Joe est un adolescent indien de 13 ans. Fils unique, sa vie se partage entre ses parents, sa famille proche et ses amis. Son existence paisible se brise le jour où sa mère est victime d'un viol d'une rare sauvagerie. Au fil des mois, il devra admettre que celle-ci est devenue radicalement autre, altérée par un homme dont il va rechercher activement l'identité. Il va opposer à la « suspension glacée des sentiments de sa mère » (p. 70) une colère bouillonnante, éruptive, qui va se muer au fil du temps et des désillusions en une rage froide, souterraine et d'une détermination que rien n'arrêtera.
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Dans le silence du vent », roman écrit en 2012 par l'américaine
Louise Erdrich, a été « récompensé par la plus prestigieuse distinction littéraire américaine, le National Book Award, élu meilleur livre de l'année par les libraires américains », comme le souligne la quatrième de couverture.
Ce roman fleuve (plus de 400 pages) explore le temps distendu d'après trauma, l'éclatement des sentiments, la béance, les failles que le trauma vient ouvrir chez chacun, le combat que le père, juge dans la réserve indienne, et le fils vont mener, chacun s'efforçant d'oeuvrer au nom de la justice. L'un comme l'autre veulent la sortir du « lieu d'extrême solitude » (p. 70.) dans lequel elle s'est enfermée, la ramener dans le bruit joyeux de la vie. Et pourtant, leurs efforts se heurtent au silence obstiné qu'elle oppose : « Mon père s'évertuait à entretenir la conversation chaque soir, et quand j'avais épuisé le maigre stock de mes activités du jour, il allait de l'avant, pagayeur solitaire sur un immense lac de silence, ou peut-être ramant à contre-courant. » (p. 219.)
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Dans le silence du vent » alterne des passages puissants, où l'émotion affleure à la surface des mots, au détour des lignes, surgissant d'une métaphore ou d'un blanc, et des passages d'une lenteur lénifiante, où l'intérêt du lecteur se dilue jusqu'à se dissoudre… Un roman qui explore un temps distordu et qui exige, en parallèle, d'accepter des détours et méandres avant de parvenir au point final qui interroge le sens de la justice.