km à l'est d'Oran, Marcel, le grand-père de l'auteure, mène une vie sans problème avec sa femme Viviane et leur deux fils. Juif, bien intégré dans la ville, il ne prend parti ni pour la France, ni pour les indépendantistes. Naturalisé français, comme tous les juifs d'Algérie, par le décret Crémieux de 1871, il est respectueux de la France mais se sent aussi algérien.

Un soir d'octobre 1958, des hommes du FLN le kidnappent. Il croit sa dernière heure arrivée mais le voilà libéré avec une commande de costume pour les chefs et une protection de ceux-ci.. A partir de ce moment-là, il est vu comme un traître. En 1962 les exactions se font plus proches et il est obligé d'envoyer sa femme et ses enfants en France pendant qu'il essaye de vendre le mieux possibles les quelques biens qu'ils ont à Relizane.

Les voilà pieds-noirs, étrangers dans un pays dont ils ont la nationalité mais qui ne les reconnaît pas. Bafoués par l'administration, ils vont survivre dans des conditions très modestes.

Déracinement, exil, perte d'identité, blessure morale, difficile assimilation, mépris, désarroi ... pourtant la famille garde son humanité et sa droiture, mais que de combats !

L'auteure fait partie de la troisième génération, celle qui cherche à comprendre et se réapproprier son passé.

L'écriture est fluide, mêlant des anecdotes, des faits historiques et des histoires romancées.

Un témoignage édifiant et sensible, plein de sincérité, qui permet à l'auteure de renouer avec ses origines et qui nous donne un aperçu authentique du rejet et de la difficile intégration des pieds noirs dans les années 60.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Beaucoup de pudeur et de tendresse dans ce témoignage. L'auteur nous dévoile le cheminement de ses grands-parents, si douloureux. Juifs d'Algérie depuis des générations, leur vie s'enracine là, dans la beauté de la lumière, jusqu'aux mots murmurés par leurs morts au cimetière. Et puis tout bascule. On suit avec inquiétude cette famille, les épreuves qu'elle traverse, les injustices aussi. L'écriture est fluide et empreinte de sincérité, les personnages sont entier, dans leur dureté et leur chagrin, le grand-père bien sûr nous touche infiniment.
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L'auteure a quarante ans, l'âge de ses grands-parents paternels à leur arrivée en France fuyant l'Algérie en 1962, lorsqu'elle commence à reconstituer l'histoire de sa famille. Pendant les dix années de son mariage, elle a effacé l'Algérie, qu'elle considère alors comme un folklore. Elle change même de nom. Avec son divorce, tout resurgit : le malheur et les errances de ses grands-parents paternels.
« Je voudrais que tu me parles de l'Algérie », dit-elle à son père, qui débarque quelques jours plus tard avec une valise pleine de photos, de documents en tous genres, de coupures de presse et de clés USB remplies de vidéos. Elle retrouve, entre autres, un papier mentionnant son grand-père : « Draperies françaises et anglaises, Elkaïm Marcel, tailleur, rue du Fortin, Relizane ».
L'auteure ouvre son récit par l'enlèvement de son grand-père une nuit d'octobre 1958. Cela fait quatre ans que les « événements » ont commencé. Père de deux jeunes garçons, il ne racontera pas son absence, qui sera source de rumeurs et d'inquiétudes : que s'est-il passé, qu'a-t-il pu bien faire, lui, le tailleur juif de nationalité française obtenue grâce à ses grands-parents naturalisés par le décret Crémieux en 1871 ?
Elle raconte cette vie d'avant, la nostalgie et la jeunesse, puis l'exil forcé (« On ne voulait plus d'eux là-bas. On ne voulait plus d'eux ici. »), la vie d'après en France, où ils doivent doublement s'assimiler : en tant que pieds-noirs et en tant que Juifs. Une telle déchirure que Marcel décidera de ne plus parler arabe. « Marcel bannit aussi l'usage de l'arabe, y compris avec ses frères. Il finit par oublier qu'il l'a parlé couramment autrefois, que c'était sa langue maternelle, celle de l'amour et des émotions, de ce qu'on ne peut pas dire autrement. Ne lui restent que quelques interjections. »
Olivia Elkaïm dresse des portraits d'hommes de femmes (sa grand-mère Viviane!) et recrée l'atmosphère de l'Algérie des années 1950 et début 1960 grâce aux témoignages de membres de sa famille et proches et les lectures qui ont enrichi le livre. Ce besoin d'écrire pour apaiser ses souffrances, se réconcilier avec ses origines, nous offre un roman touchant dont la lecture est émouvante et prenante.
#LetailleurdeRelizane #NetGalleyFrance
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J'ai beaucoup aimé cette évocation de l'Algérie, de la guerre civile, de l'arrivée des familles Pied-noires en métropole et la quête d'identité de l'autrice. J'utilise ici le terme d'évocation car on reste un peu en surface, mais ce n'est que parce que ce n'est pas l'objet de ce roman. En effet, il 's'agit pour l'autrice d'interroger, de retrouver ses racines, ce passé tu mais pourtant si présent.

