AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 1703 notes
5
96 avis
4
57 avis
3
14 avis
2
5 avis
1
0 avis
Récit, témoignage (même si Annie Ernaux réfuterait probablement ce terme) précis (comme en général chez elle), réaliste (très) et unique (tel qu'elle se souvient l'avoir vécu), d'un "événement" intime (mais qui ne concerne jamais qu'elles) que de nombreuses femmes ont vécu.
C'est glaçant, d'autant plus que les conditions à l'époque (en France) étaient réunies pour que cela le soit : indifférence du principal responsable, interdiction et condamnation légale, donc refus des médecins (non pas du fait du serment d'Hippocrate mais pour éviter tout risques de sanction ou/et de leur morale personnelle ) violence de l'hôpital public.. Quasi personne n'accepte d'aider la jeune femme dans sa demande et plusieurs font l'inverse.. jusqu'à même un interne qui la traite avec mépris.. parce qu'il croit qu'elle est une ouvrière ou une caissière de Monoprix et non étudiante comme lui ! J'ai crû halluciner.
Comme souvent chez Ernaux (mais je n'ai pas tout lu), c'est cash (comme dans les Armoires Vides), donc très dérangeant, et intelligemment analysé (ressenti tel à l'époque de ce qui est raconté) avec une paire de lunettes sociologique (les gens ré(a)gissent selon la classe sociale dont ils font partie, selon leur statut social etc..)
Commenter  J’apprécie          80
Nous sommes en compagnie d'Annie, la vingtaine, en proie à des sentiments confus, suite à sa grossesse non désirée.
C'est un roman autobiographique, ce qui fait de ce roman, une histoire sincère où les mots viennent touts seuls.
On ressent la fragilité, la confusion, la peur, et surtout la sincérité de ce récit, un peu sous forme de journal intime.
Dans les années 60, l'avortement n'était pas encore autorisé, laissant des jeunes femmes contraintes à risquer leur vie, et même parfois se mutiler pour extraire ce qu'elles ne veulent pas, pointées du doigt, mises plus bas que terre, jugées injustement.
Je n'aurai jamais pu personnellement procéder à un avortement, mais ce roman est bouleversant, et on se dit que, heureusement, les choses ont changé depuis, laissant le choix à chacune d'être libre de son corps, afin de ne pas subir un tel « événement » dans ces conditions.

CHALLENGE SOLIDAIRE 2023
Commenter  J’apprécie          80

L'événement.
Annie ERNAUX

L'évènement

est un fragment de vie autobiographique d'Annie Ernaux jeune, étudiante et enceinte dans les années 1960.
Décidée à ne pas poursuivre cette grossesse non désirée elle va consulter des médecins absolument pas enclins à « l'aider » puisqu'à cette époque l'avortement (c'est ça l'évènement) est loin d'être reconnu/accepté /assumé.
Elle cherchera des contacts et du soutien auprès de camarades ayant elles aussi eu recours aux faiseuses d'anges au risque d'y laisser sa vie.
Et elle vivra là l'évènement le plus brutal, le plus traumatisant et le plus courageux de sa vie.
A lire absolument.
Un récit terriblement dérangeant sur cette épreuve vécue comme une honte et dont il faut tout taire sous peine de représailles.
C'est la première fois que je lis un texte d'une telle force, d'une telle froideur sur l'avortement et j'en reconnais bien la réalité pour l'avoir vue au cours de mon exercice professionnel.
La loi est passée Dieu merci !
Mais elle reste sujette à controverse encore trop souvent.
Mon corps, mon choix
Commenter  J’apprécie          80
Ce livre est avec "je ne suis pas sortie de ma nuit", à mes yeux, le meilleur livre d'Annie Ernaux. Il décrit avec détails un avortement lors des années 60, avec tout ce qu'il a de brutal, d'horrible. Il dit tout haut ce qu'on cache. Il est clair que sa brutalité peut en heurter plus d'un(e) mais ce n'est pas une violence gratuite, elle est absolument nécessaire pour qu'on comprenne le traumatisme silencieux que vivaient ces femmes, au milieu d'hommes totalement absents et moralisateurs. Lecture essentielle.
Commenter  J’apprécie          80
Fin 1963, Annie Ernaux avait vingt-trois ans. Face à une grossesse non désirée, elle a immédiatement décidé d'y mettre fin. Seulement, à l'époque, l'avortement était interdit et sévèrement puni par la loi française. Peu de médecins prenaient le risque de mettre leur carrière en péril. Alors bon nombre de femmes démunies et désespérées n'avait d'autre choix que de se tourner vers des « faiseuses d'anges » (plus ou moins compétentes …)

