Télépathes

Et si une éruption solaire plus puissante qu'en temps normal venait affecter – non nos réseaux de communication – mais notre humanité elle-même ? C'est sur ce postulat de départ que Straczynski a choisi de bâtir son scénario.

Si les illustrations de chaque chapitre se teintent de semi-réalisme, le crayonné et le character design collent bien plus au style habituel des comics sur les autres pages. Soigné et détaillé, il nous aide à mieux nous immerger dans cette histoire où en un instant, le monde tel que nous le connaissons a basculé. de cette éruption solaire a découlé un nombre indécent d'accidents : carambolages, crashs d'avion, chutes mortelles, pillages, émeutes… le monde entier est déjà à feu et à sang, mais au final, il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg puisqu'une fraction non négligeable de la population en est ressortie avec des pouvoirs de télékinésie, et plus encore…

Au coeur de l'Apocalypse, nous suivons le parcours du Président des États-Unis d'Amérique, d'un flic déchu de son titre de lieutenant et d'un prisonnier bâti comme une montagne, en pleine cavale après la catastrophe. Nous retombons très vite sur une trame manichéenne assez basique : Jack Kelly le brave flic blanc de banlieue contre Miles Terrence le violent bad guy afro-américain, les représentants de l'ordre contre les gangs de quartier. C'est sans doute cet aspect qui m'a le moins plu, parce que je ne peux m'empêcher d'y voir des stéréotypes flirtant de loin avec un soupçon de racisme. On retrouve même l'élément comique black qui meurt prématurément avant d'avoir dévoilé son réel potentiel. L'élément romantique entre Jack et une de ses collègues tombe quant à lui complètement à plat. Qui demanderait à l'autre s'il est tenté de sortir de la friend zone alors que les balles pleuvent de partout et que le monde est sur le bord de la guerre civile ? le moment choisi est terriblement malvenu, quand bien même la demoiselle aurait pu avancer un « c'est maintenant ou jamais », si bien qu'il m'a fait sortir un temps de la narration. de prime abord, ce tome ne s'annonce ainsi guère original dans sa façon d'aborder un concept déjà de multiples fois exploité.

Heureusement, les auteurs vont nuancer tout cela. Même si l'on en sait encore si peu sur le passé de Jack et Miles, nous en apprenons assez pour flouter la frontière entre les bons et les méchants. Pas assez, cependant, pour permettre au lecteur de s'identifier à eux, ou ne serait-ce que s'y attacher. Mais c'est surtout la façon de traiter la problématique des déviants qui fait de cette oeuvre un rendez-vous réussi. Les télépathes sont trop nombreux pour que les gouvernements puissent simplement les faire disparaître ou les emprisonner pour mener des expériences. le pouvoir a changé de camp. Dans un monde où les secrets les plus sombres de chacun peuvent à tout instant être révélés au reste du monde, personne n'est à l'abri. Pas même les représentants de gouvernement ou les patrons de multinationales. L'ordre établi est menacé, mais impossible de le préserver par la force, cette fois. C'est sur ce bras de fer que repose la grandeur du discours qui nous est adressé. Si nous avons accepté aux yeux des puissants d'être constamment surveillés par des caméras, en ville, sur la route, à travers le monde, ne peuvent-il pas accepter de l'être à leur tour par des citoyens lambda dotés de pouvoirs extraordinaires ? Dans ce cas de figure, le statu quo pourra-t-il être préservé, si la corruption des uns et les mensonges des autres venaient enfin à être révélés au grand public ?

Dans ce comics apolycaptique, la dichotomie sévit de partout. le gouvernement contre le peuple, les citoyens résilients contre ceux qui cherchent à tirer profit du phénomène, les êtres humains ordinaires contre les télépathes… le monde n'a jamais été aussi divisé et on ressent ces tensions d'un bout à l'autre de l'intrigue. Les auteurs nous ont assis sur une véritable bombe à retardement avant de nous glisser une allumette entre les doigts. Avec un discours d'une telle intelligence, qui vient étayer une trame qui avance sur les chapeaux de roue et des scènes d'action à chaque coin de rue, j'ai pu facilement passer outre les petits défauts qui me chagrinaient.
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Une gigantesque perturbation électromagnétique, provoquée par une éruption solaire hors du commun, plonge la population mondiale dans l'inconscience durant 30 minutes, provoquant d'innombrables accidents.
Et pour couronner le tout : au réveil, un dixième de la population se retrouve télépathe !

Ça vous fait rêver ? Peut-être … si vous faites partie des télépathes (et encore, j'en reparlerai plus loin, faut voir comment on vous « gérera ») ! Parce que, sinon, l'idée que quelqu'un (et, ici, ces quelqu'uns sont nombreux) puisse entrer dans votre tête et y découvrir tout ce que vous y abritez tranquillement à l'abri des regards indiscrets ça craint ! D'autant plus qu'ici, il ne s'agit pas seulement d'entendre les pensées qui vous traversent l'esprit : les télépathes réussissent à lire en vous comme en un livre ouvert et peuvent donc récupérer toutes les données en votre possession, de quelque ordre qu'elles soient, des personnelles aux bancaires, pour ne citer qu'elles.

