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4,04

sur 353 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
cette fois-ci, je n'attends pas d'avoir tourné la dernière page pour poster ma critique. C'est drôle, ironique, pas politiquement correct du tout mais je ris toute seule. Les personnages aussi peu glamour et futé que possible. Des remarques et non descriptions à l'emporte pièce. du brut à la Audiard dans les dialogues. Pas de héros, d'envolée lyrique sur les aléas de la vie de l'enquêteur. La vraie vie quoi. dU COUP? le meurtre de l'homme homard qui avait une capacité phénoménale à écrire des lettres pleine de fiel à ses concitoyens passe un peu au second plan. La narratrice décrit les situations qu'elle observe avec -puis-je le dire- beaucoup de vie. Pas de rond de jambe, ni de fioritures. Je ne connais pas la fin de l'histoire mais déjà le plaisir que j'ai à le lire me suffit grandement.
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A Margoujols, un petit village reculé de Lozère, on retrouve le cadavre affreusement mutilé de Joseph Zimm, surnommé l'homme-homard en raison de la difformité de ses mains. Il faisait partie d'un cirque de monstres, arrivé à la fin de la guerre, qui s'est établi là après la mort de son directeur. L'adjudant Pascalini est envoyé sur place pour découvrir le meurtrier, et trouve une aide inattendue en la personne de la narratrice Julie, qui malgré sa tétraplégie s'avère une enquêteuse hors pair et projette de faire de l'enquête un polar bien ficelé. Très vite, les soupçons tombent sur l'auteur d'un blog intitulé "Je vois la vie en monstre", tandis que les habitants nourris aux séries policières se mêlent du travail de Pascalini...

Jubilatoire. C'est l'adjectif qui résume le mieux ce livre aussi drôle sur le fonds que sur la forme. Sur le fonds, il y a les villageois hyperconnectés de ce village perdu, qui doivent leur 4G au handicap de Julie, équipée d'un fauteuil roulant électrique tout terrain et dernier cri, 6 poneys sous le capot, ce qui lui permet de dépasser les 10 kilomètres heure en obligeant son interlocuteur à courir à ses côtés. Précisons que Julie bave (beaucoup), et n'a pour seul moyen de communication que son ordinateur qu'elle manie avec la seule partie de son anatomie valide, à savoir son majeur. Ajoutons à cela une enquête rocambolesque, des freaks vieillissants qui ont fait des enfants dans le village, un adjudant complètement dépassé par les événements et un adjoint qui porte le nom ridicule de Babiloune, ce qui ne l'empêche pas de devenir l'ami de Julie. Sur la forme, J.M. Erre s'amuse, dénonce les poncifs et autres clichés littéraires à travers la plume de sa narratrice qui, en rédigeant son polar, s'interroge sur la façon dont elle pourra suivre les conventions du genre sans sombrer dans les lieux communs. Au point même de nous donner la recette du bon polar qui "compte pléthore d'amateurs exigeants répartis en chapelles aux attentes contradictoires et prêts à en découdre à la moindre alerte."

De quoi apprendre en s'amusant, et lors de ses prochaines lectures policières, trier le bon grain de l'ivraie.

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Un remède à la morosité, complètement déjanté et génial !!!

En 1945, dans un village du Guévaudan, débarque un cirque pas comme les autres : un "freak show".
Mais le propriétaire est tué dans la quasi indifférence totale dès l'installation du cirque et les "monstres" restent au village.
Plus de 70 ans plus tard c'est l'homme-homard qui est tué et découpé en morceaux.
Julie, fille du maire, aide les gendarmes à mener l'enquête.
Julie, c'est la narratrice. Julie est paraplégique et ne peut communiquer que grâce à son seul doigt valide et son ordinateur à la Hawkins. Et Julie est très cynique.

Out les enquêteurs à la NCIS, les gendarmes made in France sont plus vrais que nature.
L'auteur démonte et joue avec toutes les recettes du genre et nous livre un roman à l'humour noir irrésistible. Tout le monde en prend pour son grade et on en redemande !

Je recommande vivement ce roman à tous ceux qui aiment les policiers et aux amateurs d'humour noir.
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Découvrirez-vous avant la jeune apprentie romancière-détective de 23 ans, Julie de Creyssels, passionnée de romans policiers, tétraplégique clouée sur son fauteuil roulant équipé des dernières technologies, ou son enquêteur de la gendarmerie hors normes « polaresques » Qui a tué l'homme-homard ? Cet homme qui doit son surnom « à son ectrodactylie, une maladie génétique qui se traduit par l'absence de plusieurs doigts et donne à la main l'apparence d'une pince » ?

