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L'ironie n'est-elle pas plus appropriée que les larmoiements et le manichéisme pour dénoncer le racisme ? En refermant « Châtiment », finaliste du prix Pulitzer en 2022, la réponse positive.
Dans une Amérique contemporaine où le Président à la tignasse orange conduit la destinée d'un pays plus fracturé que jamais, deux frères sont successivement retrouvés morts, atrocement mutilés et châtrés.
À leurs côtés se trouve le cadavre d'un homme noir qui ressemble étrangement à Emmett Till, un adolescent noir lynché en 1955 par deux blancs parce qu'il aurait mal parlé à une femme.
Des décennies plus tard, les coupables vont payer. Et ils ne seront pas les seuls.
Des dizaines de rednecks méchants, bas du plafond, incultes, vulgaires et aux convictions racistes intactes vont en effet figurer sur la liste des prochaines victimes.
À chaque fois, le modus operandi est le même et les meurtriers sont introuvables. Certains pensent même qu'ils seraient des revenants noirs de retour pour se venger de leurs bourreaux.
Inutile de dire que les forces de l'ordre vont avoir quelques difficultés à résoudre l'enquête.
Parmi elles, deux flics africains-américains qui débarquent chez les suprémacistes blancs de Money, une bourgade du Mississippi, comme des chiens dans un jeu de quilles.
Dans une écriture aux accents « tarantinesques » qui fait aussi penser aux aventures du « Bourbon Kid » (Sonatine) par sa réjouissante démesure, « Châtiment », sous ses allures de farce allégorique, dénonce le racisme systémique qui gangrène les États-Unis depuis ses origines.
Je remercie Babelio et Actes Sud pour cette lecture stimulante.

