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1958, Relizane, en Algérie. Cela faisait plusieurs mois que Marcel craignait ce moment : en pleine nuit, on frappe à la porte. Son épouse, Viviane, le supplie de ne pas ouvrir, mais il sait que s'il n'obéit pas, ils s'en prendront à sa famille. Ils lui enfilent une cagoule sur la tête et ils l'emmènent dans le désert. Il pense qu'il ne reviendra pas, comme d'autres avant lui. Contre toute attente, il rentre chez lui, trois jours plus tard. Ses voisins et sa famille veulent savoir ce qui a permis sa libération. Pour les protéger, il ne parle pas. Aussi, certains de ses proches se méfient de lui et se détournent de lui. Quatre ans plus tard, un évènement lui indique qu'il doit quitter l'Algérie.


Lorsque sa famille et lui arrivent en France, en 1962, ils ne reçoivent pas l'accueil escompté. « On ne voulait plus d'eux là-bas. On ne voulait pas plus d'eux ici. » Juifs français, ils ont été contraints à l'exil, mais les Français les rejettent.


Marcel était le grand-père d'Olivia Elkaim. Pendant longtemps, elle n'a pas voulu que son père, Pierre, lui raconte cette partie de l'histoire familiale. Jusqu'à un électrochoc, elle n'écoutait que sa part française. Grâce à ce roman, elle rend hommage à ses grands-parents, à son père et à son oncle, et laisse émerger la part algérienne. Ses racines des deux pays, ainsi que sa judéité ne font plus qu'un, elle est une femme sur les traces du passé familial. Ses ancêtres ont tout quitté et l'auteure décrit leur douleur de ne pouvoir revoir ces terres qu'ils aimaient tant. En France, les débuts sont tes difficiles. Ils quittent Marseille pour Angers, car ils ont appris que les exilés y étaient moins nombreux. Pourtant, c'est dans une cave humide qu'ils sont logés. Marcel est un battant : alors qu'il était le meilleur tailleur de Relizanne, il repart à zéro. Viviane, même si elle a du mal à accepter la situation, est à ses côtés.


Ce livre est très touchant pour ce qu'il relate sur le grand-père d'Olivia Elkaim, mais aussi pour ce qu'il dévoile sur l'auteure qui se révèle à elle-même, au fur et à mesure de ses découvertes. J'ai, également, été très intéressée, par la partie historique de la guerre d'Algérie, vue de l'intérieur, par ceux qui l'ont vécue. Ce ne sont pas simplement des faits, mais des émotions et des mots sur les meurtrissures des pieds-noirs qui se transmettent de génération en génération. J'ai adoré le tailleur de Relizane. C'est un roman intimiste et délicat, malgré la dureté des épreuves vécues par les exilés.


Je remercie sincèrement les Éditions Stock et NetGalleyFrance pour ce service presse.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/
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Ce serait dommage si le tailleur de Relizane passait inaperçu au milieu du déferlement de nouveautés de la Rentrée littéraire. Au nom de tous les siens, ses grands-parents et son père, en particulier, Olivia Elkaim raconte l'histoire qu'elle se refusait jusqu'alors de s'approprier, comme elle l'explique magnifiquement dans son roman, avec des mots sincères, touchants et pudiques. Son grand-père, juif d'Algérie, tailleur de son état, a vécu dans l'angoisse les dernières années de l'Algérie française avant de partir, l'âme contrainte et blessée, de quitter son pays et de rejoindre la France du début des années 60, guère encline à accueillir ces exilés, appelés à découvrir la grisaille hexagonale et la pauvreté après le soleil de la Méditerranée. Si Olivia Elkaim dit toute la complexité de la situation de l'époque, c'est surtout sa capacité à nous plonger dans des vies ballotées, de la manière la plus intime, qui suscite l'adhésion. Pas de grandiloquence dans le style de la romancière mais une langue précise et délicate dans un récit où se meuvent non des salauds ou des héros mais des personnages honnêtes et courageux, entraînés malgré eux dans la grande roue de l'Histoire. le fait qu'Olivia Elkaim intervienne elle-même dans le récit et nous détaille son propre rapport évolutif aux faits n'a rien d'une coquetterie égocentrique d'écrivain, comme c'est souvent le cas. L'hommage aux siens et partant, à cette "marée" de pieds-noirs s'installant en France, est un pan de notre histoire qu'il est rare de voir narré avec une telle humanité, comme si ses protagonistes étaient de notre propre famille.

Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Stock
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Un matin d'octobre de cette année 1958 à Relizane, quelques coups frappés à la porte mettent en émoi Marcel et Viviane. Marcel est emmené, personne ne sait où, et pour Viviane ce départ signe une fin, elle ne peut vivre sans son mari comme elle ne peut s'occuper de leurs deux jeunes fils Pierre et Jean qui vont devoir se réfugier chez leur grand-mère Lella. Bien des années plus tard, c'est Olivia qui a un tournant de sa vie, relie la vie des ses grands parents et de son père Pierre. Trop longtemps elle avait effacé cette partie de l'histoire familiale, qu'elle n'avait pas voulu entendre ni comprendre ce qui s'était passé avant et après ce départ précipité du 25 juin 1962 d'Oran pour un exil fastidieux en France. Un départ qui aura des conséquences irréversibles sur la vie de toute une famille.

Olivia Elkaim nous confie des vies et de grandes douleurs restées sous silence et pour cause... Qui étaient ces grands parents si heureux de vivre à Relizane, Marcel, cet homme si aimant avec tout le monde, ses amis de toutes confessions confondues ?

C'est avec grande émotion que nous découvrons ces vies, cette tragédie entre l'Algérie et la France, cette descendance, qui des décennies plus tard, souffre de maux inexpliqués.