Et en effet, le présent et le passé, ou devrais-je dire les passés, s'entremêlent et se répondent tout au long du récit. Cette écriture entretient le suspens, l'envie d'en savoir plus, de découvrir, enfin, où l'autrice souhaite nous emmener. Au coeur de ses émotions et de ce passé qui lui appartient, enfin.
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Une nuit d'octobre 1958, en pleine guerre d'Algérie qu'on appelait alors, comme pour minimiser son ampleur, « les événements », Marcel est kidnappé. Sa femme, ses enfants et ses voisins sont persuadés qu'il ne reviendra pas.
Pierre, le père de l'auteure, a 6 ans à l'époque et la disparition de son géniteur est son premier souvenir d'une enfance commencée à Relizane.
Quelques jours plus tard, Marcel est de retour. Ses ravisseurs, des fellaghas, voulaient juste profiter de ses talents de tailleur pour se faire confectionner de jolis costumes... Il garde le silence sur l'enlèvement, attirant sur lui la suspicion. Ne soutiendrait-il pas ceux qui se battent pour l'indépendance de l'Algérie ?
Il est persuadé que le conflit ne le concerne pas lui qui a toujours considéré les Arabes comme des frères. Contrairement à son épouse Viviane qui sombre dans la dépression. Malgré la protection dont bénéficie Marcel, la famille Elkaim devra quitter l'Algérie et rejoindre Marseille.
Marcel « était français par accident » par la grâce du décret Crémieux. Ses « grands-parents étaient des Juifs indigènes issus de familles berbères autochtones installées depuis plusieurs siècles à Relizane ».
En racontant l'histoire de sa famille, alors qu'elle avait toujours voulu l'effacer, Olivia Elkaim, qui se met en scène pour décrire le parcours qui l'a amenée à prendre conscience de l'importance des racines, affirme une part de son identité. Elle écrit pour renaître.
Avec finesse, justesse, tendresse pour ses personnages (j'ai une préférence pour Marcel, son humanité et son optimisme malgré le déchirement de quitter le pays où il est né) et sans prendre partie pour l'un ou l'autre camp, elle souligne combien ceux qui étaient alors surnommés les pieds-noirs furent ignorés et négligés par ce pays qu'ils ne connaissaient pas. Comme s'ils étaient responsables de cette guerre coloniale perdue par la France (Georges Pompidou, alors Premier ministre, voulait les envoyer en Amérique du Sud ou en Australie !) alors qu'ils n'étaient que les jouets d'une Histoire trop grande pour eux. « On ne voulait plus d'eux là-bas. On ne voulait pas d'eux ici » écrit-elle. En donnant chair à l'exil, elle adresse au lecteur un message universel. « On est tous l'Arabe de quelqu'un ! » affirme Marcel à ses enfants. A méditer...

EXTRAITS
- On pouvait vivre ex nihilo, et heureux, pensais-je alors.
- Tout s'efface peu à peu. Tout va être remplacé.
- Parce qu'en vérité, on a laissé bien plus qu'un pays. C'est notre jeunesse qui est restée là-bas.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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"Il finit par oublier qu'il la parlé couramment autrefois, que c'était sa langue maternelle, celle de l'amour et des émotions de ce qu'on ne peut dire autrement "
✂️
Le tailleur de relizane de @olivia.elkaim chez @editionsstock un joli roman plein d'émotions mêlant la petite histoire dans la grande
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Relizane, pendant la guerre d'Algérie, en pleine nuit, Marcel tailleur juif, grand père de l'auteure, est enlevé et emmené dans le désert. 3 jours plus tard il revient silencieux mais sain et sauf. Dès lors il comprend qu'un jour ou l'autre il lui faudra quitter son pays natal.
Bien des années plus tard, Olivia à un tournant de sa vie, retrace la vie de ses grands parents, comme un besoin connaitre ses origines pour enfin se trouver.
"Si tu ne sais pas d'où tu viens, tu ne sais pas où tu vas".
On est transporté dans l'Algérie de ses grands parents jusqu'à leur exil précipité en France qui aura des conséquences sur toute la famille.
✂️
Avec des mots plein d'émotions et de sincérité on est plongé dans cette tragédie entre la France et l'Algérie. Dans le désespoir de ces familles contraintes de quitter leur pays natal pour un pays qui ne veut pas d'elles. Des mots sur des maux toujours à vifs.
✂️
Un peu l'histoire de mon grand-père français né au Maroc. Il ne nous a jamais parlé de son exil mais nous racontait ses souvenirs de son ancienne vie avec le sourire dans la voix et la nostalgie dans les yeux. L'histoire du Maroc et de l'Algérie est évidemment différente mais les sentiments de ces exilés sont sûrement semblables.