EXTRAITS
Quand on veut connaître un endroit, on parle à son histoire.
C'est un repaire de péquenauds débiles qui sont restés bloqués au XIXe d'avant-guerre et offrent la preuve vivante que la consanguinité ne conduit pas à l'extinction.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Châtiment de Percival Everett est un roman original sur le sujet du racisme noir aux Etats Unis.
L'auteur s'est servit d'une histoire vraie, celle du lynchage d'Emmett Till, un jeune garçon noir, battu à mort en 1955, parce qu'il aurait sifflé une femme blanche, à Money dans le Mississipi.
C'est une histoire sur le racisme, la discrimination, les clichés, avec beaucoup d'humour et de dérision mais également un peu de surnaturel !
C'est un roman agréable à lire mais un peu long par moment.
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L'auteur vous propose un polar inimitable.
*****
Attirée par cette magnifique couverture, je l'ai été indubitablement. Elle résume à elle seule certains faits de cette histoire, ou en tout cas, l'origine de ce qui se passe ici.
L'histoire se déroule a notre époque dans la ville de Money (Mississipi), paisible (pas tout à fait) bourgade de péquenauds coincés au 19ième siècle (ce n'est pas moi qui le dit !!)
Des meurtres (atroces) d'hommes blancs y sont commis. A côté de leurs corps git celui d'un homme noir. Vont alors être dépêchés sur place deux enquêteurs du MBI (Mississippi bureau of investigation). Bien évidemment, ces derniers sont noirs !!
J'ai eu un gros coup de coeur pour ce duo d'enquêteurs Ed et Jim. Ils sont très réussis. L'alchimie entre eux est parfaite. Je me suis délectée de leurs dialogues que j'ai trouvé croustillants à souhait. Leur présence est, à mon sens, un des points forts de ce roman.
Vous l'aurez compris, le contraste entre noirs et blancs est largement travaillé par l'auteur, notamment concernant l'évolution (ou pas) des mentalités et génère, de ce fait, des situations que je qualifierais de cocasses si tant est qu'elles ne vous choquent pas. Je n'ai pas compté le nombre de fois où j'ai souri durant ma lecture alors même que le thème abordé est sérieux : racisme, lynchage... Et c'est là que Percival Everett est bluffant. Il saupoudre son récit d'un humour noir (sans mauvais jeux de mots) qui se veut parfois caustique et ça fonctionne à merveille. le mal est dénoncé mais avec beaucoup de dextérité.
Un petit bémol toutefois : la fin, sur laquelle je misais gros. Elle sera en demi-teinte pour ma part parce que j'ai trouvé qu'elle manquait d'explications. Je ne suis pas sûre, d'ailleurs, d'avoir pleinement appréhendé les tenants et les aboutissants du pourquoi et du comment.
Quoiqu'il en soit, je ne suis pas rancunière et je vais donc m'atteler à découvrir ses autres livres parce que cette histoire et cette plume sans pareilles vont longtemps me rester en tête.
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Voici un roman construit d'une manière telle qu'on en oublierait que le fond est si tragique.
Percival Everett, avec Châtiment, est parti d'un fait malheureusement authentique, le lynchage d'Emmett Till, 14 ans, en 1955, dans la ville de Money dans le Mississippi.
Cet état, comme beaucoup d'autres et particulièrement dans le Sud, a très longtemps pratiqué la ségrégation (est-ce vraiment terminé ?) et a été le berceau du KKK (mais doit-on en parler au passé ?).
Sans même changé les noms des protagonistes de ce drame, l'auteur imagine une vengeance à hauteur du crime avec les meurtres des descendants pas si innocents que ça des assassins du jeune Emmett, accusé à tort par une « blanche » de l'avoir sifflée dans la rue…..
Bien sûr, les histoires de vengeances sont habituelles dans les romans noirs.
Mais ici, rien n'est habituel.
C'est une fiction mais partant de faits réels, reprenant les noms des acteurs de ces faits et ça c'est très rare, même dans les « docu-fiction » les noms et lieux sont changés.
La ville est majoritairement « blanche » et ce sont deux flics noirs de l'antenne du FBI dans le Mississippi qui viennent mener une enquête qui dépasse le shérif « blanc », le tout dans cette ville de Money dont on voit qu'elle n'a pas évolué d'un iota depuis les années 50.
Mais ce n'est pas tout, Percival Everett y ajoute une sacrée dose d'humour à la façon de Joe Lansdale et ses deux personnages de Hap et Leonard avec ses deux agents spéciaux noirs qui doivent, en plus d'enquêter, subir les habitants de ce patelin qui ont bien du mal à surveiller leur langage et éviter certains quolibets.
Il en ressort un roman souvent très drôle avec un enquête originale, teintée de mystique. L'auteur ne réussit pas moins à faire passer son message et à rappeler à la mémoire de tous la mort d'Emmett tué pour un mensonge, à cause de la couleur de sa peau, par des imbéciles ignares, des bouseux dont même le meneur religieux faisant office de médecin légiste n'est autre que le grand chef des cagoulés à croix de feu.
Percival, en faisant s'exprimer ces personnages, en créant des situations parfois très drôles, prouve aussi que oui, on peut encore rire de (presque) tout sans pour autant salir la mémoire de qui que ce soit.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Excellent et absolument agaçant.

Je m'explique : l'intrigue et la plume sont dingues, l'auteur traite du racisme et des violences qui en découlent avec brio.

Les twists sont palpitants, tout se déploie intelligemment.

Sauf la fin.
On part sur un truc métaphysique et quasi fantastique qui m'a fait lever les yeux au ciel.
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En voilà un roman bien dejanté, ça commence à la Chester Himes avec les memes duettistes qui se renvoie la balle goguenarde et puis ça vire au noir et même au très noir (Je ne pouvais pas la rater, celle-là!) Bref on compte les cadavres et les paires de c.... pour finir avec le grand guignol à la tignasse orange que j'avoue je n'attendais pas mais qui colle parfaitement avec l'esprit général du livre.
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Le mouvement antiraciste « Black Lives Matter », né en 2013, a gagné en importance après le meurtre de Georges Floyd par un policier à Minneapolis le 25 mai 2020. Percival Everett écrit et publie son roman « Châtiment » dans ces années-là. Aussi, il se souvient qu'avant cela des milliers de Noirs ont été lynchés (au moins 3446 entre 1890 et 1968 selon Tuskegee Institute), que des milliers d'autres ont été tranquillement assassinés, abandonnés dans des comtés isolés et que plus fréquemment encore des milliers de « chasses aux nègres » (nigger hunts) par des bandes (posses) se sont organisées à la poursuite d'innombrables Noirs.