Merci Olivia de ce témoignage poignant et sincère, nécessaire toujours et encore, mettant en lumière ce qui a pu se passer durant cette longue période, dans le coeur de femmes et d'hommes victimes ou impliquées. Pour ma part, je ne peux que ressentir beaucoup de tristesse et de compassion pour ces âmes brisées.


#LetailleurdeRelizane #NetGalleyFrance
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Quelle belle découverte! Un moment d'Histoire que je connaissais peu, une histoire incroyablement vraie, une écriture sincère, sensible et enveloppante...
#LetailleurdeRelizane #NetGalleyFrance
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J'avais découvert Olivia Elkaim avec son précèdent et excellent roman « Je suis jeanne Hébuterne » sur la vie de la muse de Modigliani.
Son nouveau roman est lui beaucoup plus introspectif puisqu'il relate l'histoire de son grand-père Marcel simple tailleur et apprécié de tous, dans son quartier de Relizane dans la banlieue d'Oran, pendant ce que l'on appelle « les évènements ».
Ce roman a plusieurs vertus, celui de réconcilier l'auteur avec son passé, son histoire pour mieux s'encrer dans le présent, et de porter un autre regard sur ce conflit qui a secoué tout un pays pendant presque une décennie dont on en ressent encore les vibrations aujourd'hui.
Alice Zeniter avec son passionnant et indispensable roman « l'art de perdre » nous offrait un pan de cette histoire avec le destin des Harkis. Par le prisme de l'histoire son grand-père l'autrice nous en apporte un autre celui des juifs d'Algérie.
Au final ce sont les mêmes trajectoires de vie pour ceux qui étaient incapables prendre position lors du référendum d'autodétermination de 1961

« On demande à des Français, des « qui n'ont jamais posé un orteil dans un seul de nos départements », de s'exprimer sur un sujet qui le concerne, lui, sa famille, la communauté juive, les Européens installés ici, depuis des générations qui ont contribué à la prospérité de cette terre »

l'exil forcé,

« Parce qu'en vérité, on a laissé bien plus qu'un pays. C'est notre jeunesse qui est restée là-bas. »

l'accueil en France dans les camps de transitions

« Il était un pied-noir, c'était son identité. La société entière lui reprochait de puer, de porter sur le corps les stigmates visibles de son exil, de les exposer à des regards qui ne voulaient pas les voir. ».

et la difficulté d'intégration, jusqu'au bannissement pour certains de l'usage de l'arabe

« Il finit par oublier qu'il l'a parlé couramment autrefois, que c'était sa langue maternelle, celle de l'amour et des émotions de ce qu'on ne peut dire autrement ».

On ne peut que remercier d'Olivia Elkaim de nous dévoiler de manière très pudique, dans une très belle prose, le douloureux et émouvant destin de sa famille car cette histoire est aussi la nôtre.
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Le tailleur de Relizane-- Olivia Elkaim

#LetailleurdeRelizane #NetGalleyFrance

Un récit d'un exil forcé, celui de Marcel et Viviane, les grands parents de l'auteure qui doivent fuir l'Algérie pour retrouver la France, pays qui refuse de les recevoir comme il se doit début des années 60.
On se laisse facilement embarquer par ce récit touchant et prenant qui retrace magiquement l'atmosphère de l'Algérie post indépendance.
Une jolie histoire de famille parsemée de drame humain.
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L'auteure a quarante ans, l'âge de ses grands-parents paternels à leur arrivée en France fuyant l'Algérie en 1962, lorsqu'elle commence à reconstituer l'histoire de sa famille. Pendant les dix années de son mariage, elle a effacé l'Algérie, qu'elle considère alors comme un folklore. Elle change même de nom. Avec son divorce, tout resurgit : le malheur et les errances de ses grands-parents paternels.
« Je voudrais que tu me parles de l'Algérie », dit-elle à son père, qui débarque quelques jours plus tard avec une valise pleine de photos, de documents en tous genres, de coupures de presse et de clés USB remplies de vidéos. Elle retrouve, entre autres, un papier mentionnant son grand-père : « Draperies françaises et anglaises, Elkaïm Marcel, tailleur, rue du Fortin, Relizane ».
L'auteure ouvre son récit par l'enlèvement de son grand-père une nuit d'octobre 1958. Cela fait quatre ans que les « événements » ont commencé. Père de deux jeunes garçons, il ne racontera pas son absence, qui sera source de rumeurs et d'inquiétudes : que s'est-il passé, qu'a-t-il pu bien faire, lui, le tailleur juif de nationalité française obtenue grâce à ses grands-parents naturalisés par le décret Crémieux en 1871 ?
Elle raconte cette vie d'avant, la nostalgie et la jeunesse, puis l'exil forcé (« On ne voulait plus d'eux là-bas. On ne voulait plus d'eux ici. »), la vie d'après en France, où ils doivent doublement s'assimiler : en tant que pieds-noirs et en tant que Juifs. Une telle déchirure que Marcel décidera de ne plus parler arabe. « Marcel bannit aussi l'usage de l'arabe, y compris avec ses frères. Il finit par oublier qu'il l'a parlé couramment autrefois, que c'était sa langue maternelle, celle de l'amour et des émotions, de ce qu'on ne peut pas dire autrement. Ne lui restent que quelques interjections. »
Olivia Elkaïm dresse des portraits d'hommes de femmes (sa grand-mère Viviane!) et recrée l'atmosphère de l'Algérie des années 1950 et début 1960 grâce aux témoignages de membres de sa famille et proches et les lectures qui ont enrichi le livre. Ce besoin d'écrire pour apaiser ses souffrances, se réconcilier avec ses origines, nous offre un roman touchant dont la lecture est émouvante et prenante.
#LetailleurdeRelizane #NetGalleyFrance
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