Un ouvrage quelque peu déroutant je dois dire, d'où ce retour mitigé. Un ouvrage très court, pour ne pas dire un récit éclair qui, je crois, me laisse un peu sur ma faim.
J'ai apprécié le sujet et l'intention de l'autrice de retranscrire une expérience singulière, marquante, celle d'une passion dévorante, d'un amour (à sens unique ?) qui l'obsède, que toute personne devrait vivre au moins une fois dans sa vie selon
Annie Ernaux.
On peut tout de même se demander si elle n'aime pas davantage ce que cette relation représente - le caractère éphémère, insaisissable, inédit, clandestin de cette expérience -, que l'homme dont il est question.
C'est d'ailleurs ce travail introspectif, brut, cette approche décousue, qui peut paraître sans intérêt pour beaucoup (si j'en crois les quelques critiques lues jusqu'ici) que je trouve intéressante. Il s'agit d'un parti pris comme un autre, original quoiqu'on en dise.
J'ai apprécié son analyse du temps qui passe, qui lui échappe, qu'elle tente de raviver, de retenir malgré tout, bien qu'elle soit consciente du fait que cette relation est limitée dans le temps, vouée à se terminer et qu'elle est sans doute plus douloureuse pour elle que pour son amant.
J'ai aimé le fait qu'elle convoque l'écriture pour lui venir en aide dans ce cheminement, pour ne pas oublier, laisser une trace, ancrer (encrer) cette expérience dans le réel mais aussi, revendiquer cette relation, malgré son caractère interdit, immoral. Elle nous confie sa détresse sur laquelle elle porte un regard lucide et bienveillant.
J'aime l'idée qu'
une femme puisse se servir de sa plume pour se raconter, dévoiler ce que beaucoup d'autres femmes vivent mais n'osent sans doute pas exprimer, comme pour se départir du jugement et de la bienséance (la preuve en est, au regard de certains commentaires déplacés).
Oui, dans cet ouvrage
Annie Ernaux donne l'impression de se parler à elle-même, et de se regarder écrire. Où est le mal ? À mon avis, il ne faut rien attendre de l'histoire mais plutôt se faire le témoin de l'expérience qu'elle veut bien nous partager.