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sur 2239 notes
Entre autobiographie et histoire collective, un récit époustouflant!
[...]
Les Années font figure de mémoire collective des Français de la seconde guerre mondiale jusqu'au XXIe siècle. Qu'on ait vécu ces décennies qui jalonnent le récit ou qu'on soit trop jeune pour s'en souvenir, étonnamment tout fait mouche. Ainsi des discussions du dimanche midi autour du repas dominical: après-guerre, les anciens parlent de leurs souvenirs. Au cours des années 60-70, les échanges autour des bienfaits du progrès et de la consommation prennent le relais. En ce début de XXIe siècle, la jeunesse désabusée parle société, faits divers, politique (sujet anciennement prohibé à table : autre temps, autres meurs).

[...] Elle analyse avec finesse les incroyables bouleversements qu'ont entraînés les Trente Glorieuses, puis la Crise des années 70, le néo-capitalisme des années 80 et l'ultra-libéralisme des années 2000. Ou comment réaliser qu‘on a beaucoup perdu en croyant aux promesses de lendemains qui chantent.
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Les années est aussi un récit intime relaté à la troisième personne. L'objectif n'est pas autobiographique: l'auteur se garde de toute dérive narcissique. Les tranches de vie qui essaiment le livre sont toujours resituées dans un contexte global. Comment avortaient les femmes avant la loi proposée par Simone Weil? Pouvait-on ne pas se marier et vivre en célibataire ou, pire, en fille-mère?
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Annie Ernaux n'a pas seulement inventé une autre façon de se raconter et de nous raconter. Son style littéraire est complexe: phrases longues, alternant des listes d'évènements collectifs et des souvenirs personnels, ponctuation inexistante qui accélère le rythme de la lecture… On croirait une symphonie d'un nouveau genre, composée par un virtuose.
Lien : http://litteratureetchocolat..
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Formidable découverte ! Les années ont permis de mettre en image les souvenirs racontés lors de repas de famille par mes parents et grands parents.
Cette "presque" autobiographie où chaque grande période de la vie est illustré par une photo donne l'occasion de décrire toute une société, une époque et un mode de vie non au travers les yeux d'un narrateur mais plutôt par des généralités et anecdotes communes à une classe social, à une classe d'âge ou de lieux.

Un classique en devenir tellement il est le reflet d'une partie de la société française des années 40 aux début du XXIe siècle. Même si toutefois le style brute voire froid d'Annie Ernaux rend la lecture par moment dure, il colle très bien avec la forme original du livre.
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Il y a longtemps que j'entendais parler d'Annie Ernaux, et plus particulièrement de ce livre. Je n'ai donc pas hésité à le saisir lorsque je l'ai trouvé dans une boite à lire. Pour autant sa couverture austère ne m'inspirait pas vraiment. L'attribution du Prix Nobel de Littérature et les débat qui s'en est suivi m'a fait sortir ce livre de la bibliothèque où il prenait la poussière.

Comment qualifier ce roman autobiographique. Il me semble que l'on peut aisément le qualifier de biographie sociologique. L'auteure nous raconte le temps qui passe, qui est passé sur sa vie, de l'enfance à l'âge adulte. Chaque chapitre du livre et de sa vie est articulé autour de situations ou thèmes récurrents : une photographie, les repas traditionnels, la famille, la sexualité, la politique, l'économie.

Annie Ernaux a un regard critique, parfois caustique, souvent amer, et grandement désabusé. J'ai trouvé son récit empli de solitude et de tristesse. Même les moments de joies sont teintés de tristesse. Au point que je me suis demandé si au moins une fois dans sa vie elle a connu un moment de bonheur.

