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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La confrérie des mutilés n'est pas un livre aimable. Et c'est ce qui fait l'intérêt de cette expérience singulière.

Souvent je me suis demandée où l'auteur m'emmenait, parfois j'ai hésité à arrêter ma lecture. Il faut dire qu'Evenson malmène son lecteur, il le brutalise, le pousse dans ses retranchements, le confrontant à des situations poussées à l'extrême. Pour autant, on ne peut s'empêcher de poursuivre sa lecture, fasciné. On en redemande même. Evenson a du talent, du style et de l'audace. Il ose tout. L'humour noir très présent distille un délicieux malaise.

La confrérie des mutilés n'est pas qu'une expérience extrême. C'est également une oeuvre avec un propos, fort, intelligent et bien amené. Evenson s'intéresse à la fois à la folie absurde à laquelle peut mener la foi religieuse et également à la façon dont la religion annihile les personnalités et formate des individus dans un même moule.

j'ai trouvé ce roman brillant, fascinant, dérangeant, hypnotisant, il m'a secouée, il m'a retourné le cerveau (et l'estomac aussi)... Pourtant, je ne peux pas dire que je l'ai aimé. Non, la confrérie des mutilés n'est pas un livre aimable mais c'est un livre passionnant, à lire absolument.
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Après son acte de naissance avec La langue d'Atlmann, et alors que l'on se remet encore de son premier roman au vitriol de l'Eglise avec Père des Mensonges, l'américain Brian Evenson publie une novella au titre intriguant : La Confrérie des mutilés. Traduit en France dans la défunte collection Lot 49 dirigée par Claro et Hofmarcher, la version française regroupe à la fois la novella originale de 2003 mais également sa suite, Derniers jours, parue six ans plus tard. L'auteur continue de définir les contours morbides de son oeuvre et vous êtes loin d'imaginer les tréfonds indicibles de l'horreur qu'il vous réserve…avec le sourire !

L'homme-chiffre
Ancien mormon, Brian Evenson est fasciné depuis toujours par le pouvoir de la croyance et le phénomène sectaire. Logique donc que la religion occupe une place centrale dans son oeuvre. La Confrérie des mutilés ne fait pas exception à la règle.
Nous y retrouvons Kline, un détective privé qui vient de vivre une expérience pour le moins très désagréable. En cherchant à débusquer le « gentleman au hachoir », Kline est contraint de s'amputer la main et de cautériser la plaie lui-même pour pouvoir s'échapper et mettre fin aux agissements du tueur. En pleine convalescence et alors qu'il en est encore à s'habituer à sa nouvelle condition, notre détective reçoit un étrange coup de fil de deux inconnus qui lui proposent de venir les rencontrer au plus vite. Kline doit les aider sans tarder.
D'abord surpris, puis intrigué, notre héros n'a finalement plus d'autre choix que de suivre les deux inconnus lorsque ceux-ci se présentent à son domicile en le forçant à les suivre.
Gous et Ramse, puisque c'est ainsi qu'ils se nomment, expliquent à Kline qu'il doit absolument les aider à résoudre une sinistre affaire qui a eu lieu dans leur communauté et que sa mésaventure avec le « gentleman au hachoir » est un signe clair qu'il est l'homme de la situation.
Voilà donc que Kline se retrouve de l'autre côté d'un portail sécurisé, au milieu d'un lotissement de plusieurs maisons encadrant un immeuble à deux étages. C'est là que réside la fameuse Confrérie dont sont membres Gous et Ramse.
Il ne faut d'ailleurs pas longtemps pour comprendre que ce qui rassemble les hommes de cette Confrérie, c'est un goût prononcé pour l'amputation.
Ici, on vénère l'absence plutôt que la présence.
Le dévot est celui qui sera prêt à se séparer du plus de membres ou de morceaux de chair inutiles. Orteils, doigts, pieds, jambes, bras, oreilles, oeil, fesses… Plus, c'est moins.
Brian Evenson nous fait pénétrer dans un monde avec des règles complètement insensées et macabres, construisant une religion autour de la mutilation de soi, troquant la livre de chair contre l'accumulation du savoir, suscitant l'excitation pour le corps transfiguré.
Les membres de la Confrérie sont d'autant plus élevés dans la hiérarchie qui leur manque des morceaux. Un novice est un « Un » tandis que les puissants vont bien au-delà de Dix. L'homme devient un chiffre, devient un tableau de chasse.
C'est ainsi que Kline se retrouve devant un « Douze », le numéro deux de la Confrérie en réalité, un certain Brochert. Celui-ci demande alors au détective de faire ce qu'il fait le mieux : débusquer la personne qui a assassiné le Prophète et Chef de la Confrérie, Aline. Mais Aline est-il vraiment mort ? Et comment découvrir quoique ce soit quand on soi-même qu'un « Un », presque un non-croyant ? Faut-il jouer selon les règles des autres une fois dans leur monde ?

