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John Constantine Hellblazer tome 5 sur 8

Sean Phillips (Illustrateur)Steve Pugh (Illustrateur)Dave McKean (Illustrateur)Will Simpson (Illustrateur)
EAN : 9781401238025
352 pages
Vertigo (14/05/2013)
4.5/5   2 notes
Résumé :
This new HELLBLAZER collection features several tales never before collected, including a look at John Constantine's rough and tumble childhood and the beginnings of his unique skills. Then, in some of the earliest stories from PREACHER writer Garth Ennis, John Constantine is dying. As a sorcerer literally haunted by the demons of his past, John is no stranger to mystic bedevilment or supernatural horror. But it's his chain smoking that ultimately brings death to Co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à "The family man" (épisodes 23 à 33). Il comprend les épisodes 34 à 46 initialement parus en 1990/1991, c'est-à-dire les derniers écrits par Jamie Delano (épisodes 34 à 40), et les premiers écrits par Garth Ennis.

Épisode 34 - John Constantine a été retrouver Marj et sa fille Mercury. Il est au bord de la dépression et semble bien parti pour entraîner Marj à sa suite. Épisode 35 - Enfant, John Constantine avait dû se mesurer à un homme vivant à l'écart et incarnant pour lui le croque-mitaine (bogeyman). Épisode 36 - Mercury prend sur elle d'emmener John Constantine faire un tour dans son subconscient pour essayer de trouver la source de son mal être. Épisodes 37 et 38 - le van de Marj tombe en panne en rase campagne, proche d'un abattoir. Marj et John se dirigent à pied vers la ville la plus proche pour trouver une pièce de rechange. Mercury recueille un adolescent (Martin Acland) sensible, en but à son père qui veut en faire un homme pour qu'il prenne sa suite en tant qu'égorgeur de cochons. Épisode 39 - Marj Mercury et John rejoignent le nouveau campement des hippies de la Freedom Mob où ils retrouvent Errol et Zed. Épisode 40 - John Constantine confronte son autre moi-même : le Magus.

Il s'agit de la dernière histoire de grande ampleur écrite par Jamie Delano pour ce personnage. Il y reviendra une fois dans la série régulière (épisode 84 en 1994), et une autre fois en 2010 pour une histoire complète Pandemonium. À cette occasion, il choisit de plonger au plus profond de la psyché du personnage. le lecteur retrouve une histoire présentant la trame habituelle des récits de Constantine (épisodes 37 & 38), où une manifestation surnaturelle survient. Cette histoire est à nouveau l'occasion d'explorer les horreurs ordinaires de la vie, avec un père incapable d'accepter la différence de caractère de son fils, et imposant sa vision de la vie pour son bien. Les dessins et l'encrage de Steve Pugh sont toujours aussi noirs, griffés, plein de recoins noirs insondables, et d'individus grimaçant du fait de l'intensité de leurs émotions. le malaise est étouffant.

Steve Pugh dessine également l'épisode 39, avec la même intensité, la même sensation d'horreur diffuse. Les épisodes 34 à 36 sont dessinés par un Sean Phillips débutant, s'encrant lui-même. Il utilise quelques photographies retouchées (avec les moyens de l'époque, c'est-à-dire des photocopies dont la définition a été volontairement dégradée) pour les arrières plans. Les personnages sont dessinés de manière un peu esquissée pour un coté brut bien adapté à l'ambiance de la série. Phillips réussit à trouver des mises en scène vivantes pour les 2 derniers épisodes ; par contre il n'est pas à la hauteur pour le premier réduisant les scènes de dialogues entre John et Marj à des têtes qui parlent, et l'isolement de Mercury à des cases très statiques qui n'apportent rien au texte. Il se révèle un peu meilleur dans le dernier épisode où il doit relever le défi d'imaginer le paysage visuel de l'intérieur de la psyché de Constantine, même si certaines images sont un peu trop littérales.

Jamie Delano s'est fixé un objectif très ambitieux avec ces derniers épisodes : mettre à nu la motivation intrinsèque de John Constantine. Il poursuit la thématique initiée dans "Family man" : l'horreur la plus viscérale, la plus noire est celle qui se tapit dans l'individu, dans sa confrontation brutale à la condition humaine. Les histoires de Jamie Delano sont très écrites, à la fois du point de vue du nombre de mots sur chaque page, mais aussi dans la progression narrative et dans la qualité de la réflexion. Ces derniers épisodes effectuent une plongée sans concession dans l'angoisse existentielle. Cela commence par une dépression amenant avec elle la culpabilité de ne pas réussir à faire mieux, de se laisser emporter par le poids des sentiments négatifs. Cela continue avec l'angoisse du rapport au corps, en tant que machine fragile fonctionnant indépendamment de la volonté de l'individu (un passage viscéral sur les battements de coeur, leur nombre fini). Constantine passe par l'épreuve de la réalisation qu'apprendre à vivre, c'est apprendre à mourir. La force de l'écriture de Delano est d'impliquer le lecteur au point de lui faire ressentir les émotions qui accompagnent cette prise de conscience.