Deux mots m'ont particulièrement gênée dans cette lecture : « elle » et « on ». le « elle » par la distanciation que l'auteure met entre sa personne, son histoire, et le récit qu'elle en fait. le « On » car il est inclusif. Or ces « années », même si j'en ai traversé un certain nombre en même temps qu'Annie Ernaux, avec quelques années de décalage, même si j'en ai parfois gardé un souvenir ou un ressenti similaire, ne sont pas « mes » années. Tous ses souvenirs ne sont pas les miens, ses réflexions ne sont pas les miennes. Ce « on » m'englobe dans une pensée qui n'est pas la mienne et tente de me priver de ma propre perception, de mon propre ressenti. Car il s'agit avant d'un récit très autocentré qui se veut universel. Mais non Mme Ernaux, vos souvenirs et ce qu'ils vous inspirent restent les vôtres, pas ceux d'un peuple ou d'une génération. Et même votre dernier chapitre énonçant vos intentions ne m'a pas convaincue.

Je ne suis pas loin de rejoindre ceux et celles qui ont contesté l'apport de l'oeuvre d'Annie Ernaux à la littérature mondiale, apport couronné par ce prix Nobel, mais je me laisserai une deuxième (seconde) chance avec un autre de ses livres avant de me prononcer.

Au final « Les années » a été pour moi un livre froid, sans âme, qui ne m'a pas fait vibrer, suscitant peu d'émotion et aucune empathie avec l'auteure. La sensation d'avoir lu un essai sociologique plus qu'une autobiographie.
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Annie Ernaux a accompli son devoir de mémoire, depuis sa naissance en 1940 jusqu'à la date de son écriture en 2006, à travers la vie fictive d'une professeure de lettres qui, à sa grande différence, n'a jamais trouvé le temps de se consacrer comme elle le rêvait à l'écriture avant d'atteindre le seuil de la vieillesse. Comme des jalons au fil du temps qui passe, des photographies, voire de petits films la représentent à différentes étapes de sa vie, depuis son plus jeune âge dans sa Normandie natale. le corps change, en bien comme en mal, les êtres chers apparaissent puis disparaissent au gré des naissances et séparations, des amours et désamours successives. Inventaire d'une vie, mais aussi de tous ces petits riens qui ont fait l'ordinaire de tout un chacun, au cours de ces soixante et six années qui ont vu le monde changer comme jamais auparavant. Slogans publicitaires, modes vestimentaires, façons de s'exprimer, petits et grands événements, allant de la vie quotidienne à la géopolitique, participent à ce joyeux inventaire à la Prévert, sous la plume allègre d'Annie Ernaux. Arrivé en fin d'ouvrage, on se dit qu'il est dommage que l'éditeur n'ait pas prévu quelques pages blanches pour nous permettre de le poursuivre. On aurait aimé y parler de la folie des portables et autres objets connectés, des réseaux sociaux fauteurs de suicides mais aussi des nouvelles routes de la soie tissant leur toile invisible, des catastrophes soi-disant naturelles s'enfilant comme des perles, d'un président américain fou à lier, des prêtres pédophiles, la jacquerie des gilets jaunes, les attentats (toujours), l'essor des religions, sous leur forme la plus sectaire et mortifère, des populismes de tout poil, et la grande frousse des années pandémiques, avec ses hordes de bandits masqués déferlant dans les villes, et la fin des bisous…
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De l'après guerre aux années 2000 ( le livre date de 2007), c'est 60 ans d'histoire collective et de mémoire personnelle mêlées que déroule Annie Ernaux dans « Les années ».

Ce livre qu'elle qualifie elle même d' "autobiographie impersonnelle" et qu'elle a porté en elle pendant plus de 30 ans, c'est l'histoire de toute une génération (presque la mienne à 15 ans près) et de tous les grands ou petits événements qui l'ont marquée.