Évidemment, comme on est dans un comics, le scénariste, J. Michael Straczynski (créateur, entre autres, de la série Babylon 5) fonce direct dans le coeur du sujet, en prenant pour héros frappés du pouvoir télépathique, d'une part un flic, le sergent Jack Kelly, d'autre part un prisonnier noir, Miles, chef de gang brutal mais d'une redoutable intelligence, qui ne va pas tarder à s'évader. Et parce que, tel quel, ce serait encore trop simple, il pousse le curseur un peu plus loin et dote certains télépathes de pouvoirs supplémentaires, dont celui, très pratique, de contrôler et manipuler des gens à distance, comme des marionnettes. Ajoutez à cela une voix mystérieuse qui semble vouloir attirer à elle les télépathes et vous avez de quoi permettre à tout ce petit monde de se déchaîner dans la belle ville de Boston.

C'est donc parti pour 150 pages d'action à tout va et on ne les voit pas défiler. Flics versus gangsters avec, en toile de fond, les interrogations du pouvoir en place, dans tous les pays, concernant la manière d'appréhender (comprendre : recenser pour tâcher de maîtriser !) ce phénomène télépathique super dangereux. Cet aspect m'intéressait mais, pour le moment, il n'est pas très développé. Il en va de même pour la personnalité des deux principaux protagonistes, entourés de leur petit groupe, au sujet desquels on ne sait pas grand-chose à part que chacun, compte tenu de son histoire personnelle, a une revanche à prendre, mais ils restent des personnages esquissés à très gros traits. Et comme mon goût pour les histoires de pouvoirs parapsychiques est directement lié à l'aspect psychologique de l'affaire, on ne peut pas dire que de ce point de vue j'y aie trouvé mon compte.

Côté action, en revanche, c'est réussi. Comme je le disais plus haut, on ne voit pas les pages passer car tout s'enchaîne de façon très rythmée. Miles et son équipe, pourchassés par les flics, usent de tous les (nouveaux) moyens auxquels ils ont accès, ce qui donne des scènes spectaculaires et le graphisme, réaliste et très dynamique, les restitue à la perfection. Même si j'aurais aimé pouvoir éprouver davantage d'intérêt pour les personnages en lice, l'album fut plaisant à lire. Je suis curieuse de découvrir le tour que prendra l'histoire car elle a du potentiel et ce n'est que le premier tome de la série (j'ignore combien elle en comptera).
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Une éruption solaire d'une rare puissance s'abat sur la Terre. Ses conséquences, une perte de connaissance de tout le monde de presque trente minutes, et un certain nombre d'individu qui deviennent télépathes.
Je trouve que visuellement, l'album est très réussi avec un traits qui se veut aussi proche de la réalité que possible, même si je trouve que les personnages manquent un peu d'expression. le résultat est dense, rempli de détail, agréable à l'oeil et doté de très jolies couleurs.
Côté histoire, j'ai apprécié ma lecture même si je trouve que le récit ne sort pas vraiment des sentiers battus. Je trouve également que les personnages ne sont pas franchement sympathiques, d'un côté comme de l'autre, peut-être à cause d'un manque de background et de situations parfois caricaturales.
Pas de quoi bouter mon plaisir pour autant puisque j'attends la suite de l'histoire de pied ferme.

Alors qu'un phénomène météorologique survient sur Terre, un dixième de la population se retrouve a développer des pouvoirs de télépathie.
Scénario déjà vu maintes fois ?
Ouaip !

Et pourtant, si nous avons affaire à un bon nombre d'éléments classiques, JMS arrive à sortir quelques bonnes idées de son récit.
Si on va suivre d'un côté les gentils policiers qui vont devoir lutter contre le méchant évadé de prison. Ce qui est intéressant, c'est surtout la réaction des différents gouvernements face à l'apparition de ses télépathes. En effet, comment composer avec des personnes qui peuvent lire dans les pensées des chefs d'Etats, des patrons d'entreprises, des hauts gradés militaires... Face à cela, une loi est votée pour que ces personnes soient recensées. (Ouais ça aussi on l'a déjà vu dans Marvel avec Civil War) mais le sujet est toujours intéressant à approfondir. Entre liberté et sécurité, où se trouve la limite de ce que l'on peut imposer à chacun ? La question est soulevée mais n'est pour le moment qu'en deuxième plan.
Et c'est de la que vient mon avis sur la série, si j'ai passé un bon moment, ce qui m'intéresse le plus n'est pour l'instant pas encore assez développé mais pourrait l'être d'autant plus si un tome deux voyait le jour.

Télépathes est une bande dessinée des éditions Delcourt. Visuellement elle est très accrocheuse, avec des dessins proches des comics, des images puissantes, de belles contre-plongées notamment. L'histoire se développe autour d'un cataclysme pendant lequel l'espèce humaine perd connaissance pendant 29 minutes. Au réveil, certains d'entre eux sont les mêmes quand une autre partie se voit doter de pouvoirs. le premier pouvoir, commun, consiste à entendre les pensées de ceux qui les entourent. Les règlements de compte vont alors bon train, entre voisins, amis, mari et femme, collègues… Individuellement quelques-uns, en plus, se révèlent non seulement télépathes mais possédant également un don de télékinésie ou un don de pyrokinésie. L'homme est un loup pour l'homme mais l'homme doté de pouvoirs l'est encore plus ! C'est une guerre sanguinaire qui se met alors en place. L'espèce humaine se dirige droit vers l'abîme », on parle d'holocauste en haut lieu ! Deux hommes que tout semble opposer vont alors s'épauler pour éviter cela, un flic et un condamné à mort. Les scènes d'action sont spectaculaires, l'esthétique m'a conquise, l'histoire est très bien au début, la bascule dans le chaos et l'anarchie, l'effondrement, une 3e guerre mondiale… Mais, si les personnages sont intéressants, ils manquent de développement et la seconde partie de l'histoire est plus décevante, trop simple, trop manichéenne.