Delano termine en beauté avec l'épisode le plus cruel, le plus magnifique et le plus intelligent. Il oppose John Constantine à une forme de double, déjà évoqué en filigrane dans la continuité par des indices qu'il avait saupoudrés auparavant. À l'opposé des doubles inversés littéraux, Constantine se retrouve à percevoir sa vie si elle avait été vécue par un autre lui-même ayant réussi. Pas de bagarre entre 2 individus que tout oppose, mais une fable noire et intense sur la condition humaine, et les valeurs humanistes. Cet épisode bénéficie des illustrations d'une richesse artistique épatante de Dave McKean. Il utilise moins le collage et la juxtaposition que ce qu'il fera par la suite, mais il apporte une dimension visuelle exceptionnelle à ce qui n'aurait pu être qu'un long monologue artificiel avec un autre artiste.

Dans des interviews postérieures, Delano déclarera que le monde très noir de Constantine l'a obligé à s'investir dans le développement de thématiques qui finirent par peser fortement sur son goût pour la vie. Après ces épisodes, le lecteur perçoit la véracité dans ces propos. Jamie Delano ne triche pas, ne fait pas semblant. Les explorations de Constantine dans les horreurs de la vie sont authentiques, vitales, un voyage sans fards et sans hypocrisie d'un auteur passionnant, utilisant les conventions du genre de l'horreur pour entreprendre un voyage philosophique et même métaphysique sur la condition humaine. 5 étoiles.

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Épisodes 41 à 46 - John Constantine est de retour à Londres dans une chambre minable. Un matin il se réveille et crache du sang dans le lavabo. Une visite chez le médecin confirme ce qu'il craignait : il a un cancer des poumons en phase terminale, avec quelques semaines à vivre. Un mauvais rêve prémonitoire confirme ce qu'il sait déjà : après la mort il est bon pour les Enfers où tous ceux dont il a causé la mort l'attendent de pied ferme. Il va visiter un service de cancéreux où il fait la connaissance de Matt alité en phase terminale. Il lui offre une clope. Il se rend à Dún Laoghaire, dans la banlieue de Dublin (Irlande), pour demander l'aide d'un ancien ami magicien, Brendan Finn. le cancer progresse inexorablement.

Quand Garth Ennis reprend la série, il est confronté à plusieurs évidences. Pour commencer, Jamie Delano a fait sien John Constantine au point qu'il était possible d'identifier les questionnements du personnage avec l'auteur. Ennis ne peut pas se contenter de faire du sous-Delano. Ensuite, Delano a laissé le personnage sans aucune attache ni intrigue en cours. Ennis ne dispose pas de direction préétablie, ce qui peut s'avérer aussi pratique que paralysant. Avec cette première histoire, le hiatus d'avec Delano est incommensurable. le lecteur passe de sommets métaphysiques, à une déchéance physique très ordinaire, très banale. Et pourtant...

Et pourtant, avec le recul, il est possible de constater que Garth Ennis utilise le personnage exactement comme Delano, en en faisant une sorte de prolongement de lui-même. le lecteur retrouve bien cet individu cynique et sarcastique issu du prolétariat anglais, la dimension horrifique à la fois réelle (la maladie) et surnaturelle (les démons et les anges, avec de rares pratiques magiques). Avec le recul, il est possible également de distinguer une des thématiques principales de l'oeuvre d'Ennis : l'amitié entre hommes. Ici il s'agit des relations que Constantine noue avec Matt, le malade alité, et des retrouvailles avec Brendan Finn. Ennis sait montrer l'investissement émotionnel de Constantine dans ces relations, ainsi que l'enrichissement affectif mutuel qui en découle pour les personnes concernées. Il est possible également de remarquer le rôle non négligeable joué par les bars et autres pubs.

À l'issue des 6 épisodes, le lecteur reste avec la sensation d'avoir partagé les épreuves de Constantine, et ses pensées tout du long. Or un retour en arrière montre qu'Ennis n'abuse pas de la voix off donnant accès au flux de pensée du personnage. Finalement la majeure partie de la personnalité et des états émotionnels de Constantine passent au travers de ses dialogues avec les individus qu'ils croisent de Matt, jusqu'à sa soeur Cheryl, sans oublier Chas Chandler le conducteur de taxi. Ennis fait d'ailleurs un effort visible pour citer la continuité établie par Delano dans les tomes précédents.