Dans la vie politique bien sûr : la guerre d'Algérie,mai 68, mai 1981, la chute de l'URSS, le 11 septembre 2001, la guerre en Irak…et les désillusions devant la faillite de la gauche et la montée de l'extrême droite .
Mais aussi l'évolution de la société et des moeurs : des premiers supermarchés à la société de consommation, du transistor au téléphone portable et à l'ordinateur, du droit à l'avortement à la liberté sexuelle.
Il y a aussi les films, les livres, les chansons, les slogans publicitaires même, qui ont marqué ces années et qui réveillent en nous bien des souvenirs ! En 240 pages, c'est presque notre propre vie qui défile et c'est assez impressionnant.
Le livre est ponctué de souvenirs plus personnels de l'auteure, à partir de photos qu'elle nous décrit et qui jalonnent sa vie, de l'adolescente mal dans sa peau à la femme d'âge mûr serrant sa petite fille dans ses bras.

Nostalgie du temps qui passe, des souvenirs qui s'estompent et qu'on veut fixer avant que la mémoire ne se perde : « Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais. » conclut-elle.
L'écriture dépouillée d'Annie Ernaux convient à merveille à cette plongée dans nos souvenirs communs.
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Je connais et apprécie depuis des années l'oeuvre d'Annie Ernaux. Ce livre en particulier constitue un sommet de la tâche qu'elle s'est assignée: parler d'elle et de ses proches en ne partant que du dehors, de l'extime. Décrire une réalité personnelle et sociale à partir des détails perçus au quotidien, sans extrapoler ni juger, en s'interrogeant sur la résonnance prise par ces minuscules détails quotidiens qui composent une existence.
J'ai lu ce livre dans un élan proustien, pour connaître, comprendre, reconstruire ou me ressouvenir, comme on feuillette des albums de photos, ou ces livres qui répertorient les objets, usages, décors oubliés de l'enfance de telle ou telle génération.
Ici on est de plus emporté par la trajectoire de l'écrivain dont ,l'âge venant se devine à travers des éléments de confort ou de simplification , des liens qui se relâchent, des relations qui s'inversent. La description des repas au fil des années est tout simplement époustouflante!
. J'ai offert ce chef d'oeuvre à plusieurs personnes de mon entourage, d'âges et de cultures très différents.
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Une lecture étrange, s'il en est... Les 20 premières pages sont un peu dures à passer, nous bombardant de diverses images, sans lien apparent : photos d'archives, souvenirs épars. Tout semble un peu sans queue ni tête. Un début troublant...

Puis on commence à voir se dessiner le lien entre ces images. Ces instants de vie capturés, des éléments d'une époque que je n'ai pas connue, construisent, par petites bribes, un tableau, une ambiance, un autre temps. En pointillisme. Ils s'imbriquent entre eux et se suivent pour nous faire plonger dans le flot du temps qui passe. Celui des années d'après guerre, des années 50 et de leur moralité lourde et acceptée, à l'explosion de mai 68 et aux diverses évolutions qui suivent, dessinant des années 70 - 80 - 90 - 2000 jusqu'à aujourd'hui. Telles que vécues et analysées par l'autrice. Espoirs et désespoirs. Esprit du temps. Changements de visions du monde.

Et en arrière plan, toujours présent, en ligne directrice discrète : la vie de l'autrice. Avec ses différents âges de la vie : portrait d'une enfance, d'une adolescence, d'une vie étudiante et de femme, le passage à l'âge adulte, la vie d'épouse, de mère, de divorcée, d'amante, de professeure, une vie adulte qui ne cesse de se réinventer, jusqu'à la vieillesse. Jamais figée. Annie Ernaux parle à la fin (car sur la fin, avant de nous quitter, elle décrypte son livre) d'une "autobiographie impersonnelle". D'une volonté de "sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais". Et en ce sens, ce livre est une réussite.