Croire jusqu'à la lie
En explorant la secte avec Kline, le lecteur finit par perdre pied et l'atroce devient une norme. Se couper un membre quelque chose de banal, de ritualisé, d'obligatoire. Cette banalisation de la violence et du macabre permet à Brian Evenson de déployer une certaine forme d'humour noir qui vient donner un ton plus distancié que, par exemple, celui de Père des Mensonges. Mais cet humour n'empêche pas l'américain de disséquer patiemment et cliniquement les chemins empruntés par le fanatisme.
Ce qui fascine dans La Confrérie des mutilés, c'est sa capacité à exposer les rouages de l'endoctrinement de façon implacable. Kline, à force de côtoyer des croyants complètement inébranlables dans leur conviction, finit par supporter une réalité qui vacille à son tour. La dévotion et le changement de paradigme entraînent de facto une déformation du réel. Et l'on en perd ses repères.
Sous l'influence de Beckett, Brian Evenson poursuit par une suite direct avec Derniers jours. Une suite qui ajoute une autre dimension supplémentaire à son exploration du phénomène sectaire : le schisme et l'uniformisation. Car si la Confrérie était une première étape dans la négation de l'individualité, les adorateurs de Paul en sont une autre expression qui cherche à annihiler peut-être encore plus complètement l'identité, à la façon d'un Chuck Palahniuk dans Fight Club.
Tous les membres s'appellent Paul et prennent Kline pour l'Élu, menant à un phénomène de prophétie auto-réalisatrice aussi sanglante que savoureuse. Cette fois, Brian Evenson pousse son jeu de massacre jusqu'à dénicher le point de rupture où la raison se laisse dominer par l'absurdité de ce qui nous entoure. Où l'on est prisonnier de l'absurde.
C'est aussi une façon radicale de comprendre que pour sortir d'une secte… il faut trancher dans le vif. Que seule une solution extrême peut mettre fin au fanatisme qui, lui-même, s'auto-alimente sans aucune limite.
Évidemment, le roman reste un monument de macabre et de glauque comme seul Brian Evenson en est capable. On y retrouve sa fascination pour le body-horror et l'amputation, sur la capacité de l'humanité à produire une violence qu'elle justifiera par n'importe quel mythe ou religion.
D'ailleurs, Kline a surtout un très vilain défaut : celui de la curiosité.
Cette curiosité qui mène à la fascination et ultimement, à l'endoctrinement. Un fait que lui fera remarquer à plusieurs reprises Brochert, comme si la curiosité avait l'effet pervers de découvrir ce qu'il ne fallait pas et allait de fait causer notre perte.
Surtout quand le mystère s'annonce déjà sinistre à l'avance…

