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4,09

sur 2239 notes
Ce livre est le regard porté sur son époque par l'auteure et en filigrane sur sa propre existence. Tout commence par des photos d'elle a diverses périodes de sa vie et qui déclenchent dans sa mémoire des souvenirs plus ou moins importants que ce soit de simple publicité ou des évènements historiques. Mais c'est un regard distancié sur elle même et son époque puisqu'à aucun moment elle n'utilise le "je", c'est une sorte d'autobiographie impersonnelle. Ce qui m'a gêné c'est cette impression d'inventaire a la Prévert où les noms ou les évènements cités sont écrits sans explications laissant le lecteur face a sa culture et a ses lacunes. La partie de son enfance m'a été plus difficile d'accès car c'est une période que je n'ai pas connu et dont mes connaissances sont très fragmentaires. A partir des années 70, ce qu'elle écrit éveille un écho en moi car c'est le début de mon enfance . Mais si le ton employé est impersonnelle ce sont des souvenirs et des opinions subjectifs qu'elle nous propose que ce soit d'un point de vue politique ou même personnel.

C'est un regard intéressant sur l'évolution de cette société qu'elle a vu changer de manière significative surtout pour les femmes. Elle qui a connu les avortements clandestins, a vu arriver la pilule contraceptive et la légalisation de l'IVG.

C'est aussi un regard sans nostalgie sur ce temps qui passe et qui la voit passer de l'état de jeune fille a cette grand mère tenant dans ses bras sa petite fille. Dommage qu'elle n'ai pas su éviter quelques répétitions et que ce livre relate certains faits qu'elle avait déja évoqué dans ces livres précédents (la mort de son père, la maladie de sa mère, son divorce, ...).

Il en reste un livre plaisant a lire et qui résonne en nous car ce livre est un peu le notre. Ma note 7/10.
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J'ai adoré ce livre qui était une lecture obligatoire pour l'université. Sincèrement une des meilleures lectures obligatoires. Enfin, jusqu'à ce que je bloque sur les cinquante dernières pages. Et je n'ai pas réussi à comprendre pourquoi. Puis en y réfléchissant, j'ai mit le doigt dessus. L'autrice raconte l'histoire personnelle et sociale d'un siècle que je n'ai pas vécu. Cependant, pour ce début de XXIe siècle, j'étais là et j'en connais l'histoire sociale....
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Coup de coeur.

Immense coup de coeur pour cette poésie, cette plume, ces bribes de mémoires, cette nostalgie, cette façon de raconter l'aspect intemporel des choses…
Dans ce roman l'autrice nous fait le récit de sa vie. Une vie faite de références, de construction et de reconstruction sociale, d'amours, de joie, de désir, de sexe, d'idéaux, de faits politiques, de faits divers, etc…

Sous les yeux des lecteurs Annie Ernaux est le chef d'orchestre d'une narration singulière sur son monde intérieur et sur le temps qui passe.

Au fil des ans on voit l'évolution d'une jeune femme qui s'affirme, qui devient une femme ancrée dans la société puis qui se sent vers la fin un peu à la marge. le récit est à la fois intime et terriblement détaché, se bornant à décrire les différentes générations au travers de multiples références sociales et populaires.

J'ai été très touchée par ce récit presque sociologique et très émue par ce superbe travail sur la mémoire collective. La plume est captivante, singulière et poétique.

Un superbe récit de vie comme je les affectionne.