C'est un défi que nous lance J.M. (Jean-Marcel) Erre dans ce polar dans un roman – ou un roman dans un polar, c'est selon –, une parodie de roman policier pimentée d'humour noir dans laquelle tout amateur du genre retrouve les règles d'écriture : « un meurtre, un flic, un village plein de secrets ».

Dans ce roman, J.M. Erre donne la « parole » à une narratrice cynique qui ne s'exprime que par le majeur de la main gauche sur le clavier d'un ordinateur « high tech » qui lui permet de parler, de changer d'accent et de changer de personnalité. Celle-ci tourne en dérision une investigation qui se déroule pendant à peine sept jours et où s'additionne une série de meurtres au modus operandi « tranchant » :

« Quel sympathique roman je pourrais écrire sur une handicapée qui recrute une serial killeuse pour faire le ménage dans son village, se venger de ceux qui l'ont humiliée et lui permettre d'éprouver un bienheureux sentiment de toute-puissance. Ça ferait une bonne histoire, non ? »

Il en résulte un récit tricoté serré, au suspense entretenu par des fins de chapitres qui nous feraient regretter d'en arrêter la lecture et par le « twist final » totalement imprévisible.

Dans cette oeuvre littéraire politiquement incorrecte, l'auteur s'est donné la liberté de rire de tout sans tabou :

• situations loufoques ;
• handicapée qui assume sa condition de « légume » : « Comme mon visage ne trahit jamais la moindre émotion, je suis douée pour le mensonge » ;
• gendarmes aux dénominations peu orthodoxes (Pascalini et Babiloune) ;
• héros que la femme n'a pas quitté, qui est n'est pas alcoolique, dont le « coéquipier [n'est pas] mort sous [ses] yeux et depuis [qui n'est pas] hanté par des cauchemars parce [qu'il se sent] coupable » ;
• journaliste enjôleuse ;
• monstres de cirques ;
• villageois aux idées arrêtées, aux envies de vengeance et qui, « à cause de ces séries télé ridicules, […] se croient spécialistes des méthodes policières »;
• touristes venus du Nord…

Fous rires garantis.

Qui a tué l'homme-homard ? décortique également le travail d'écriture de romans policiers tout en lançant de nombreux clins d'oeil aux grands classiques de ce genre littéraire.

Sur le manque de tueuses :

« Tout le monde est d'accord avec ce constat : on manque de tueuses dans le polar. On n'en peut plus de ces homicides à testostérone toujours commis par le même profil de malade mental perturbé par sa mère (car n'oublions pas que si les femmes ne tuent pas, les hommes assassinent à cause d'elles). »

… les détectives en fauteuils roulants :

« La littérature policière propose des ‘' détectives en fauteuil ‘', ces enquêteurs qui résolvent des énigmes par la logique sans même se rendre sur la scène de crime, mais à part celui de Raymond Burr dans la série télévisée L'Homme de fer, les fauteuils roulants n'encombrent pas la série noire. Original, un serial killer en fauteuil l'est tout autant. Imaginons une meurtrière incapable de tuer de ses propres mains qui pousserait d'autres personnes à le faire à sa place. Insoupçonnable, elle pourrait même accompagner le policier dans ses investigations, être aux premières loges pour connaître les développements de l'enquête et poursuivre ainsi ses crimes en toute impunité. »

… le rôle du narrateur :

« Un narrateur ne raconte pas tout. Il fait des choix et passe beaucoup de choses sous silence. Il est un manipulateur qui n'offre à son lecteur que ce qu'il veut bien lui offrir, et qui cache ce qui l'arrange pour créer un suspense à sa sauce. Position des plus pratiques quand le narrateur est lui-même le coupable, comme dans le Meurtre de Roger Ackroyd d'Agatha Christie, mon écrivain préféré. Tata Agatha m'a appris que le plus amusant quand on raconte une histoire, c'est qu'on balade son lecteur où on veut. Cela dit, le problème ne se pose pas dans ce récit : je ne suis pas la tueuse. »

… les types d'enquêteurs :

« On ne compte plus les détectives obèses, autistes, agoraphobes, philatélistes, schizophrènes, avec toutes les combinaisons possibles pour un personnage d'enfer : enquêteur claustrophobe et collectionneur de hamsters empaillés, inspecteur maniaco-dépressif et abonné à Valeurs actuelles; commissaire asiatique, bisexuel, psoriasique et recordman de vitesse du roulage de nems. »

… les personnages principaux et secondaires :