« Châtiment », mélange de comédie et d'horreur, reprend avec un savoir-faire certain les codes du genre policier. Les chapitres y sont courts et absolument répétitifs, les dialogues enlevés et ironiques, le suspens inexistant mais sans importance aucune. A Money – Mississipi – Mama C repense, en guise d'introduction, à une mauvaise action qu'elle a commise il y a bien longtemps et qui a coûté la vie à un adolescent (lynchage d'Emett Till en 1955). L'histoire s'apprête alors à faire un long retour de quelques centaines de pages. le fils de Mama C est retrouvé assassiné et châtré en présence d'un improbable homme noir, mort lui aussi et tenant le fameux sexe tranché. le corps de l'homme de couleur ensuite disparait et réapparait incompréhensiblement dans d'autres scènes de crime. Histoires anciennes ? Des meurtres absolument similaires, comme une trainée de sang, vont se multiplier à l'envie dans tout le pays. Trois policiers afro-américains, bardés de toutes les qualités, mènent l'enquête jusqu'à la dernière page dans un Sud raciste sans nuance et sans surprise.


Sans lâcher l'enquête, le récit tente certes de prendre un peu de hauteur. Il y est question du désir de représailles mais aussi de la responsabilité de la littérature. Comme en passant, Percival Everett donne la parole à la très cultivée barmaid Gertrude, à son érudite grand-mère Mama Z, et à son universitaire d'ami Damon Nathan Thruff. Ce dernier, à partir des très exhaustives archives de Mama Z, se voit proposer d'écrire la triste histoire de la ségrégation raciale des noirs aux États-Unis. Il opposera alors un cénotaphe de papier, le nom de toutes les victimes, à la barbarie sans nom.


L'auteur cependant, très en colère et en quête d'une nécessaire réparation, le plus souvent dans le roman semble s'abandonner à la plus coupable envie de vengeance, de meurtre et de castration. « Châtiment » est évidemment une tentative de parodie mais l'imitation du polar, mal détournée de son sens initial et surtout sans une distance véritablement satirique, parait ici manquer totalement sa cible. Il déplace le contexte, retourne le plus simplement la fiction étasunienne et nous livre en fin de compte un texte imprégné par les représentations les plus stéréotypées et racistes des euro-américains pauvres de milieu rural. Les blancs, certes sans qu'on puisse les plaindre, font les frais de ce renversement. Ils sont, sans exception des blancs idiots, ignares, sans diplôme et pro Trump ; des blancs confrontés à des personnes de couleurs toutes intelligentes, cultivées, diplômées et pleines d'humour. Si le shérif Jetty est plus modéré, c'est naturellement qu'il a quelques gouttes de sang noir dans les veines. L'essentialisme noir parfois le dispute à la haine de classe. Il faut insister dans ce commentaire sur l'ambivalence de la parodie. Sa réception est fondamentale parce qu'elle implique toujours des « balises » interprétatives : lorsque celles-ci font défaut, le statut parodique du texte prend le risque d'être complétement ignoré par le lecteur.


