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sur 2239 notes
Ce qui différencie les Années de ses précédents livres (tous lus sauf Se Perdre et l'Occupation, parce que j'en avais assez du récit de ses amours..), c'est l'absence de "je" et, comme certain(e)s ici, cela ne m'a pas plu.
Cette distance par rapport à elle que ce choix crée est peut-être - sans doute - voulue par l'auteure et est aussi peut-être l'expression d'un sentiment d'étrangeté par rapport à soi-même qu'elle ressent, mais cette substitution du "je" par un "on" ou/et un "nous", généralisant, indistinctif, même s'il donne au texte un aspect historico-sociologique (très parcellaire quand même), enlève, à mon goût, la force du récit personnel et assumé ( y compris dans ses dimensions critiques - les Armoires Vides -), qui fait, selon moi, justement la singularité et l'intérêt des livres d'Annies Ernaux qui, en quittant ses parents épiciers-cafetiers d'une petite ville pour devenir étudiante, épouse d'un jeune cadre d'origine bourgeoise puis professeure, n'est pas représentative ni typique d'un milieu social bien identifié et homogène. Elle est atypique et le "on" et le "nous" effacent sa singularité; la disparition du "je" la dépersonnalise, la rejette dans un arrière-plan flou.
Par contre, ses aspirations adolescentes puis de jeune adulte, à se fondre dans son époque, me paraissent peu singulières (elle a parlé de cette contradiction, ce paradoxe, ce tiraillement, le cul entre deux chaises..). Au fil du texte, Annie Ernaux écrit de plus en plus souvent "ils/elles", désignant les "jeunes des années 60". J'ai alors identifié nombre des nouvelles habitudes de mes jeunes parents à cette époque (la 2 cv de ma mère nouvellement institutrice, les meubles en teck, la mode de la fondue bourguignonne..). En gros j'ai à peu près l'âge des fils d'Annie Ernaux. C'est assez amusant et en même temps ces évocations un peu catalogue ne m'ont pas vraiment passionné puisque je connais déjà (d'autres ici n'ont pas apprécié pour la raison inverse : plus jeunes que moi, cela ne leur a rien "dit"..).
Cette différence dite, j'ai beaucoup plus apprécié les passages (60 pages avant la fin et juste avant celle-ci) où elle nous explique son projet d'écriture, ce qu'elle veut/veut pas faire et pourquoi et comment. Il y a comme ça dans les livres d'Annie Ernaux des paragraphes qui sont du pain-bénit pour ceux et celles (étudiant(e)s ou non - qui veulent comprendre et expliquer A. Ernaux.
An fond, les Années auraient pu s'appeler les Annies..
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Les années.
Un roman écrit par Annie Ernaut, 256 pages des éditions Folio.
Cet ouvrage a obtenu plusieurs récompenses dont le prix Marguerite Duras et le strega Européen.mais aussi une reconnaissance internationale et une kyrielle d'adeptes et de disciples littéraires.

Ce récit est une autobiographie collective.
L'autrice se désigne a la troisième personne et excelle au point qu'il ne ressemble à aucun autre de ses ouvrages.
Avec une plume forte , précise et ingénieuse , Annie Ernaut décrit les évènements culturo politique depuis la fin de la dernière guerre mondiale jusqu'aux années deux milles..
Elle décrit parfois sa vie mais beaucoup plus dans un ordre global où on apprécie l'évolution du monde sur le plan culturel, économique et politique étalé sur une cinquantaine d'années de vécu.
Vraiment chapeau bas à l'autrice pour le choix méticuleux des plus importants événements sur l'échelle mondiale et le cheminement de ses idées pour aboutir finalement à façonner cette très belle autobiographie.

cette lecture interpelle tous ceux ou celles qui doutent de son génie,et de la valeur de sa plume...
je vous invite à lire ce roman qui est une réponse à tout les non dits..
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J'avais déjà lu du Ernaux, mais voilà que je la retrouve dans un style bien différent de ce que je lui connaissais.

Arrivée à un moment de sa vie où elle aimerait mettre par écrit des moments de vie, une biographie raconté comme si vous sortiez une à une des photos d'une boite et que vous racontiez cet épisode à votre petite fille.
Je n'étais pas certaine d'apprécier la forme au départ, je me demandais : est-ce que ça va être une énumération de faits divers épars pendant les 254 pages (du format poche)?

Mais heureusement les souvenirs s'allongent, comme si la narratrice prenait ses marques et trouvait son rythme. Nous avons droit à des scènes plus longues, qui bien que disparates, commencent à brosser le portrait de la vie d'une femme.

On voit des événements politiques, des événements culturels et des événements personnels.
On voit les avancés de la technologie, des électroménagers au moyens de communications.
On voit surtout les différentes étapes dans la vie d'une femme, la modifications de ses libertés et de ses possibilités dans une société qui évolue en faisant des pas en avant puis qui recule par moment.
On voit les modes vestimentaires se succéder, des genres musicaux apparaitre et parfois disparaitre, on voit des films culte qui marquent leur époque et on voit les titres des livres qui ont inspirés Ernaux et qui l'on profondément touchés.

Je n'ai pas saisi toutes les références (je suis d'un pays différent et d'une génération différente), je n'ai pas compris toutes les allusions, mais je me sentais privilégiée d'assister à ces instants volés à la mémoire de l'autrice.

