AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 1762 notes
5
98 avis
4
56 avis
3
16 avis
2
5 avis
1
0 avis
Par curiosité, j'ai lu "L'Événement" d'Annie Ernaux. Et j'en sors bouleversée. C'est un exemple parfait d'une force de l'écriture, d'une transmission par l'écriture d'une réalité et d'insupportables émotions! Et comment elle réussi à faire ça! En gardant cette distance, avec ce recul qu'elle sait très bien prendre, ses mots prennent toute leur valeur. Sans doute, "L'Événement" est le récit que j'ai le plus apprécié. Pendant quelques heures, j'étais elle à la recherche de cette "faiseuse d'ange", puis avec une sonde dans l'utérus, puis avec un gamin entre les jambes, puis avec un souvenir insoutenable. C'est, pour tout dire, une des rares fois qu'un livre me laisse comme ça, aussi "abasourdie" que la fille qui en 1964 venait de donner naissance à un mort dans la plus totale illégalité, déconsidérée, seule parce qu'une pauvre loi condamnait la femme à materner, qu'elle le veuille ou non. Malgré l'horreur, jamais elle ne pleure sur son sort, elle constate, c'est tout, et réfléchit, à ce qui lui est arrivé, aux réactions de ceux qu'elle a croisé durant cette période, à la société, et à l'oeuvre qu'elle est entrain d'écrire.
Commenter  J’apprécie          140
Attendant la réponse d'un test de séropositivité, Annie Ernaux est renvoyée à un autre épisode de sa vie, alors qu'elle avait 23 ans et se retrouvait enceinte, bien décidée à ne pas garder ce bébé.

J'aime beaucoup comment Annie Ernaux déroule son récit, cherchant à formuler les choses avec le plus de justesse possible. J'ai été terriblement choquée par des phrases qu'elle a reçue, dites sans réfléchir par des hommes qui ne mesurent rien du drame intime qui se joue.
Dans le contexte social actuel, où le droit à l'avortement semble menacé un peu partout, il est très instructif de se plonger dans ce récit !
Commenter  J’apprécie          130
J'avais prévu de lire un roman d'Annie Ernaux cette année, dans le cadre du Challenge Solidaire auquel je participe. Je n'avais pas prévu de lire celui-ci, ayant un autre de l'auteure dans ma PAL. le hasard a voulu que je tombe dessus, en passant des vacances avec des amis au mois d'août. La fille d'un ami, âgée de 18 ans, était en train de le lire. Je lui ai demandé de me le prêter afin que nous puissions échanger dessus, je voulais aussi avoir l'avis d'une adolescente sur ce sujet grave.

En effet, Annie Ernaux relate dans ce court récit (je l'ai lu en une petite heure) l'avortement qu'elle a subi en 1964, année où l'avortement était interdit, et passible d'une peine de prison, où même la contraception n'était pas légalisée.

Les années 60, je ne les ai pas connues, mais ce n'est pas le Moyen-âge non plus, c'était hier. Et cela me paraît dingue.
Dingue que pléthore de jeunes filles, de femmes, plus ou moins jeunes, plus ou moins vieilles, aient dû braver l'interdit pour décider de la bonne disposition de leur corps.
Dingue qu'elles aient dû parfois recourir à des méthodes plus ou moins dangereuses, risquant leur vie à cause de lois faites par les hommes pour les hommes.
Dingue, finalement, que ce sujet soit toujours autant d'actualité, le droit à l'avortement étant toujours discuté un peu partout dans le monde.

Sincèrement, j'ai apprécié ce livre que j'ai lu pratiquement en apnée. La prose est très facile à suivre, même si Annie Ernaux ne nous épargne pas certains détails parfois bien difficiles à lire. Mais en même temps, ce qu'elle a vécu était particulièrement difficile à vivre.
Je déplore juste, à un certain moment, une sorte de "règlement de comptes" (même si mérité) avec un ancien camarade à elle. Elle ne le cite pas, pour diverses raisons et notamment par égard pour l'épouse de ce dernier, mais je doute que ladite épouse ne le reconnaisse pas et ne finisse pas par appendre certaines choses déplaisantes;

En bref, un roman qui reste d'actualité et qui devrait être lu par tous, quel que soit son âge.
Commenter  J’apprécie          132
Un livre pour les femmes et pour les hommes qui aiment les femmes.
Ce livre s'est imposé à moi naturellement après avoir visionné le film du même nom. Une histoire intime et pourtant si banale, vécue par de nombreuses femmes.

Un livre marquant sur la vie des femmes avant la loi Simone Veil.
Commenter  J’apprécie          120
Avortement- témoignage- condition de la femme.