Aussi fascinant que macabre, La confrérie des mutilés dépèce les croyances et le phénomène sectaire. C'est une exploration radicale et extrême de l'homme qui croit, de ce qu'il est capable de se faire à lui-même et à autrui en modifiant le réel. Brian Evenson s'amuse dans le glauque et l'on en ressort éprouvé autant qu'étrangement réjouit. Amputez-vous qu'ils disaient…
Lien : https://justaword.fr/la-conf..
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Kline est un détective. Ou plutôt Kline était un détective. Jusqu'à l'affaire du « gentleman au hachoir ». Il a débarrassé le monde de ce tueur mais y a laissé sa main droite. Une amputation d'autant plus traumatisante que Kline à dû cautériser lui-même cette blessure sur un réchaud à gaz. Alors, bien entendu, la presse a parlé de l'affaire. Et, alors qu'il se laisse peu à peu mourir de dépression dans son appartement, Kline est enlevé par deux drôles de types qui veulent qu'il résolve une affaire. Membres d'une secte qui pratique l'amputation à but religieux, ils veulent que le détective trouve le meurtrier de leur guide. Pas assez amputé pour pouvoir s'adresser aux membres les plus importants de la confrérie, Kline doit enquêter sans voir de cadavre ni de scène de crime et sans pouvoir interroger quiconque… à moins de sacrifier quelques membres.

Avec un tel point de départ, on peut s'attendre au pire, et on a raison. Suivre Kline dans cette enquête en devient physiquement douloureux tant le propos est explicite. Pas forcément gore, car Evenson est bien plus fin que ça et réussit à nous faire visualiser bien des choses que l'on aimerait ne pas voir par la grâce de quelques mots bien choisis, ce roman est toutefois épouvantable.
On pénètre dans un antre de la folie placé sous le signe du grand guignol avec l'appui d'un humour que l'on ne peut que qualifier de pince (monseigneur, en l'occurrence) sans rire. Ainsi en va-t-il des discussions théologiques sur le comptage des amputations : dans une confrérie où plus on a subi d'amputation plus on est important, la question est essentielle : quelqu'un qui s'est fait couper un bras vaut-il moins que celui qui s'est fait couper deux doigts ? À ce titre les discussions entre Gous et Ramse, les ravisseurs de Kline, véritables Dupond et Dupont façon puzzles humains, ne peuvent que vous arracher, au minimum et sans anesthésie, un rire jaune.
Sans doute faut-il voir dans ce roman vraiment atypique écrit par un ancien mormon en rupture totale avec son Église, une parabole sur la religion en général et sur la sienne en particulier. Tout au plus regrettera-t-on une certaine baisse de rythme sur la fin, mais voilà un livre qui mérite d'être lu tant, sous cet aspect rude, il se révèle intelligent et obsédant. À lire à jeun, cependant.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Autant le dire tout de suite. Si vous avez plutôt l'âme sensible, abstenez vous de lire ce livre ! ! Mais quel dommage pour vous ! Car ce roman est odieux ! Magistralement et délicieusement odieux !

Kline est un policier. Au cours d'une enquête, il se retrouve face à criminel armé d'un hachoir. Pour en réchapper, il n'a d'autre solution que de laisser le tueur lui trancher la main, ce qui dans ce court laps de temps, lui permet de saisir son arme de service de son autre main valide, et de tirer une balle dans l'oeil de l'assassin. Pour couronner le tout, Kline va cautériser lui-même son moignon ensanglanté sur une plaque électrique!

Cet exploit, rapporté dans la presse, ne va pas passer inaperçu. En particulier auprès d'une secte constituée exclusivement d'individus amputés d'un ou plusieurs membres, qui reste admirative devant ce geste insensé qui vient d'être accompli.

Pendant sa convalescence, Kline va être contacté par celle-ci pour lui demander de se déplacer dans ses locaux pour une affaire urgente. Notre policier refusera, et ce qui n'était qu'une demande courtoise va rapidement se transformer en une invitation ferme et coercitive, formulée par deux anges gardiens un peu trop directifs.

Dans cette confrérie, l'organisation y est très hiérarchisée. Les places et les grades s'établissent en fonction du nombre d'amputations comptabilisées sur la personne. Si vous ne possédez qu'un seul moignon, vous n'êtes qu'un vulgaire « Un » et occupez le bas de l'échelle. Par contre vous êtes un « onze » et occupez le haut du panier s'il vous en manque à ce point !