« … tous les auteurs savent que la clé du succès, c'est la qualité du personnage de l'enquêteur. »

« Les personnages secondaires, trop souvent réduits à un stéréotype, peuvent rarement montrer de quoi ils sont capables. »

… le plaisir trouble des lecteurs :

« Que le lecteur de polar qui n'a jamais éprouvé un plaisir trouble à la lecture d'une scène sanglante me jette la première pierre. »

… les bandeaux rouges sur les couvertures de première :

« …le bandeau rouge aguicheur sur couverture en clair-obscur : ‘' Julie de Creyssels, la nouvelle reine de l'angoisse ‘'. Ou mieux, si on veut profiter du label scandinave à forte valeur ajoutée: ‘' Juliå Creysselsson, la révélation des brumes nordiques (de la Lozère) ‘' (+ 18% de ventes avec un nom en –sson ; + 32% avec une voyelle à bulle). »

Dans la même veine, l' « handitective » décoche une flèche au phénomène des polars venus du nord avec l'introduction de touristes scandinaves (les Beekmans) de passage dans son village et qui « s'expriment en Google traduction » : « Quelle journée beau et saperlipopette grâce au l'été avec soleil » :

« Et, comme par hasard, tout a commencé à l'arrivée des touristes nordiques... J'aurais dû me méfier. Tout le monde sait depuis les romans Millenium que les Scandinaves passent leur temps à dissimuler leurs sombres turpitudes sous la blondeur virginale de leurs têtes d'État-providence. »

Très drôle cette scène dans ce petit village reculé de Lozère, hyperconnecté grâce à l'initiative de son maire, où les habitants réussissent à déstabiliser l'enquêteur en trouvant sur Internet des informations personnelles, tel son « classement au concours de sous-officiers de gendarmerie » en 2005 (2412e sur 2415) alors qu'il souffrait d'un « lumbago très douloureux au moment des épreuves » selon son compte Facebook. Sans compter que le policier avait eu l'imprudence de publier « la photo de la fête de la bière torse nu avec la grande rousse ».

Intéressante cette pause que s'accorde la narratrice pour faire le point sur ce qu'elle a écrit au cours des derniers jours en s'interrogeant en tant qu'auteur, auteure, autrice, difficile de se « sentir concernée par le débat sur l'écriture inclusive » puisqu'elle n'est incluse dans rien. Elle fait un retour sur l'ambiance, le narratif, les péripéties, les personnages principaux, l'arrière-plan social la dimension philosophique du roman « pour aider le lecteur réticent à ne lire un polar que pour le plaisir de lire un polar ».

Aussi l'énoncé du synopsis explicatif de la trame dramatique livré en un court chapitre, une fois l'énigme résolue. Que vous ne pourrez vous vanter d'avoir élucidée, car, comme l'énonce si bien l'enquêtrice à roulettes : « le lecteur qui identifie le coupable avant le dénouement se croit très perspicace. En réalité, on lui a bien mâché le travail ».

J'ai bien aimé ces deux réflexions de la narratrice :

Les avantages du numérique :

« L'apparition du numérique a été une bénédiction. Je peux télécharger seule les livres que je veux et les lire sur mon écran. Oui, je sais, l'objet livre est irremplaçable, la texture du papier, son odeur, patati, patata. Sauf que moi, je n'ai pas de mains. Alors, e-book. »

Le respect des lois :

« … si l'être humain respecte les lois, ce n'est pas parce qu'il est naturellement porté vers le bien, mais parce qu'il vit dans la crainte de perdre sa liberté. Se retrouver encagé tel un animal, c'est une angoisse pour tous, sauf pour moi. Les barrières morales ne me concernent pas, car la peur de la punition ne peut m'atteindre. La prison ? J'y suis déjà, depuis toujours. Un peu plus, un peu moins... »

L'épilogue qui ramène à la triste réalité du quotidien:

« Voilà, c'est fini. le mystère est résolu, la tueuse hors d'état de nuire, les gentils épargnés, ou presque. Happy end. C'est ce que j'aime dans les romans policiers, il y a toujours un responsable au malheur des gens. C'est formidable un coupable. On peut focaliser notre haine sur lui, assouvir notre besoin de vengeance, vivre notre petite catharsis. Et lorsque le châtiment est tombé, on peut reprendre notre train-train quotidien. Les habitants de Margoujols vont vite retrouver leurs habitudes, mes parents leur routine, et moi ma prison. Mon problème, c'est que je n'ai pas de coupable à haïr. On a tué mon corps, on a volé ma vie, et je n'aurai jamais de responsable sous la main. Les héros tragiques pouvaient s'en prendre aux dieux, au destin, au Ciel, et vider leur fiel sur des figures identifiées. Moi, je suis toute seule face à mon malheur. Victime sans coupable. »

