Parle-leur de la splendeur de Rome et des merveilles de Constantinople.
Parle-leur de ces voyages. de ces tissus, de ces parfums et de ces épices.
Parle-leur de Gênes, Florence et Venise. de ces étals, de ces échanges cosmopolites.
Parle-leur de toutes ces villes flamboyantes. de ces beautés de la Renaissance.
Parle-leur de ces marbres blancs, de ces glaises et de ces pigments. de ces offrandes de la Terre.
Parle-leur de ce sultan érudit et visionnaire. de ces trésors du monde ottoman.
Parle-leur de ce Pape guerroyeur et coléreux. de ce tombeau.
Parle-leur de cette beauté andalouse. de cette sensualité assassine.
Parle-leur de l'ivresse des sens. Des sentiments refoulés. de l'Amour de l'Art.
Parle-leur de ce pont qui reliera dans l'éternité les civilisations, les cultures et les hommes.
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants si tu veux…
Mais parle-leur !
Parle-leur de l'artiste de génie, de ses colères légendaires, de ses
amours tourmentées, de son don intemporel…
On parle de
Michel-Ange ici. Pas de Mickey Mouse ni d'Odette Toulemonde.
Burine-le dans ses ombrages ! Polis-le dans ses lumières ! Fais-nous voyager dans les couleurs de Constantinople et dans l'âme de cet artiste !
Tout cela m'a malheureusement manqué... L'écriture de
Mathias Enard est propre mais un peu trop policée à mon goût. L'intrigue est intéressante et repose sur de nombreux faits réels, bien documentés, mais le côté romanesque ne m'a pas suffisamment emporté.
Tout s'y prête pourtant : l'homme, la ville, la période… Pas facile de s'attaquer à un personnage comme
Michel-Ange. J'avais déjà été déçu par
Léonor de Récondo et son
Pietra Viva, qui abordait un autre pan de la vie de l'artiste, précédant celui évoqué par
Mathias Enard. Cette période ottomane de
Michel-Ange m'aura toutefois davantage plu, par son intrigue et les quelques chapitres où
Mathias Enard donne voix à sa belle andalouse, passages magnifiquement écrits mais dont la sensualité des mots ne se prolonge pas suffisamment dans le reste du roman.
Allez,
Actes Sud, vous avez en stock d'autres auteurs capables de s'attaquer à ce personnage. Qu'en penseraient
Jérôme Ferrari ou
Laurent Gaudé ?
(Merci pour m'avoir fait découvrir ce livre, Patricia... Même s'il m'a manqué quelque chose dans cette lecture, j'ai passé un bon moment en compagnie de l'artiste)