L'histoire d'un avortement, de son avortement dans les année soixante. le parcours d'une combattante pour trouver une faiseuse d'ange et l'après.
C'est une écriture qui a fait son chemin suite à un examen médical, évènement inoubliable trente ans plus tard , elle a besoin de l'écrire; elle va se servir de son journal intime pour retracer cet événement.
Une force de langage, d'incompréhension, de solitude de cette jeune femme face aux médecins , au géniteur, à son destin.
Des moments crus, froids.
Un roman féministe.
Commenter  J’apprécie          120
« D'avoir vécu une chose, quelle qu'elle soit, donne le droit imprescriptible de l'écrire. Il n'y a pas de vérité inférieure. »

Ce récit écrit à l'aube du 21e siècle relate un événement autobiographique survenu plus de trente ans auparavant, bien avant la loi du 17 janvier 1975 préparée par Simone Veil et encadrant la dépénalisation de l'avortement en France. L'autrice retranscrit ici son expérience d'un avortement clandestin, un cauchemar dont elle ne nous épargne aucun détail, depuis les premières nausées jusqu'au foetus expulsé comme un étron dans une chambre étudiante. Puisque la loi interdit l'interruption de grossesse, la jeune fille alors étudiante en lettres se tournera vers une « faiseuse d'anges », maniant spéculum et sonde pour déloger les importuns au tarif de quatre-cents francs anciens. Ce qui est particulièrement intéressant dans ce récit, c'est le parcours intérieur de celle qui brave la loi pour disposer de son corps comme elle l'entend, depuis la prise de conscience distanciée jusqu'à cette « scène sans nom, la vie et la mort en même temps. Une scène de sacrifice. » Les réactions des personnages gravitant autour d'elle, relations personnelles ou membres du corps médical, vont de la curiosité malsaine au jugement abject. le spectre de la morale individuelle écartelée entre compassion embarrassée et lapidation symbolique.

Si le style de l'autrice est souvent assez quelconque, surgissent parfois des phrases et des pensées qui résonnent remarquablement. Cet édifiant témoignage se révèle d'une grande valeur sociologique, notamment avec les bouleversements actuels rencontrés dans certaines grandes démocraties autour de la question de l'avortement ou du droit des femmes en général.

« Je sais aujourd'hui qu'il me fallait cette épreuve et ce sacrifice pour désirer avoir des enfants. Pour accepter cette violence de la reproduction dans mon corps et devenir à mon tour lieu de passage des générations. J'ai fini de mettre en mots ce qui m'apparaît comme une expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps, de la morale et de l'interdit, de la loi, une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps. »
Commenter  J’apprécie          120
Au mois d'octobre 1963, Annie Ernaux, 23 ans, fait ses études à Rouen et tombe enceinte. Ne souhaitant pas garder l'enfant, elle raconte, dans L'événement publié en 2000 chez Gallimard, son parcours du combattant pour se faire avorter.

L'événement est un livre choc, à déconseiller aux personnes sensibles, car Annie Ernaux raconte sans détour la scène sanglante et douloureuse de son avortement. À cette époque les avortements sont illégaux, les pratiquants (médecins et infirmiers) et les femmes qui ont avorté sont punis de prison et d'amende. Annie Ernaux part donc à la recherche d'un médecin ou sage-femme qui accepterait de pratiquer cet acte illégal. Elle s'adresse à des amis et des connaissances dont la conduite à son égard change du tout au tout en apprenant sa volonté. Les hommes développent une fascination certaine pour cette jeune femme qui souhaitent avorter, une fille "passée de la catégorie des filles dont on ne sait si elles acceptent de coucher à celle des filles qui, de façon indubitable, ont déjà couché" . Certains, notamment les médecins, cherchent à l'en dissuader. Mais, Annie Ernaux ne souhaite pas garder son enfant et est contrainte à avorter clandestinement.

Plus qu'un livre choc sur l'avortement, L'événement est aussi une réflexion d'Annie Ernaux sur son acte d'écriture. L'écrivain a ressenti le besoin d'accoucher de cet événement par écrit, comme elle a accouché d'un foetus : "Il y a une semaine que j'ai commencé ce récit, sans aucune certitude de le poursuivre. Je voulais seulement vérifier mon désir d'écrire là-dessus. Un désir qui me traversait continuellement à chaque fois que j'étais en train d'écrire le livre auquel je travaille depuis deux ans. Je résistais sans pouvoir m'empêcher d'y penser. M'y abandonner me semblait effrayant. Mais je me disais aussi que je pourrais mourir sans avoir rien fait de cet événement. S'il y avait une faute, c'était celle-là."

Enfin, L'événement nous amène aussi à une réflexion sur la condition des femmes à cette époque, mais aussi à la notre. En établissant un parallèle entre son rendez-vous chez le médecin qui lui confirme qu'elle est enceinte (1963) et son rendez-vous chez le médecin qui lui remet les résultats de son dépistage du sida (au moment où elle écrit), elle met l'accent sur le fait que les femmes, notamment celles qui ont une "sexualité libérée", sont passées de la peur d'être enceinte à la peur d'être contaminée.

L'événement est un récit autobiographique que j'ai beaucoup aimé et qui me donne envie de continuer ma découverte d'Annie Ernaux, après avoir lu cet été Les Années.
Lien : http://leschroniquesassidues..
Commenter  J’apprécie          120
Lors d'une hospitalisation, ma compagne de chambre (mineure) est venue pour un avortement. Je me souviens de la légèreté avec laquelle elle a subi cet IVG, c'est du moins ce que j'ai ressenti. Je venais d'apprendre que je ne pourrais certainement pas avoir d'enfant. Lors d'une autre hospitalisation, une jeune femme dans la trentaine n'a pas voulu retirer son vernis avant l'IVG : « Je viens de me faire une manucure ».