On est surpris d'être plongé dedans, mais on prend finalement plaisir à observer cette fresque évolutive, cette rivière du temps qui s'écoule indéniablement et à son rythme. Une lecture assez déconcertante de bout en bout.
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Annie Ernaux est née en 1940.
Et depuis 1974 et son premier roman, elle ne cesse de raconter sa propre histoire. Celle d'une petite fille née à Yvetot dans une famille très modeste mais qui apparaît rapidement douée pour l'étude – elle sera agrégée de lettres modernes.
Les années est son quatorzième ouvrage, une autobiographie écrite – très bien, certes – à la troisième personne. Une chronique, façon collage à la Georges Perec, d'une époque où la consommation est devenue au fil des 30 "Glorieuses" reine, depuis la sortie de la guerre jusqu'au début des années 2000.
Une vision lucide, apparemment détachée, teintée de sociologie – influence marquée de Pierre Bourdieu – avec naturellement l'évocation précise de l'évolution des moeurs et des travers de nos contemporains, la révolution sexuelle et la maîtrise de la fécondité.
C'est aussi la chronique d'un embourgeoisement intellectuel, d'une ascension sociale permise par l'excellence universitaire, mais qui, malgré la rupture évidente avec la classe sociale originelle, demeure marquée par les réflexes d'une gauche « convenable », si habituels dans le milieu enseignant. Et avec, paradoxalement, des rituels d'antan qui perdurent comme le déjeuner familial dominical.
Annie Ernaux est une belle femme. Les relations amoureuses tiennent une grande place dans sa vie, jusque sur le tard … La fuite du temps, le vieillissement et la crainte des maladies, la crainte de l'abandon, la flétrissure de l'âge l'angoissent.
Certains critiques considèrent Annie Ernaux comme un écrivain majeur de la littérature française. Je ne me sens pas assez savante pour confirmer cette affirmation. Cette lecture a suscité en moi, qui appartiens à cette génération à quelques années près, beaucoup de souvenirs, mais je ne peux m'empêcher d'y lire aussi un catalogue de lieux communs. C'était le premier livre que je découvre de cette auteure. Je ne pense pas en lire d'autres.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Je suis embêté. Embêté parce que c'est, de mémoire, le premier et seul livre que j'abandonne en cours de route.
J'ai essayé pourtant ! Mais après une cinquantaine de page je n'accroche pas du tout. Et j'en suis le premier déçu ! Mais j'ai eu l'impression de lire une liste. Une longue liste inintéressante.
Il s'agit d'observations de la société sans réelle histoire, pas de trame que l'on suit. Beaucoup de précisions sur une époque que je ne connais pas, avec des références et des détails qui ne me parlent pas du tout.
L'emploi de la 3ème personne du singulier met de la distance avec le lecteur qui se sent peu impliqué, ce qui n'aide pas à accrocher. Bref, un gros loupé pour moi ! Désolé Annie !
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Je découvre avec beaucoup de plaisir la plume d'Annie Ernaux grâce à ce livre qui m'a plu.

J'ai aimé me plonger dans cette époque que je connais mal, découvrir l'évolution de la société dans la France d'après guerre, les petites victoires (le droit à l'avortement, les 39 heures etc), mais aussi led craintes (les attentats, puis la guerre d'Algérie, celle du Vietnam entre autres).

Annie Ernaux a réussi avec beaucoup de brio à nous narrer les faits marquants qui ont bâti la France d'aujourd'hui. La narration était particulièrement intéressante, l'auteure ayant choisi d'utiliser la troisième personne du singulier, ce qui nous permet d'imaginer que cela a pu être le destin du plus grand nombre tout en nous offrant un texte personnel. Elle nous livre un récit tout en pudeur sur sa vie privée, certains évènements sont seulement esquissés ou dits à mots couverts, nous les devinons plus qu'autre chose.

J'ai découvert les aspirations d'une jeune fille née en 40, grandissant avec son temps, rêvant à davantage de liberté (notamment sexuelle), ses références et ses loisirs qui se développent avec l'apparition de la société de consommation.

Excellent récit qui se veut le témoin d'une époque, d'un temps passé où les moeurs étaient autres et que les nouvelles générations ne connaitront plus. "Les années" est en quelque sorte le gardien des souvenirs communs du peuple français, une trace de l'évolution tant sociétale que politique.
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