Et c'est justement un Onze que va rencontrer notre homme, pour se voir confier une enquête qu'il ne peut refuser faute d'y laisser un peu plus que quelques membres .Le gourou de la secte a été assassiné et il convient d'en trouver le coupable.

Alors débute véritablement la descente aux enfers pour notre inspecteur si particulier. Car le problème voyez vous, c'est que les membres de cette confrérie ont la fâcheuse habitude de ne parler qu'à des personnes de rang égal ou supérieur. Et donc pour pouvoir les interroger et obtenir des informations il faut se mettre à leur niveau. Et pour se faire, avoir l'esprit de sacrifice. Vous me suivez jusqu'ici ? Et la question est de savoir jusqu'où notre héros involontaire est il prêt à aller pour découvrir la vérité !

Les choses vont rapidement aller de mal en pis pour Kline devenu bien malgré lui une icône de ces croyants vouant un culte si particulier au don de soi. Son enquête le conduira à découvrir un groupe dissident de la confrérie ! Il se retrouvera bien malgré lui l'enjeu et l'outil de cette confrontation à mort entre les deux organisations rivales.

Et c'est donc au milieu de ce capharnaüm que notre flic va patauger et tenter de surnager. Au final celui-ci optera pour une solution radicale qui transformera le reste du roman en un cataclysme sanguinolent du meilleur effet !

Ce livre est hors norme. C'est un roman obsédant, dérangeant, qui vous met extrêmement mal à l'aise, mais dont on ne peut s'empêcher de se délecter à chaque page, tant nous prenons plaisir à l'inconfort. Car derrière le premier degré, abrupt et violent, se cache un humour noir jouissif, omnis présent.

La scène de la stripteaseuse qui une fois effeuillée de son soutien gorge et de son string , prolonge le spectacle en se décortiquant comme une écrevisse un soir de réveillon en s'ôtant bras, jambes, oeil, seins,fesses…. est croustillant d'obscénité !

L'auteur est un ancien mormon qui a été sommé par son église de choisir entre l'écriture et sa foi. Heureusement pour nous, Brian Evenson a décidé de commettre des romans.

Sans doute règle-t-il d'ailleurs quelques comptes avec la religion en général ,qu'il monte en dérision à travers ce débat ubuesque qui agite la confrérie , pour savoir si l'amputation d'un orteil à la même valeur que celle d'un pied ou d'un bras dans le décompte des amputations ! Où lorsqu'il décrit les membres du groupe dissident où tous s'appellent Paul ! Vous imaginez les dialogues !

Et ne cherchez pas la moindre notion de bien ou de mal, de remord ou de doute, vous n'en trouverez pas. Evenson ne s'attache pas à l' épaisseur psychologique de ses personnages. Tout juste Kline se demande de quoi le lendemain sera-t-il fait. La force d'Evenson réside dans les situations qu'il mets en place, dans son écriture épurée qui sert une mise sous tension du lecteur de plus en plus forte et étouffante.

Quant à vous cher lecteur, si la lecture de ce billet ne vous a pas retourné l'estomac, il ne vous reste plus qu'à vous lancer dans celle de ce roman si particulier ! Mais attention, à le dévorer, il se pourrait bien que les bras vous en tombent !


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Je ne me rappelle plus comment j'ai entendu parler de la confrérie des mutilés. Toujours est-il que je pensais avoir à faire avec un roman policier un peu trashouille puisqu'il aborde le monde très (ré)créatif de la mutilation.
Il narre l'histoire d'un détective privé qui, après avoir perdu l'une de ses mains, se retrouve embauché par une drôle de société secrète qui base son culte sur la mutilation volontaire afin d'élucider le meurtre qui vient de les toucher. Ceci n'est cependant que le point de départ d'une intrigue alambiquée, d'une véritable descente aux enfers faisant la part belle à la dégradation des corps et des esprits (apotemnophobe, passe -vraiment- ton chemin).