Dans le déroulement du récit, Ennis met en scène un ange et des démons. Il reprend le cadre de départ de la série, à base d'une religion catholique dans laquelle il existe un Paradis, et un Enfer, et toute la cohorte de créatures qui vont avec. Comme Delano, il s'en sert pour montrer en quoi Constantine est un rebelle qui refuse l'autorité des représentants du bien comme du mal, refusant de leur reconnaître quelque droit que ce soit sur les êtres humains. Il est possible d'y voir un refus des élites (politiques ou autres) décidant du sort des individus qui forment le peuple, un besoin viscéral de maintenir un regard critique sur ces élus et autres qui restent fondamentalement des êtres humains comme les autres, tout aussi faillibles.

Ces 6 épisodes sont dessinés par Will Simpson (artiste ayant travaillé pour 2000AD, ayant également dessiné Vamps d'Elaine Lee), et encrés par Mark Pennington (épisodes 41 et 42), Malcolm Jones III (43), Tom Sutton (44 & 45), et Mark Pennington, Mark McKenna, Kim DeMulder, et Stan Woch (épisode 46). Simpson n'a pas la tâche facile parce que le scénario d'Ennis comprend de longues, très longues plages de dialogues, sans action. Par exemple l'intégralité de l'épisode 45 se décompose en 3 séquences de dialogues, sans autres actions que les mouvements des personnages. le lecteur découvre ainsi un numéro dépourvu d'arrières plans, à part 3 lattes de bois dans un coin de case, et une embrasure de porte dans une autre. Les visages ont beau être expressifs, cela ne suffit pas à maintenir l'intérêt visuel de la narration. Cette capacité à dessiner des visages réalistes avec des expressions parlantes participe pour beaucoup à rendre les personnages plus vivants. Ils sont ordinaires, facilement accessibles au lecteur. Ennis ayant fait le choix d'établir une partition étanche entre les scènes normales et les scènes surnaturelles, le style de Simpson est totalement adapté pour ces moments normaux, avec des personnages se conduisant comme dans la vie de tous les jours. Par contre, il est moins à l'aise quand le surnaturel devient majoritaire dans la scène. Il reste crédible lorsque le surnaturel (présence d'un ange ou d'un démon) n'est qu'un élément parmi d'autres. En fonction des goûts du lecteur, il pourra apprécier plus un encreur qu'un autre, leur travail donnant un aspect fini différent d'un épisode à l'autre. J'ai une préférence pour le travail rehaussant les textures de Malcolm Jones III; et pour celui de Sutton introduisant une forme de saleté ambiante.

À la première lecture, il est pourtant possible d'éprouver la sensation que ces dessins sont très fades et qu'il s'en dégage une impression d'uniformité plate. Il faut un peu de temps pour se rendre compte que cet effet provient de la mise en couleurs de Tom Ziuko. À cette époque, l'infographie est encore un outil balbutiant et une partie des metteurs en couleurs expérimente avec les techniques existantes en faisant tout pour s'éloigner des schémas habituels des comics de superhéros. Comme le fait remarquer Tornado dans son commentaire, Ziuko utilise une approche conceptuelle basée sur une palette restreinte, avec une teinte majeure en fonction de la scène. Ce choix a tendance à noyer toutes les cases dans une ambiance uniforme et insipide (à mes yeux).

À condition de pouvoir dépasser le départ de Jamie Delano, le lecteur découvre une histoire à nouveau bien noire, mêlant horreur quotidienne et surnaturelle, d'une façon très personnelle, propre au nouveau scénariste Garth Ennis. le ton change et Ennis adapte le personnage en conservant les fondamentaux. le récit est moins métaphysique, mais la réflexion n'a pas disparu, et l'intrigue recèle plusieurs surprises montrant que le personnage n'a rien perdu de ses talents de manipulateur. Les dessins restent dans un registre adulte, avec une approche différente, plutôt bien adaptée au récit. Ils souffrent de la conception du récit qui s'appuie sur d'abondants dialogues qui ne donnent pas grand-chose à voir. Tom Ziuko (metteur en couleurs) continue d'expérimenter avec les moyens à sa disposition pour un résultat très personnel plus ou moins convaincant. Entre 3 et 4 étoiles. Ennis et Simpson continuent de guider la destinée de John Constantine dans "Bloodlines" (épisodes 47 à 61).
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