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Vincent Debaene (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070118021
2128 pages
Gallimard (02/05/2008)
4.08/5   12 notes
Résumé :
Alliant le classicisme du style et la modernité de la méthode, l'œuvre de Claude Lévi-Strauss est à la fois pensée du monde, expérience de soi, et expérience sur soi. «Pourquoi et comment devient-on ethnologue?» «Qu'est-ce qu'un style?» «Que peut-il y avoir de commun entre un oiseau – l'Engoulevent –, l'art de la poterie, et la jalousie conjugale?» En quoi la mythologie indienne a-t-elle favorisé la conquête de l'Amérique par l'homme blanc?... Questions surprenantes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce volume de la Pléiade a été conçu avec l'aide de l'auteur avec pour premier objectif de s'adresser à un large public et permettre ainsi à Lévi-Strauss de n'être pas uniquement l'auteur de Tristes tropiques mais l'ethnologue de renom qui secoua et renouvela les sciences de l'homme au XXe siècle à travers ses nombreuses études sur les mythes des sociétés sans écriture. Bien entendu Tristes tropiques introduit "naturellement " le recueil, comme une présentation de l'homme et de l'intellectuel et se poursuit par des études qui retracent en quelque sorte toute la démarche et les méthodes de Lévi-Strauss pour révéler les richesses pour la compréhension de la pensée des hommes à travers la structure des mythes, pensée sauvage commune à toute l'humanité qui cherche principalement à opposer nature et culture.
Cette entreprise de vulgarisation est un vrai bonheur pour celui qui sera tout de même prêt à une certaine "ascèse ", comme le dit l'auteur lui-même, pour cheminer dans ces longues et innombrables voies des mythes.
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Ce livre de la Pléiade donne envie d'entonner un chant d'amour à la prose de Claude Lévi-Strauss.
J'ai passé un temps infini à lire cet ouvrage, lorsque je faisais ma thèse sur la théorie du récit de voyage. Il faut rendre hommage aux jeunes universitaires qui ont édité ce volume de la Pléiade (Vincent Debaene, assisté de Frédéric Keck, Marie Mauzé et Martin Rueff) car grâce à eux, c'est un vrai et profond bonheur que de s'y promener. le choix des oeuvres est très judicieux et renouvelle l'image que l'on se fait de Lévi-Strauss. Mais aussi les introductions, les notices et les notes sont d'une richesse admirable, et opèrent des passages, des rappels, des retours en arrière prodigieux. Cela ouvre à un art de la lecture hautement ludique et stimulant.
Cela permet, entre autre, de lire Tristes tropiques en relation constante avec les autres ouvrages de l'ethnologue. Plutôt que d'être isolé comme le seul livre « non-scientifique » de l'auteur, il est ici branché sur les théories philosophiques de la Pensée sauvage, sur les analyses de mythes que l'on suit dans La voie des masques ou Histoire de Lynx, ainsi bien sûr (mais c'est moins étonnant, peut-être) que sur les méditations esthétiques de Regarder, Ecouter, Lire.
En ce qui me concerne, je reste ébloui par le fait que la structure du récit de voyage, Tristes tropiques, puisse être à ce point éclairée par la théorie de la pensée telle qu'elle se développe dans La Pensée sauvage. En effet, Tristes tropiques est selon moi une expérience d'écriture qui cherche à reproduire dans le champs de l'esthétique ce que les groupes humains mettent en place dans l'ordre du sens pour organiser et classifier le réel.
Exemple extraordinaire d'un lien entre deux livres, qui me donne des frissons : deuxième chapitre de Tristes tropiques, page 12, Lévi-Strauss raconte son exil de 1941, et sa traversée en bateau de Marseille à la Martinique. À bord, il rencontre André Breton, qu'il admirait depuis longtemps : « Entre nous, une durable amitié allait commencer par un échange de lettres qui se prolongea assez longtemps au cours de cet interminable voyage, et où nous discutions des rapports entre beauté esthétique et originalité absolue. » Cela, on le savait, mais le lecteur se dit qu'il aimerait en savoir davantage sur ces échanges entre le grand surréaliste et le jeune chercheur. Or, à la fin du volume, dans Regarder, Ecouter, Lire, aux pages 1580-5, Lévi-Strauss revient sur ces conversations et publie les lettres qu'il a échangées avec Breton. le lecteur se sent alors privilégié, il a le sentiment de faire partie des Happy few mis dans la confidence d'une conversation entre deux grands esprits.