Il n'est pas possible de croire naïvement que la dénonciation des horreurs racistes permettra un jour de faire vivre en bonne harmonie les hommes, dans le respect de leur diversité. En dépit de son urgente nécessité pratique et morale, la lutte contre les discriminations entraine dans un même mouvement l'humanité vers une civilisation mondiale destructrice des particularismes créateurs de valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent du prix à la vie. Mais si la littérature ne se résigne pas à devenir productrice de valeurs dominantes, capable seulement de donner jour à des oeuvres bâtardes, des inventions grossières et puériles, elle doit réapprendre que toute création implique une certaine surdité à l'appel d'autres valeurs pouvant aller jusqu'à leur refus, leur négation. Car on ne peut à la fois, nous dit Claude Lévi-Strauss dans « Race et Culture », se fondre dans la jouissance de l'autre, s'identifier à lui et se maintenir différent. « Châtiment » est sans aucun doute un de ces romans agréablement standardisés qui ne permet pas à la communauté afro-étasunienne d'évoluer de façon différente sur le plan culturel et d'exister. Toute l'oeuvre de Toni Morrison est l'exact opposé de ce travail de Percival Everett. Son écriture n'est pas seulement inventions de formes, elle est transmission de la mémoire du peuple afro-américain, manifestation de la richesse de sa culture, histoire particularisée de son monde. L'auteure dit la communauté telle qu'elle était et, peut-être surtout, telle qu'elle change.

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Apres lu ce mois ce mois «  l'affaire Emmett till « de JM Pottier dans la collection des 10-18 Society , ce livre est tombe a pount nomme dans ma pal.

Nous sommes en 1955. Dans la ville de Money dans le Mississippi.
Deux corps mutiles viennent d'être retrouves.
Celui de de Junior Milam et celui de Wheat Bryan. A cote le corps d'Emmett Till . 2 blancs , un noir.
Mais au bout de quelques jours , de nouveaux d'autres corps blancs mutiles sont retrouves avec a cote de ceux ci une fois de plus le corps d'Emmett Till .

Le MBI , le Fbi tout le monde cherchera a comprendre ce qu'il se passe dans cette ville .


Ce livre mêle a la fois fiction et réalité.
On se croirait dans un polar mais en fait il s'agit d'une veritable analyse satirique de la ségrégation raciale qu'on connus les Etats Unis au cours de leur histoire.

Vous rencontrerez des personnages tel que les membres du KKK mais également Donald Trump .

J'ai beaucoup aime ce livre mais peut être la fin un peu moins
Une bonne lecture
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Un régal d'humour qui fait du bien après quelques déconvenues de polars mal écrits. Ici les piques font mouches, d'autant plus qu'elles sont cyniques.
On est au pays des rednecks, des ploucs quoi, au Mississippi. Ces petits blancs racistes sont encore plus bas du front qu'on pourrait l'imaginer, du genre qui roulent à vélo sans lumière, tout en transformant cette bêtise congénitale en art de vivre. Alors quand on leur met dans les pattes des meurtres horribles avec cadavres émasculés, et que le corps du meurtrier présumé passe son temps à disparaître, la consternation est générale.
Pour achever de désorienter ces avortons du KKK à peine capables de faire brûler une croix, ce sont deux nègres, pardon, deux policiers noirs, qui viennent tenter de démêler ce sac de noeuds, et des crimes qui semblent liés au lynchage légendaire d'un noir qui, il y a quelques dizaines d'années, aurait osé adresser la parole à une femme blanche.
Bref, il y a de la vengeance dans l'air, des fantômes de noirs qui viennent tourmenter les descendants d'assassins racistes, une sorte de sorcière plus que centenaire qui compile tous les lynchages des Etats Unis depuis sa naissance, et donc deux flics débonnaires qui n'attendent plus grand-chose de ces dégénérés du Mississippi. Et pour peu, on dirait bien qu'une guerre raciale se profile.
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La petite ville de Money dans le Mississippi est touchée par une série de crimes. Des blancs sont assassinés avec des mutilations et le cadavre d'un homme noir est retrouvé sur les scènes de crime. le problème c'est que c'est le même cadavre qu'on retrouve et qu'on reperd.
L'enquête va au-delà des compétences du shérif et de ses adjoints. Ce sont deux enquêteurs qui se rendent dans la ville. Deux enquêteurs noirs dans une ville plutôt raciste. Ils vont se heurter à la réticence des autorités et de la population.
Un super thriller atrocement drôle. C'est plein de répliques décalées et cinglantes mais sans que cela ne dénote.
C'est plein d'observations malheureuses quant au racisme ambiant.
Le suspens est sagement mené.
Une très belle découverte de l'histoire comme de la plume.
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