J'ai froid.
Je me plonge dans mes souvenirs de chaleur pour avancer encore, pour m'approcher lentement de la bouche grande ouverte sur des reflets bleus.
Ils ont du mal à revenir mes souvenirs, mais ils reviennent tellement je les appelle. J'entends la mer et je fais la sieste. C'est à ce point agréable que j'en oublie l'univers blanc et froid autour de moi, que j'en oublie mon sac que je fais glisser de mon dos, et que je ne te vois même pas. Je ferme les yeux et...
...et tes mains sont sur mes hanches.
C'est magique. Tu posais toujours tes mains là où je les attendais sans vraiment en être consciente. C'était un peu comme un jeu. A chaque fois je feignais la surprise, à chaque fois j'étais aussitôt ravie. Parfois je me disais que tes mains étaient distinctes de toi, que tu les laissais errer sur moi alors que le reste de ton corps se préparait en silence à me donner le doux plaisir.
— C'est ainsi depuis bien longtemps. J'ai vu planer sur moi des milliers de regards à l'identique. Des hommes, des femmes. Depuis l'âge de douze ans mon corps veut aller à la rencontre des autres corps, apprendre comment ils vibrent, sentir combien ils ont envie de s'abandonner auprès de moi. A Casablanca il y avait des filles bien plus belles que moi, mais c'est moi qui avais le plus de travail. Parce que j'aime toucher et être touchée. Parce que mon corps est un temple de partage.
"Je vins au plus près de ses lèvres, pour lire sa tristesse. De ses yeux transformés en billes noires débordaient des larmes en épaisses fontaines." (Extrait de "la jeune mariée de coton bleu")
2015 - Innocenti - une belle aventure !