Peut-être pas un livre grand public, mais un livre important, le témoin d'une vie qui a traversé des hauts et des bas et qui est rempli de petits instantanés si personnels et collectifs à la fois.
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Je suis embêté. Embêté parce que c'est, de mémoire, le premier et seul livre que j'abandonne en cours de route.
J'ai essayé pourtant ! Mais après une cinquantaine de page je n'accroche pas du tout. Et j'en suis le premier déçu ! Mais j'ai eu l'impression de lire une liste. Une longue liste inintéressante.
Il s'agit d'observations de la société sans réelle histoire, pas de trame que l'on suit. Beaucoup de précisions sur une époque que je ne connais pas, avec des références et des détails qui ne me parlent pas du tout.
L'emploi de la 3ème personne du singulier met de la distance avec le lecteur qui se sent peu impliqué, ce qui n'aide pas à accrocher. Bref, un gros loupé pour moi ! Désolé Annie !
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J'avais détesté “Passion simple” (lu à sa sortie quand j'avais 15 ans et que les affres sexuelles d'une adulte ne pouvaient m'être plus étrangères), et depuis je n'avais plus prêté attention aux livres d'Annie Ernaux. le prix Nobel m'a surprise, alors j'ai décidé d'y regarder de plus près. Bien m'en a pris. Avec “Les Années”, j'ai compris pourquoi cette dame était une immense écrivaine.
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Pourtant, même celui-ci, j'ai failli le rater. Les premières pages m'ont agacée: cette énumération en paragraphes qui commencent sans tiret ni majuscule, pfff, maniérisme expérimental, très peu pour moi, surtout si c'est pour parler de pipi. Mais avant de remiser le livre, je l'ai ouvert au milieu, juste pour vérifier. Et là, petit à petit, sans très bien savoir comment, je me suis retrouvée captivée.
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Cette manière de nommer les sensations que “on” avait eues devant les événements historiques, les évolutions de la société et les étapes de la vie était absolument saisissante. Comment pouvais-je me reconnaître dedans alors que j'étais une autre personne, d'une autre génération, avec un parcours si différent...? (Et ce livre a été apprécié dans le monde entier.)
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Que l'expérience intime puisse être aussi universelle est à la fois mortififiant et vertigineux. Grâce à la finesse de l'analyse et à la précision des mots, on —car moi aussi je suis “on” ou “elle”— découvre avidement ce qu'on a pensé et ce qui nous a uni aux autres.
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Alors on finit le livre, on le recommence depuis le début cette fois, et trois mois après l'avoir rendu à la bibliothèque, on a de nouveau envie de le relire.
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L'écriture est belle et fluide. On ressent, surtout vers la fin du récit, cette idée du temps passé auquel on peine à s'agripper. Mais le récit peine à prendre un peu de recul avec son sujet et reste bien trop sérieux et dramatique par moment, finissant par se pasticher.
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« Toutes les images disparaîtront », avertit Annie Ernaux en incipit. Vrai ! Sans compter, au fur et à mesure que j'avance en âge, celles dont je suis la seule à me souvenir, parce que des personnes sont mortes et d'autres ont été perdues de vue.
L'autrice construit son livre à partir de photos. La première, sans doute de 1941, montre un bébé coiffé avec un rouleau sur la tête, il est à moitié nu sur un coussin ; avez-vous eu sous les yeux ce genre de photos, de vous-même ou de vos parents ou grands-parents ? Elles correspondent à une époque, tout comme les photos suivantes. L'une d'elles montre une petite fille aux cheveux courts et au ventre proéminent. En cette année 1944, était-elle atteinte de rachitisme ? Des temps oubliés de la narratrice, mais pas de sa famille.
Pas étonnant, donc, que le livre embraye sur les repas de famille et le grand sujet évoqué, cette guerre encore si proche.

Des images fortes, pleines d'émotion pour ceux qui l'ont vécu, ce qui est mon cas pour certains souvenirs, mais pour ceux qui ne l'ont pas vécu ? C'était il y a 80 ans. Viennent d'autres repas de famille, il y a soixante ans, quarante ans, puis vingt.

Lien : https://dequoilire.com/les-a..
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𝘙é𝘴𝘶𝘮é :
Dans ce roman, l'autrice retrace son histoire personnelle mêlée aux événements importants sur le plan national.
Il ne s'agit pas d'une autobiographie à proprement parler.
A travers des photos instantanées, on découvre les pensées, les espoirs, les déceptions et joies d'une jeune femme née dans les années d'après-guerre jusqu'au début des années 2000.

𝘈𝘷𝘪𝘴 :
Je n'ai pas du tout accroché avec ce roman d'Annie Ernaux. J'ai été déçue par rapport aux deux autres livres que j'ai lus et j'ai plusieurs fois eu envie d'arrêter ma lecture.
Le déroulement du récit est particulier. Je n'ai pas toujours bien saisi de quelle période elle parlait. le fait de parler d'elle à la troisième personne m'a gênée.
La ponctuation est aussi surprenante ainsi que la structure sans chapitres et avec parfois de longues énumérations.

Néanmoins la plume reste d'une grande qualité.

Peut être que ce livre me parlera plus lorsque je serai plus âgée également.
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Avec cette lecture je suis totalement sortie de ma zone de confort. C'est un très bel ouvrage où l'autrice mêle évocation de faits historiques, analyse de la société et anecdotes personnelles. Au départ j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, mais finalement j'ai trouvé ce livre très intéressant pour son aspect psychologique et historique. Maintenant j'ai envie de lire tous les livres d'Annie Ernaux !
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Férus de romans sociologiques, foncez ! J'ai lu ce livre d'une traite dans le train, ça me semblait être l'endroit parfait, j'ai eu l'impression de voyager dans le temps et dans l'espace.

Ce n'est pas non plus le livre le plus marquant de ma vie mais je le recommande sans hésiter.
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