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Citations sur Bandini (70)

Longtemps après, elle arriva. Autour de la table de la cuisine, ils tripotaient leurs livres, essayaient de s'occuper, essayaient de jouer les enfants sages. Ils virent ses lèvres bleues, entendirent sa voix grise.
_ Vous avez dîné ?
Bien sûr qu'ils avaient dîné. Sacrément bien dîné, d'ailleurs. Ils avaient tout préparé eux-mêmes.
_ Qu'avez-vous mangé ?
Arturo se décida :
_ Du pain et du beurre.
_ Il n'y a pas de beurre, dit-elle. Cela fait trois semaines qu'il n'y a plus de beurre dans cette maison.
Federico se mit à pleurer.
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Il était pauvre, il avait trois enfants, les macaroni restaient impayés, comme la maison qui abritait les trois enfants et les macaroni.
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En tout cas, il était ravi que son père méprisât la messe. Il ne savait pas pourquoi, mais cela lui plaisait. Il se souvint des arguments de son père. Svevo avait dit : si Dieu est partout, pourquoi devrais-je aller à la messe le dimanche ? Pourquoi n’irais-je pas à la salle de jeu Imperial ? Dieu est aussi là-bas, non ? Ce morceau de théologie horrifiait sa mère, mais Arturo se rappela la faiblesse de la réponse maternelle, la réponse que lui-même avait apprise au catéchisme des années auparavant. Tel était notre devoir de chrétiens, expliquait le catéchisme. Quant à lui, Arturo, il allait parfois à la messe, parfois pas. Quand il n’y allait pas, une grande peur l’étreignait et il se sentait désespéré tant qu’il n’avait pas vidé son sac au confessionnal.
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Donna Toscana était devenue une femme imposante... Ses chevilles enflées ressemblaient à des gloitres. Ses minuscules chaussures semblaient prêtes à éclater sous la pression de ses cent-vingt-cinq kilos. Une douzaine de seins superposés semblaient s'écraser sur sa poitrine. Elle était bâtie comme une pyramide, sans hanches. Ses bras étaient si charnus qu'ils ne tombaient pas à la verticale, mais faisaient un angle avec son corps ; ses doigts enrobés de graisse évoquaient des saucisses. Elle n'avait quasiment pas de cou. Quand elle tournait la tête, les bourrelets de chair se déplaçaient avec la lenteur mélancolique de la cire molle. On voyait son crâne rose à travers ses cheveux blancs clairsemés. Son nez était mince et exquis, mais ses yeux évoquaient deux raisins noirs écrasés. Dès qu'elle parlait, ses fausses dents jacassaient dans l'idiome qui leur était propre.
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Le vieil homme que je suis ne peut aujourd’hui évoquer ce livre sans perdre sa trace dans le passé. Parfois, avant de m'endormir, une phrase, un paragraphe, un personnage de cette oeuvre de jeunesse m'obsède : alors, dans une sorte de rêve les mots émergent et tissent autour de cette vision le souvenir mélodieux d'une lointaine chambre à coucher du Colorado...
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Il avançait en donnant des coups de pied dans la neige épaisse. Un homme dégoûté. Il s'appelait Svevo Bandini et habitait à trois blocs de là. Il avait froid, ses chaussures étaient trouées. Ce matin là, il avait bouché les trous avec des bouts de carton déchirés dans une boîte de macaroni. Les macaroni de la boîte n'étaient pas payés ..........
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Nom d’un canard boiteux, il paraissait en pleine forme Il portait des chaussons rouge vif, un pyjama bleu et une robe de chambre rouge avec une ceinture à glands blancs. Nom d’un caneton boiteux, on aurait dit Helmer le banquier ou le président Roosevelt. On aurait dit le roi d’Angleterre. Bon Dieu, quel mec ! Quand son père fut rentré en refermant la porte derrière lui, ses doigts s’enfoncèrent avec délice dans la terre, et ses dents malaxèrent les aiguilles de pin acides. Dire qu’il était venu ici pour essayer de ramener son père à la maison. Il avait donc perdu la tête. Pour rien au monde, il n’aurait profané l’image de son père rayonnant dans la splendeur de ce nouveau monde. Sa mère devait souffrir ; ses frères et lui-même auraient faim. Mais leur sacrifice serait récompensé. Ah, quelle vision merveilleuse !
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Elle avait une planche de salut bien à elle, une drogue qui lui procurait joie et oubli : son rosaire.
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"Je redoute d’être mis à nu par mes propres oeuvres. Je suis certain que les personnages de mes romans ultérieurs trouvent leur origine dans ce texte de jeunesse."
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Le fracas du charbon percutant le fer-blanc des seaux réveilla les poules de Maria qui somnolaient dans le poulailler. Hagardes, elles sortirent dans la cour éclaboussée de lune et regardèrent d'un air hébété le garçon courbé en deux dans l'encadrement de la porte de la cabane. Elles caquetèrent en signe de bienvenue, leurs têtes absurdes et affamées collées aux trous du grillage. Il les entendit, puis, se relevant, leur lança un regard haineux.
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