Annie Ernaux nous raconte – avec une vive émotion – son « parcours du combattant » qui a finalement duré trois mois. Trois mois d'angoisse, de peur intense, de vulnérabilité totale. Et quelques jours de souffrance, fin janvier 1964 … le choc dû à la découverte du profond mépris également, d'une certaine catégorie du personnel médical ( et de leur pitoyable lâcheté …) : une étudiante enceinte qui tentait une interruption de grossesse était moins déconsidérée qu'une ouvrière ! …

Un livre fort, voire violent, qui nous prouve à quel point les femmes sont finalement bien seules, face aux expériences les plus critiques, les plus traumatisantes (quand bien même il s'agit à présent d'un acte licite, effectué dans de bonnes conditions …) Et combien il est indispensable aujourd'hui de préserver ce droit (durement acquis) à disposer de son corps en décidant – ou pas – de donner la vie …
Commenter  J’apprécie          82
L'auteure revient sur son avortement au début des années 60 quand ce dernier était encore illégal.
Avec réalisme et une écriture ciselée, Annie Ernaux partage les épreuves traversées pour pouvoir se débarasser de cet enfant qu'elle ne souhaite pas avoir. le récit est édifiant et glaçant.
Les scènes sont d'une grande violence (notamment celle de l'avortement) mais disent l'horreur de la situation de ces milliers de femmes, privées de leur droit de disposer de leur corps.
Une oeuvre intemporelle et engagée à mettre entre toutes les mains !
Commenter  J’apprécie          80
Annie Ernaux, je connaissais de nom. On en a beaucoup parlé puisque cette année elle reçoit le prix Nobel de littérature. A vrai dire, cette autrice me faisait un peu peur. A tort… Alors en passant dans une librairie j'ai jeté mon dévolu sur « L'évènement ». Bien m'en a pris.
Tout le monde connait l'histoire… Une aventure amoureuse, une grossesse non désirée, un avortement. Mais l'avortement est clandestin puisque bien avant la loi Weil.
En fait Annie Ernaux nous raconte cette tranche de vie avec des mots simples de « tous les jours ». Elle déroule l'histoire de manière limpide, fluide, et parfois crûment. Bon nombre de femmes ont dû se reconnaitre dans cette histoire. Elle a le mérite, le courage, d'exprimer un ressenti personnel transposable à beaucoup.
Elle dénonce l'hypocrisie médicale ambiante à ce sujet, mais aussi celle de son entourage.
Le livre est une confession personnelle, mais aussi un acte de courage au nom de toutes celles qui ont dû avorter. Au travers de ce récit on prend conscience des mentalités, du contexte social. On en apprécie que davantage l'évolution, et on peut mesurer le chemin parcouru grâce à Simone Weil.
Ce livre est à lire (quelle que soit notre idée de l'avortement). Il permet de mieux appréhender le sujet et surtout de comprendre qu'une femme peut se trouver en détresse lorsque la grossesse n'est pas désirée.
Une chose est sûre je lirai un autre livre d'Annie Ernaux.
Commenter  J’apprécie          80
🖤 « En écrivant, je dois parfois résister au lyrisme de la colère ou de la douleur. Je ne veux pas faire dans ce texte ce que je n'ai pas fait dans la vie à ce moment-là, ou si peu, crier et pleurer. Seulement rester au plus près de la sensation d'un cours étale du malheur. »
(P. 95)

🖤 En 1999, la narratrice se rend dans un cabinet médical pour un dépistage. Dans la salle d'attente, son angoisse croît, elle observe autour d'elle les patients qui, comme elle, attendent leur tour, le verdict, cette fin d'après-midi marquera-t-elle le début d'une autre histoire ou un simple moment de doute dans une vie qui s'écoule paisiblement ? Alors qu'arrive enfin son tour et le moment de rejoindre enfin (hélas ?) le médecin, un sourire sur les lèvres de ce dernier efface à jamais la peur : c'est négatif. Cette attente et cette angoisse intimes ont suffi pour replonger la narratrice dans un drame vécu trente ans auparavant, en 1963, alors qu'elle n'était encore qu'une jeune étudiante…

🖤 le souvenir de cette année est encore intact, les notes prises à l'époque aidant. Il y a les souvenirs et les sensations. Alors étudiante de lettres, la narratrice tombe enceinte. Nous sommes en 1963, l'avortement n'est encore pas légal. Seule face à un destin qu'elle ne souhaite pas embrasser et qu'elle cache à ses parents, elle se retrouve jugée par ses amis, jugée par le corps médical, aidée seulement par des connaissances dont elle ne soupçonnait pas le bienveillance. Course contre la montre, elle trouve un jour une faiseuse d'anges, qui agit dans l'illégalité la plus totale, qui exige 400 Francs et le silence en retour. Ses instruments ? Une bassine, un linge et une sonde. Et l'espoir pour des jeunes filles que le cauchemar prenne fin. Une nuit, celui de la narratrice cessera enfin de la tourmenter : une nuit de mort et de vie, une nuit de souffrance et de hurlements, une nuit de délivrance pour elle, de condamnation pour certains de ses pairs.

