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Citations sur Bandini (70)

Mais Gertie était tellement transparente qu'en la regardant dans le blanc des yeux on apercevait le fond de son crâne sans rencontrer le moindre obstacle, sinon la faim qu'elle avait des garçons, mais pas d'un garçon comme lui parce qu'il avait les ongles trop sales et que Gertie prenait toujours un air dégagé pour lui faire sentir son mépris.
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Il donnait un bain à Jumbo dans l'évier de la cuisine quand Maria rentra de la ville. Elle hurla, lâcha ses paquets et s'enfuit dans sa chambre en verrouillant la porte derrière elle.
_ Fais-le sortir ! s'écria-t-elle. Fais-le sortir d'ici.
Jumbo qui se débattait, réussit à se libérer et fila hors de la maison comme une flèche en répandant de l'eau et du savon partout. Il s'engouffra dans la cabane à charbon.
_ C'est seulement Jumbo, dit-il pour l'apaiser. C'est juste mon chien, Jumbo.
Elle retourna dans la cuisine et jeta un coup d'oeil par la fenêtre. Noir de poussière de charbon, Jumbo courait en tous sens, se roulait par terre avant de repartir comme une fusée.
_ On dirait un loup, dit-elle.
_ C'est vrai qu'il tient du loup mais il est gentil.
_ Je ne veux pas de lui ici.
Cela, il le sentit marquait le début d'une controverse qui durerait au moins deux semaines. C'avait été la même chose avec tous ses chiens. Et comme ses prédécesseurs, Jumbo finirait par suivre Maria avec dévotion, sans plus accorder un seul regard aux autres membres de la famille.
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Epoque étrange. Noël arrivait, la ville était pleine de sapins de Noël, les pères Noël de l'Armée du Salut sonnaient leurs cloches dans les rues. Plus que trois jours d'emplettes avant Noël. Ils s'arrêtaient devant les vitrines avec des yeux d'affamés. Ils soupiraient puis s'éloignaient. Ils pensaient la même chose : ç'allait être un Noël minable. D'ailleurs Arturo détestait cette période, car il pouvait oublier sa pauvreté si les autres ne la lui rappelaient pas : chaque Noël était semblable, aussi désespéré que le précédent, car toujours il désirait des cadeaux et toujours on l'en privait. Il mentait à ses copains, racontait qu'il allait avoir des cadeaux insensés. Noël était une fête pour gosses de riches. Eux pouvaient se vanter de leurs cadeaux, et il devait les croire.
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Il l'observait de la porte, dévorait des yeux l’irrésistible triomphe de sa grâce.
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Lui [...] était cent pour cent italien, d'une race de paysans dont on suivait la lignée depuis maintes générations. Pourtant, depuis qu'il était citoyen américain, il ne se considérait jamais comme un Italien. Non, il était américain; parfois une bouffée de nationalisme lui montait à la tête, et il clamait bien haut la noblesse de son patrimoine; mais en pratique il était américain, et quand Maria lui parlait des activités ou des vêtements des "femmes américaines", ou quand elle mentionnait une voisine, "cette femme américaine au bout de la rue", il entrait dans une rage folle. Car il était extrêmement sensible aux distinctions de classe et de race, aux souffrances qu'elles impliquaient et qu'il jugeait inadmissibles.
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Les taches de rousseur recouvraient son visage comme des fourmis un morceau de gâteau.
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Le petit déjeuner était servi. Il entendit son père demander le café. Pourquoi fallait-il que son père criât tout le temps ? Il ne pouvait donc pas parler à voix basse ? Les gens du quartier savaient tout ce qui se passait dans leur maison à cause des hurlements constants de son père. Les Morey - qui habitaient juste à côté - on ne les entendait jamais, absolument jamais ; des Américains tranquilles, civilisés. Être italien ne suffisait pas à son père ; il voulait être un italien bruyant.
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Si seulement autre chose que l’animalité avait pu se glisser entre cette femme et lui. S’il avait pu déchirer le voile que la richesse de la veuve tendait devant ses yeux. Alors il aurait pu lui parler comme à n’importe quelle femme. Elle le transformait en imbécile. Jesu Christi !
Il n’était pas stupide. Il savait parler. Son esprit raisonnait et se débattait au milieu de problèmes bien plus difficiles que les siens. Les livres, très peu pour lui. Les soucis de son existence ne lui avaient laissé aucun loisir pour les livres. Mais il avait pénétré le langage de la vie plus à fond qu’elle, malgré ses livres omniprésents. Son esprit débordait d’expériences dignes d’être racontées.
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Arturo détestait cette période, car il pouvait oublier sa pauvreté si les autres ne la lui rappelaient pas : chaque Noël était semblable, aussi désespéré que le précédent...
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A midi, il alla se promener sur le terrain de base-ball. Il n'avait pas neigé depuis Noël. Un soleil furieux fulminait dans le ciel et passait sa colère sur un monde de montagnes pétrifié par la glace. Des paquets de neige dégringolaient des peupliers nus plantés autour du terrain, tombaient à terre et survivaient quelques heures avant que la bouche jaune du ciel ne les dévore. Des panaches de brume montaient de la terre, un brouillard vaporeux dérivait sur la plaine. A l'ouest, les nuées orageuses refluaient en désordre, renonçant à attaquer les montagnes, les immenses pics innocents qui tendaient leurs lèvres reconnaissantes vers le soleil.
Une journée chaude, mais encore trop humide pour le base-ball. Ses pieds s'enfonçaient en gargouillant dans la boue noire autour de la cage du lanceur. Demain, peut-être. Ou après-demain. Mais où était Rosa ? Il s'appuya contre le tronc d'un peuplier. C'était le territoire de Rosa. L'arbre de Rosa. Parce que tu l'as regardé, parce que tu l'as peut-être touché. Et ce sont les montagnes de Rosa, d'ailleurs peut-être les regarde-t-elle en ce moment même. Tout ce qu'elle regardait appartenait à Rosa, tout ce qu'il regardait appartenait à Rosa.
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