Il y a longtemps que j'entendais parler d'
Annie Ernaux, et plus particulièrement de ce livre. Je n'ai donc pas hésité à le saisir lorsque je l'ai trouvé dans une boite à lire. Pour autant sa couverture austère ne m'inspirait pas vraiment. L'attribution du
Prix Nobel de Littérature et les débat qui s'en est suivi m'a fait sortir ce livre de la bibliothèque où il prenait la poussière.
Comment qualifier ce roman autobiographique. Il me semble que l'on peut aisément le qualifier de biographie sociologique. L'auteure nous raconte le temps qui passe, qui est passé sur sa vie, de l'enfance à l'âge adulte. Chaque chapitre du livre et de sa vie est articulé autour de situations ou thèmes récurrents : une photographie, les repas traditionnels, la famille, la sexualité, la politique, l'économie.
Annie Ernaux a un regard critique, parfois caustique, souvent amer, et grandement désabusé. J'ai trouvé son récit empli de solitude et de tristesse. Même les moments de joies sont teintés de tristesse. Au point que je me suis demandé si au moins une fois dans sa vie elle a connu un moment de bonheur.
Deux mots m'ont particulièrement gênée dans cette lecture : « elle » et « on ». le « elle » par la distanciation que l'auteure met entre sa personne, son histoire, et le récit qu'elle en fait. le « On » car il est inclusif. Or ces « années », même si j'en ai traversé un certain nombre en même temps qu'
Annie Ernaux, avec quelques années de décalage, même si j'en ai parfois gardé un souvenir ou un ressenti similaire, ne sont pas « mes » années. Tous ses souvenirs ne sont pas les miens, ses réflexions ne sont pas les miennes. Ce « on » m'englobe dans une pensée qui n'est pas la mienne et tente de me priver de ma propre perception, de mon propre ressenti. Car il s'agit avant d'un récit très autocentré qui se veut universel. Mais non Mme Ernaux, vos souvenirs et ce qu'ils vous inspirent restent les vôtres, pas ceux d'un peuple ou d'une génération. Et même votre dernier chapitre énonçant vos intentions ne m'a pas convaincue.
Je ne suis pas loin de rejoindre ceux et celles qui ont contesté l'apport de l'oeuvre d'
Annie Ernaux à la littérature mondiale, apport couronné par ce prix Nobel, mais je me laisserai une deuxième (seconde) chance avec un autre de ses livres avant de me prononcer.
Au final «
Les années » a été pour moi un livre froid, sans âme, qui ne m'a pas fait vibrer, suscitant peu d'émotion et aucune empathie avec l'auteure. La sensation d'avoir lu un essai sociologique plus qu'une autobiographie.