🖤 Oh comme j'aime l'écriture d'Annie Ernaux quand elle se livre entièrement, sans détours, faisant voeu d'une honnêteté et d'une franchises inébranlables. En 2000, lorsque ce récit parut, l'avortement était légal, plus rien du récit de l'autrice n'était d'actualité, à part peut-être les jugements de ceux qui pensent pour les autres, qui savent mieux, qui feraient mieux, qui auraient pris leurs précautions. Aucun jugement sur l'avortement de ma part, là n'est pas le sujet. Je constate simplement amèrement que si la loi a évolué, les mentalités nous emmurent dans un archaïsme édifiant, que seuls ces témoignages peuvent faire tomber.
Commenter  J’apprécie          82
Annie Ernaux fait partie de ces auteures qu'on m'a conseillées mille fois, et dont le nom revient très souvent à mes oreilles - notamment dans les milieux féministes. Ayant enfin décidé de me lancer, j'ai jeté mon dévolu sur L'événement, et ce n'était pas un hasard puisque j'en ai toujours entendu beaucoup de bien et que le thème me parlait : l'avortement.

Plus précisément, l'avortement avant qu'il ne devienne légal. L'auteure, plus de trente ans après les faits, couche enfin sur papier ce qui lui est arrivé et qui la hante depuis. On a donc affaire à un récit autobiographique, court et percutant, que personnellement j'ai lu en une journée sans pouvoir lever les yeux !

Étudiante, elle se retrouve complètement démunie face à cette grossesse non désirée : le géniteur habite loin et semble peu se préoccuper de l'affaire, impossible d'en parler à ses parents, et elle risque la prison pour pouvoir avorter.

C'est alors un parcours de la combattante qui se présente, terriblement long, fait de bouche à oreille et d'adresses illégales qu'on se refile sous le manteau. On vit cette lenteur avec elle, page après page, on suffoque presque - même en sachant par avance qu'elle parvient à ses fins !

Ce témoignage est précieux, comme tous ceux des personnes de cette époque. Il permet de réaliser à quel point l'avortement est un droit fragile, pour lequel il a fallu (et il faut encore) se battre. Pour échapper aux sondes, à l'eau de Javel et aux aiguilles à tricoter. Pour avoir le choix de sa (non-)fécondité et ne plus en mourir.

Un récit à mettre entre tous les mains, pour continuer la bataille.
Commenter  J’apprécie          80
Ce témoignage décrit l'avortement vécu par l'auteur en 1964 – cinq ans avant la légalisation de la pilule et onze ans avant celle de l'IVG.

C'est le combat d'une femme pour avorter, en ces temps où l'avortement est illégal et où il est difficile d'obtenir de l'aide... si on en parle aux filles, on heurte leurs valeurs, si on en parle aux garçons, on passe pour une fille "comme ça", libre, avec qui on peut se permettre d'aller plus loin...

Annie Ernaux décrit de manière très réelle ce qu'elle a vécu et comment ça se passe. Elle décrit l'horreur d'un tel acte lorsque l'on est pas accompagné d'une équipe médicale et des risques que l'on peut encourir.

Avec un tel témoignage, on se rend compte de l'horreur, de la douleur qu'on traversé énormément de femmes et de l'importance de la loi Veil.

Ce témoignage nous permet de rentrer dans l'esprit et les pensées d'une jeune femme de 23 ans, de comprendre son choix, de suivre son combat pour se faire avorter, d'être terrifié face à la réaction de nombreuses personnes et face à leurs comportements.

Ce qui m'a choqué le plus, c'est le comportement d'un médecin, qui se rend compte ; après avoir été ignoble avec la jeune fille de 23 ans, qu'il voyait comme une ouvrière de basse condition, à qui ce genre de chose arrive tout le temps ; qu'en réalité, elle est comme lui, qu'elle est étudiante, dans une université...sa classe sociale est donc plus élevée. Et du coup, il aurait dû la traiter avec plus de respect...

Ce livre doit être lu par le plus nombreux d'entre nous.
Lien : http://lafeeculturelle.over-..
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (3476) Voir plus



Quiz Voir plus

L'événement (Annie Ernaux)

Dans quelle ville la narratrice est-elle étudiante en 1963 ?

Annecy
Besançon
Mulhouse
Orléans
Rouen

14 questions
52 lecteurs ont répondu
Thème : L'événement de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}