Qui a tué l'homme-homard ? est un récit truffé de fausses pistes qui passe en revue de nombreux suspects tous plus improbables les uns que les autres. le 13 juin 2019, le journal La Croix vantait ainsi les qualités de l'apprentie détective imaginée par J.M. Erre :

« En conteuse exigeante, elle savoure l'enchaînement de crimes sanglants propres à maintenir la tension de l'intrigue, vitupère l'adjudant Pascalini qu'elle ne juge pas à la hauteur des enjeux de son récit, s'agace de ce que lui impose son « point de vue narratif interne : des ellipses, des zones d'ombre, des trous dans l'histoire, et c'est le lecteur qui trinque. » Un tel souci du lecteur réjouit, même si celui-ci est pris parfois à rebrousse-poil par une touche indéniable de mauvais esprit. Il referme le livre avec la sensation d'avoir noué une complicité forte avec Julie, l'héroïne hautement improbable de ce polar aussi noir qu'hilarant. »

Le 7 mars 2019, La grande librairie consacrait un segment de son émission à J.M. Erre, écrivain français originaire de Perpignan qui enseigne le français et le cinéma. Il est l'auteur de neuf romans, de quatre romans jeunesse, de deux pièces de théâtre, d'une bande dessinée et de plus d'une quinzaine de nouvelles. Et récipiendaire de plusieurs prix littéraires.


Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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Margoujols, petit village reculé de Lozère, abrite depuis 70 ans les rescapés d'un cirque itinérant qui proposait un freak show : femme à barbe, soeurs siamoises, homme-éléphant, nain, colosse...
L'histoire s'ouvre sur la découverte du cadavre atrocement mutilé.
Lucie, la fille du maire, une jeune femme paraplégique, va épauler les gendarmes dans leur enquête. Elle est aussi la narratrice de cette histoire rocambolesque qu'elle raconte au jour le jour à la manière d'un polar pimenté d'une bonne dose d'humour noir, tout en livrant ses réflexions décalées sur des sujets aussi variés que la littérature policière, le handicap, les artichauts, les cimetières, les réseaux sociaux et, bien sûr, les monstres...(source : buchetchastel.fr)
C'est décapant, drôle, sans fioriture ni pitié. Waouh, l'auteur, a carrément revisité le polar et l'a dépoussiéré, à moins qu'il ait carrément revisité et dépoussiéré le roman humoristique.
Au choix. A lire sans attendre !
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J avais lu le Mystère Sherlock de J.M.Erre, mais là c'est un cran nettement au-dessus.. L'humour au vitriol, critiques de la société, des polars, des médias, des séries policières, et de l'humain qui sait naviguer dans n'importe quelle eau trouble! Des personnages improbables, quoique...
un rappel pour moi du Dernier Polar Norvégien lu l'année dernière, une touche d'humour à la Papy fait de la Résistance. Vous passerez un excellent moment !
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Pour que la recette d'un excellent roman policier drolatique soit réussie, il faut d'un côté tous les ingrédients d'une bonne intrigue, intégrés avec de l'autre côté tous les bons ingrédients d'une bonne comédie.
Mais pour que ça prenne, il faut surtout s'appeler JM Erre. J'en suis au 3e titre de lui et il est en passe de devenir mon auteur-hilarant-à-lire-tous-les-2-ans-puisqu-il-sort-un-livre-tous-les-2-ans préféré.
Côté intrigue, il s'inspire comme dans le mystère Sherlock des meilleurs polars dont on sent qu'il en a lu un paquet pour maîtriser aussi bien le rythme (qu'il ne manque d'ailleurs pas de nous expliquer au fil de l'histoire comme pour mieux nous embarquer).
Côté humour, la galerie de personnages tous plus loufoques les uns que les autres est une merveille qu'il fait évoluer dans un village de 400 âmes, tranquille mais qui a connu son premier meurtre non résolu il y a plusieurs dizaines d'années.
Tout (ré)démarre avec un nouveau meurtre, sur le modèle du premier qui était quasi-oublié.
Et c'est là que le spectacle commence.
Tout a été fait en matière de style d'enquêteur ? Qu'à cela ne tienne, mettons une tétraplégique dont seul le majeur fonctionne à la tête de l'équipe de recherche.
Tout a été fait en matière de victimes d'un serial Killer ? Qu'à cela ne tienne, on va trucider des monstres de cirque.
Tout a été fait en terme d'adjoint de commissaire ? Qu'à cela ne tienne, mettons-lui un stagiaire bienveillant.
Tout a été fait en matière de narration ? Qu'à cela ne tienne, on va faire écrire un blog, un premier polar et parler directement au lecteur dans le même livre.
Tout est parfaitement huilé, et, sans rire, hilarant !
L'humour noir travaillé et ciselé comme j'aime fait mouche, principalement autour du handicap de la narratrice. Et cela ne tombe jamais du mauvais côté malgré un fil bien tendu et duquel l'auteur ne tombe jamais du mauvais côté .
A tous ceux qui veulent lire un très bon polar à enigmes et se marrer, arrêtez-vous là : les vannes fusent et claquent à chaque paragraphe sans que l'enquête ne piétine. Les twists sont omniprésents et originaux. Tout y est pour passer du bon temps.
Bref, "avec JM Erre, je me marre" (oui, bon, je vais laisser l'humour aux pros et je me contenterai de rester un simple lecteur admiratif et jaloux !)
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Grotesque et culotté, une vraie fiction surprise qui ne se prend pas au sérieux
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Margoujols est un petit village reculé dans les hauteurs du Gévaudan qui abrite les rescapés du cirque de Balthazar Britiescu. Il arriva en 1945 en Lozère et était un cirque de freaks : femme à barbe, homme-éléphant, nain, colosse, soeurs siamoises. Et un homme-homard nommé Joseph Zimm, solitaire et acariâtre, un homme qui savait se faire détester par l'ensemble des villageois : « Terrible handicap qui avait dû valoir à Joseph de multiples moqueries dans sans enfance, sans doute l'effroi des femmes, peut-être le rejet de tous ? Mais alors, pourraient s'exclamer certaines âmes charitables, ce terrible état n'expliquerait-il point son tempérament farouche ? C'est possible. Précisons néanmoins que Joseph était moins rejeté pour sa difformité que parce qu'il était raciste, misogyne, homophobe, pervers et supporter du PSG. » Et Joseph Zimm est justement retrouvé mort. L'enquête est confié à l'adjudant Pascalini et son stagiaire Babiloune. Pour mieux appréhender la population locale, les deux gendarmes sont épaulés par la fille du maire : Julie de Creyssels, jeune femme tétraplégique.