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Un gros travail de mémoire sur les années de cette femme écrivain qui englobe plus que l'histoire de ma génération.
Je suis une ancienne lectrice d'Annie Ernaux, je l'avais un peu délaissée, trop marquée par des positions révoltées sans nuances , radicalisée dirait-on dans un discours plus proche de celui de jeunes militants qui débutent en politique.
Loin de Proust qui recherche le passé perdu dans l'immensité de ses phrases, son style est totalement descriptif, haché, accumulant les faits dans des énumérations fourre-tout, cherchant à caractériser les époques qui se succèdent en voulant totaliser tout le monde dans le même "on" alors qu'il s'agit plutôt d'une autobiographie au fort côté impersonnel, distancé et dépourvu d'affects, proche d'une étude sociologique.
Toute sa vie et son oeuvre ont été consacrées à cette évolution du temps qui passe, des objets qui arrivent, des événements du monde, des changements du vocabulaire, de la condition féminine, des rapports entre les générations ... Les photographies, la tenue de journal intime ont été le matériau de base pour ne rien oublier.
La peur de vieillir et de perdre tous les souvenirs me semblent un moteur important de ce qui pourrait n'être qu'obsessionnel si elle n'en avait fait une forme littéraire unique et aujourd'hui reconnue.
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Quel plaisir de relire Les années !Malgré un style froid, distancié c'est vraiment un livre très touchant.à lire si l'on veut réveiller ses souvenirs et les revisiter sous l'angle de notre histoire récente sans sombrer dans la nostalgie.
Annie Ernaux a composé une "autobiographie impersonnelle"où le "je"est absent pour mettre en forme par l'écriture son "absence future".En s'appuyant sur 12 photos qu'elle décrit avec précision elle dit le temps qui passe pour elle et pour les autres dans une France qui change.
Elle a écrit la vie d'une femme des années 1940 aux années 2000 en relatant des souvenirs disparates,ce qui reste en fait à la fin d'une vie.En quelques lignes, elle parvient à donner la tonalité d'une période, à la fois d'une manière intime et de manière globale pour une écriture universelle.
Elle naît en 1941 dans une société très fermée où se transmet de génération en génération un héritage de pauvreté et de privations...
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Commun, ennuyeux et ennuyant.
Confusion entre une histoire tout ce qu'il y a de plus personnelle et l'histoire.
Qui plus est une lecture des plus superficielles et subjectives des évènements entassés les uns sur les autres et les uns derrière les autres sans aucune liaison entre eux, sans aucun discernement, à l'image d'une vision vulgaire et simpliste de la vie politique, économique et sociale de ces dernières décennies.
C'est un survol dont on ne retient finalement pas grand chose, alors qu'il s'est passé tant de choses déterminantes et probablement irréversibles.
Pas sûr que ses petits enfants y comprennent quelque chose...
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"La distance qui sépare le passé du présent se mesure peut-être à la lumière répandue sur le sol entre les ombres, glissant sur les visages, dessinant les plis d'une robe, à la clarté crépusculaire, quelle que soit l'heure de la pose, d'une photo en noir et blanc." (65)

La lecture d'Annie Ernaux a toujours quelque chose d'un peu spécial. On sait que ce n'est pas un roman, on sait bien qu'elle parle d' «elle» mais mise à distance – ici par une série de photos qui marquent son temps de vie : c'est «elle» et ce n'est plus «elle» - donc c'est un «je» qui n'est plus, un «je» d'un autre temps. L'incipit du livre donne d'ailleurs une clé en ce sens : Toutes les images disparaîtront. A la fin de la lecture, nous sommes face à un «memento mori» : Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais. Entre les deux, des images fugaces, personnelles ou collectives, d'un temps qui passe depuis la fin de la guerre jusqu'à nos jours, avec ses dirigeants, ses transformations technologiques, l'évolution de sa société ; plus que d'elle, Annie Ernaux parle d'une femme dans ce monde-là, ballottée par les évènements universels (les guerres, les révolutions…) et personnels (mariage, enfants, divorce, carrière…). Et à travers le regard de cette femme elle nous entraîne dans l'Histoire récente où l'on se dit : « ah, oui c'est vrai, je m'en souviens. »
Les photos qu'elle présente sont décrites comme des tableaux, comme autant de tentatives d'arrêts sur images d'un temps inexorable qui passe de façon imperceptible à la lecture comme au réel. C'est bien là le talent de l'auteure : ne jamais faire sentir cette cassure des évènements, il y a l'impression d'une vie dans un présent éphémère et les évènements viennent comme ils sont. le récit s'ouvre et se clôt sur une espèce d'inventaire du «je me souviens» à la Perec, d'ailleurs cité p. 224 de l'édition Gallimard et, avec la photo, on plonge dans une époque : que faisait-elle ? Que se passait-il ? Et le lecteur de s'interroger de même. C'est là tout le charme de l'ouvrage. Se réapproprier le temps, comme Proust avec sa madeleine, lui aussi cité par l'auteure. de Perec, on pense aussi aux Choses, montée des désirs de consommation de la petite bourgeoisie des années soixante:

"La profusion des choses cachait la rareté des idées et l'usure des croyances." (91)

Reste ce titre woolfien : hommage de l'écrivaine à travers le temps ? Elle y fait allusion quand lors d'un repas de famille, alors adolescente, elle rêve de retourner à la lecture des "Vagues". Comme Woolf racontait l'histoire d'une famille, (The Years, 1937) Annie Ernaux adopte aussi ce double point de vue collectif et personnel, notamment en ce qui concerne le droit des femmes sur le plan sexuel et social :

"Entre la fin de la peur d'être enceinte et celle de devenir séropositive, on trouvait que le délai de tranquillité avait été court." (166)

Comme Woolf encore, il s'agit d'un « roman-essai » bien que le livre reste difficile à étiqueter. L'auteure dans un entretien sur bibliobs refuse le terme d' « autofiction » dont on lui attribue la maternité. Elle préfère le terme de « vie palimpseste » pour garder cette impression de durer mais sans nostalgie. le style est fait de phrases assez longues, gonflées d'épithètes marquant la surabondance, l'empilement des années aussi, avec d'assez nombreuses incises. le présent arrête et l'imparfait s'emballe. La lecture est comme sur coussin d'air.