Au final, La confrérie des mutilés, c'est tellement plus qu'un polar ! C'est un roman drôle, déjà. Très drôle même. Un texte assez extraordinaire dans lequel se mêle l'absurde et la poésie, la folie et la fureur. Un tourbillon d'aberration, poussant à l'extrême le fanatisme (religieux, essentiellement). C'est un roman féroce, très très féroce et bien plus subtile qu'on pourrait le croire, un texte qui dénonce, qui accuse, qui dresse un bilan bien peu glorieux de la nature humaine.

L'écriture de Brian Evenson est extrêmement clinique et particulièrement démonstrative... Si tu te lances dans cette lecture, assure toi d'abord d'avoir le coeur bien accroché et l'estomac en place, car l'auteur va se faire un malin plaisir de te déstabiliser, de te positionner dans le rôle du voyeur, de titiller ton côté malsain.

Mais tu vas ressortir de tout ça en ayant parcouru un chemin très enrichissant bien que dérangeant, et tu vas rire !
Lien : https://unspicilege.org/inde..
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complétement décalé et déjanté, avec une bonne dose de glauque..on aime ou on déteste; je suis dans la première catégorie. j'ai apprécié l'histoire, le personnage principal ainsi que la galerie de personnages secondaires.;c'est un ovni à découvrir!
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La chair ou la vérité ?
Je vous fais mon retour sur la confrérie des mutilés de Brian Evenson aux éditions le cherche midi, première rencontre avec l'auteur pour ma part mais certainement pas la dernière!
J'ai trouvé l'intrigue très originale, singulière (voir carrément dérangée) et prenante!!
Comment décrire ce livre ? Je dirais Perturbant, glauque, sanglant et très visuel dans ces descriptions. J'ai été happée dès les premières pages. J'ai dévoré ce roman hyper rapidement, le rythme étant super haletant et j'ai vraiment beaucoup aimé le style brut de l'auteur ! On ne peut pas vraiment dire que Kline le personnage principal soit attachant mais il m'a bien fait rire par son comportement !
J'ai adoré la fin, je l'ai trouvée vraiment fun et badass ! Je vais m'arrêter là pour ne pas spoiler mais en clair c'est un bon moment de lecture sanguinolent, déjanté et sans prise de tête...enfin à part les décapitations...
Cependant il faut avoir l'estomac bien accroché et cela ne plaira pas à tout le monde, pour ma part j'ai adoré ayant fortement l'habitude de ce genre de livre.
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Enfin, dans « La Confrérie des Mutilés », (2008, Cherche Midi, 228 p.), le livre est divisé en trois chapitres, le premier reprenant le titre du recueil, le second « Derniers jours » est traduit de « Last Days », sorti en édition limitée à 300 exemplaires plus 15 exemplaires reliés et signés (2003, Earthling, 48 p) puis en broché (2009, Underland Press, 256 p., enfin une dernière partie na pas de titre dans la version française. C'est un peu difficile à suivre d'un point de vue éditorial (tout comme d'ailleurs l'intrigue). Mais cela justifie l'incipit, tiré de Matthieu « Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi… Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, arrache-la et jette-la loin de toi… »
Un ancien policier, Kline, est un jour agressé par le « gentleman au hachoir », et pour se défendre ( ?), et détourner l'attention de son agresseur, il se mutile avec un hachoir, se coupe une partie du bras, et cautérise le moignon sur la plaque brulante d'un réchaud, après s'être fait un garrot avec sa ceinture. Pour ne pas en rester là, il tire une balle dans l'oeil de son agresseur, le tue, et lui vole une coquette somme. On voit que l'histoire commence calmement. Fors de son exploit, il est contacté par une mystérieuse société. Cette dernière possède une certaine hiérarchie, Un, Deux, Huit, Dix, Douze, basée sur la propension des membres à s'être auto-mutilés (d'où le chiffrage). On a donc bien affaire à une belle histoire dans laquelle le hachoir est aussi un personnage important. Mais des problèmes autrement importants agitent la secte. L'amputation d'un pied correspond elle à un, cinq (les orteils) ou six membres (les orteils et le pied) ? Vaste question métaphysique. L'intrigue se poursuit par une demande d'élucidation du meurtre du chef de cette communauté, moyennant bien sûr une contrepartie physique («Chair ou vérité ? Qu'est-ce qui compte le plus ? »). On trouve d'ailleurs dans le livre une séance de strip-tease assez spéciale puisqu'elle se termine par plus qu'un effeuillage de vêtements. (Mais bon tout le monde n'est pas forcément adepte de la Confrérie des Mutilés).
Le chapitre « Derniers jours » fait intervenir une secte dissidente où tout le monde s'appelle Paul, est blond et amputé de la main droite. C'est un hommage au pianiste manchot Paul Wittgenstein (le frère de Ludwig), que l'on croise là par inadvertance. S'ensuivent alors (dans le tout dernier chapitre) des questions hautement philosophiques sur la condition d'être humain « Quand cesse-t-on d'être humain ? Quand on décide d'empoigner par les cheveux la tête d'un cadavre, de la brandir devant soi comme une lanterne, tel Diogène qui cherche un homme ? »