Quel immense plaisir de retrouver J.M. Erre ! C'est sans aucun doute l'auteur qui me fait le plus rire (la première place se joue entre lui et Donald Westlake version Dortmunder), j'adhère totalement à son humour noir et politiquement incorrect. Et cela commence avec Julie, narratrice décapante et attachante. Elle est la première à se moquer d'elle-même et de son handicap. Elle prend un malin plaisir à tourner les autres en ridicule : lorsque quelqu'un marche à ses côtés, elle accélère lentement la vitesse de son fauteuil roulant pour que la personne finisse totalement essoufflée ! Mais Julie est également redoutablement intelligente et la mort de Joseph Zimm va lui permettre de mettre du piment dans son morne quotidien.

Le récit de J.M. Erre est parfaitement réjouissant et toujours aussi farfelu ! Margoujols abrite notamment le comité de réhabilitation de la bête du Gévaudan, l'association des éleveurs d'autruches du Gévaudan, la bibliothèque Maître Capello et un café polyfonctionnel (bar-tabac-épicerie-poste-cabinet de psychothérapie de groupe-café-PMU-boucherie-pompes funèbres) sur la place de la mairie. Margoujols est aussi la ville la plus câblée de toute la France ! Les habitants sont donc très actifs sur les réseaux sociaux. Ils sont également très au courant des procédures policières puisqu'ils passent leur temps à regarder des séries policières. le pauvre Pascalini va avoir du fil à retordre avec cette bande d'olibrius. L'enquête permet à J.M Erre de nourrir son récit de références et il s'amuse avec les clichés du genre. Il en profite également pour fustiger quelques-uns de nos travers contemporains.

« Qui a tué l'homme-homard ? » est un très bon cru de la cuvée J.M. Erre, la lecture est tellement réjouissante que l'on est triste de quitter Margoujols et sa bande de freaks.


Lien : https://plaisirsacultiver.com
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Ce livre est une merveille : très belle langue dans le récit, des mots précis et précieux. Des descriptions d'une situation qui déclenche le rire, en dépit d'un sujet super glauque, dans un contexte de village où tout le monde a quelque chose à se reprocher.
Du grand art, que je relirai certainement une 2e fois.
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