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Après des ouvrages plutôt courts et intimistes, Annie Ernaux élargit son propos en mettant en parallèle le monde qui l'entoure et des moments clés de son existence matérialisés par des photos. Les événements politiques, mais aussi la société, les objets courants, les moeurs, la publicité, etc... Depuis les années quarante jusqu'à nos jours, elle égrène inlassablement tout ce qui l'a entourée, influencée, accompagnée. De la période avant la pilule à la libération des meurs, du mariage au divorce comme étape obligée, d'un monde rural et entravé au monde illimité offert par Internet,... Que reste-t-il de ces années, de "ses" années à elle qui sont aussi en partie les nôtres ?


J'ai trouvé ce livre extrêment intéressant pour plusieurs raisons.


Tout d'abord Annie Ernaux réussit à parler d'elle sans faire dans "l'auto-fiction" tant décriée. Pour cela elle met de la distance entre elle et le personnage qu'elle évoque, notamment en utilisant le pronom "elle" au lieu de je. Pas de psychologie, pas de lamentations ou d'auto-satisfaction. Elle était cette fille-là à cette époque.


Ensuite parce qu'elle réussit à créer un arrière-plan qui devient constitutif d'elle-même, et par là même, de nous ! Les souvenirs qui l'accompagnent sont aussi les nôtres et ceux de nos concitoyens. On est les enfants des "Trente glorieuses", de "Mai 68" ou des "années fric". En parlant d'elle, elle parle clairement de nous aussi et on se retrouve, à différents stades du livre selon notre âge, dans ses évocations de notre quotidien. Le parallèle qu'elle fait entre la femme qu'elle est devenue et la société qui l'entoure ne peut que nous parler à nous aussi.


Enfin, et je pense que c'est le plus intéressant, elle a une démarche extrêmement personnelle dans sa réflexion sur le temps. Elle note très bien qu'elle a vécu cet accélération du temps dont on parle souvent. Ce n'est pas seulement une constatation de l'évolution des techniques de communication, c'est aussi un changement de l'être. L'immédiateté offerte par les téléphones portables et Internet par exemple, lui pose question. Alors comment l'exprimer ?

Je crois que l'on a parfois reproché le côté "catalogue" de ce livre. Certes il y a parfois de longues listes d'événements ou d'objets. Toutefois les extraits que j'ai notés plus haut explicitent en partie cette démarche très volontaire de la part d'Annie Ernaux. Sans vouloir faire un parallèle trop évident, je dois quand même dire que j'ai trouvé la démarche très proustienne avec cette recherche d'un temps peut-être pas perdu mais en tout cas passé !


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J'avais déjà lu du Ernaux, mais voilà que je la retrouve dans un style bien différent de ce que je lui connaissais.

Arrivée à un moment de sa vie où elle aimerait mettre par écrit des moments de vie, une biographie raconté comme si vous sortiez une à une des photos d'une boite et que vous racontiez cet épisode à votre petite fille.
Je n'étais pas certaine d'apprécier la forme au départ, je me demandais : est-ce que ça va être une énumération de faits divers épars pendant les 254 pages (du format poche)?

Mais heureusement les souvenirs s'allongent, comme si la narratrice prenait ses marques et trouvait son rythme. Nous avons droit à des scènes plus longues, qui bien que disparates, commencent à brosser le portrait de la vie d'une femme.

On voit des événements politiques, des événements culturels et des événements personnels.
On voit les avancés de la technologie, des électroménagers au moyens de communications.
On voit surtout les différentes étapes dans la vie d'une femme, la modifications de ses libertés et de ses possibilités dans une société qui évolue en faisant des pas en avant puis qui recule par moment.
On voit les modes vestimentaires se succéder, des genres musicaux apparaitre et parfois disparaitre, on voit des films culte qui marquent leur époque et on voit les titres des livres qui ont inspirés Ernaux et qui l'on profondément touchés.

Je n'ai pas saisi toutes les références (je suis d'un pays différent et d'une génération différente), je n'ai pas compris toutes les allusions, mais je me sentais privilégiée d'assister à ces instants volés à la mémoire de l'autrice.

Peut-être pas un livre grand public, mais un livre important, le témoin d'une vie qui a traversé des hauts et des bas et qui est rempli de petits instantanés si personnels et collectifs à la fois.
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Typique de l'autrice, un texte très poétique et qui tient en haleine (peut-être du au fait qu'il n'y ait pas de découpage en chapitres) pourtant sans présence d'aucune réelle histoire ni personnages ni action, à part quelques repères d'événements historiques et personnels. Les images de société qui évoluent avec le récit sont extrêmement vivantes et donnent envie de continuer la lecture - même si pas amateur.ice (comme moi) ni d'autobiographie, ni de poésie, ni même de littérature blanche.
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