Il y a beaucoup d'autres occurrences, d'échos et de reprises, aussi plaisantes qu'excitantes. Quand il parle de Rousseau ici et quand il relit Diderot là-bas. Quand il rappelle l'exploration de Villegaignon au Brésil en 1556 et qu'il intitule un chapitre d' Histoire de Lynx : « En relisant Montaigne », dont un paragraphe renvoie encore à une autre page d'un autre chapitre d'un autre livre du même volume. On est en plein hypertexte, en pleine promenade.
Lévi-Strauss est un grand rêveur, un grand joueur qui s'amuse avec les mots, les idées, les théories. Mais c'est un joueur grave, un peu triste, dont l'humour est noir. Il manie l'humour juif des Marx Brothers quand il montre l'absurdité de notre monde. Il joue au pessimiste et au vieux réactionnaire, mais il est toujours à fleur d'émotion, et aime par dessus tout la tendresse dont est capable l'humanité. le chapitre sur les Nambikwara est à ce titre un chant à la tendresse humaine.
C'est tout cela que j'admire tant chez Lévi-Strauss.
Ce livre de la Pléiade me suit partout dans tous mes déménagement. Une fois, je l'ai perdue, ou quelqu'un me l'a volée. Cela m'a fait beaucoup de peine, du coup je l'ai rachetée.
Lien : https://gthouroude.com/2010/..
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Ouvrage très instructif mais pas toujours facile à lire,surtout les passages très scientifiques concernant la vision structuraliste de l'auteur, hormis "Tristes tropiques" qui s'adresse à un plus grand public.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Si vous prenez un kaléidoscope et que vous le tournez longtemps, vous aurez le sentiment que des arrangements se font et se défont, mais au bout de cent déplacements l'impression que, somme toute, il ne s'est rien passé, malgré la rigueur logique de toutes ces menues genèses. Si vous êtes spécialiste, vous entrerez dans le détail, tenant compte de la nature, de la forme, de la couleur de chaque petit objet inclus dans l'instrument pour comprendre comment certaines secousses entraînent d'autres dispositions : c'est un travail lent et minutieux, aussi difficile pour le lecteur que pour l'auteur. Si vous n'êtes pas spécialiste, je pense que, de cette série de manipulations, quelque chose se dégagera tout de même : la puissance de la notion de symétrie, une certaine connivence entre la satisfaction esthétique que vous apporte le spectacle de ce que vous voyez à travers la vitre, et le sentiment que chaque arrangement est régi par des lois. S'il s'agit des structures de l'esprit humain au lieu de débris de verre, votre manière d'appréhender les mécanismes de la pensée s'en trouvera transformée. Mais cela exige une sorte d'ascèse, car le déchiffrement est long et pénible. J'aimerais cependant croire que celui qui se laisse imprégner par cette dialectique en ressort plus ou moins modifié dans son être mental.
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Vidéo de Claude Lévi-Strauss
Lukas Bärfuss présente "Le carton de mon père – Réflexions sur l'héritage", en librairie dès le 2 février 2024.
À la mort de son père, il y a vingt-cinq ans, Lukas Bärfuss refuse l'héritage, constitué essentiellement de dettes. Il ne garde qu'un carton, rempli d'une triste paperasse. Quand, à la faveur d'un grand rangement, il l'ouvre et passe en revue ce qu'il contient, c'est toute son enfance précaire qui défile. À la lumière de la Bible, Darwin, Claude Lévi-Strauss ou Martine Segalen, l'écrivain décortique les notions de famille et d'origine, ces obsessions dangereuses de notre civilisation. Il en profite pour évoquer les "biens jacents", ces biens sans propriétaires que sont les océans, les animaux sauvages, et surtout les déchets. Dans cet essai qui est sans doute son livre le plus personnel, Lukas Bärfuss démontre une fois encore son esprit critique acéré.
https://editionszoe.ch/livre/le-carton-de-mon-pere
Réalisation: Fran· Gremaud Tournage réalisé dans les locaux de la HKB Berne Avec le soutien de Pro Helvetia
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