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L'auteure nous raconte la vie de ses grands-parents en Algérie au moment de la guerre puis lors de leur installation en France..
J'ai beaucoup aimé ce roman très touchant, rude aussi dans la vie de cette famille qui arrive sans rien en France.
L'auteure aborde avec beaucoup de sensibilité l'exil, le deraciment et comment ces derniers ont impacté les générations d'après.
Les personnages de Marcel et Violaine sont remplis d'humanité.
Un roman que je vous conseille
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Alors qu'elle vit une période charnière de son histoire personnelle, un exil intérieur explique-t-elle, Olivia Elkaim part en quête de son histoire familiale, ressuscitant la mémoire d'un autre exil. Cet exil c'est l'histoire de Marcel et Viviane qui comme tant d'autres ont quitté l'Algérie lors de ce que l'on appelait alors « les événements ».

Partant d'un épisode mystérieux de la vie de son grand-père, Olivia Elkaim reconstitue l'histoire de sa famille. Que s'est-il passé lors de ces quelques jours de 1958, où Marcel a disparu en pleine nuit emmené par des hommes armés ? Il ne le dira pas malgré l'insistance de sa femme.

Les Elkaim sont des juifs d'Algérie. Installés là des siècles avant l'arrivée des français, ils sont naturalisés par le décret Crémieux en 1870. Lorsqu'ils sont obligés de quitter l'Algérie, les Elkaim, sont citoyens d'un pays qu'ils ne connaissent pas, étrangers à celui qui les a vus naître. Paradoxe.

Olivia Elkaim explore avec subtilité les blessures encore béantes laissées par la guerre d'Algérie, guerre qui ne disait pas son nom à l'époque. Blessures de ceux qui ont dû quitter leur terre et abandonner tous leurs souvenirs. Blessures de ceux qui se sont battus pour l'indépendance de leur pays et ont été qualifiés de terroristes. Blessures de tous ces jeunes hommes à qui l'on a collé un fusil entre les mains en leur ordonnant de défendre une terre qui leur était étrangère. Presque 60 ans plus tard, la guerre d'Algérie est toujours là. Une chape de plomb pèse sur cette époque. Mais la parole commence à se libérer et des livres comme celui-ci y contribuent.

Au-delà de la quête familiale, Olivia Elkaim se livre à une quête personnelle. Elle se cherche en partant à la rencontre de l'histoire des siens. Elle se cherche pour s'affirmer et ressentir, enfin, la fierté de se dire d'origine algérienne.

C'est un bel hommage à ses grands-parents, notamment à Marce. Elle nous présente.un homme simple et bon, très attachant. J'ai particulièrement été touchée par la très jolie relation qu'il tisse avec Reda son jeune apprenti.

Comme Alice Zeniter ou Leila Slimani, Olivia Elkaim nous offre son histoire familiale, en un geste de libération et de réconciliation. C'est un très joli livre que je pense offrir à mon père, qui porte aussi en lui une blessure béante dont il ne parle jamais...
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Marcel et Viviane Elkaim sont juifs, français, et vivent à Relizane en Algérie.
Marcel est un homme inventif et sérieux, il est tailleur et grâce à sa petite échoppe, il fait vivre assez confortablement sa famille. Leur vie est sereine jusqu'à un soir d'octobre 1958, où Marcel est enlevé...
Lorsque commence la guerre d'indépendance, avec leurs deux enfants, Pierre et Jean, ils quitteront leur maison, leur ville, leur pays pour se mettre à l'abri.
Ayant tout laissé derrière eux, ils se retrouvent bientôt sous le ciel gris du Maine et Loire, logés à prix d'or, dans une cave insalubre.
Vont-ils trouver la force de se relever de cette épreuve ?...

Un roman intimiste, autobiographique et fort, qui explore les affres du déracinement et de l'exil avec en filigrane ses conséquences transgénérationnelles.
Le style est fluide, le rythme des chapitres fait que les pages se tournent à toute vitesse tant le lecteur est happé par l'histoire.
L'auteure rend un bel hommage à ses grands parents ainsi qu'à tous les juifs indigènes issus de famille berbère autochtone naturalisés français grâce au décret Crémieux et laissés pour compte pendant des décennies après leur rapatriement.
Il est question d'origines, de racines, d'identité, de quête de soi, de mémoire, il est question de comprendre, de vivre avec et de s'épanouir...
Un premier roman documenté, attrayant et instructif.
A découvrir.
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Olivia Elkaim raconte l'histoire de ses grand-parents, de Marcel, tailleur, et de Viviane, couturière. Leur vie en Algérie, à Relizane, dont on peut presque sentir l'odeur, admirer les couleurs, les aspérités. Elle compose en miroir un portrait de ses propres fêlures, du poids de ce pays qu'elle n'a pas connu mais qui semble habité ses pores. Son écriture est puissante, rempli d'une force d'évocation qui transcende chaque situation et chaque scène. Elle apporte beaucoup de vie et de détails à son histoire à laquelle elle donne beaucoup de chair, comme si elle était là aux cotés de ses aïeux. C'est aussi une émotion immense qui nous submerge sur ses derniers instants quand on prend conscience de ce que pèse une vie à l'échelle de la grande Histoire, peu de chose en somme. Un grand roman de déracinés, ces juifs algériens qui ne connaissaient de la France que des images de carte postale, et qui se sauvèrent pour ne pas mourir. Très beau moment de littérature.
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