En lisant ce livre, j'ai revu ces souvenirs très nettement et j'ai pris en pleine figure les souffrances vécues par Annie Ernaux et toutes les femmes avant elle et jusqu'à la loi de 1975. Angoisse, « honte », solitude, douleurs, stérilité et mort pour certaines. le mépris du corps médical pour ces « problèmes » de femmes, pour ces s…….. qui l'ont bien cherché.

Ce livre, ou d'autres du même genre, devraient être conseillés et lus par toutes les filles et garçons au moment où leur vie sexuelle commence. Au collège, nous avions vu un film sur l'accouchement très dur mais jamais on ne nous a parlé de l'avortement, pourtant la loi était passée.

L'avortement est de plus en plus remis en question de par le monde. Même en France, les femmes sont confrontées à des médecins réticents.
Un livre puissant, émouvant dont il faut conseiller la lecture à tous.
Commenter  J’apprécie          111
L'événement n'est pas toujours heureux. Il vous envahit et vous laisse démunie. Toute seule, avec au creux du bide, un futur dont on ne voulait pas. le germe d'un enfant et tout s'effondre, comme au ralenti.
Années 60, en France, Annie, étudiante à Rouen, se retrouve enceinte. Poursuivre cette grossesse, c'est renoncer. Et Annie, pas encore Queen, pas encore Nobel, n'est déjà pas du genre à renoncer. Il lui faut trouver le moyen d'avorter. le moyen de reprendre possession de son corps.

C'est une histoire de femmes. On le sait pourtant que ça ne peut pas se résumer à ça. Qu'il faut bien à un moment qu'un homme entre dans l'équation. Et pourtant, ce court récit d'un avortement est l'histoire toute entière du corps des femmes, de cette matrice de l'être humain. Je ne dirai pas que ce texte est une expérience de sororité, parce que les femmes qui entourent Annie sont décrites avec pas mal de rudesse. Elle n'est pas entourée d'une communauté féminine et bienveillante. Elle est entourée de semblables qui savent, comprennent, se lient, se liguent. Mais qui ne compatissent pas. On est de l'ordre du guerrier. le ventre est un champ de bataille et cette guerre est menée contre soi-même avant tout. Et comme dans toute guerre, les alliés avancent par intérêt.

Soi, en tant que femme. Soi en tant que femme dans un milieu social bien défini. C'est ce que j'aime et je redoute dans les textes d'Annie Ernaux. Ce regard qu'elle pose sur elle-même, fille d'un milieu modeste, transfuge de classe. Que dit cet événement de son positionnement social ? Quelle serait l'histoire si elle n'était pas en train d'écrire ce tournant ? C'est la force du texte, un regard chirurgical sur ce qu'elle est au monde. Question de place et d'un événement qui pourrait la remettre en cause.

C'est un texte violent par bien des aspects, nécessaire, c'est peu de le dire. Si je me revendique féministe sans en embrasser tous les codes, c'est pour ce genre de luttes. En matière de droits des femmes rien n'est jamais acquis, l'actualité nous le prouve tous les jours, l'histoire l'a déjà démontré. Louons Simone Veil et remercions Annie Ernaux. Faisons entendre leurs voix pour que les événements restent heureux
Commenter  J’apprécie          110

'' je sais aujourd'hui qu'il me fallait cette épreuve et ce sacrifice pour désirer avoir des enfants. Pour accepter cette violence de la reproduction dans mon corps et devenir à mon tour lieu de passage des générations.''

Ce passage là m'a chamboulée.
Quelle justesse dans ces propos.
Et si toutes les femmes avaient cette chance, cette possibilité de choisir. Qu'en deviendrait notre société ?
Annie Ernaux nous conte en phrases courtes le calvaire vécu en 1963, tout le mal-être, la peur et le vide ressenti. L'oppression que procure ce ventre gravide, lourd.
Les démarches désespérées pour sortir de cette spirale nauséeuse.
Quand ni la contraception ni l'IVG n'étaient autorisées en France. La loi Veil ne voit le jour qu'en 1975.
Pour les occidentaux ce texte peut paraître suranné de nos jours mais pour d'autres sociétés comme la mienne les femmes n'ont pas ce choix, la clandestinité est de mise, même en cas de viol ou d'inceste, L'IVG n'étant autorisée que pour des raisons médicales mettant en jeu le pronostic vitale de la maman.

Un texte certe court mais concis et très touchant.
Peu de mots pour expliquer les maux.
Une justesse de propos incroyable
lisez le
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (3589) Voir plus



Quiz Voir plus

L'événement (Annie Ernaux)

Dans quelle ville la narratrice est-elle étudiante en 1963 ?

Annecy
Besançon
Mulhouse
Orléans
Rouen

14 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : L'événement de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}