Trois autres titres encore non traduits que je vous livre ici en cadeaux. (Vous aurez sans doute compris que je trouve cet auteur assez attachant.
« Dark Property » (2002, Thunder's Mouth Press, 128 p.). Une femme traine un bébé mourant dans le désert, à la recherché d'une citadelle qui abrite une secte mystérieuse vouée à la résurrection. Elle est en plus poursuivie par un chasseur de primes qui laisse derrière elle une trainée sanglante. On retrouve tout le fanatisme religieux et ses dérives. Comprenne qui pourra pourquoi il est parti de chez les mormons.

« The Wavering Knife: Stories » (04, Fiction Collective 2, 205 p) 4 nouvelles don't je n'ai pu trouver que les titres.
« Moran's Mexico » ,« Greenhouse » ,« White Square » ,« The Prophets »

« Prophets and Brothers » (97, Rodent Press, 54 p) édition limitée à 250 exemplaires. Il s'agit de 4 nouvelles, essentiellement dédiées à l'Ouest américain et aux Mormons.
« The Prophets » est une nouvelle republiée plus tard dans The Wavering Knife. On y découvre un Mormon fondamentaliste, qui décide de déterrer le corps du prophète Ezra Taft Benson et de le ressusciter (bonne chance à lui).
« Blessing the Dog » qui s'est mis en tête de bénir son chien, malgré l'opposition de sa femme et de l'Eglise
« A Brother's Love », justification épistolaire d'un home pour se justifier.
« Sanctified, in the Flesh » raconte les problèmes automobiles que donnent lieu une rencontre entre les Trois Néphites et/ou un groupe de tueurs. Les Néphites, qui combattent les Lamanites, sont tous deux des descendants de Néphi ou de Léhi, groupements issus du peuple de Mormon. (Jospeh Smith, le premier président de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, a reçu la visite de l'ange Moroni qui lui indique l'endroit, sur la colline de Cumorah, New York, où se trouvait le livre de Mormon, volume d'Écritures saintes complémentaire à la Bible. Mormon (311 – 385), chef militaire de l'âge de quinze ans à sa mort, a vécu sur le continent américain. (Vous saurez tout sur les mormons, après tout cela. Cela vous permettra de porter la contradiction quand ceux ci viendront sonner chez vous. Ils sont facilement reconnaissables, allant par deux, en costume noire, chemise blanche, cravate et cheveux courts. N'hésitez pas à leur parler de sexe, cela les fera fuir).

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Je l'ai lu il y a longtemps (lors de sa sortie) et je l'avais trouvé excellent. Plus on est mutilé plus on est important dans la confrérie et plus on a d'information.
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